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Base de données des enseignements et séminaires de l'EHESS

Culture matérielle et pratiques dévotionnelles dans les sociétés chiites

S'il s'agit de l'enseignement principal d'un enseignant, le nom de celui-ci est indiqué en gras.

1er mercredi du mois de 9 h à 12 h (salle A06_51, 54 bd Raspail 75006 Paris), du 4 octobre 2017 au 2 mai 2018. Séances supplémentaires le 22 novembre (de 14 h à 17 h, salle A06_51), le 5 décembre (de 13 h à 17 h, salle A07_51), le 10 janvier (salle A07_51) et le 28 février (de 10 h à 13 h, salle 13, 105 bd Raspail 75006 Paris)

Ce séminaire entend rompre avec les représentations médiatiques et géopolitiques du chiisme et des chiites, présentés tour à tour comme les antidotes de l’extrémisme sunnite ou, au contraire, comme les fers de lance de la violence islamiste. Après la publication en 2011 de Pedram Khosronejad sur le chiisme iranien et l’iconographie, de James W. Allan sur l’architecture chiite (2012) et de Fahmida Suleman sur les expressions rituelles et artistiques du chiisme (2015), le séminaire entend ouvrir l’horizon chiite en termes géographiques ainsi que thématiques. En premier lieu, il s’agira de prendre en compte les sociétés et les cultures chiites dans leur diversité au sein de l’espace musulman dans son ensemble. En second lieu, un élargissement du fait chiite se trouve au centre de nos questionnements, ce qui signifie que notre propos inclut le chiisme duodécimain, mais également ismaélien et autre. Enfin en troisième lieu, nous entendons par l’expression de culture matérielle les processus de fabrications, les savoirs et les savoirs faire, artistiques ou non, qui produisent du plus petit objet apparemment insignifiant au plus grand, le monument. À ce propos, notre intérêt porte plus particulièrement à voir comment la matérialité de l’objet – le passage de sa représentation idéelle à une existence concrète en tant qu’objet – conditionne sa conception, sa réalisation, sa fabrication et  ses usages.

Il sera constitué de deux parties :

  • Annabelle Collinet (Musée du Louvre), « De l’invocation au monument : inscriptions et objets liés aux sociétés shiites »
  • Zahir Bhalloo (CEIAS-EHESS), Michel Boivin (CNRS-CEIAS), Sepideh Parsapajouh (CNRS-LAUM/IIAC) : Présentation des travaux et des publications importantes de l’année précédente.

Mercredi 4 octobre 2017 :

  • tour de table ; bilan de l'année écoulée (missions, lectures, conférences etc.) et projets pour l'année qui commence
  • Annabelle Collinet, « Sculptures zoomorphes sur les alams des processions de Moharram (époque Qajar) »

Mercredi 22 novembre 2017 :

  • Delphine Ortis (docteur en ethnologie et en anthropologie sociale, chargée de cours à l’INaLCO), « Rites et fêtes en l'honneur de dhahbāz Qalandar (Sehwan-Sindh-Pakistan) »
    En partant de l’ethnographie des différents rites quotidiens et des fêtes annuelles en l'honneur de Lal Shahbāz Qalandar ou impliquant sa figure, nous analyserons les spécificités de son culte.
  • Sepideh Parsapajouh (CNRS/CéSor-EHESS), « La vie d'un lieu saint, le récit d'un objet sacré : Imam Husayn et ses pèlerins entre Qom (Iran) et Karbala (Irak) »
    Le culte de Husayn est ancré dans la religiosité chiite iranienne depuis des siècles. Constituant un lieu de tiraillement entre les usages politiques et les réappropriations populaires, ce culte est l’objet de différents événements dans chaque période historique et illustre des dynamismes et interactions entre différents acteurs sociaux, religieux, et politiques. Un phénomène sans précédent a ébranlé récemment les pratiques pèlerines et le sens qu’on leurs attribue habituellement dans le monde chiite. Il s’agit de la fabrication d’une nouvelle châsse (zarih) pour le sanctuaire irakien de l’Imam Husayn (Karbala) à Qom (en Iran), puis son transport de ville en ville entre ces deux lieux sacrés. Dans cette présentation, après une courte introduction sur les différents aspects anthropologiques du culte de Husayn dans l’histoire contemporaine de l’Iran, nous analyserons ce phénomène exceptionnel et les nouvelles formes et définitions de pèlerinage et du lieu saint qui sont (ré)apparus autour ce fait. 

