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Base de données des enseignements et séminaires de l'EHESS

Faire de l’anthropologie en contexte postcolonial : le cas du Vanuatu

  • Marie Durand, postdoctorante au musée du Quai Branly-Jacques Chirac ( CREDO )
  • Monika Stern, chargée de recherche au CNRS ( CREDO )
  • Éric Wittersheim, maître de conférences de l'EHESS ( IRIS )

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2e et 4e mercredis du mois de 13 h à 15 h (salle 9, 105 bd Raspail 75006 Paris), du 8 novembre 2017 au 13 juin 2018. La séance du 11 avril se déroulera en salle AS1_08 (54 bd Raspail 75006 Paris). La séance du 9 mai est annulée

Comment s'élaborent la connaissance et l'image sociale d'un pays ? À partir de l'exemple du Vanuatu, nous tenterons d'identifier les différents mécanismes de production du savoir par lesquels se construit un savoir global sur un pays, au-delà des seuls travaux de chercheurs qui n'en constituent qu'une partie limitée et souvent peu médiatisée. Ceci nous conduit à inscrire et penser notre travail de chercheur dans sa temporalité et son contexte (historique et politique) ainsi que dans ses relations aux autres acteurs produisant du savoir sur le pays et aux moyens de diffusion de celui-ci. Ainsi, on peut lire l'évolution progressive des thématiques de recherche sur le Vanuatu en regard des évolutions plus globales qu'a connues le pays et son environnement régional: la politique foncière et décoloniale des années 1970-80, la question de la dépendance économique et du développement dans les années 1990, la crise de l'État postcolonial dans les années 2000, et aujourd'hui la question du changement climatique qui semble éclipser ou englober toutes les autres.

Ce séminaire se propose donc d'analyser les implications d'une recherche menée en contexte postcolonial, de surcroît lorsque le chercheur est issu d'une des anciennes puissances coloniales. Dans ce cadre, il posera la question de la spécificité de telles recherches au Vanuatu en interrogeant les modalités de leurs mises en œuvre (institutions médiatrices, protocoles éthiques, intermédiaires et modalités de diffusions locales de la recherche). Tout en réfléchissant à la posture respective des différentes sciences sociales (anthropologie, linguistique, archéologie, géographie) vis-à-vis du passé colonial en fonction de leur discours et de leurs méthodes, nous réfléchirons à la manière dont la science se situe elle-même dans un continuum de relations possibles, et non plus dans une posture scientifique ex-nihilo, surplombante ou détachée. Partant de l'évidence que la relation entre le chercheur et les personnes qu'il étudie est aussi une relation sociale, nous serons  attentifs à la réflexivité des chercheurs et à leurs contextualisations de l'enquête tout en proposant de croiser leurs positionnements avec ceux d’autres acteurs sociaux intervenant à différents niveaux (instances internationales, institutionnelles ou locales) dans le pays.

Cependant, dans les perspectives ouvertes par les politiques de recherche « collaborative » par le Centre culturel du Vanuatu depuis le milieu des années 1990, il convient de s’interroger sur la question de l’écriture et de la transmission de nos travaux : comment déconstruit-on les cadres classiques de présentation en intégrant les affects et la position du chercheur comme un élément important de l’interprétation ? la question de la diffusion locale des résultats de recherche contribuera à faciliter cette discussion. La place de nouveaux outils de diffusion (réseaux sociaux, web-documentaires, archives online, expositions, etc. sera abordée à partir du travail en cours de certains chercheurs sur le Vanuatu. En outre sur le terrain ces efforts réflexifs ne suffisent pas à expliquer ni à décrire l'ensemble des interactions et leurs enjeux. La culpabilité, la gestion du poids du passé colonial dans les relations présentes, les relations complexes et ambigües qui se nouent entre chercheurs et enquêtés sur le terrain signalent d'autres types de relations entre populations locales et gens de passages, qu'ils soient chercheurs, expatriés, humanitaires, artistes, journalistes, commerçants, touristes ou voyageurs. Dépendance, séduction, ruse, rejet, nostalgie, amitié, adoption: ces différentes thématiques seront évoquées à partir de textes (scientifiques ou non), de films, de témoignages et d'expériences sociales diverses consacrés au Vanuatu mais également à d'autres territoires océaniens.

8 novembre 2017 : Marie Durand, Eric Wittersheim, Monika Stern : « Introduction générale » 

22 novembre 2017 : Jon Fraenkel (Université Victoria à Wellington, Nouvelle-Zélande) présentera une communication intitulée : « The Hidden Order in Western Melanesian ‘Disorderly Democracy’ » (« L'ordre caché de la “démocratie” en Mélanésie occidentale »)

La politique parlementaire de l'ouest en Mélanésie est souvent considérée comme particulièrement volatile. Les fréquents changements de gouvernement et les nombreuses crises constitutionnelles ont gagné à la région une réputation d'instabilité. Au Vanuatu, en Papouasie-Nouvelle-Guinée et aux Îles Salomon, le turn-over parmi les députés, le grand nombre de candidats aux élections, la fluidité des alliances entre partis politique, ainsi que les fréquents changements de gouvernements ont été interprétés comme les symptomes d'une démocratie sans règles et chaotique.
Pourtant, beaucoup d'autres pays dans le monde ont connu des phases de fréquents changements de gouvernement (la 4e République française), ou des niveaux élevés de turnover parmi les députés (p. ex. l’État du New South Wales en Australie au 19e siècle). Des systèmes faiblement institutionnalisées existent ailleurs dans le monde (comme Scott Mainwaring l’a montré pour le Brésil et la Russie) et la prolifération de candidats aux élections en Inde ou en République démocratique du Congo peuvent être interprrétés comme les signes de ce que Kanchan Chandra appelle la « démocratie clientéliste ».
Les modèles d’explication basés sur le « désordre » ou « l’instabilité » au Vanuatu, aux Îles Salomon ou en Papouasie-Nouvelle-Guinée ne permettent guère de comprendre ce qui caractérise véritablement ces démocraties, et ce qui les a préservés (en dehors Fidji) des gouvernement de type autoritaire depuis l'indépendance. Cette présentation offre une explication alternative, fondée sur les obstacles à la centralisation des pouvoirs dans les sociétés très hétérogènes et dispersées. Cette communication évoque également une nouvelle base de données sur les élections au Vanuatu.

