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Un jeudi par mois de 18 h à 20 h (INHA, salle Fabri de Pereisc, 2 rue Vivienne 75002 Paris), du 30 novembre 2017 au 7 juin 2018. Dates communiquées ultérieurement
L'objet du séminaire Arts-Innovation-Industrie est l'exploration de la notion d'« arts industriels» et de son champ sémantique, « industrie artistique», « Kunstindustrie », tel qu'il se déploie à travers l'histoire de l'art, l'industrie et les pratiques artistiques dans l'Europe du XIXe siècle jusqu'à nos jours. L’année 2014-2015 et l’automne 2015 ont été consacrés à l’exploration de l’œuvre de Gottfried Semper (1803-1879) dans son contexte européen et se sont conclus sur un colloque international en janvier 2016, à Paris. Une nouvelle étape de l’enquête s'est ouverte à la rentrée 2016. Elle a pour objet les musées d’art industriel.
Après une séquence consacrée à l’œuvre de l’architecte et théoricien de l’art Gottfried Semper qu’a conclue le colloque « L'Industrie de l'art : Gottfried Semper l'architecture et l'anthropologie dans l'Europe du XIXe siècle » les 13 et 14 janvier 2016, le séminaire Arts-Innovation-Industrie sera consacré, à partir de l' année 2017, aux musées d’art industriel.
Les musées d’art industriel constituent un épisode oublié de l’histoire des musées. Pourtant, de Londres à Vienne, de Hambourg à Budapest, ils ont peuplé l’Europe du XIXe siècle et du début du XXe. Relayant les cabinets curieux de l’Ancien Régime comme les Expositions des Produits de l’Industrie, ils ont, selon des modalités diverses que le séminaire se donne pour tâche d’explorer, accueilli les productions de la Technè à l’aube de l’ère industrielle et se sont donné pour mission l’éducation des producteurs comme du public. Les modalités de l’exposition, l’incertain statut des objets exposés, la diversité des systèmes de classification et des fins entre intérêts économiques, espaces nationaux, recherches archéologiques, enquêtes ethnographiques et éducation populaire, enfin les paradoxes contenus dans la notion même d’« art industriel » constituent les étapes de notre enquête.
Jeudi 15 février 2018 : Caroline Van Eck (Cambridge University) & Pascal Griener (Université de Neuchâtel), « L'histoire et les choses. Le statut de l'objet, la culture matérielle et son historiographie en Allemagne au XIXe siècle »
Dans un livre récent, History and its Objects. Antiquarianism and Material Culture since 1500 (Cornell University Press 2017), Peter Miller retrace les débats qui opposèrent, dans l’Allemagne du XIXe siècle, historiens, archéologues et historiens de l'art : quel statut épistémologique reconnaître aux objets lorsque l’histoire ne se fonde plus seulement sur les sources textuelles mais sur ce que nous appellerions aujourd’hui les cultures matérielles du passé ? cette nouvelle manière de pratiquer l’histoire devait-elle prendre pour modèle la philologie classique et se faire « Sachphilologie » - philologie des choses ? Ou plutôt se définir comme l'héritière de la science des Antiquaires ? ou encore se considérer comme une discipline toute nouvelle, la Kulturwissenschaft, qui visait à réunir archéologie, anthropologie et histoire des collections ?
Ces débats encore trop méconnus, dont les protagonistes s'appellaient pourtant Karl Otfried Müller, Karl Lamprecht, Gustav Klemm ou Friedrich Nietzsche, annoncent d'une manière inattendue les débats actuels sur le material turn dans les sciences humaines et sociales. Mais leur lecture par Peter Miller nous permet d'ajouter des données importantes aux origines intellectuelles des musées d'art industriel, considérés par la plupart des protagonistes comme le laboratoire où devait se matérialiser cette nouvelle discipline.
Caroline van Eck présentera cette historiographie et ses implications pour la constitution des musées d'art industriel au XIXe siècle.