Mardi 5 décembre 2017 :

  • Sabrina Mervin (CNRS-CéSOR), « Najaf , au cœur du chiisme »
    Pour abriter le mausolée de ‘Alî, le premier imâm, Najaf est appelée « la plus noble » (al-achraf) des villes ; ses habitant se disent « les fils de Alî » (awlâd ‘Alî). D’autres populations y séjournent : d’une part, les étudiants en sciences religieuses qui viennent y puiser un savoir hérité des imams et des grands oulémas qui ont fait de la ville une pépinière de savants et le centre de la marja‘iyya. ; d’autre part, les pèlerins qui viennent faire leur visite pieuse au mausolée. Une organisation élaborée permet à chacun d’y trouver sa place, d’y circuler, d’y accomplir les rituel – d’y vivre à l’ombre de l’imam. Le mausolée « s’exporte » : il diffuse son savoir, mais devient aussi un objet, tout cela pour permettre de reconstituer le centre ailleurs, dans les périphéries. 
  • Michel Boivin (CNRS-CEIAS), « Fragments d’iconographie alide en Asie du Sud »
    L’iconographie chiite a récemment émergé comme nouveau champ d’études qui a rapidement été marqué par l’ouvrage d’Ingvild Flaskerud intitulé Vizualizing Belief and Piety in Iranian Shiism (Continuum, 2010). En Asie du Sud, les représentations iconographiques de ‘Alî, et de ses descendants, dépassent le cadre des deux principales écoles chiites : duodécimaine et ismaélienne. En effet, ‘Alî est également vénéré dans les milieux soufis, où l’iconographie apparaît quelque peu différente de l’iconographie chiite, y compris dans les milieux hindous qui se réclament du soufisme. Cette présentation envisage de proposer une rapide introduction à ces iconographies alides d’Asie du Sud.

Mercredi 10 janvier 2018 :

  • Delphine Ortis (INaLCO), « Rite de la visite au sanctuaire de Lāl Shahbāz Qalandar (Sehwan-Sindh-Pakistan) »
    Après avoir présenté les rites quotidiens du sanctuaire de Lāl Shahbāz Qalandar accomplis par les desservants de sa tombe, nous présenterons la visite (ziyārat), un rite personnel effectué cette fois par ses dévots. Nous nous intéresserons plus particulièrement aux attitudes, aux gestes, aux objets et aux échanges qui constituent ce rite.
  • Michel Boivin (CNRS-CEIAS) « Culture matérielle et anthropologie religieuse : les reliques de Sehwan Sharif (Sindh, Pakistan) »
    Comme l’écrivait Joseph Meri (« Relics of Piety and Power in Medieval Islam », Past and Present, 2010, p. 97), l’étude des reliques reste un sujet sous-étudié dans le contexte du monde musulman. Cette communication entend fournir modestement quelques éléments sur la question, dans un contexte précis, celui du sanctuaire de Lāl Shahbāz Qalandar.

Mercredi 7 février 2018 :

  • Fârès Gillon (EPHE), « Quelques problématiques chiites à travers un recueil ismaélien d'époque fâtimide, le Kitâb al-Kashf »
    Le Kitâb al-Kashf est un recueil de six traités, réunis au début du Xe siècle. Bien que des circonstances historiques précises, liées à la légitimation du nouveau pouvoir fâtimide, aient présidé à sa composition, cet ouvrage très dense fournit également un éclairage sur l'évolution doctrinale et historique du chiisme ancien au sens le plus large. Le Kitâb al-Kashf se situe en effet au carrefour de différents chiismes, puisqu'il se fait aussi bien l'écho de la doctrine ismaélienne fâtimide en cours d'officialisation, que des racines doctrinales de l'ismaélisme remontant aux nombreux courants du chiisme spéculatif ésotérique des VIIIe et IXe siècles. Loin de ne concerner que la seule histoire de l'ismaélisme, il illustre notamment la façon dont se constitue une tradition religieuse, par reprises, sélections, atténuations et réinterprétations de données antérieures.
  •  Sedigheh Yaghoobi (Université de Téhéran, invitée du CéSor/EHESS), « The image of the “ideal (hu)man” in the mirror of the educational policies and programmes of post-revolutionary Iran 
    This presentation is the result of research based on documents and archives published in the Iranian Ministry of National Education since the Islamic Revolution in 1979. It will focus on the cultural and educational school curricula which, from the day after the revolution, aimed to educate (to note say manufacture) an ideal Muslim and Shia (hu)man. In this research, in addition to the archives, we also made use of the published memoirs and diaries of former schoolchildren from the 1980s and 1990s, in which they express and sometimes also draw their experiences. Nevertheless, these programmes have never been entirely harmonious and have undergone many transformations over the past three decades. 

