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Jeudi de 9 h à 11 h (salle 1, 105 bd Raspail 75006 Paris), du 9 novembre 2017 au 31 mai 2018. Pas de séance les 23 novembre, 8 février, 1er et 29 mars. La séance du 22 mars se déroulera en salle AS1_08 (54 bd Raspail). La séance du 12 avril est annulée. La séance du 3 mai est annulée. Séance supplémentaire le 7 juin (même horaire, même salle). La séance du 24 mai est annulée
En poursuivant notre enquête sur les échanges économiques et culturels, nous étudierons les protagonistes majeurs de ces interactions, les marchands. Il s’agira de réfléchir aux caractères communs et à la grande diversité d’une figure sociale qui appartient, par excellence, aux temps longs de l’histoire économique et culturelle. Nous développerons plusieurs pistes de travail. L’enquête sur les pratiques des marchands, ainsi que l’analyse de leurs statut et fonction au sein des sociétés anciennes, sont des sujets au cœur du débat contemporain sur l’économie antique. Les représentations collectives des marchands, fondées sur quelques associations significatives (telle le couple marchand/étranger, producteur/intermédiaire) et sur des jugements de valeur (l’habileté, l’utilité, la cupidité) se prêtent à une enquête d’anthropologie historique. Dans ce nouveau cycle du séminaire, au courant de l'année universitaire 2017-2018, nous étudierons notamment les figures marchandes dans les sociétés d'époque romaine, tout en gardant la perspective de longue durée qui caractérise notre approche.
18 janvier 2018 : Giuliano Milani (Université Paris Est -Marne la Vallée), « L’homme à la bourse au cou : l'ambiguïté des marchands et de l'argent dans l'histoire d'une image médiévale »
Mots-clés : Antiquité (sciences de l’), Archéologie, Circulations, Culture matérielle, Écriture, Histoire économique et sociale, Interactions, Objets, Savoirs,
Aires culturelles : Europe, Méditerranéens (mondes),
Suivi et validation pour le master : Hebdomadaire annuel (48 h = 2 x 6 ECTS)
Domaine de l'affiche : Histoire - Histoire et civilisations de l'Europe - Monde méditerranéen
Intitulés généraux :
Renseignements :
par courriel.
Direction de travaux d'étudiants :
sur rendez-vous par courriel. Un projet écrit sera demandé pour l'inscription en thèse.
Réception :
les mardis de 15 h30 à 17 h30 ou sur rendez-vous pris par courriel.
Niveau requis :
séminaire de recherche ouvert aux participants de tous niveaux, aux auditeurs libres et aux étudiants spécialisés à partir du niveau 1 du master.
Site web : http://www.anhima.fr/
Adresse(s) électronique(s) de contact : mcdercol(at)ehess.fr, cecilia.dercole(at)ehess.fr
En 2017-2018, nous avons prolongé et conclu le cycle consacré à la figure des marchands en tant qu’acteurs des processus d’échange et de circulation dans la Méditerranée antique. Cette deuxième année a privilégié notamment les évolutions des figures marchandes (mercator, negotiator) dans la Rome républicaine et surtout au sein de l’Empire romain, lorsque l’ouverture des échanges sur la longue distance, vers l’Orient aussi bien que vers l’Occident, a entraîné des changements importants dans la fonction marchande et dans l’organisation des structures du commerce. Ainsi, les réseaux de commerce apparaissent comme l’un des espaces sociaux où l’on peut mieux étudier l’embriquement entre différents statuts et fonctions : entre personnages de condition libre et dépendante, entre les grandes familles italiques et leurs intermédiaires et agents étrangers, que ce soit en Égypte ou en Ibérie. En effet, comme plusieurs études l’ont bien montré (A. Tchernia, N. Tran et d’autres) plusieurs intermédiaires dont les esclaves ont eu un rôle essentiel dans le déroulement de ces commerces lointains : en direction de l’Inde par exemple, où des affranchis ou des esclaves sont souvent investis de la personnalité juridique pour représenter leurs maîtres au cours de transactions commerciales de grande envergure. Dans cette réflexion sur les échanges sur la longue distance, nous avons considéré un cas particulier : le récit, conservé uniquement par des chroniques chinoises, d’une prétendue ambassade de marchands romains à la cour des empereurs de la dynastie Han, en 166 apr. J.-C. Véritable ambassade, simple imposture ou initiative individuelle qui se réclamait de façon abusive de l’investiture officielle de l’empereur romain, Marc Aurèle ? En explorant les relations commerciales vers l’Occident méditerranéen, les investigations de Gwladys Bernard (Université Paris 8) sur « Les commerces avec l’Occident extrême à l’orée de l’Empire : le cas des acteurs collectifs (Ier siècle av. J.-C.-Ier siècle apr. J.-C.) » ont ouvert de nouvelles perspectives sur les échanges entre Rome et l’Ibérie, en soulignant l’importance des acteurs locaux du commerce, sorte de « compagnies » ante litteram qui se chargent de diriger vers Rome les produits locaux (métaux surtout) en passant par des lieux stratégiques, telle la tête de pont des îles Baléares.
Une section importante du séminaire a été consacrée à la notion d’espace : Astrid Möller, professeur à l’Université de Freiburg (Allemagne), après avoir apporté une réflexion originale sur la notion de « valeur » dans les économies antiques, a présenté les nouvelles acquisitions sur le site de Naucratis, port fluvial installé sur l’une des branches du Delta du Nil qui a offert à des générations de chercheurs, archéologues et historiens, des éléments inépuisables de réflexion sur la notion même d’espace de commerce et de cohabitation des protagonistes des échanges. Toujours dans le cadre de cette réflexion sur les espaces, Julien Schovaert a présenté son étude – qui venaît de paraître – sur Les boutiques d’Ostie : l’économie urbaine au quotidien : Ier s. av. J.-C.-Ve ap.-J.-C., Rome, Collection de l’École française de Rome 2017 ; Maria Luisa Bonsangue (Université de Picardie-Jules Verne) a analysé « Les métiers du commerce dans les ports maritimes : le cas de Narbonne (Ier siècle avant-IIe siècle après J.-C.) », en insistant surtout sur l’apport des inscriptions pour reconstituer ce microcosme social et économique, un monde relativement clos mais ouvert sur les espaces de la Méditerranée entière.
Au terme de cette enquête, ce sont bien la complexité et le caractère polyvalent des figures marchandes qui ressortent amplifiés. Mais au-delà des variétés, c’est bien la fonction active et novatrice de ces figures qui apparaît renforcée. Véritables agents, dans le sens étymologique du terme, capables d’initiatives individuelles au sein d’une plus large trame collective, ces acteurs sociaux sont souvent au cœur de transformations décisives, dans un processus de création de nouvelles configurations non seulement économiques, mais aussi sociales et culturelles.
Publications
Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 23 mai 2018.