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1er et 3e lundis du mois de 15 h à 18 h (salle de réunion, IMAF, 2e étage, 96 bd Raspail 75006 Paris), du 6 novembre 2017 au 4 juin 2018. La séance du 6 novembre est reportée au 13 novembre (même salle). Séances supplémentaires les 22 et 29 janvier (mêmes horaires, même salle)
Cette année le séminaire reprendra le programme d’identification et d’analyse de « faits » – issus des initiatives internes à l’Afrique ou coloniales – qui ont fonctionné en tant que puissants accélérateurs de changement social dans les sociétés africaines, que ce soit au niveau régional, continental ou global.
Dans cette perspective, les étudiants inscrits en doctorat et en master, sous la direction des organisateurs du séminaire, seront invités à présenter et à discuter du cheminement et du résultat de leurs recherches en cours.
Il est rappelé que l’un des propos de ce séminaire est de penser l’histoire de l’Afrique à une échelle temporelle de longue durée, nécessaire pour saisir des processus qui, autrement, seraient rendus « invisibles », malgré leur relation avec la moyenne et la courte durée. Cette option résulte de plusieurs constats.
Il s’agit d’abord de la prépondérance des études sur la période contemporaine, concernant notamment les territoires sous domination française, anglaise et belge, au détriment d’une chronologie plus étalée et des problématiques qu’elle recèle et qui, cependant, ressortent des matériaux archivistiques et historiographiques issus de la colonisation portugaise, ou encore des données linguistiques et archéologiques mobilisées par l’histoire des civilisations africaines préexistantes à la colonisation. Vient ensuite l’importance accordée aux études impériales, où l’épaisseur de l’histoire et, par conséquent, la résilience des dynamiques interafricaines n’apparait, au mieux, que dans un lointain et vague arrière-plan. Enfin, la multiplication, par ailleurs opportune, des travaux sur le « temps présent » frappe à la fois par leur insistance sur les contraintes et les opportunités d’un environnement international « mondialisé » et sur les nouveautés apparemment irréductibles des « situations » africaines.
Or, entre l’histoire dite « précoloniale » (la question restant posée de savoir quand se termine le « pré »colonial par rapport au « colonial »), l’installation des systèmes coloniaux formels, à la fin du XIXe siècle, et les enjeux de la « postcolonialité », se déroule un temps long dans lequel se sont produites des interactions, voire des (re)créations, aussi bien entre « l’Afrique en Afrique » et « les Afriques d’ailleurs » qu’entre les sociétés africaines et les pouvoirs coloniaux, le tout dans des relations complexes de négociation, de dialogue et de confrontation. Les acteurs, africains ou coloniaux (catégories hétérogènes par définition, ouvertes sans cesse à l’émergence de nouveaux rôles sociaux), les savoirs (transmis, appropriés, reconfigurés) et les pratiques (la résistance, la négociation, la reconversion) constituent autant de « lieux » à partir desquels se déploiera notre réflexion.
Dans cette perspective, la focalisation de l’analyse sur des « faits » qui ont fonctionné en tant que tournants ou déclencheurs de changement s’avère particulièrement féconde pour mettre en lumière les processus de reconfiguration des sociétés africaines dans le temps long. La discussion des notions telles que « fait », « temps long », « longue durée » fera, bien évidemment, l’objet de réflexions. Parmi les « faits » coloniaux, nous nous occuperons de la traite atlantique et de ses retombées démographiques, économiques, sociales et culturelles ; de l’abolition de l’esclavage et de la pluralité des processus d’émancipation qui l’accompagnent, avec des rythmes et des configurations différentes selon les régions ; et, enfin, de la Grande Guerre de 1914-1918, celle-ci inscrivant l’histoire des Africains dans des dynamiques historiques qui ont trait aux enjeux de l’histoire du monde.
Concernant les « faits » internes à l’Afrique, on distinguera les grands mouvements démographiques et militaires internes, comme celui de l'expansion cokwe depuis la deuxième moitié du XIXe siècle ; les mouvements prophétiques africains (de « Dona Béatrice » à Simon Kimbangu) et encore les mouvements intellectuels et politiques, tels que le panafricanisme, engageant l’Afrique à l’échelle continentale et diasporique. L’analyse de ces accélérateurs de changement social sera opérée à partir d’études de cas qui fonctionneront ainsi comme des révélateurs de la complexité et de la diversité des processus de changement social.
