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Base de données des enseignements et séminaires de l'EHESS

École et Guerre : les mondes scolaires français au regard des attentats de 2015

  • Emmanuel Saint-Fuscien, maître de conférences de l'EHESS (TH) ( CESPRA )

    Cet enseignant est référent pour cette UE

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2e et 4e jeudis du mois de 9 h à 11 h (salle 3, 105 bd Raspail 75006 Paris), du 9 novembre 2017 au 14 juin 2018. Pas de séance les 14 décembre et 22 février. La séance du 25 janvier se déroulera en salle 13 (même horaire, même adresse). Séance supplémentaire le 17 mai (salle 2, même adresse). La séance du 22 mars est reportée au 29 mars (même horaire, même salle). La séance du 12 avril est annulée

Nous proposons cette année une anthropologie historique des mondes scolaires dans leur relation à la guerre ou à l’événement guerrier. Nous comptons poursuivre nos recherches autour des séquences courtes des attentats de 2015 (janvier et novembre) et de ce qu’elles révèlent des mondes scolaires du premier et du second degré : bouleversement des interactions au sein des établissements, déploiement de multiples discours sociaux, politiques et culturels sur (et le plus souvent contre) l’école contemporaine, injonction aux deuils, aux hommages et aux souvenirs, effets sur les pratiques de classe et les modes de transmission des savoirs. Les attentats de 2015 ont éclairé à leur façon les attentes sociales toujours colossales qui – au-delà des impératifs d’instruction – entourent en France les mondes scolaires. Au regard de cette étude de cas de l’événement du très contemporain, nous aimerions opérer des allers-retours dans le long XXe siècle européen pour regarder de nouveau les liens multiples et profonds qui unissent guerres (Grande Guerre, Seconde Guerre mondiale, guerre d’Algérie…), mondes scolaires et éducation.

Aires culturelles : Europe, France,

Suivi et validation pour le master : Bi/mensuel annuel (24 h = 6 ECTS)

Mentions & spécialités :

Domaine de l'affiche : Anthropologie historique

Intitulés généraux :

  • Emmanuel Saint-Fuscien- Obéissance et autorité au sein des mondes scolaires : 1890-1970
  • Renseignements :

    par courriel.

    Direction de travaux d'étudiants :

    sur rendez-vous.

    Réception :

    sur rendez-vous.

    Niveau requis :

    licence ou équivalent.

    Adresse(s) électronique(s) de contact : emmanuel.saint-fuscien(at)ehess.fr

    Compte rendu

    Nous avons poursuivi notre tentative d’anthropologie historique des mondes scolaires dans leur relation à la guerre ou à l’événement guerrier en consacrant l’année aux séquences des attentats de 2015 (janvier et novembre) et à ce qu’elles ont révélé des mondes scolaires du premier et du second degré. En guise d’introduction nous avons insisté sur la démarche unidirectionnelle des sciences de l’éducation qui s’intéressent parfois à la façon dont l’école représente la guerre – ou la paix – mais jamais à la façon dont la guerre (ou l’événement rabattu vers la guerre) transforme les mondes scolaires. La séance suivante, nous avons présenté la synthèse de 67 témoignages d’acteurs du monde scolaire (professeurs des écoles, enseignants, chefs d’établissement) face aux élèves en janvier et novembre 2015.
    Lors de la troisième séance, Émilie Pacheco (EHESS) a rendu compte de son enquête à l’école élémentaire Lamoricière située à Paris à quelques centaines de mètres de l’hyper cacher de la Porte de Vincennes. Elle a notamment mis en avant les interactions entre enseignants, personnels, élèves et parents d’élèves partageant l’expérience sensible (bruit des explosions et des coups de feu, survol d’hélicoptères au-dessus de l’école…) lors du confinement de l’établissement l’après-midi du vendredi 9 janvier 2015. L’ancienne ministre de l’Éducation nationale Najat Vallaud-Belckacem est venue livrer, dans notre quatrième séance, un récit circonstancié des doutes, des prises de décisions, des interactions au sein des administrations centrales du ministère en janvier puis en novembre : un matériau précieux pour contribuer à une anthropologie politique de la décision en temps de crise. C’est un autre témoignage que nous avons exploité dans la séance suivante : celui de Nicole Matulik, ancienne institutrice, conseillère pédagogique du premier degré dans le secteur sud du XXe arrondissement parisien regroupant les écoles situées entre Porte de Bagnolet et Porte de Vincennes. Sur le terrain, les 7, 8 et 9 janvier 2015, la formatrice a rendu compte d’une collusion entre action sociale du « temps de paix » et action d’un temps perçu comme un « temps de guerre ».
    Le jeudi 8 mars fut dédié à l’analyse d’un film documentaire réalisé par une institutrice, Elsa Bouteville, dans sa classe de CP à Montrouge des 7-9 janvier à la fin de l’année scolaire 2014-2015. Ce dernier offre une très rare occasion de pouvoir « entrer dans la classe » au moment des faits, d’observer les gestes pédagogiques et d’entendre les mots se rapportant à la guerre – et à la paix. La séance du jeudi 22 mars fut consacrée à la lecture d’un corpus de textes traitant des attentats au regard de la question religieuse à l’école : Denis Crouzet et Jean-Marie Le Gall, Jean Birnbaum, un extrait de l’enquête sénatoriale Grosperrin et le chapitre 5 de l’enquête menée par Sébastien Roché (CNRS, IEP de Grenoble) sur les adolescents et la loi, « athéisme, religion, laïcité ». Le jeudi 17 mai, nous avons présenté un exposé sur l’histoire du temps présent en insistant sur la façon dont notre regard d’historien de la guerre et de l’école avait « biaisé » notre perception des événements et comment, en retour, les événements avaient modifié nos pratiques d’historien. Les deux séances suivantes furent consacrées aux recherches des étudiants. Dans l’ordre nous avons écouté puis discuté les exposés d’Orane Crowley (les attentats vécus au sein du réseau d’éducation prioritaire de Chenôve en Côte-d’Or), Lopoly Beyne (l’instituteur face au deuil des élèves dans une école de Montreuil), Akhésa Moummi (paroles d’élèves de lycées de banlieue parisienne et de Paris) et Cinda Atia (paroles politiques et médiatiques sur l’école au lendemain des attentats). C’est par une journée d’étude réunissant le mercredi 20 juin témoins et chercheurs en sciences sociales (Cécile Arbault, Elsa Bouteville, Vincent Duclert, Benoît Falaize, Claire Le Forestier, Vincent Meneux, Émilie Pacheco et Christophe Prochasson) que s’est conclu le séminaire.

    Publications

    • « “Enfants, sauvez les tombes de nos morts” : deuil de guerre et mondes scolaires (1914-1939) », Cahiers Jaurès, 2017/3, p. 65-89.
    • « École et guerre : le cas Freinet », Questions de classe (s), mis en ligne le 8 février 2018, https://www.questionsdeclasses.org/?Ecole-et-guerre-le-cas-Fr einet-Emmanuel-Saint-Fuscien
    • « École et violence de guerre : ce que changent les attentats de janvier et novembre 2015 », dans Rapport de la Mission d’étude en France sur la recherche et l’enseignement des génocides et des crimes de masse, vol. 3, ministère de l’Éducation nationale, 15 février 2018 p. 244-250.

    Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 12 avril 2018.

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