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2e et 4e mardis du mois de 15 h à 17 h (105 bd Raspail 75006 Paris), du 14 novembre 2017 au 12 juin 2018. Séance supplémentaire le 5 juin. La séance du 12 juin aura exceptionnellement lieu de 15 h à 19 h. Voir détail des salles dans le programme détaillé. La séance du 10 avril est annulée
Le séminaire se poursuivra dans la continuité des années précédentes. Plus spécifiquement l'axe restera le rapport entre le texte littéraire, les études littéraires et les sciences humaines et sociales, mais en ouvrant cette année un espace plus important aux approches théoriques et méthodologiques adoptées par les chercheurs qui travaillent en littérature. Au débat autour de la place qu'occupent les productions littéraires au sein des sciences sociales, et de l'usage que celles-ci en font, viendront s'ajouter de nouveaux niveaux : celui du croisement entre disciplines, et le bilan sur l'état actuel des études littéraires. Nous nous proposons de poursuivre cette exploration, en ouvrant l'éventail des disciplines et en introduisant des questionnements ponctuels qui touchent à l'interdisciplinarité.
14 novembre 2017 (salle 6) : Les études littéraires dans le monde contemporain : bilan et perspectives
28 novembre 2017 (salle 5) : Florencia Garramuño (Universidad de San Andrés, Argentine): « Fruits déviés: la littérature et l’art hispanoaméricains brise leurs frontières »
En 2010, l’artiste brésilien Nuno Ramos exhibe son installation Fruit étrange au Musée d’Art Moderne de Rio de Janeiro. Deux grands arbres flamboyants tiennent des avions monomoteurs et ruissellent de la soude caustique sur une paire de contrebasses. Pendant que résonne « Strange fruit » – une chanson sur le lynchage d’un groupe d’afro-américains en 1936 –, une scène de La fontaine de la jeune fille de Ingmar Bergman. Quel geste réflexif propose ce croisement de supports, de matériaux, de références, de pays et de temporalités ? Ce travail analyse une série d’œuvres latinoaméricaines qui mettent en crise les idées d’appartenance, d’individualité et de spécificité, qui montrent la porosité des frontières entre les différents champs de l’esthétique, et théorise les nombreuses transgressions et débordements de limites, de champs et de régions que ces explorations exhibent.
Florencia Garramuño est docteur en Langues et Littératures de l’Université de Princeton. Elle dirige actuellement le Département d’Humanités de l’Université de San Andrés, et est chercheur du CONICET. Elle a été boursière de la Fondation John Simon Guggenheim en 2008. Parmi ses publications, se trouvent : Modernidades Primitivas: Tango, Samba y Nación (Modernités Primitives: Tango, Samba et Nation), La experiencia opaca (L’expérience opaque), Frutos Estranhos. Ensaios sobre a inespecificidade na Estética Contemporânea (Fruits étranges. Essais sur une non-spécificité esthétique contemporainre) et Mundos en común (Mondes en commun).
9 janvier 2018 (salle 6) : L’ère post-disciplinaire : extension des frontières de la discipline littéraire I : Logiques de l’objet et logique de la discipline littéraire
23 janvier 2018 (salle 5) : L’ère post-disciplinaire : extension des frontières de la discipline littéraire II : le recours à l’interdisciplinarité comme refondation épistémique
Lors de cette séance nous poursuivrons la réflexion sur la logique de constitution des objets dans la discipline littéraire. Nous aborderons d’abord la question des valeurs, littéraires et critiques ; puis nous examinerons deux cas de corpus composés par des textes fictionnels et non fictionnels, afin de poser les enjeux épistémiques et institutionnels de tels corpus.
Les deux exemples de corpus seront : le célèbre roman 1984 de George Orwell (1903-1950), publié en 1949, confronté au témoignage d'une survivante de la répression argentine mise en place par la dernière dictature (1976-1983), Liliana Callizo, sur la torture et la mort de Herminia Falik de Vergara, le 24 décembre 1976, dans le centre de détention clandestin argentin « La Perla », deux textes qui, malgré leur statut différent renvoient à la question du rapport entre torture et vérité, tout comme à l'idée de la trahison dans des circonstances extrêmes ; le deuxième cas propose la mise en rapport de lettres venant des archives de Heinrich Schliemann, l’archéologue autodidacte, qui est censé avoir découvert le site de l’ancienne ville de Troie, reçues à la suite de la publication de l’ouvrage Ithaque, le Péloponnèse et Troie en 1869, et un des épisodes du roman Jude The Obscure de Thomas Hardy (1895), dont a souvent affirmé qu’il reprenait ce « modèle Schliemann, des écritures qui convoquent la question de la circulation privée et publique de l’écrit.
