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Base de données des enseignements et séminaires de l'EHESS

Commerce, trafics et travail en Amazonie

  • Catherine Alès, directrice de recherche au CNRS (TH) ( CéSor )
  • Olivier Allard, maître de conférences de l'EHESS ( LAS )

    Cet enseignant est référent pour cette UE

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2e et 4e vendredis du mois de 11 h à 13 h (salle 3, 105 bd Raspail 75006 Paris), première séance exceptionnellement le 17 novembre 2017 (salle 7) puis du 8 décembre 2017 au 22 juin 2018 (en salle 3). La séance du 23 février est annulée. La séance du 13 avril est annulée

Dans les basses terres d’Amérique du Sud, de nombreuses activités économiques ont reposé et reposent encore sur la mobilisation de la main d’œuvre indigène – l’exploitation du quinquina, du caoutchouc, de la noix du Brésil, des cœurs de palmier ou encore la production de poisson salé. D’autres, peut-être plus lucratives, ont généralement conduit à l’éviction des Amérindiens – c’est notamment le cas du pétrole, du minerai et du bois –, mais elles nécessitent parfois aujourd’hui leur accord : c’est la source de tensions entre les communautés et les exploitants, ou à l’intérieur des communautés elles-mêmes. D’un autre point de vue, l’ensemble de ces activités d’extraction s’oppose aux tentatives plus ou moins réussies, menées depuis l’époque coloniale, de transformer les Amérindiens en agriculteurs capables de produire un surplus commercialisable.

En utilisant à la fois des données ethnographiques récentes et des travaux historiques, le séminaire portera sur l’implication des Amérindiens des basses terres d’Amérique du Sud dans des activités marchandes, et sur la coexistence de telles activités avec une économie d’autosubsistance. Nous nous intéresserons notamment à la logique de l’endettement et à une économie qui repose sur l’avance de marchandises ; aux conceptions locales des objets manufacturés, du travail et de l’activité ; aux conflits politiques qui émergent de ces rapports économiques ; ainsi qu’au rapport entre commerce légal et trafics illicites dans les espaces-frontières qu’occupent souvent les Amérindiens.

11 mai : Harry Walker (LSE), anthropologue invité à l'EHESS, "Fragile Time: The redemptive force of the Urarina apocalypse"

Amazonian Urarina often speak of an imminent catastrophic collapse of the fragile climate that sustains life, albeit one that can be forestalled through appropriate human action. Yet the health of the land and of people also reflect the present state of the wider social and moral order; for the Urarina, human life and human concerns are closely tied to atmospheric, geologic and hydrologic processes. All are addressed simultaneously through shamanic ritual, which emphasises the role humans can play in delaying or mitigating an inexorable process of decline and loss. Apocalyptic discourse thus effectively provides people with the resources for moral engagement with the world. Weather and time are conceptually indistinct in Urarina cosmology, ultimately leading to a conception of weather-time as both an existential horizon of being and a form of the common good, a global commons that is continually and collectively produced through sustained human action.

Aires culturelles : Amérique du Sud,

Suivi et validation pour le master : Bi/mensuel annuel (24 h = 6 ECTS)

Mentions & spécialités :

Domaine de l'affiche : Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie

Intitulés généraux :

  • Olivier Allard- Anthropologie des liens de dépendance en Amérique du Sud
  • Renseignements :

    Par courriel.

    Direction de travaux d'étudiants :

    prendre rendez-vous par courriel.

    Réception :

    prendre rendez-vous par courriel.

    Niveau requis :

    Ouvert aux étudiants de master et doctorat.

