Logo EHESS

baobab
Base de données des enseignements et séminaires de l'EHESS

Histoire et sciences sociales en révolution : un paradigme tunisien ?

  • Jocelyne Dakhlia, directrice d'études de l'EHESS ( CRH )

    Cet enseignant est référent pour cette UE

S'il s'agit de l'enseignement principal d'un enseignant, le nom de celui-ci est indiqué en gras.

Mardi de 13 h à 15 h (salle 3, 105 bd Raspail 75006 Paris), du 7 novembre 2017 au 29 mai 2018. La séance du 10 avril aura lieu en salle des étudiants IISMM, 96 bd Raspail 75006 Paris

La Révolution tunisienne a fait voler en éclats le présupposé tenace de sociétés islamiques vouées au pouvoir autoritaire et sans aspiration démocratique. Ce faisant, elle fut une révolution sans modèle et sans leadership, suscitant par là un espoir universel. Elle ouvrait aussi la voie à toutes les projections analytiques,  et à toutes les récupérations ou confiscations possibles. Qu’est-il advenu de cet universalisme révolutionnaire ? Faut-il en faire le deuil ? L’effet d’exemplarité et d’« entraînement » du soulèvement tunisien, tant dans les autres pays arabes que, de manière bien plus limitée, en d’autres parties du monde, demeure, à bien des égards, mal élucidé.

Ce séminaire tentera d’éclairer ce phénomène d’une « Tunisie au monde » mais aussi la pertinence d’un « paradigme tunisien », sur divers plans et dans une approche résolument transdisciplinaire (histoire, sociologie, sciences politiques, économie, anthropologie…).

On y conduira une réflexion sur l’articulation problématique et difficile des sciences sociales à une dynamique de type révolutionnaire, ou référée au trouble révolutionnaire. Le séminaire présentera et discutera des enquêtes en cours, enquêtes de fond et de terrain, sur la société et la situation tunisiennes. On y interrogera donc la pertinence d’une « exception » tunisienne, si fortement mise en exergue dans nombre d’analyses (premier pays arabe à abolir l’esclavage, première Constitution du monde arabe, premier pays islamique en matière de droits des femmes…)… Par la comparaison, par la déspécification méthodologique on tentera aussi de comprendre ce que la Tunisie, par son histoire et son présent, dit aujourd’hui au monde.

Suivi et validation pour le master : Hebdomadaire annuel (48 h = 2 x 6 ECTS)

Mentions & spécialités :

Domaine de l'affiche : Anthropologie historique

Intitulés généraux :

  • Jocelyne Dakhlia- Modèles politiques dans l’Islam méditerranéen, frontières culturelles
  • Renseignements :

    contacter l'enseignante par courriel.

    Direction de travaux d'étudiants :

    les mardis et mercredis après-midis, les vendredis après-midi (sur rendez-vous). Il est possible de valider un semestre d'enseignement ou deux semestres.

    Réception :

    sur rendez-vous après lecture d'un projet de recherche et d'une bibliographie. Contacter Nadja Vuckovic par courriel, ou tél. : 01 49 54 25 74.

    Niveau requis :

    tous niveaux. Il est nécessaire de rédiger un projet écrit pour envisager une inscription mais non pour assister au séminaire.

    Adresse(s) électronique(s) de contact : dakhlia(at)ehess.fr, Vuckovic(at)ehess.fr

    Compte rendu

    Le séminaire a poursuivi sa réflexion sur la pertinence d’un « paradigme tunisien » qui n’est plus un paradigme révolutionnaire. Sur le plan international, la « transition » démocratique tunisienne continue de se vendre, notamment auprès des bailleurs de fonds, sous le signe de « l’exception arabe » (Safwan Masri, Tunisia : An Arab Anomaly, Columbia UP, 2017), et le débat public se construit autour des preuves réitérées de cet exceptionnalisme. Cette injonction nourrit de manière structurelle un clivage entre « islamistes » et « progressistes », alors même que la rédaction commune de la Constitution avait paru réduire ces binarités, en prouvant une dynamique démocratique commune. Le débat public met donc au premier plan les dissensions autour de questions sociétales, au premier chef les enjeux de libertés individuelles, les questions relatives aux droits des minorités sexuelles, mais surtout, de manière emblématique, l’égalité statutaire des femmes.
    Les recherches en cours présentées et discutées dans le cadre du séminaire ont mis en évidence, par-delà ce débat politique véhément, une invisibilisation croissante des luttes sociales, y compris lorsqu’elles concernent les imams par exemple (Anna Grasso) ou les femmes syndicalistes (Arbia Selmi)… Un fil conducteur du séminaire a été la question d’un néo-nationalisme émergent, anti-arabe et anti-musulman, qui a aussi donné lieu à une présentation dans le cadre du séminaire de l’Institut Historique allemand (Colloque « National History and New Nationalism in the 21 st Century », Institut Historique allemand, 11-13 avril 2018). C’est là une question qui dépasse le seul cadre national tunisien et qui pourrait donner lieu à un séminaire élargi à la rentrée 2019.
    Un autre ensemble de séances a porté sur la question des générations, et sur l’invisibilisation des questions relatives aux jeunes, avec notamment les interventions de Imed Melliti ou Stefano Barone.

    Publications

    • « Loraux dévoile l’oubli au cœur du politique », dans Pour les Sciences Sociales. 101 livres, sous la dir. de C. Lemieux, Éd. de l’EHESS, Paris, 2017, p. 251-253.
    • « Peut-on penser dans la transition ? », dans L’histoire, Écritures et Libérations. Autour de Mohamed Harbi, sous la dir. de I-S Khaznadar, Alger, Éditions Hibr, 2017, p. 195-205.
    • « Le sultan des Tolbas : une performance de la dévoration politique », dans Confluences, Histoire, Anthropologie, Études littéraires, Travaux offerts à A. Sebti, sous la dir. d’A. El Moudden, Éd. Bou Regreg, Rabat, 2018, p. 35-58.

    Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 10 avril 2018.

    Contact : service des enseignements ✉ sg12@ehess.fr ☎ 01 49 54 23 17 ou 01 49 54 23 28
    Réalisation : Direction des Systèmes d'Information
    [Accès réservé]