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Mardi de 14 h à 17 h (EHESS-Marseille, salle A, Centre de la Vieille-Charité, 2 rue de la Charité 13002 Marseille), les 27 février, 6 et 20 mars, 3, 10 et 17 avril, 15 et 22 mai, et 5 juin 2018
Pour la sixième année, le séminaire se consacrera à l’étude des activismes et de différentes formes de mobilisation, plus ou moins formalisées, en les abordant à partir de leur dimension économique. En se situant aux diverses échelles spatiales et institutionnelles, le séminaire s’intéressera plus particulièrement aux processus, en étudiant les acteurs de ces activismes, leur professionalisation, les enjeux politiques, les frictions et les rapports de pouvoir. Il prêtera attention aux valeurs et aux idéologies qui sous-tendent ou qui découlent des mobilisations, ainsi qu’aux réseaux et aux alliances entre des mouvements divers. Il s’agira d’analyser plus particulièrement les formes de mobilisation et d’activisme qui tendent à intervenir sur la production, la distribution ou la consommation de biens – entre autres alimentaires – et à infléchir les systèmes normatifs. Il s’agira de mettre à l’épreuve des notions comme celle de « food activism », d’« alternative économique » ou de « biens communs » pour comparer des formes de mobilisation qui se situent à l’apparence dans des champs différents : des mouvements paysans ou de consommateurs, comme Slow Food, aux coopératives de production, des systèmes type « Amap » aux luttes dans les contextes industriels. L’analyse des mouvements sociaux et politiques qui visent à élaborer des modèles d’économie ou des modes de production et/ou de consommation « alternatifs » permettra d’étudier les changements et les reconfigurations des systèmes de production agricole et industrielle. En s’appuyant sur des enquêtes en cours, le séminaire s’intéressera aux relations sociales, productives et d’échange pour penser en termes comparatifs les formes actuelles de participation et de mobilisation de la part des individus et des groupes sociaux. La réflexion théorique portera sur les imbrications entre politique, économie et dimension juridique, en interrogeant les formes de régulation qui se mettent en place dans des situations de changement économique et/ou de "crise". Les outils et les concepts classiques de l’anthropologie économique seront mis à l’épreuve à la lumière des nouveaux objets et des principaux débats qui traversent ce domaine aujourd’hui.
Mardi 27 février 2018 : Introduction au séminaire. D’Eric Wolf à Sidney Mintz : les échelles de la political economy
Distinguished Professor d’Anthropologie et spécialiste reconnu d’anthropologie économique, Richard Wilk est actuellement enseignant invité à l’EHESS (Marseille). Ses travaux portent sur les pratiques et les institutions économiques (Economies and Cultures. Foundations of Economic Anthropology, 1996), les politiques de l’alimentation et l’anthropologie de l’environnement (The Environnement in Anthropology, 2005, avec Nora Haen). Il a conduit ses travaux de terrain principalement au Belize, d’abord sur les relations entre agriculture, écologie et organisation domestique (Hausehold Ecology : Economic Change and Domestic Life among the Kekchi Maya of Belize, 1991), puis sur le rapport à l’environnement et à la consommation (Home Cooking in the Global Village : Caribbean Food from Buccaneers to Ecotourists, 2006). Parmi ses travaux plus récents, Time, consumption and everyday life : practice, materiality and culture. Berg Publishers (2009, avec Elizabeth Shove et Frank Trentmann).
Mardi 6 mars 2018 :
Mardi 20 mars 2018 : Journée d’études « Les trajectoires des communs. Approches interdisciplinaires »
Mardi 3 avril 2018 :
Mardi 10 avril 2018 :
Mardi 17 avril 2018
Mardi 15 mai 2018
Mardi 22 mai 2018
Mardi 5 juin 2018
Mots-clés : Agriculture, Alimentation, Anthropologie, Développement durable, Droit, normes et société, Économie, Industrie, Marché, Mobilisation(s), Mouvements sociaux, Politique, Spatialisation, territoires, Travail,
Aires culturelles : Contemporain (anthropologie du, monde),
Suivi et validation pour le master : Hebdomadaire semestriel (24 h = 6 ECTS)
Domaine de l'affiche : Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie
Intitulés généraux :
Renseignements :
Par courriel Valeria Siniscalchi ou Laure Ginod, secrétariat de la mention, EHESS, Centre de la Vieille-Charité, 2 rue de la Charité 13002 Marseille, tél. : 04 91 14 07 27.
Direction de travaux d'étudiants :
sur rendez-vous.
Réception :
sur rendez-vous.
Niveau requis :
le séminaire est ouvert aux étudiants de M1 et de M2, aux doctorants et aux auditeurs libres.