Mercredi 28 février 2018 :

  • Christiane Gruber (University of Michigan), « Produits prophétiques : le Prophète Muhammad dans la culture visuelle de l’Iran contemporain »
    Much like religious objects produced and consumed elsewhere in the Islamic world, images of Muhammad are often associated with acts of play and worship, their power to cultivate joy and direct religious feelings in various faith communities strengthened in large part by their remove from the commodity situation. As scholars of visual and material culture have highlighted, a product is never merely an object to be acquired and used, stripped of symbolic import and application. On the contrary, it is a thoroughly socialized commodity central to cultural practices of exchange—of sending and receiving social messages—that take place in regimes of value. Within postrevolutionary Iran in particular, images and objects depicting the Prophet Muhammad have been manufactured en masse over the past three decades, catering to official regime ideology and popular devotional practices alike.This study explores how these types of prophetic products serve to visually reinforce and materially reify narratives about the ascendancy of the Shi’i faith, the legitimacy of Islamic governance, and the value of martyrdom within the larger religious and political landscape of contemporary Iran.
  • Compte rendus et discussions autour de publications récentes par Michel Boivin, Annabelle Collinet et Sepideh Parsapajouh

Mercredi 4 avril 2018 : Sepideh Parsapajouh (CNRS/CéSor-EHESS), « Tombes, objets et croyances : le cas des divisions des martyrs de Behesht Zahra à Teheran »

La séance sera suivie d’une discussion et de comptes-rendus de publications récentes.

Jeudi 24 mai 2018, 10h-13h (Salle 123) - 54 bd Raspail 75006 Paris : Carla Bellamy "Dargah Culture: The Necessity and Limits of an Idea"

In my book The Powerful Ephemeral: Everyday Healing in an Ambiguously Islamic Place, I argued that because Muslim saint shrines in India - commonly known as dargahs - attract devotees from all religious backgrounds, their culture should be viewed as religious culture in its own right, and not as Hindu, Islamic, or a syncretic combination of the two. Taking a Hindu informant as a case study, this talk will draw upon fieldwork and my interviews with her from 2003 through 2018 to revisit my argument about “dargah culture” in the context of an interrelated set of questions: How do non-Muslim devotees of Sufi saint shrines resist obvious and ongoing pressure to identify as Hindu or Muslim?  Has the ubiquitous presence of mobile phones created an original way to preserve a devotee’s unaligned status? What effect has social media had on supporting what were previously liminal relationships?

Carla Bellamy est Professeur Associé des religions d’Asie du sud dans le département de sociologie et d’anthropologie de Bharuch College, City University of New York. Elle a publié en 2011 The Powerful Ephemeral : Everyday Healing in an Ambiguously Islamic Place (University of California Press). Sa recherche se concentre sur l’intersection dynamique de l’identité religieuse, des conflits religieux, et des conceptions relatives à l’individualité et à la guérison dans l’Inde contemporaine.

Site(s): Webpage Carla Bellamy

Suivi et validation pour le master : Hebdomadaire semestriel (24 h = 6 ECTS)

Mentions & spécialités :

Intitulés généraux :

Renseignements :

par courriel.

Direction de travaux d'étudiants :

contacter l'un des organisateurs du séminaire.

Réception :

sur rendez-vous uniquement.

Niveau requis :

licence d'histoire, anthropologie, sciences politiques, sociologie etc. Un entretien préalable avec un ou plusieurs enseignants est indispensable.

Adresse(s) électronique(s) de contact : mboivin(at)ehess.fr, sepideh.parsapajouh(at)gmail.com, zsbhalloo(at)hotmail.com

Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 9 avril 2018.

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