13 février 2018 (salle 5) : Jeanne-Marie Zenetti (Lyon-2), « Ce que le document fait à l’objet et à la disciplines littéraires »
La présence insistante de documents dans la production littéraire contemporaine ainsi que des notions d’« archive » et de « document » dans les discours sur la littérature et les arts invite à interroger les rapports entre des pratiques artistiques d’un côté, et, de l’autre, des débats théoriques que caractérise une certaine inquiétude disciplinaire. Alors que les méthodes des études littéraires se diversifient au contact des studies et des sciences sociales, leurs objets intéressent les historiens et les sociologues, tandis que les écrivains eux-mêmes semblent prendre leur part au débat épistémologique, en empruntant et en questionnant les procédures scientifiques de l’enquête, de la recherche documentaire ou de l’entretien. Symétriquement, des historiens ou des anthropologues revendiquent le recours à une écriture littéraire comme méthode ou comme contre-méthode. Même s’il est loin de constituer un phénomène unifié, le « parti-pris du document » dans les arts, parfois aussi qualifié de « tournant documentaire », s’accompagne ainsi d’un « tournant littéraire » du côté des sciences sociales, et il engage aussi un tournant épistémologique : comment étudier des textes qui interrogent eux-mêmes les modalités d’élaboration des savoirs ? Les productions factuelles, ou non-fictionnelles, ou documentaires, quelle que soit l’étiquette choisie, invitent ainsi à penser l’historicité des concepts et des approches avec lesquels nous abordons nos objets et à les mobiliser de manière critique. D’où peut-être un goût des théoriciens du présent pour ces œuvres et ces pratiques qui obligent littéralement à bousculer les paradigmes à l’aide lesquels nous arpentons les territoires de la Littérature.
Marie-Jeanne Zenetti est maîtresse de conférences à l’Université Lyon 2, membre de l’équipe Passages xx-xxi. Ses travaux portent principalement sur la théorie littéraire et esthétique, sur les rapports que la littérature entretient à l’art contemporain, aux notions de document et de documentaire. Elle a publié Factographies, l’enregistrement littéraire à l’époque contemporaine et codirigé avec Camille Bloomfield le numéro de Littérature consacré aux « Usages du document en littérature ».
27 février 2018 (salle 5) : Annick Louis, « Interdisciplinarité et discipline littéraire »
Lors de cette séance nous reviendrons sur les notions de discipline et d’interdisciplinarité afin de poser les enjeux actuels des études littéraires, et de réfléchir aux conditions de renégociation de leur place au sein de la topographie des sciences humaines et sociales. L’objectif étant de penser le dialogue entre différentes disciplines autour d'un même objet, le texte littéraire et de se demander, à propos de chaque discipline : que fait-on du texte littéraire ? À quel traitement le soumet-on et dans quel but ? Partons-nous d'une définition commune du littéraire ? Que considérons-nous comme un usage social du texte ? À quel type de discours aboutissent nos réflexions ?
13 mars 2018 (salle 4) : Marcelo Topuzian (UBA-CONICET), « La théorie littéraire en contexte périphérique »
Á quoi sert la théorie littéraire ? Quelle place devrait-elle occuper dans la formation en Lettres ? Ces questions apparaissent aujourd'hui à l'horizon de toute étude supérieure en littérature. Mais il y a eu un moment où ce n’était pas le cas, parce qu'on présupposait que la théorie jouait un rôle majeur dans la formation dans cette discipline, en particulier dans le contexte périphérique par rapport aux grands centres mondiaux de la connaissance de l'Argentine. Comprendre aujourd'hui comment la théorie littéraire a pu en arriver là, après la dictature militaire, et comment elle est devenue une véritable « passion des foules » peut éclairer certains aspects essentiels de l'histoire de cette discipline académique et proposer un aperçu de son avenir.
Marcelo Topuzian est docteur ès Lettres de l'Université de Buenos Aires et chercheur au CONICET. Professeur en charge de la chaire de littérature espagnole moderne et contemporaine de la Faculté de philosophie et lettres de l'Université de Buenos Aires. Il anime également un séminaire dans le cadre du master en Études littéraires latino-américaines (UNTREF). Il a récemment publié Muerte y resurrección del autor (1963-2005) (Mort et résurrection de l’auteur), Creencia y acontecimiento. El sujeto después de la teoría (Croyance et événement. Le sujet après la théorie), et a cordonné l’édition de Tras la nación. Conjeturas y controversias sobre las literaturas nacionales y mundiales (Après la Nation : conjonctures et controverses sur les littératures nationales et mondiales).
