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Histoire et psychanalyse

  • Andreas Mayer, chargé de recherche au CNRS (TH) ( CAK )

    Cet enseignant est référent pour cette UE

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1er, 3e et 5e jeudis du mois de 17 h à 19 h (salle 13, 105 bd Raspail 75006 Paris), du 16 novembre 2017 au 31 mai 2018. Pas de séance les 21 décembre 2017 et 1er mars 2018. La séance du 3 mai se déroulera de 15 h à 19 h (salle de séminaire, 5e étage, 27 rue Damesme 75013 Paris)

Depuis sa fondation au tournant du XIXe siècle, la psychanalyse entretient un rapport difficile avec l'historiographie. On sait que Freud a publié très tôt des textes sur l'histoire du mouvement psychanalytique pour installer sa propre version de ses découvertes, avec une visée stratégique et polémique. Et ses écrits sur la culture et la religion constituaient, sur un plan encore plus ambitieux, autant de tentatives d'écrire l'histoire de la civilisation en mettant en avant un mécanisme qui apparaît comme l’un de ses pivots : le retour du refoulé. Par leur recours à la théorisation de l’inconscient sur le plan à la fois individuel et collectif, ces interventions freudiennes dans le terrain de l'histoire marquent donc une différence avec les approches de la profession historienne. De là, le dilemme dès qu'il s'agit d'écrire une histoire de la psychanalyse : celle-ci se présente soit sous la forme d'une histoire des découvertes de la pensée sur l'inconscient en tant qu'objet de la psychanalyse suivant ses propres lois, soit comme une histoire mettant ces découvertes en contexte, en les rapportant à une extériorité (une réalité sociale, économique ou culturelle), au risque de manquer voire de nier la spécificité de son objet. Toute tentative de contextualiser la psychanalyse s'opposerait donc à une historiographie interne, qui traite les événements selon la temporalité et la logique particulière de la théorisation psychanalytique de l'inconscient.

Ce séminaire prolonge des recherches qui s'inscrivent dans la visée d'abandonner une telle conception antinomique du rapport entre psychanalyse et histoire. Au cours de cette année, nous étudierons les conceptions freudiennes de l'histoire dans leur contexte ainsi que les usages historiens de la psychanalyse des années 1930 jusqu'au présent.

16 novembre : Introduction

30 novembre : Conceptions freudiennes de l’histoire (I) : Raisonnement par cas et autoanalyse

7 décembre : Conceptions freudiennes de l’histoire (II) : Le « retour du refoulé »  Le tournant anthropologique

18 janvier : Conceptions freudiennes de l’histoire (III)  Guerre, traumatisme, pulsion de mort

1er février : Conceptions freudiennes de l’histoire (IV) : Histoire du mouvement psychanalytique

15 février : Conceptions freudiennes de l’histoire (V) : « Vérité historique ». L’inconscient dans l’histoire

15 mars : Alexandre Métraux (Université de Lorraine, Nancy) : Histoires de cas et le cas de l’histoire

29 mars : Usages historiens et critique historienne de la psychanalyse (I)

5 avril : Usages historiens et critique historienne de la psychanalyse (II)

3 mai (de 15 h à 19 h, 27 rue Damesme 75013 Paris) : Demi-journée d'études L'historien et la psychanalyse (autour de la parution de la 2e édition de C. Ginzburg, Storia Notturna. Una decifrazione del sabba) Carlo Ginzburg (Scuola Normale di Pisa), « Aux origines de la méthode de Morelli », suivi d'interventions de Giordana Charuty (EPHE), Étienne Anheim (CRH/EHESS) et Andreas Mayer

Depuis son émergence à la fin du XIXe siècle, la psychanalyse entretient un rapport difficile avec l'historiographie et les sciences sociales. Ce rapport fut souvent pensé, de façon schématique, sous le signe d’une antinomie ou, à l’inverse, d’une analogie trop étroite entre deux démarches face à l’altérité. Une des contributions de l’œuvre foisonnante de Carlo Ginzburg a été de développer une articulation originale et insolite entre psychanalyse, histoire et anthropologie ; articulation qui marque son ouvrage Storia notturna (Le sabbat de sorcières), paru d’abord en 1989, qui proposait plusieurs hypothèses sur la genèse et la diffusion des mythes et rites se rapportant aux aveux des hommes et des femmes accusés de sorcellerie. La parution d’une deuxième édition de cet ouvrage sera l’occasion de rouvrir le débat sur les questions méthodologiques et notamment sur le défi posé par la théorisation psychanalytique de l’inconscient à l’historien qui cherche à trouver une explication pour des phénomènes relevant de l’irrationnel.

