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Jeudi de 11 h à 13 h (salle 2, 105 bd Raspail 75006 Paris), du 2 novembre 2017 au 17 mai 2018. La séance du 8 février est annulée. La séance du 11 avril est annulée. La séance du 3 mai est annulée
En tant que domaine disciplinaire, l’anthropologie de l’art a connu une extension continue de ses objets d’études (des arts extra-européens anciens à l’art contemporain international), qui s’est accompagnée de nouvelles méthodes et théories créées pour en rendre compte. Animée de nombreux débats internes, signe de sa vitalité, elle s’est nourrie des autres disciplines (histoire de l’art, psychologie, sociologie…) qu’elle a influencées en retour, tout en s’imprégnant des grands courants qui ont traversé les sciences humaines et sociales (structuralisme, postcolonialisme…).
Mais les rapports de l’anthropologie à l’art, dont il sera question dans ce séminaire, excèdent le domaine de l’anthropologie de l’art proprement dit. En effet, l’intérêt des ethnologues pour les objets et la créativité s’est aussi déployé à travers leurs travaux sur les collections et le marché de l’art, leurs analyses critiques d’expositions, leurs prises de position dans les controverses sur le rapatriement des biens culturels et les « appropriation culturelles », ou encore leurs collaborations avec des artistes autour de projets concrets, par exemple.
En intégrant ces différents aspects, il s’agira d’étudier la manière dont l’anthropologie s’est saisie largement de la question et des objets de l’art, pour s’interroger sur la spécificité – intellectuelle, imaginaire, politique, éthique – de ses sujets de prédilection et de leur traitement.
Jeudi 8 février 2018 : Séance annulée, reportée à une date fixée ultérieurement Jean-Baptiste Eczet, « Poétique sociale : sur le style d’une société segmentaire est-africaine »
Mots-clés : Anthropologie sociale, Arts, Culture matérielle, Esthétique, Ethnographie, Image, Objets,
Aires culturelles : Afrique, Amériques, Contemporain (anthropologie du, monde), Océanie,
Suivi et validation pour le master : Hebdomadaire annuel (48 h = 2 x 6 ECTS)
Domaine de l'affiche : Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie
Intitulés généraux :
Renseignements :
Brigitte Derlon par courriel.
Direction de travaux d'étudiants :
sur rendez-vous, au Laboratoire d'anthropologie sociale.
Réception :
sur rendez-vous, au Laboratoire d'anthropologie sociale.
Site web : http://las.ehess.fr
Adresse(s) électronique(s) de contact : derlon(at)ehess.fr, m.jeudy-ballini(at)college-de-france.fr
L’anthropologie s’est peu préoccupée de définir ses objets et son approche en matière d’art et de créativité. La part du lion prise par les expressions non occidentales dans l’essor de l’anthropologie de l’art a donné à penser que la distribution géographique de ses objets, leurs propriétés visuelles et les particularités de leurs cultures de provenance suffisaient en quelque sorte à les caractériser. De plus, les efforts pour asseoir ce nouveau domaine de recherche, en multipliant les enquêtes de terrain afin de montrer ce qu’il pouvait apporter aux théories anthropologiques dominantes du moment, absorbèrent longtemps une grande partie de l’énergie déployée par les chercheurs. C’est seulement quand les différences entre les arts occidentaux et non occidentaux se réduisirent considérablement sous l’effet de la mondialisation (déritualisation et commercialisation des arts traditionnels, naissance d’un art contemporain non occidental…) que délimiter les objets de l’anthropologie de l’art et réfléchir à ses méthodes propres apparurent comme des nécessités.
Parallèlement, les anthropologues investirent des champs de recherche pluridisciplinaires qui, extérieurs à l’anthropologie de l’art proprement dite et n’impliquant pas la mise en œuvre de sa méthodologie, concernent toutefois le destin des expressions artistiques étudiées par l’ethnologie : par exemple les museum studies, la question du rapatriement des biens culturels à leurs pays d’origine, ou encore les controverses sur les « appropriations culturelles » de créations non occidentales par des Occidentaux. Il s’agit de thématiques sensibles, à forte connotation politique et éthique, dont on a vu que les anthropologues s’étaient saisis (dans leurs publications scientifiques) de façon ni plus ni moins distanciée ou engagée que certains de leurs collègues historiens ou spécialistes du droit.
Les séances du séminaire ont porté sur des études de cas relevant aussi bien des débats internes à l’anthropologie de l’art et relatifs à la définition de ses objets et méthodes ou théories, que des débats externes concernant les trois champs de recherche pluridisciplinaires précités. On s’est donc demandé si, malgré la disparité des thèmes, des contextes nationaux ou académiques, et des personnalités des protagonistes de ces débats, il était possible de dégager des constantes dans les positions prises par les anthropologues, en les comparant avec celles d’autres spécialistes des sciences sociales.
L’analyse a révélé leur forte propension à faire appel aux notions d’universalité et de spécificités culturelles. On a d’abord distingué des projets globaux universalistes, tels celui d’une anthropologie de l’art fondée sur la comparaison transculturelle et transhistorique des phénomènes de société, et des projets globaux différentialistes, comme ceux défendant le droit des peuples autochtones à bénéficier de droits de propriété intellectuelle spéciaux ou de droits de contrôle sur leurs objets conservés dans les musées occidentaux. On s’est ensuite intéressé à la manière dont les tenants des projets universalistes et différentialistes mobilisaient précisément les deux notions au sein de leurs argumentaires pour défendre au fond la même idée : celle d’une égalité des hommes et des cultures ; une égalité relevant pour les uns de l’unité effective du genre humain, et pour les autres, de l’objectif à atteindre dans un monde marqué par les rapports de domination politique et économique.
Publications
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