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Base de données des enseignements et séminaires de l'EHESS

L’objet de ce séminaire est d’interroger la capacité subversive et créatrice de l’image populaire dans ses différentes expressions médiales et dans un cadre transnational qui permette d’en saisir la complexité. Il s’agit de mettre en évidence les mécanismes, la puissance et la subtilité avec lesquels les systèmes de références culturellement prégnants sont remis en cause, de montrer l’utilisation effrénée des possibles d’une étendue médiale et géographique inédite pour générer de la valeur esthétique et sociale. En examinant les œuvres phares de la modernité esthétique, on relève une composante populaire, littérale et pour tout dire vulgaire, permettant de tracer une zone de convergence entre les images dites populaires et des créations socialement valorisées.Il s'agit de consolider la réflexion entamée en  2016-2017 par un élargissement temporel et thématique du corpus.

Le séminaire prolongeait une réflexion entamée en 2017 consistant à poser les bases d’une définition de l’image populaire, avant d’interroger la capacité subversive de cette image dans ses diverses expressions médiales et dans un cadre transnational qui permettent d’en saisir la complexité. On s’est attaché à identifier les mécanismes corrompant les systèmes de références culturellement prégnants dans cet espace médial et géographique inédit, et à suivre les transferts de valeur(s). Objet instable, polymorphe et complexe, cette image populaire s’est imposée dans le champ des études visuelles par la diversité des questionnements et des outils nécessaires à sa préhension.
Un bilan intermédiaire des recherches a été dressé lors de la première séance de ce second opus. La notion de valeur(s) a été confortée comme centrale dans la définition de l’image populaire, sous la condition d’un élargissement de sa surface sémantique. La question d’une définition à partir de critères uniquement extrinsèques ou de leur association à une économie visuelle propre et différenciée est restée ouverte. Une partie importante du séminaire a ensuite été consacrée à l’étude du motif de la liseuse. Après être revenu sur les transferts culturels, artistiques et sémantiques se jouant autour des déclinaisons populaires de la liseuse, les deux composantes constitutives du motif, la femme et le livre, ont été isolées afin de mieux en apprécier les glissements sémantiques. L’étude du procédé de la mise en abyme, très courant dans les couvertures des revues illustrées, a révélé une constellation symbolique singulière entre les médiums du livre, de la peinture et de la revue illustrée. La recherche d’un « argot plastique » – selon la terminologie baudelairienne – dans l’œuvre des représentants de la modernité entamée l’année précédente s’est poursuivie avec Manet. Cette composante populaire et littérale, ressortissant à l’esthétique caricaturale, trace chez Manet un espace de convergence entre une image populaire et un art socialement valorisé, où se joue un échange de valeur(s). La séance conclusive a été réservée à une réappréciation de la notion d’image populaire entre historicité et labilité sémantique.