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Base de données des enseignements et séminaires de l'EHESS

Initié il y a désormais neuf ans, ce séminaire est un espace de dialogue entre des chercheurs ayant analysé des contextes de marchés et des places de marché à partir de regards disciplinaires différents (économie, anthropologie, sociologie, histoire..) ainsi que d'entrées méthodologiques multiples. Le marché s'est révélé un vaste espace de confrontation que nous abordons comme institution concrète, plutôt que sous la forme d’une entité abstraite. Les anthropologues, sociologues ou historiens privilégient l’étude des lieux et des pratiques de marché : les marchés sont dans ce cas un instrument d’observation des pratiques de l’échange, des interactions et des manières de penser les faits économiques. Les économistes considèrent souvent le marché comme un mécanisme qui coordonne les actions et les décisions d’agents indépendants et anonymes. De telles différences d’approches sont le point de départ de confrontations possibles et non pas de fermetures disciplinaires. À partir de terrains et de lieux de marché précis et/ou d'éléments caractérisants les marchés, nous essayerons de faire émerger les lignes de fracture ou de débat ainsi que les ponts possibles entre approches diverses.

23 février 2018 :  Richard Wilk (Indiana University Bloomington, enseignant invité à l'EHESS) « Beyond Demand: What Determines the Value of a Fish? »

Beyond Demand: What Determines the value of a Fish? "Millions of pounds of fish are regularly killed and thrown away as “by-catch” in commercial fisheries because there is “no market” for them. Why would perfectly edible fish be rejected? If markets and prices are driven by demand, what determines demand, and the preferences that determine the elasticities of demand? Just as important is the question of how preferences and demand change over time. Taste is an embodied form of preference, and this presentation uses the history of changing tastes in fish to illustrate how tastes have a political and cultural dimension. Something edible can quickly become inedible, and vice versa. This talk will seek some historical and anthropological answers, and discuss both successful and failed attempts to get people to eat things once considered inedible. »

• « Prix et valeur », débat avec Frédéric Aprahamian (Université de Toulon, GREQAM AMSE), Alan Kirman (EHESS, CAMS) et Valeria Siniscalchi (EHESS, Centre Norbert Elias) 

Vendredi 23 mars 2018 : « Food Regimes, Market and Just Price » avec Harriet Friedman (professeur émérite à l’Université de Toronto)

Vendredi 6 avril 2018 : « Karl Polanyi et l'étude institutionnelle du marché : ébauche d'une cartographie » avec Davide Cacchioni (doctorant, EHESS, Centre Norbert Elias)

Vendredi 20 avril 2018 : « Le marché de la cohésion territoriale. Le territoire comme acteur économique » avec Cécile Livenais Strigelli (doctorante, EHESS, IIAC-LAIOS)

Vendredi 18 mai 2018 : Giacomo Todeschini (Università degli Studi di Trieste) « Les marchands, le temple et la théologie du développement économique » et Mathieu Arnoux (EHESS, CRH), discutant

1^er juin : Giorgio Cassone (EHESS, CNE) « Les marchés de la récupération. Tensions économiques entre marché, Etat et société »; 

8 juin : Frédéric Aprahamian (Université de Toulon, AMSE) "Des prix sans marché: la valorisation des habitats coralligènes en Méditerranée"

Durant cette année, nous avons poursuivi la réflexion à partir de l’exploration des marchés comme institutions concrètes et espaces de confrontation entre des approches disciplinaires différentes. À partir de terrains et de lieux de marché précis et/ou d’éléments qui caractérisent les marchés, nous avons essayé de faire émerger des lignes de fracture ou de débat ainsi que les ponts possibles entre approches diverses. Une première séance, avec Richard Wilk (Indiana University Bloomington, enseignant invité à l’EHESS), a porté sur la valeur des poissons (« Beyond Demand : What Determines the Value of a Fish ? ») : pourquoi des poissons comestibles sont-ils rejetés ? Si les marchés et les prix sont déterminés par la demande, qu’est-ce qui détermine la demande elle-même et les préférences ? Comment les préférences et la demande changent-elles dans le temps ? En partant de l’histoire de l’évolution des goûts des poissons, Richard Wilk a illustré la dimension politique et culturelle du goût. Frédéric Aprahamian, Alan Kirman et Valeria Siniscalchi ont discuté avec Richard Wilk de « prix et valeur » d’un point de vue anthropologique et économique. Harriet Friedman (sociologue et professeur émérite à l’Université de Toronto) a présenté son approche aux régimes alimentaires en discutant de « Food Regimes, Market and Just Price ». Une séance a été dédiée à une relecture du travail de Karl Polanyi et de l’étude institutionnelle du marché, « Ébauche d’une cartographie », par Davide Cacchioni (doctorant à l’EHESS, Centre Norbert Elias). Cécile Livenais Strigelli (doctorante à l’EHESS, IIAC-LAIOS) a présenté une partie de son travail de thèse sur « Le marché de la cohésion territoriale. Le territoire comme acteur économique » ; elle a montré les enjeux économiques et les considérations concernant la justice sociale et l’égalité régionale qui interviennent dans les décisions politiques et dans le façonnement des identités territoriales. Giorgio Cassone (doctorant à l’EHESS, Centre Norbert Elias) a exploré « Les marchés de la récupération. Tensions économiques entre marché, État et société », en présentant des cas d’études de récupération informelle et d’autres de récupération formelle mise en œuvre par des organisations. Giacomo Todeschini (Università degli Studi di Trieste) a présenté son travail sur « Les marchands, le temple et la théologie du développement économique », discuté par Mathieu Arnoux (EHESS, CRH). Giacomo Todeschini a abordé la question du lexique religieux et du lexique économique et des liens étroits existant entre les deux. Frédéric Aprahamian (Université de Toulon, AMSE) a illustré d’un point de vue d’économiste la question des prix sans marché, en présentant les résultats d’une enquête préliminaire destinée à évaluer le consentement à payer de la population pour la gestion durable d’un environnement sous-marin (le corraligène) qui est difficilement accessible. Cette présentation a été l’occasion d’un rappel du cadre théorique microéconomique permettant le développement de ce type d’analyse.