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Base de données des enseignements et séminaires de l'EHESS

Historiographies modernes : histoire, écritures, temporalités

S'il s'agit de l'enseignement principal d'un enseignant, le nom de celui-ci est indiqué en gras.

3e lundi du mois de 16 h à 19 h (salle A04_47, 54 bd Raspail 75006 Paris), du 18 décembre 2017 au 19 mars 2018. Séance supplémentaire le 28 mai (de 14 h à 18 h, salle A06_51, 54 bd Raspail 75006 Paris)

Le groupe d’études sur les historiographies modernes (GEHM) réunit des chercheurs travaillant sur les différentes façons d’écrire l’histoire dans les sociétés modernes, depuis les formes savantes d’historiographie, plus ou moins institutionnalisées, jusqu’aux usages politiques, mémoriels, juridiques, littéraires et artistiques du passé. Aujourd’hui, la référence au passé semble plus que jamais une activité essentielle de légitimation, de critique, de revendication, comme en témoignent les débats sur la mémoire, le retour en force de l’histoire dans la littérature et les arts, ou encore les enjeux politiques constitués autour des façons de représenter et d’enseigner le passé. Dans ces débats, les historiens professionnels jouent un rôle qui reste important mais qui n’est pas hégémonique, et qui doit être sans cesse interrogé. Le parti-pris méthodologique du GEHM est de ne pas séparer débats historiographiques savants et usages politiques ou profanes de l’histoire.

Le séminaire est mensuel. Les séances sont organisées autour de la discussion de textes mis préalablement  à la disposition des participants. Les textes émanent des membres du GEHM, ou de collègues invités sur des questions historiographiques qui portent principalement sur la longue modernité (XVIIIe-XXIe siècle) et tous les types d’histoire et d’historiographie.

Pour plus de détails sur ce groupe et ses activités, voir http://gehm.ehess.fr/index.php.

18 décembre 2017 : Etienne Anheim, « Le 'long Moyen Âge' de Jacques Le Goff. Enquête historiographique sur la genèse et le succès d'un concept ». Séance animée par Sylvain Piron.

15 janvier 2018 : Jing Xie, « L'“Individu” et la “personne” comme outils de la “comparaison radicale” : entre unité et différence ». Séance animée par Pablo Blitstein.

Avec au fond un regard critique de la société moderne, la sociologie de la « personne » s'installe dès le départ dans une perspective comparative qui se veut unifiante (il faut rappeler aux modernes le « roc humain » sur lequel se bâtit également leur propre société) mais qui encourt toujours le risque de perdre cette unité. La primauté accordée à l'« individu » ou à la « personne » devient dans ce cas stratégique : elle véhicule une certaine thèse au sein de la « comparaison radicale », à l'intérieur d'une tension entre radicaliser la différence ou reconstituer l'identité. On peut notamment distinguer quatre types de thèses : 1) les modernes sont les seuls individus, car l'individualisation, qui a pour origine et effet un type singulier de société, n'est pas à la portée de tous. 2) Les modernes sont les seuls individus mais ne sont pas que des individus, car l'individualisation étant nécessairement désocialisante doit toujours se combiner avec d'autres principes que les modernes partagent avec les traditionnels. 3) Moderne ou pas, nous sommes tous des personnes, car l'élaboration de la personne s'ensuit directement des exigences fondamentales de toute vie sociale. 4) Moderne ou pas, nous sommes tous des individus, car l'individuation est d'abord l'aboutissement d'une opération mentale de tout homme avant de servir à structurer la société.

19 février 2018 : Florent Brayard, « Éditer Mein Kampf : peuples et races ». Séance animée par Frédéric Brahami.

Atelier de Recherche International Tepsis Edition critique française Mein Kampf : en janvier 2016, soixante-dix ans après la mort de son auteur, Adolf Hitler, et en vertu de la législation internationale sur le copyright, Mein Kampf est tombé dans le domaine public. C’est en prévision de l’expiration du copyright que l’Institut für Zeitgeschichte s’est lancé dans une édition critique monumentale parue en janvier dernier. Dans la présente édition critique de Mein Kampf, les exigences de l’érudition allemande ont encore été renforcées : le texte originel de 700 pages se trouve complété par pas moins de 3 500 notes, offrant un volume total de 2 000 pages et pesant son poids de 6 kilos, en deux tomes. Depuis 2011, les éditions Fayard ont lancé un projet d’édition critique française avec le souhait de s’appuyer sur le travail de l’IfZ. La nouvelle direction des éditions Fayard a demandé en octobre 2015 à Florent Brayard, directeur de recherche au CNRS, membre du Centre de recherches historiques, spécialiste de l’histoire de la Shoah, de prendre la responsabilité de ce projet ambitieux et délicat. Florent Brayard a constitué, autour de cette édition critique, une équipe d’une quinzaine de chercheurs, français et allemands, historiens et germanistes, spécialistes de l’histoire du IIIe Reich ou de celle des Juifs, chercheurs ou enseignants-chercheurs, post-doctorants, doctorants ou masterants. De plus, il a constitué un comité scientifique international chargé d’accompagner l’ensemble de l’entreprise, depuis la détermination des principes suivis par l’édition française jusqu’à l’évaluation du travail effectué. Ce comité scientifique mêle des spécialistes incontestables de Mein Kampf, de Hitler ou du nazisme et des historiens de la guerre ou de la persécution des juifs reconnus pour leur stature morale. Le projet comporte quatre volets complémentaires : assurer un transfert de connaissances; produire un véritable gain intellectuel; décomplexifier la lecture en proposant une lecture scruptuleuse de Mein Kampf avec l’ajout d’introductions permettant d’accompagner le lecteur; organiser des manifestations ouverte à la communauté scientifique.
 