Chaque séance a une durée de 3 heures de manière à donner place à une discussion approfondie. Des textes (bibliographie ou sources) seront distribués au préalable. Leur lecture est obligatoire et les étudiants sont sollicités à intervenir activement dans le débat.
Lundi 20 novembre 2017 : Bernard Clist (Université de Gand, Belgique, professeur invité à l’EHESS), « Structuration sociale du royaume Kongo du 15e au 18e siècle : premiers témoignages fournis par l’archéologie des lieux funéraires et domestiques »
Des fouilles archéologiques ont été menées entre 2011 et 2015 dans la capitale du royaume Kongo et dans quelques sites provinciaux très importants des provinces septentrionales du royaume. Elles permettent de commencer à comprendre la culture matérielle Kongo, tant son homogénéité par certains aspects, que son hétérogénéité par d’autres. Il est possible aujourd’hui de proposer un premier bilan portant sur les espaces domestiques ainsi que sur les espaces funéraires. La fouille de plusieurs cimetières du royaume Kongo en Angola et en RDC esquisse le contour des croyances associées à l’au-delà entre les 16e et 18e siècles et de proposer des continuités avec les pratiques de la fin du 19e siècle.
Bernard Clist, après avoir soutenu son Master en archéologie africaine à l'Université Libre de Bruxelles (ULB) concernant l'Age du fer de la République Démocratique du Congo (RDC), a poursuivi son travail en résidant pendant onze ans au Gabon pour réaliser sa thèse de doctorat soutenue elle aussi à l'ULB. Cette thèse consacrée aux premiers villages et à la diffusion de la métalllurgie du fer en Afrique centrale sur base de recherches de terrain au Gabon, a été complétée par des programmes de recherches en Guinée-Equatoriale et en Angola. Dernièrement, il a dirigé le volet archéologie d'un projet de recherches pluridisciplinaire de cinq années sur les origines du royaume Kongo financé par le Conseil Européen de la Recherche. Les fouilles archéologiques ont été conduites à nouveau en RDC. Il est actuellement professeur invité à l'université de Gand en Belgique.
Lundi 4 décembre 2017 : Bernard Clist (Université de Gand, Belgique, professeur invité à l’EHESS), « Les mbanza comme villes du royaume Kongo : mythe ou réalité ? »
La compréhension des mbanza du royaume Kongo repose sur l’interaction entre l’histoire, l’archéologie et la linguistique. On présentera un bilan des données historiques à l’aide des documents d’époque qui sera complété par la synthèse des fouilles archéologiques menées à Mbanza Kongo (Angola), à Mbanza Nsundi et à Ngongo Mbata (RDC). Quelques éléments seront ajoutés venant de la linguistique historique pour proposer une image globale permettant de remettre en cause la vue européocentriste d’une ville dans le cadre du royaume Kongo. En outre, on verra au passage les éléments concrets obtenus très récemment – surtout archéologiques - concernant la démographie du royaume.
Mots-clés : Circulations, Coloniales (études), Culture, Démographie, Développement, Diaspora, Domination, Droit, normes et société, Dynamiques sociales, Empire, État et politiques publiques, Ethnographie, Ethnologie, Genre, Guerre, Histoire, Histoire culturelle, Histoire des sciences et des techniques, Histoire du droit, Histoire intellectuelle, Historiographie, Mémoire, Politique, Post-coloniales (études),
Aires culturelles : Afrique, Amérique du Sud, Atlantiques (mondes), Ibérique (monde), Transnational/transfrontières,
Suivi et validation pour le master : Bi/mensuel annuel (24 h = 6 ECTS)
Domaine de l'affiche : Histoire - Histoire et civilisations de l'Afrique
Intitulés généraux :
Renseignements :
par courriel : cmadeira(at)ehess.fr
Direction de travaux d'étudiants :
sur rendez-vous pris par courriel : cmadeira(at)ehess.fr
Réception :
sur rendez-vous pris par courriel : cmadeira(at)ehess.fr
Niveau requis :
Licence.
Adresse(s) électronique(s) de contact : cmadeira(at)ehess.fr
Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 24 janvier 2018.