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Base de données des enseignements et séminaires de l'EHESS

La production administrative des rationalités économiques

S'il s'agit de l'enseignement principal d'un enseignant, le nom de celui-ci est indiqué en gras.

Jeudi de 15 h à 18 h (salle AS1_24, 54 bd Raspail 75006 Paris), du 15 mars 2017 au 24 mai 2018. La séance du 22 mars est annulée. La séance du 12 avril est annulée. Une séance supplémentaire aura lieu le 31 mai en salle A05_51 (même horaire, même adresse). La séance du 03 mai est annulée

Ce séminaire se veut un lieu d’échange entre disciplines (économie, sociologie. Sciences politiques et histoire) sur les rapports entre bureaucraties et marchés. Il entend traiter le continuum de relations sociales entre les logiques de légitimité qui prévalent à l’enracinement des administrations, les logiques d’organisation collective des milieux économiques et les logiques administratives et juridiques qui encadrent le fonctionnement des marchés.

 
Jeudi 15 mars : Introduction par Sylvain Laurens, Armèle Cloteau et Benjamin Lemoine "Les liens entre bureaucratie et marchés en sociologie et en économie"
 
Jeudi 29 mars 2018 : La banque centrale une bureaucratie au service des marchés ?
  • Frédéric Lebaron, “Le champ des banquiers centraux au niveau international”
Jeudi 5 avril 2018 de 15 h à 17 h 30 : Économie et sociologie
  • Julien Duval autour de l’ouvrage “Anthropologie économique” cours de Pierre Bourdieu au Collège de France
  • Robert Boyer, auteur de la postface “Économie et sciences sociales. Une alternative à l’impuissance des théories économiques”.
Jeudi 3 mai 2018 : Architecture régulatoire et finance légitime
  • Quentin Belot, "Capitalisme familial et finance à l'époque du fordisme non financier”
  • Sabine Montagne, “Les figures légitimes de l’investissement financier aux USA : 1950-2000”.
Jeudi 17 mai 2018 : Le foncier, la bureaucratie et l’économie
  • Marie Piganiol, “L’affrontement entre politiques du logement et de la dette dans le marché foncier”

Jeudi 24 mai 2018 :

  • Valérie Revest, “La construction des marchés liés au financement des entreprises (notamment l'Alternative Investment Market)”
  • Mathias Thiennmann, “La construction bureaucratique de la finance : la BCE, les banques, la régulation financière et le shadow banking”
Jeudi 31 mai 2018 : La co-production de la place de Paris et de la bureaucratie financière par les investisseurs et la haute administration.
  • Marlène Benquet, Paul Lagneau et Fabien Fourreault, Recherche en cours sur l’Association française des investisseurs pour la croissance (AFIC)
  • Sarah Kolopp : la direction du Trésor : carrières internationales et défense de la place financière de Paris
  • Discutante : Laure Quennouëlle-Corre (CNRS, Centre de recherches en histoire contemporaine, CRH).
 

Suivi et validation pour le master : Hebdomadaire semestriel (24 h = 6 ECTS)

Mentions & spécialités :

Domaine de l'affiche : Économie

Intitulés généraux :

  • Sylvain Laurens- Sociologie des élites européennes. Entre intérêts privés & définitions concurrentes de l’intérêt public
  • Renseignements :

    pour toute demande de renseignements, s'adresser par courriel à laurens(at)ehess.fr.

    Niveau requis :

    séminaire ouvert aux étudiants à partir du niveau M1.