Site web : http://centre-norbert-elias.ehess.fr/index.php?548
Adresse(s) électronique(s) de contact : valeria.siniscalchi(at)ehess.fr, laure.ginod(at)univ-amu.fr
Cette sixième année de séminaire, consacrée à l’analyse des activismes et de différentes formes de mobilisation, à partir de leur dimension économique, s’est articulée autour de trois axes thématiques majeurs. La première partie a porté sur les rapports de pouvoir. Richard Wilk (Indiana University Bloomington, enseignant invité à l’EHESS) est revenu sur l’approche à l’anthropologie de l’alimentation de Sidney Mintz, en prêtant attention non seulement aux travaux classiques sur la circulation du sucre (Sweetness and power), mais aussi au rapport entre permanence et changement radical dans l’œuvre de Mintz. Pour ma part, je suis revenue sur les approches de la political economy à travers les travaux d’Éric Wolf, du projet de Porto Rico jusqu’aux recherches dans les Alpes italiennes, pour explorer plus dans le détail ses perspectives sur la notion de pouvoir. Lors d’une séance dédiée à genre et alimentation, je me suis intéressée aux relations de genre au sein du mouvement Slow Food ; Richard Wilk a exploré les liens entre genre, globalisation et alimentation. Une troisième séance a été dédiée à la qualité dans la production industrielle et dans la production artisanale. Boris Deschanel (UPAV) y est intervenu en explorant la qualité du textile dans une économie d’Ancien Régime.
Un deuxième axe, portant sur la dimension spatiale, a permis de croiser histoire, géographie et droit. Une journée d’étude a été dédiée aux trajectoires de la notion de biens communs entre gestions de ressources, rapports économiques et mobilisations. Jean Boutier y a apporté un éclairage historique et Michele Spanò a exploré la place des communs entre droit privé et droit public. Deux cas d’études – Arundhati Virmani sur les peintures murales de Lhodi Colony à New Delhi et Thomas Le Bianic (Tribunal administratif de Marseille) sur les biens communs urbains au prisme du droit de la domanialité publique – ont complété la journée. En continuité avec cette thématique, Jean-Noël Consales (urbaniste, AMU, TELEMME) s’est intéressé aux transformations des « nature(s) urbaine(s) » à Marseille. À travers le cas des « communautés de la nourriture » j’ai abordé les espaces imaginés de l’alimentation. Puis, en dialogue avec Marie-Vic Ozouf-Marignier, qui a exploré les propositions de l’école des territorialistes et la conception du local comme ressource, je suis revenue sur la notion de « district industriel » et ses transformations plus récentes, pour enfin aborder les paradoxes du local. Les questions portant sur l’espace ont été abordées également lors de la table ronde « Ressources et limites des approches territoriales en Sciences Sociales » (Marie-Vic Ozouf-Marignier, Valeria Siniscalchi et Nicolas Verdier) organisée lors des Journées de rentrée de l’EHESS ; puis dans la journée d’études Villes en décroissance et enjeu local, organisée par Beatriz Fernández et Marie-Vic Ozouf-Marignier, à Paris en novembre, où j’ai abordé le thème « Croissance choisie et décroissance subie ? Les essors et la fin d’un “district” industriel en Italie du Sud ».
La dernière partie du séminaire a été dédiée aux « alternatives » au capitalisme, avec un focus sur les pratiques et les imaginaires de l’économie : que veut dire « alternative économique » ? Comment les mobilisations dans le champ de la production et de la consommation alimentaire essayent-elles de repenser le système économique ? Un workshop sur « Lieux de production, pratique de l’échange et formes de mobilisations », avec des présentations des étudiants, a clôturé le séminaire.
J’ai poursuivi le terrain de recherche en Sardaigne, sur la construction de la circulation et la valeur économique et politique des productions fromagères (dans le cadre du projet collectif VIPOMAR. La vie politique des marchandises). En lien avec ce terrain, j’ai présenté une communication intitulée « The economic and political life of a Sardinian pecorino cheese : Circulation, regulation and values » lors de l’Annual Meeting American Anthropological Association (Washington, novembre 2017) ; puis, en février 2018, je suis intervenue dans le séminaire de préfiguration de l’exposition sur les Îles (MuCEM), avec une communication sur « Trois fromages et une île : espaces de production, de régulation et de circulation du pecorino en Sardaigne ».
Les réflexions sur les mobilisations dans le domaine de la production alimentaire ont été prolongées par la participation au comité scientifique du Mucem sur « L’Alimentation en Méditerranée » et par quatre invitations : à l’Université de Cagliari (Italie), où j’ai donné une conférence sur « Slow Food versus le PAMA. Modelli di sostenibilità e food activism » ; lors de la journée d’études organisée par Jean Noel Consales, où je suis intervenue dans le cadre du séminaire de l’École du Louvre « Exposer les cultures urbaines » (Denis Chevallier, MuCEM) où j’ai abordé « L’alimentation urbaine : nouveaux modèles et nouvelles pratiques » ; dans le cycle de rencontres organisé par Thierry Fabre et Marielle Macé à l’IMERA « Styles de vie en Méditerranée », avec une intervention sur « Food Activism et façons de manger ».
J’ai coordonné le comité exécutif de l’EASA (European Association of Social Anthropologists) en tant que présidente élue. J’ai participé à l’organisation de la conférence biannuelle à Stockholm, en août 2018, et présidé le comité scientifique. J’ai participé également aux réunions du World Council of Anthropological Associations en qualité de déléguée. En septembre 2017, j’ai donné une conférence « Doing fieldwork, changing scales through the analysis of different economic spaces » lors du 3e Biennial symposium Anthropological Talks in South Tyrol, The Malinowskian Legacy in Ethnography (Free University of Bozen-Bolzano).
Publications
Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 5 juin 2018.