13 décembre : Marie Durand et Monika Stern : « De la créativité : les cas de la musique et de l'architecture au Vanuatu aujourd'hui. »

10 janvier 2018 : Monika Stern (chargée de recherche au CNRS, Centre de recherche et de documentation sur l'Océanie, AMU, EHESS, CNRS - Credo - UMR 7308), présentera une communication intitulée « Faire de la politique avec la musique ? Le processus de la politisation d’un évènement culturel  (le cas du Fest’Napuan au Vanuatu) »

En quoi la musique est-elle politique ? Depuis quelques années les chansons reggae et hip-hop du Vanuatu sont de plus en plus politiques et revendicatives. Cette présentation aura pour but d’analyser comment le processus de politisation s’est mis en place à travers le Fest’Napuan, festival des musiques urbaines de Port-Vila, la capitale de cet archipel mélanésien. Quelles sont les connections qui lient le festival avec des institutions et des personnalités culturelles, éducatives et politiques ? Comment la musique devient un élément de persuasion socio-politique bidirectionnel ?

24 janvier 2018 : Knut Rio (University of Bergen) : « The chiefly system in Vanuatu and the killing of pigs »

14 février 2018 : Laurent Dousset (anthropologue, CREDO, EHESS-Marseille) « La démocratie du Develop-man ; ou la mémoire équivoque du fait colonial »

Comme souvent dans le Pacifique, les communautés de Port Sandwich, dans le sud de Malekula au Vanuatu, ont connu une période coloniale complexe qui continue de façonner les perspectives sociales et politiques que les habitants adoptent. La situation à Port Sandwich est toutefois à certains égards singulière. D’abord, car ces communautés hébergeaient pendant 60 ans la délégation française, étant ainsi au plus proche du pouvoir colonial et vivant au quotidien ses réalités matérielles comme immatérielles. Ensuite — et plus important encore —, car elles se sont majoritairement exprimées en faveur de l’autonomie, rejetant la voie de l’indépendance sur laquelle le Vanuatu s’était engagé. L’indépendance créa ainsi à leurs yeux un vide politique que les habitants continuent aujourd’hui de combler par des références historiques diverses, parfois antagonistes, et par des réorganisations structurelles et sémantiques au fondement d’une situation hautement conflictuelle. Cet exposé présentera et analysera les pratiques et concepts qui émergent et disparaissent dans cette incertitude politique et sociale qui a dominé la période postcoloniale dans le sud de Malekula.

14 mars 2018 : Marie Durand : « Mais que faire de ces migrants ? Politiques de logements à prix modérés et urbanisation à Port-Vila (années 1960-70) »

28 mars 2018 : Thorgeir Kolshus (University of Oslo) : « ‘We're simply too independent here.’ Vanuatu statehood at its northern rim »

11 avril 2018 : Lissant Bolton (British Museum, London) : « Change and more change: the role of kastom in post-colonial Vanuatu »

In  Vanuatu, Independence was achieved in part on the basis of a distinct  ni-Vanuatu identity: the new citizens were characterised as the people of the land  whose knowledge and practice belonged to their nation and to their  places within it. This identity was celebrated in the First National  Arts Festival in 1979, and in the carefully scripted ceremonies of Independence Day itself. The importance of this kastom identity was given substance by the creation and development of a group of  ni-Vanuatu researchers, known as fieldworkers attached to the Vanuatu  Cultural Centre. In subsequent decades, attitudes to customary  knowledge and practice have modified and changed in an ongoing series of transformations within the nation.  This discussion will  address some of those post-colonial transformations and the role of the  Vanuatu Centre and especially of the fieldworkers in contributing to  them.

9 mai 2018 : Séance annulée Manon Garcia : « Ce qui nous lie à la terre : quand la catastrophe révèle les enjeux du foncier au Vanuatu »

23 mai 2018 : Éric Wittersheim  : « "Going organic" : La conversion du Vanuatu à l’agriculture biologique comme mouvement culturel ? »

13 juin 2018 : Alice Servy (Université de Provence, Credo) : « Les infections sexuellement transmissibles au Vanuatu : Enquêter sur un système de prévention globalisé »

Suivi et validation pour le master : Bi/mensuel annuel (24 h = 6 ECTS)

Mentions & spécialités :

Domaine de l'affiche : Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie

Intitulés généraux :

  • Éric Wittersheim- Anthropologie de l’État en Océanie. Ville, migrations, territoires et globalisation
  • Renseignements :

    par courriel.

    Direction de travaux d'étudiants :

    premier contact par courriel.

    Réception :

    sur rendez-vous préalable (contact par courriel)

    Niveau requis :

    Ouvert aux étudiants en master, doctorat, ainsi qu'aux personnes intéressées professionnellement par le Vanuatu

    Adresse(s) électronique(s) de contact : eric.wittersheim(at)ehess.fr

    Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 7 mai 2018.

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