19 mars 2018 : Filippo De Vivo, « Un tournant archivistique en histoire ? Réflexions à partir d’une enquête récente ». Séance animée par Antoine Lilti.

Filippo de Vivo a étudié à Milan et à Cambridge ainsi qu'à l'EHESS. Il est aujourd'hui professeur d'histoire moderne au Birkbeck College de l'Université de Londres. Il a écrit sur l'histoire de Venise, des rumeurs, de la rhétorique, sur les pharmacies, les usages de l'information, l'histoire de la promenade et sur la microhistoire. Son livre Information and Communication in Venice: Rethinking Early Modern Politics paru en 2007 et dans une version radicalement nouvelle et élargie en italien sous le titre Patrizi, informatori, barbieri (Feltrinelli, 2012). De 2012 à 2016, il a dirigé un projet financé par le E.R.C. sur l'histoire comparée des archives en Italie médiévale et moderne. Cela a donné lieu à un ouvrage collectif, Archivi e archivisti in Italia tra Medioevo e età moderna (2015), un numéro spécial sur les pratiques savantes dans les archives modernes (avec M-P. Donato, Storia della storiografia, 2015) et un sur les transformations archivistiques dans l'Europe moderne (European History Quarterly, 2016) ainsi qu'un recueil de sources d'archives édité avec A. Guidi et A. Silvestri: Fonti per la storia degli archivi degli antichi Stati italiani (2016). Il travaille actuellement sur les stratégies de pouvoir et la gestion de l'information dans les archives modernes et sur les réseaux transrégionaux de circulation des nouvelles en Europe et en Méditerranée.

28 mai 2018 : « Vie et mort des concepts ». Journée d’études modérée par Jacques Revel.

Comment naissent les idées neuves ? Comment les reconnaît-on ? Et comment s’imposent-elles et à qui ? À ces questions qui sont posées depuis longtemps, les philosophes, les historiens et leurs partenaires des autres sciences sociales ont apporté toute une gamme de réponses. Certaines des notions qui ont été mises en avant, et qui ont longtemps semblé pouvoir répondre à la demande, se plaçaient de façon plus ou moins explicite sous le signe de la nécessité : ainsi de la « révolution scientifique » du XVIIe siècle, de la « révolution picturale » de la Renaissance, ou encore de la « révolution mentale » à laquelle Lucien Febvre attribuait la fin des procès en sorcellerie. On pourrait bien entendu prolonger cette liste. Les idées neuves s’imposent parce qu’elles sont vraies, bonnes ou justes. Mais la réflexion contemporaine s’est utilement intéressée aux raisons de divers ordres pour lesquelles ces idées sont reconnues et acceptées. La Structure des révolutions scientifiques de Thomas Kuhn a ouvert frontalement le débat il y a plus d’un demi-siècle (1962). Au-delà des discussions qu’il a suscitées, rappelons que le livre a fait l’objet de lectures profondément différentes : pragmatique, dans le monde anglo-saxon, clairement plus bachelardienne en France. En eux-mêmes ces écarts sont intéressants puisqu’ils nous informent sur les manières de penser l’innovation et les formes de son acceptation.
Dans le cadre des Rencontres du GEHM, nous proposons donc une demi-journée de réflexion, modérée par Jacques Revel (GEHM) avec la participation de Enrico Castelli Gattinara (Université de Rome 1 La Sapienza) et  de Bernard Walliser (PSE), sur quelques-unes des notions qui nous paraissent au cœur de ces débats et sans nous limiter au seul domaine de l’histoire des sciences.

Intitulés généraux :

  • Étienne Anheim- Sociologie historique de la culture en Europe, XIIe-XVIe siècle
  • Marc Olivier Baruch- Histoire politique de l’administration
  • Frédéric Brahami- Savoir et politique de la modernité
  • Jean-Yves Grenier- Économie et histoire de la pensée économique, XVIIe-XIXe siècle
  • François Hartog- Historiographie
  • Antoine Lilti- Histoire et historicité des Lumières
  • Sabina Loriga- Temps et histoire : normes, concepts, expériences
  • Marie-Élisabeth Mitsou- Histoire culturelle de la Grèce moderne (1800-1940) : identités, codifications de la mémoire, transferts culturels
  • Jacques Revel- Histoire sociale des modèles culturels
  • Silvia Sebastiani- Atlantique des Lumières. Race, genre, histoire
  • Renseignements :

    sur rendez-vous.

    Direction de travaux d'étudiants :

    sur rendez-vous.

    Réception :

    contacter Sabina Loriga par courriel.

    Niveau requis :

    séminaire ouvert à tous niveaux.

    Site web : http://gehm.ehess.fr/index.php

    Adresse(s) électronique(s) de contact : sabina.loriga(at)ehess.fr

    Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 15 juin 2018.

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