Pascal Griener, qui vient de publier Pour une histoire du regard. L'Expérience du musée au XIXe siècle (Paris: Hazan, 2017), traitera du statut de l'objet dans les musées du XIXe siècle à Paris et Londres, de leurs stratégies de collecte et de leurs muséographies.
Jeudi 12 avril 2018 : Céline Trautmann-Waller, « La “Culturwissenschaft” de Gustav Klemm : collectionnisme, culture matérielle, histoire de l’humanité »
Bibliothécaire, collectionneur et conservateur de la collection royale de porcelaine à Dresde, Gustav Klemm (1802-1867)consacre un ouvrage à celle-ci en 1834. Ses activités en lien avec le Zwinger à Dresde le conduisent à une réflexion plus générale sur l’histoire des collections : De l’histoire des collections pour la science et l’art en Allemagne (Zur Geschichte der Sammlungen für Wissenschaft und Kunst in Deutschland, 1836-37). Sur le modèle du musée d’Ole Worm à Copenhague, il entame une collection d’objets témoignant du passé de sa région et des pays germaniques, puis y intègre un nombre croissant d’objets issus de toutes les régions du monde. Parallèlement il rédige son Histoire culturelle générale de l’humanité (Allgemeine Cultur-Geschichte der Menschheit, 10 vols., 1842-1854) envisageant l’histoire de l’humanité depuis ses débuts à partir de ce que nous appelons aujourd’hui « culture matérielle ». Dans la Fantaisie sur un musée pour l’histoire culturelle de l’humanité (Fantasie über ein Museum für die Culturgeschichte der Menschheit, 1843) annexée à l’ouvrage, Klemm fait le lien entre sa collection et sa vision de l’histoire culturelle en défendant l’idée que cette dernière peut être écrite à partir des objets de la culture matérielle, envisagés en rapport avec les besoins fondamentaux des hommes et avec les pratiques associées.
La collection de Klemm, qui forma le noyau du musée Grassi de Leipzig, ainsi que ses ouvrages nous invitent à réfléchir sur l’histoire du collectionnisme et des musées, une écriture de l’histoire à partir des objets, l’émergence et les fondements théoriques de la notion de « culture matérielle », les rapports et les tensions entre science de la nature et science de la culture, un terme que Klemm est un des premiers auteurs à utiliser en Allemagne.
Céline Trautmann-Waller est professeur en études germaniques à l’Université Sorbonne nouvelle-Paris 3 depuis 2005, membre senior de l’IUF depuis 2017. Ses publications récentes concernent l’histoire de l’anthropologie et des philologies germaniques, ainsi que l’esthétique formaliste en Europe centrale, l’École viennoise d’histoire de l’art, la genèse transnationale du structuralisme. Elle prépare actuellement un ouvrage sur l’émergence du Kunstgewerbe (pratiques, théories et institutions) en Allemagne et en Autriche durant la seconde moitié du XIXe siècle, dans la perspective d’une anthropologie de la culture vernaculaire.
Suivi et validation pour le master : Mensuel annuel/bimensuel semestriel (12 h = 3 ECTS)
Intitulés généraux :
Centre : CESPRA - Centre d'études sociologiques et politiques Raymond-Aron
Renseignements :
en alternance avec le séminaire « L'art et le sublunaire ». Les dates sont annoncées par mailing-list.
Attention, les dates du séminaire pouvant glisser d'un jeudi à l'autre, il est recommandé de s'inscrire sur la mailing-list : Écrire à artetindustrie-request(at)ehess.fr ou Patricia Falguières : falguier(at)ehess.fr.
Direction de travaux d'étudiants :
sur rendez-vous uniquement, contacter les enseignants par courriel.
Réception :
sur rendez-vous par courriel.
Niveau requis :
licence.
Site web : http://cespra.ehess.fr/
Adresse(s) électronique(s) de contact : falguier(at)ehess.fr
Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 5 avril 2018.