    Adresse(s) électronique(s) de contact : laurens(at)ehess.fr

    Compte rendu

    De loin, les questions des rapports entre État et marché sont des questions qui ont été très traitées par la plupart des auteurs classiques en sciences sociales et il pourrait apparaître un peu trop ambitieux de prétendre revenir sur ces liens autrement que sous la forme d’un digest. Cela est en partie vrai mais nous avons proposé dans ce séminaire un angle particulier de questionnement, en introduisant notamment la question de la rationalité : rationalité des entrepreneurs, des consommateurs, des acteurs de marché en montrant que sur cette question précise un dialogue entre les deux disciplines peut sans doute apporter du nouveau.
    Si on prend au sérieux cette idée que l’administration contribue à la production de rationalités économiques, on pourrait avancer l’hypothèse qu’elle ne fait pas que produire des normes économiques mais qu’elle a plus fondamentalement le pouvoir de socialiser des agents à des formes de calcul spécifiques qui seront perçus comme pertinents, qu’elle consacre des formes d’entrepreneuriat qui sous d’autres formes pourraient paraître comme peu « rationnelles » justement (à l’instar de l’entrepreneur « Start-uper » qui crée par exemple, une entreprise pour l’introduire en bourse et la vendre). On peut alors essayer de développer un programme de recherche pour parvenir à penser la façon dont l’État structure le marché en socialisant aussi les individus à des formes spécifiques de calculs économiques qui rendent possibles les échanges.
    Comme le souligne à juste titre Bourdieu dans le cours Anthropologie économique, il y a une forme de naïveté chez Weber qui finit par considérer que les « monopoles capitalistes dépendent exclusivement de facteurs économiques rationnels », alors qu’il nous faudrait sans doute introduire la possibilité qu’il y a des « monopoles économiques qui s’obtiennent et se maintiennent à travers le pouvoir sur l’État ». C’était là un des sujets de discussion de la séance consacrée à la parution de ce cours au Collège de France. Julien Duval et Robert Boyer développaient un dialogue entre sociologie des champs et école régulationniste autour de cette question des rationalités administratives. Réintroduire le rôle de l’État à différents niveaux dans la production des rationalités économiques c’est aussi prendre au sérieux le fait que le marché est un univers dont la prévisibilité et l’aspect formalisé et mathématisé ne peuvent exister que par l’assurance et les garanties qu’ont historiquement procurées les administrations (a), et que ce pouvoir de structuration s’étend aussi à la diffusion de différents modèles de rationalités économiques présentées comme convenables (b). Ce n’est qu’en prenant en compte ce travail administratif que l’on peut dans un second temps comprendre l’enjeu que représente la captation du pouvoir d’État par des acteurs privés. Chaque intervenant était ainsi invité à traiter à la fois de l’action structurante des administrations sur les acteurs institués du marché mais aussi sur les formes de rationalité qui y ont cours. Mathias Thiennmann (CSO) dans la séance du 22 mars intitulée « La construction bureaucratique de la finance : la BCE, les banques, la régulation financière et le shadow banking » présentait de façon très pédagogique les modèles de rationalité promus par la Banque centrale et les institutions centrales du système financier. L’intervention de Frédéric Lebaron permettait de disposer d’une approche complémentaire et structurale en saisissant comment « le champ des banquiers centraux au niveau international » se polarise autour de variations de trajectoires qui expliquent dans un second temps les oppositions pointées journalistiquement entre banquiers « faucons » et « colombes », plus ou moins adeptes de politiques monétaires dures. Une autre entrée possible pour saisir ces formes de rationalité est l’entrée par les lieux de pouvoir qui structurent les marchés. C’était là le sens de la séance consacrée le 12 avril à la co-production de la place de Paris et de la bureaucratie financière par les investisseurs et la haute administration. Marlène Benquet, Paul Lagneau et Fabien Fourreault (IRISSO) présentaient leurs recherches en cours sur les relations entre l’AFIC et la Direction du Trésor. Leur intervention était discutée par l’historienne Sarah Kolopp. Deux séances du séminaire furent annulées en raison du mouvement légitime d’opposition à ParcourSup. Nous avons néanmoins eu la possibilité de disposer également d’une autre clef d’entrée sur le sujet à travers l’intervention de Marie Piganiol (CSO) qui articule une analyse urbaine avec une analyse des stratégies des collectivités locales en matière de politique du logement. Elle montre comment les contraintes d’endettement structurent désormais la rationalité des acteurs publics en matière d’investissement foncier. L’ensemble de ces interventions amenaient les contributeurs à analyser sous quelle forme sur leurs objets et leurs terrains particuliers l’administration avait assuré la promotion de rationalités économiques particulières. Le séminaire a débouché sur un projet de publication pour la revue française de socio-économie et une partie des discussions amorcées se prolongent bien sûr dans le nouvel enseignement « États, Institutions et émergence des marchés » au sein du master IEOS.

    Publication

    • Bureaucrats and Business Lobbyists in Brussels. Capitalism’s Brokers, Routledge, 2017.

    Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 9 mai 2018.

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