    Adresse(s) électronique(s) de contact : ales(at)ehess.fr, olivier.allard(at)ehess.fr

    Compte rendu

    Nous nous sommes attachés dans ce séminaire à saisir l’implication des Amérindiens dans divers types de relations économiques, à l’échelle des basses terres d’Amérique du Sud. L’image de populations pratiquant uniquement une économie d’autosubsistance est depuis longtemps dépassée, mais il nous a paru nécessaire à la fois de poursuivre l’étude de leurs formes d’implication dans des échanges marchands et monétaires, qui sont parfois illégaux, des modes de mobilisation de la main-d’œuvre indigène, et des ressources auxquelles les Amérindiens peuvent avoir accès. Cette recherche a été l’occasion de revenir sur les développements de l’anthropologie des transactions marchandes, des échanges, de la valeur et de l’argent (F. Weber, S. Hutchinson, V. Zelizer, J. Guyer, A. Orléan, L. Boltanski et A. Esquerre, etc.), afin d’apprécier la manière dont ces recherches peuvent contribuer à l’anthropologie de l’Amazonie : tout en soulignant l’importance de la distinction entre différentes « sphères », nous avons mis en avant le rôle des seuils et des opérations de conversion entre ces sphères, et les débats qui ont alors lieu quant à la valeur de ce qui est échangé. Dans un deuxième temps, nous sommes revenus sur un objet très classique de l’anthropologie de l’Amazonie : l’exploitation de la main-d’œuvre amérindienne via la dépendance pour dette lors du boom du caoutchouc (1880-1912). Les cas les plus médiatisés, comme celui du Putumayo, ont eu tendance à masquer la variabilité des situations : les collecteurs parvenaient parfois à contourner le monopole commercial que les patrons tentaient d’établir, et il est frappant de constater qu’un type de relation présenté comme archaïque – la dépendance pour dette – persiste aujourd’hui sans être vécue comme une forme de coercition. Nous nous sommes interrogés sur la manière dont le système se transforme localement lorsqu’il cesse de générer des profits importants, et nous avons discuté plusieurs cas ethnographiques où la dépendance semble recherchée par les Amérindiens, dans la mesure où elle représenterait le moyen le plus efficace d’obtenir des marchandises (O. Bonilla, H. Walker). Il est alors important de souligner que cette dépendance peut prendre différentes formes, et que le « client » endetté conserve le contrôle du procès de travail et de l’ensemble de ses activités. Dans un troisième et dernier temps, nous nous sommes intéressés à la moralité et la légalité des activités et des échanges économiques. D’une part, nous avons abordé la question de l’exploitation minière, souvent illicite, et des moyens qu’ont les populations amérindiennes de s’y opposer. Nous avons exploré en particulier les luttes des Amérindiens du Venezuela pour faire respecter leurs droits face au récent projet de l’Arc Minier de l’Orénoque et dans les zones touchées par l’exploitation minière illégale en montrant qu’elle implique parfois également une partie des autochtones eux-mêmes (Catherine Alès), ainsi que les conséquences de l’extractivisme minier et le rôle de l’État dans la reconfiguration des inégalités de genre (Astrid Ulloa). D’autre part, nous avons analysé l’implication des Amérindiens eux-mêmes dans d’autres activités qui peuvent être illégales, notamment le marché noir de produits subventionnés et la contrebande d’essence au Venezuela. Frauder ne fait pas des Amérindiens des « hors-la-loi » (comme s’ils vivaient dans un univers moral parallèle), car c’est finalement la seule manière qu’il leur reste de bénéficier des ressources du pays : ils revendiquent ainsi paradoxalement la mise en œuvre concrète de leur citoyenneté vénézuélienne.

    Publications

    • Avec A. Doublier, É. Frenkiel, F. Galmiche et C. Rabier, « Traduire et introduire les sciences sociales d’Asie orientale : Kon Wajirô/Yu Keping/Yang Hyunah », Tracés. Revue de sciences humaines, #17, 2017.
    • « The pursuit of sorrow and the ethics of crying », dans Companion to the Anthropology of Death, sous la dir. de T. Robben, Chichester, Wiley-Blackwell, 2018, p. 117-129.

    Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 17 avril 2018.

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