17 mai : Hervé Mazurel (Université de Bourgogne, Dijon) Norbert Elias avec et contre Freud. L'inconscient freudien à la lumière du procès de civilisation

31 mai : Histoire religieuse et psychanalyse : quel dialogue ? avec Hervé Guillemain (Université du Maine, Le Mans)

Suivi et validation pour le master : Bi/mensuel annuel (24 h = 6 ECTS)

Mentions & spécialités :

Domaine de l'affiche : Histoire - Histoire - Problèmes généraux

Intitulés généraux :

Renseignements :

Andreas Mayer, Centre Alexandre-Koyré. Histoire des sciences et des techniques, 27 rue Damesme (4e étage) 75013 Paris, tél. : 01 40 78 26 37.

Direction de travaux d'étudiants :

sur rendez-vous par courriel.

Réception :

sur rendez-vous par courriel.

Site web : http://koyre.ehess.fr/

Site web : http://koyre.ehess.fr/index.php?884

Adresse(s) électronique(s) de contact : andreas.mayer(at)ehess.fr

Compte rendu

Le séminaire a été consacré à l’étude des rapports que la psychanalyse entretenait depuis sa fondation avec l’historiographie. Ces rapports se sont trop souvent présentés sous le signe d’une antinomie profonde, qui semble traverser à la fois l’œuvre de Freud et les tentatives d’écrire une histoire psychanalytique. À n’en pas douter, ses écrits sur la culture et la religion marquaient de façon ambitieuse autant de tentatives d’écrire l’histoire de la civilisation en ayant recours à la théorisation de l’inconscient sur le plan à la fois individuel et collectif, une différence avec les approches de la profession historienne. Néanmoins, il nous semble difficile d’assimiler les interventions freudiennes dans le terrain de l’histoire à un seul modèle. Afin de faire ressortir la multiplicité des rapports entre psychanalyse et histoire, nous avons d’abord étudié les conceptions freudiennes de l’histoire par des lectures serrées de Totem et tabou, Histoire du mouvement psychanalytique, Psychologie des foules et analyse du moi, Malaise dans la civilisation, et L’homme Moïse et la religion monothéiste en plaçant ces travaux dans leurs contextes intellectuels et politiques.
Dans la deuxième partie du séminaire, nous avons étudié les usages et critiques historiens de la psychanalyse des années 1930 jusqu’au présent. Il s’agissait de comprendre quels modèles alternatifs ont été proposés aux conceptions freudiennes de l’histoire (histoire des mentalités, psychologie historique, hypothèse de l’inconscient collectif) et de mesurer l’importance du moment d’une « histoire psychanalytique » propagée sous des formes diverses dans les années 1960 et 1970 par Alain Besançon, Georges Devereux ou Saul Friedländer. Dans une séance coanimée avec Hervé Guillemain (Université du Maine, Le Mans), nous avons étudié les rapports entre histoire religieuse et psychanalyse, notamment dans l’œuvre de Michel de Certeau et autour de la réception de l’ouvrage Martin, l’archange (1985) co-écrit par l’historien Philippe Boutry et le psychanalyste Jacques Nassif. L’ouvrage témoigne à nos yeux d’un dialogue difficile et désormais interrompu entre historiens et psychanalystes, mais qu’on aurait tort de qualifier d’impossible.
Une des séances a été consacrée à la demi-journée d’études « L’historien et la psychanalyse » qui s’est tenue le 3 mai au Centre Alexandre Koyré autour de l’articulation originale entre psychanalyse, histoire et anthropologie dans l’œuvre de Carlo Ginzburg (Scuola Normale di Pisa). Dans son exposé, Ginzburg revenait sur les enjeux de son ouvrage Storia notturna (Le sabbat de sorcières), paru d’abord en 1989 et en deuxième édition italienne en 2017, qui proposait plusieurs hypothèses sur la genèse et la diffusion des mythes et rites se rapportant aux aveux des hommes et des femmes accusés de sorcellerie. Trois exposés par Étienne Anheim (CRH/EHESS), Giordana Charuty (EPHE) et Andreas Mayer ont ouvert le débat qui débouchait sur une table ronde consacrée aux questions épistémologiques posées par les travaux de Ginzburg. (L’exposé de Ginzburg a été mis en ligne : https://soundcloud.com/user-897145586/carlo-ginzburg-aux-origines-de-la-methode-de-morelli).

Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 2 mai 2018.

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