27 mars 2018 (salle 5) : Susanne Zepp (Freie Universität Berlin), « Poèmes sur l’assassinat de Federico García (1936-1973)
Poèmes sur l’assassinat de Federico García Lorca (1936- 1973) La présence de Lorca en tant que sujet dans les textes poétiques du 20ème siècle est remarquable. Cela va bien au-delà de la période qui suit immédiatement son assassinat et ne concerne pas seulement l’Espagne, mais également la poésie portugaise en Europe at au Brésil, la littérature française et l’Amérique Latine hispanophone. De ces contextes sociaux et culturels seront examinés des textes poétiques, qui s’approchent par diverses méthodes de référence au personnage historique de Lorca. Avec des accentuations différentes ces poèmes visent d’une part une approche littéraire aux évènements historiques et à la mémoire de l’histoire refoulée et d’autre part, ils créent des liens entre la référence à Lorca et le témoignage de leur propre présent. De cette manière le personnage du poète andalou est établi comme témoin historique dans ces textes. En respectant les différences, les textes se ressemblent pourtant dans leur conception en tant que « contrehistoriographie » poétique.
Invitée à l’EHESS en mars 2018, Susanne Zepp est professeur de littératures espagnoles, portugaises et françaises à la Freie Universität Berlin. Elle a publié six monographies, de nombreux essais et volumes, qui portent sur des questions de littérature et expériences d’histoire. Après avoir écrit sa thèse de doctorat sur « Jorge Luis Borges et le scepticisme philosophique », Susanne Zepp a consacré sa thèse d’habilitation aux littératures européennes juives de la Renaissance. Depuis 2011 elle est professeur à Berlin. Entre 2003 et 2015 elle était directrice adjointe du Simon-Dubnow-Institut für jüdische Geschichte und Kultur (Institut Simon Dubnow pour la culture et l’histoire juive) à l’Université de Leipzig.
10 avril 2018 (salle 4) : Claudia Torre (UdeSA-UNaHur-Argentine) : « Le récit d’exploration en Amérique Latine. Fiction, document et Etat » (à confirmer)
22 mai 2018 (salle 5) : Annick Louis, « Textes en contexte : de la revue au livre »
5 juin 2018 (salle 5) : Emmanuel Bouju (Université de Rennes), « Littérature à crédit : roman contemporain et paradigme fiduciaire »
12 juin 2018 (salle 4) : Annick Louis, Bilan du séminaire
Mots-clés : Arts, Écriture, Épistémologie, Fiction, Histoire des idées, Littérature, Objets, Textes, Valeur,
Aires culturelles : Amérique du Sud, Europe,
Suivi et validation pour le master : Hebdomadaire semestriel (24 h = 6 ECTS)
Domaine de l'affiche : Méthodes et techniques des sciences sociales
Intitulés généraux :
Renseignements :
ouvert aux étudiants et aux chercheurs.
Direction de travaux d'étudiants :
sur rendez-vous uniquement.
Réception :
sur rendez-vous uniquement.
Site web : http://cral.ehess.fr
Site web : http://oblit.hypotheses.org/
Adresse(s) électronique(s) de contact : annick.louis(at)ehess.fr
Le séminaire a poursuivi la réflexion sur le statut de la discipline littéraire ainsi que sur le rapport entre texte littéraire, études littéraires et sciences humaines et sociales, tout en s’ouvrant à des approches théoriques et méthodologiques au croisement entre art et littérature. Une série de séances a abordé la place et le rôle des études littéraires dans le monde contemporain, et continué la réflexion sur la notion de discipline. L’hypothèse d’une extension des frontières des études littéraires a été posée à partir de l’examen de divers usages et conséquences épistémiques de l’interdisciplinarité en tant que démarche permettant de revenir sur les fondements de la discipline. A été introduit un questionnement sur les effets des formes contemporaines d’art, et en particulier du document, grâce à l’intervention de Marie-Jeanne Zenetti (Université Lyon-2). D’autres aspects méthodologiques ont fait l’objet d’un examen comme l’analyse de revues littéraire et la place et le sens qu’on peut accorder aux propos des auteurs dans les études littéraires. Grâce à la présence de collègues étrangers invités, des approches et méthodologies relevant d’autres traditions interprétatives ont été présentes ; Florencia Garramuño (Universidad de San Andrés, Argentine) a proposé un travail sur les productions artistiques hispano-américaines contemporaines qui brisent les frontières entre art et littérature ; Marcelo Topuzian (UBA-CONICET) a exposé les enjeux de la théorie littéraire en contexte périphérique ; Suzanne Zepp (Freie Universität Berlin) a abordé la tradition littéraire sur les poèmes au sujet de l’assassinat de Federico García (1936-1973) en tant que « contre-historiographie » poétique ; Claudia Torre (UdeSA-UNaHur-Argentine) a présenté une analyse du récit d’exploration en Amérique Latine, qui pose le rapport entre fiction, document et État, tout en revenant sur la question de la constitution des corpus dans les études littéraires.
Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 10 avril 2018.