Logo EHESS

baobab
Base de données des enseignements et séminaires de l'EHESS

Histoire de la Corée moderne : tempéraments historiens, modalités géographiques

  • Alain Delissen, directeur d'études de l'EHESS ( CCJ, CCJ-CRC )

    Cet enseignant est référent pour cette UE

S'il s'agit de l'enseignement principal d'un enseignant, le nom de celui-ci est indiqué en gras.

Jeudi de 14 h à 16 h (Maison de l'Asie, 22 av du Président-Wilson 75116 Paris), du 9 novembre 2017 au 15 février 2018. La séance du 8 février est annulée

Le séminaire s’attache à parcourir et interroger l’histoire bouleversée du monde coréen du XIXe au XXIe siècle, à partir de matériaux variés choisis à la marge de l’histoire établie et de ses genres canoniques. Il s'agit donc d'un séminaire de recherche portant sur l'histoire de la Corée moderne.

On part d’un constat : le travail des historiens coréens ne s’offre pas forcément sous la forme standardisée et refroidie de la monographie ou de l’article académique. En témoignent, dans les pages d'un journal et en feuilleton, les inflexions indignées d’un Sin Ch’aeho –père national fondateur de la discipline– en marge de la guerre russo-japonaise : pour des raisons de ton et de genre autant que de langue et de notions, il est difficile à saisir et traduire.

Au delà des catégories et lieux d’analyse usuels – nation, Etat, colonialisme, modernité ; genres et institutions historique s–, on s’efforcera aussi de saisir des tempéraments historiens. Quel est le sens produit par divers régimes d’écriture du passé « en mode charang (fierté) », « en mode kot’ong » (souffrance) », « en mode chŭlgŏu(plaisir) » ?

On tentera par ailleurs d’être sensible aux modalités géographiques marquées qui traversent la plupart de ces évocations a-historiennes du passé. Entre cartographie imaginaire et topographies savantes, villes dévastées et paysages rêvés, ils plantent un tableau inquiet des lieux du monde coréen moderne –place dans le monde, annexion, exil, division, destruction, instabilité…

Ont par exemple été travaillés les années précédentes, La Marche férroviaire de Séoul à Pusan (Kyǒngbu ch’ǒltoga (norae)) de Yuktang Ch’oe Namsǒn — un texte de 1908— ou les volumes que le poète contemporain Ko Un a consacrés dans Maninbo (Dix mille vies), en 2004, à la Guerre de Corée.

Aires culturelles : Asie, Asie orientale, Corée,

Suivi et validation pour le master : Hebdomadaire semestriel (24 h = 6 ECTS)

Mentions & spécialités :

Domaine de l'affiche : Histoire - Histoire et civilisations de l'Asie

Intitulés généraux :

  • Alain Delissen- Histoire de la Corée moderne
  • Direction de travaux d'étudiants :

    sur rendez-vous.

    Réception :

    sur rendez-vous.

    Niveau requis :

    connaissance de la langue coréenne préférable, mais pas du tout indispensable.

    Site web : http://crc.ehes.fr

    Adresse(s) électronique(s) de contact : delissen(at)ehess.fr, alain.delissen(at)gmail.com

    Compte rendu

    Au premier semestre, mon séminaire de recherche « Tempéraments historiens, modalités géographiques : une histoire de la Corée moderne » est né d’une rencontre de hasard : l’attrait coloré, le vocabulaire graphique typique de la Corée coloniale – costumes, paysages urbains, style typographique – sur la couverture d’un livre qui portait par ailleurs le titre Chayu puin (Madame Liberté). Il renvoyait aussi, ce faisant, à un immense best-seller des années 1950 en Corée du Sud, qu’avait suivi, en 1956, un film à scandale. Cette attirante bande dessinée en deux volumes de 2012 offrait donc au séminaire un matériau privilégié pour explorer les constructions du passé, la circulation des références et le déplacement dans le temps et à travers les genres, de figures et de motifs bien identifiés. Voire, cette BD « papier » ouvrait elle-même sur une plus ample série en ligne (un Webtoon), qui rendait accessible des comptages (diffusion) et des commentaires de lecteur. On s’est toutefois vite rendu compte que ces pistes historiques menaient à un labyrinthe. La vie quotidienne d’une femme de la bourgeoisie coréenne cruelle maltraitant sa jeune servante fonctionnait dans un schéma temporel circulaire que parasitaient des objets anachroniques et retors : ordinateurs ou four micro-ondes. Par-delà une langue coréenne archaïsante tirée des feuilletons historiques « à costumes » où pointait le jargon crû de la langue des jeunes, s’exprimait toute la brutalité des institutions socio-économiques de la Corée du Sud contemporaine. On pensait avoir affaire à de l’histoire : on restait bloqué dans un présent répétitif sans issue ! En réalité, la série du désopilant et mystérieux Deniko emballait d’une pellicule de modernité nostalgique, tirée de l’industrie des contenus culturels nationaux, ce que les jeunes du pays appellent « Hell Chosŏn » (l’enfer coréen). La vague coréenne hallyu – romance et technologie roses – s’y trouvait dynamitée.

    Publications

    • Avec Y. Bruneton, Le Livre blanc des études coréennes en France, EHESS-Université Paris Diderot, INaLCO, 2018, 174 p.
    • « Le moment coréen », p. 7-9 ; « Au-delà des institutions universitaires en études coréennes : les thèses en France sur la Corée », p. 28-30 ; « EHESS – Centre de Recherches sur la Corée » p. 59-65 ; « CNRS – Études coréennes : le dipôle Paris Diderot-EHESS et au-delà », p. 89-94 ; « Collège de France – Institut d’Études coréennes », p. 95-97 ; « Le Collège de France et ses collections », p. 148-150.
    • « Un jardin sur la colline. Histoire des résidences de France à Séoul (1886-1962) », dans La Résidence de France à Séoul, Paris, Éditions Internationales du Patrimoine, 2018, p. 16-79.
    • « Busan-Séoul et retour : le train emballé de la longue modernité », Critique n° 848-849 « La Corée, Combien de divisions ? », janvier-février, p. 51-63.
    • « La patience de l’Autre : Asie, sciences sociales, traduction », Tracés hors-série « Traduire et introduire les sciences sociales d’Asie orientale », 2017, p. 263-278.

    Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 13 décembre 2017.

    Contact : service des enseignements ✉ sg12@ehess.fr ☎ 01 49 54 23 17 ou 01 49 54 23 28
    Réalisation : Direction des Systèmes d'Information
    [Accès réservé]