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Base de données des enseignements et séminaires de l'EHESS

Tourisme : recherches, institutions, pratiques

  • Nadège Chabloz, ingénieure d'études à l'EHESS ( IMAF )
  • Saskia Cousin, maître de conférences à l'Université Paris-Descartes ( Hors EHESS )
  • Anne Doquet, chargée de recherche à l'IRD ( IMAF )

    Cet enseignant est référent pour cette UE

  • Sébastien Jacquot, maître de conférences à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne ( Hors EHESS )

S'il s'agit de l'enseignement principal d'un enseignant, le nom de celui-ci est indiqué en gras.

2e et 4e jeudis du mois de 17 h à 20 h (Université Paris-Descartes, 45 rue des Saints-Pères 75006 Paris), du 12 octobre 2017 au 14 décembre 2017

Pour sa treizième saison, le séminaire se propose de confronter les catégories, les pratiques et les imaginaires associés à des champs le plus souvent dissociés voir opposés : les mobilités dite « de loisirs », et celles qui seraient motivées par une contrainte économique, politique ou sociale – les migrations. Nous nous intéresserons plus particulièrement aux pratiques qui se situent dans un entre-deux : que faire du rôle initiatique du voyage pour les jeunes adultes ? Comment classer les circulations aventurières des jeunes ouest-africains ou les migrations des retraités français en Afrique ? Quels images et quels imaginaires de l’altérité et de l’entre-soi, de l’ailleurs, de l’exotisme et du temporaire se produisent à travers des réseaux comme hôtel du Nord ou Singa ? Du code du tourisme à la politique des visas, comment les États et les industries du contrôle organisent-ils l’étanchéité des catégories ? De la tente « 2 secondes » aux plateformes d’accueil, quelles sont les échanges, les cultures matérielles, les habitacles et les habitudes qui circulent d’une pratique l’autre ? L’enjeu n’est pas de juxtaposer les enquêtes sur le tourisme ou les migrations, mais d’observer les espaces, les pratiques et les enjeux des entre-deux, dans leurs ambivalences et leurs complexités, sans minorer les rapports de domination économique et (géo)politique à l’œuvre.

Aires culturelles : Transnational/transfrontières,

Suivi et validation pour le master : Mensuel annuel/bimensuel semestriel (12 h = 3 ECTS)

Mentions & spécialités :

Intitulés généraux :

Centre : IMAF - Institut des mondes africains

Direction de travaux d'étudiants :

suivi des travaux de master ou doctorat sur rendez-vous avec les enseignants-chercheurs.

Réception :

sur rendez-vous

Niveau requis :

master 1.

Adresse(s) électronique(s) de contact : annedoquet(at)yahoo.fr, saskiacousin(at)free.fr, nchabloz(at)ehess.fr, sebastien.jacquot(at)univ-paris1.fr

Compte rendu

Le séminaire s’est cette année proposé de confronter les catégories, les pratiques et les imaginaires associés à des champs le plus souvent dissociés voire opposés : les mobilités dites « de loisirs », et celles qui seraient motivées par une contrainte économique, politique ou sociale – les migrations. Nous nous sommes particulièrement intéressés aux pratiques qui se situent dans un entre-deux. La question de la place à donner aux mobilités des retraités s’est en premier lieu posée. L’intervention de David Rati, qui travaille sur les mobilités et regroupements de retraités mobiles, s’est focalisée sur le camping-car comme habitat. L’analyse de vastes regroupements de retraités résidant en camping-car en Arizona lui a permis d’éclairer l’organisation de l’espace et les interactions entre ces migrants qu’il a décomposés en trois sous-groupes : les still rooked touristes pour quelques jours, les suspended dans un entre-deux entre tourisme et migration et les footlose, qui n’ont aucune attache externe à leur mobilité. La classification qu’il a adoptée a constitué une porte d’entrée pour analyser l’objet central que s’est donné le séminaire cette année. L’enjeu des communications n’était pas de juxtaposer les enquêtes sur le tourisme ou les migrations, mais d’observer les espaces, les pratiques et les enjeux des entre-deux, de même que les glissements d’une catégorie à l’autre. Une réflexion a été menée au fil des exposés sur les échanges, les cultures matérielles, les habitacles et les habitudes qui circulent d’une pratique à l’autre. Altaïr Despres a exposé ses travaux portant sur les couples d’Européens et d’Africains formés dans le contexte touristique de Zanzibar. Elle s’est en particulier penchée sur la transition du tourisme à l’expatriation amoureuse des femmes occidentales, en travaillant les imbrications des logiques professionnelles et relationnelles dans les couples mixtes. Hélène Quashie, en analysant les pratiques balnéaires et culturelles de touristes, des migrants et des expatriés occidentaux et africains au Sénégal, a de son côté décliné le concept de « blanchité », en questionnant des migrations découlant souvent du tourisme sous l’angle des relations de genre croisant les rapports de « race » et de classe.
Deux interventions ont également permis de réfléchir au lien entre tourisme et migration non plus dans leur enchaînement, mais dans leurs influences mutuelles au regard du développement. Pascal Mulet a présenté la place du tourisme et des migrations dans une économie locale dans l’Atlas au Maroc, tandis que Frédéric Thomas, à partir du « Gambie empowerment », a montré dans quelles mesures le développement d’un programme touristique peut permettre d’éviter les migrations. L’ensemble des interventions a permis de creuser les ambivalences et les complexités des liens entre tourisme et migration tout en éclairant les rapports de domination économique et géopolitique à l’œuvre.
Enfin, une séance exceptionnelle « tourisme et religion » est venue prolonger la thématique traitée l’année précédente dans ce séminaire. La communication d’Aziz Hlaoua s’est attachée à éclairer la question des circulations en lien avec des conversions religieuses, à partir des conversions au soufisme de la zawiya Qadiriya-boutchichiya au Maroc. Caterina Bandini a de son côté présenté des pèlerinages catholiques « alternatifs » en Terre sainte, dont le but est de dévoiler la réalité de l’occupation israélienne de la Palestine. Elle a éclairé des formes de tourisme culturel et politique qui viennent s’articuler à la dimension politique-spirituelle du voyage, en faisant de celui-ci une pratique hybride qui questionne les catégories d’analyse existantes.
La richesse des réflexions sur les divergences mais aussi et surtout sur les convergences entre les pratiques des touristes et des migrants nous a amenés à prolonger la thématique au cours de la saison 2018-2019.

Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 27 novembre 2017.

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