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Technologies reproductives et d’enfantement : régulations du risque, gouvernement du corps, controverses publiques

S'il s'agit de l'enseignement principal d'un enseignant, le nom de celui-ci est indiqué en gras.

2e lundi du mois de 13 h à 16 h (salle 13, 105 bd Raspail 75006 Paris), du 13 novembre 2017 au 11 juin 2018

De la conception à l’accouchement en passant par la grossesse, le progrès médical est parvenu à orienter voire façonner en profondeur le  processus d’enfantement dans les sociétés contemporaines, par le biais d’une part des innovations « révolutionnaires » ou de rupture telles que  la PMA-GPA (qui a détaché l’embryon de l’utérus), le diagnostic prénatal (qui a rendu le fœtus « maîtrisable ») ou la contraception hormonale,  et d’autre part, par des technologies, instruments ou médicaments qui, bien que plus anciens ou conventionnels, déplacent eux aussi les frontières entre le naturel et l’artificiel, le moderne et l’archaïque, le biologique et le médical (échographie, césarienne, péridurale). Au croisement des études sociales et culturelles des techniques, de la sociologie de la médicine, et des études sur le genre, ce séminaire de recherche vise à décrypter ces nouveaux paysages reproductifs et d’enfantement modelés par la médecine  à partir de quatre axes principaux. Nous aborderons les trajectoires sociohistoriques de ces différentes techniques, en traçant les continuités, les complémentarités, ou au contraire les concurrences entre elles, et ce dans l’objectif de saisir les voies à travers lesquelles elles se sont généralisées ou rendues « acceptables », souvent de façon cumulée. Nous analyserons les régulations nationales et internationales dont ces innovations font l’objet depuis les dernières décennies, redessinant par là de nouveaux rapports, institutionnels, à la maternité/parentalité,  au genre, au corps, au biologique, au risque, ou encore à l’handicap. Nous passerons au crible les marchés et les logiques industrielles dont elles relèvent et les formes de gouvernement économique  qu'elles donnent à voir. Nous étudierons enfin les critiques ou controverses publiques qu’elles suscitent en termes non seulement éthiques, mais aussi épistémologiques (savoirs féministes/profanes vs savoirs médicaux), sanitaires (e.g. risques iatrogènes de la FIV ou de la pilule contraceptive), et politiques (e.g. débats autour de la place accordée au travail reproductif, aux liens biologiques, ou encore à la sécurité dans les sociétés productivistes et du risque).

Ce séminaire de recherche fait partie du projet ANR Hypmedpro (Hypermédicalisation de la reproduction comme problème public) (2016-2019).

13  novembre : De l’accouchement fordiste aux violences obstétricales ? Perspectives anthropologiques et féministes

  • Marie-Hélène Lahaye (Juriste et auteure féministe), Autour de Accouchement : les femmes méritent mieux (à paraître aux Editions Michalon, 2018)
  • Mounia El Kotni (University at Albany, Suny), Application de la loi sur les violences obstétricales au Mexique : pour une perspective anthropologique critique du consentement

11 décembre : Grossesses imparfaites : histoire et sociologie des techniques de diagnostique d’handicap

  • Ilana Löwy (Cermes3), autour de son dernier ouvrage Imperfect Pregnancies. A History of Birth Defects and Prenatal Diagnosis (John Hopkins, 2017)
  • Isabelle Ville (CEMS-Inserm), Les pratiques de diagnostic prénatal. Ce que les techniques font au care

8 janvier : Épidémies de césariennes : enjeux Nord-Sud

  • Clémence Schantz Inguenault (IRD) : Déconstruire la demande de césarienne à Phnom Penh, Cambodge
  • Chiara Quagliariello (CEMS/Ehess) : Accouchements déterritorialisés et recours à la césarienne: histoire de la naissance à Lampedusa (Italie)

12 février : Techniques d’aide à la procréation : entre science et marché

  • Anne-Sophie Giraud (Queen Mary University of London), "Safe, reliable and efficient": interroger la notion d évidence à travers le cas du Time-Lapse en FIV
  • Virginie Rozée (INED), Les paradoxes genrés de la gestation pour autrui en Inde.

12 mars : Gouverner l’accouchement par le risque et par le droit

  • Solène Gouilhers (Université de Lausanne), Gouverner l’accouchement par le risque : cartographie des surveillances, de l’hôpital au domicile, en Suisse
  • Marianna Marques Pulhez (Universidade Estadual de Campinas), Les défis de la construction de la catégorie de Violence Obstétricale au Brésil

9 avril : Travail reproductif et féminisme

  • Laëtitia Negrié et Béatrice Cascales (auteures), autour du livre L’accouchement est politique (Eds. L’Instant Présent, 2016)
  • Marie Mathieu (Cresppa), L'encadrement institutionnel de l'avortement en France et au Québec. Des théâtres de la bienveillance aux scènes de l'ambivalence.

14 mai : Technologies d’infertilité : débats et régulations

  • Kylie Baldwin (De Montfort University), Individualising gendered fertility risk: the case of new fertility monitoring and extension technologies
  • Sezin Topçu (Ehess), Rupture or Continuity? Surrogacy Debate and Technological Motherhood in Turkey

11 juin : Matières reproductives et bio-économies (Séance en cours de programmation)

Suivi et validation pour le master : Mensuel annuel/bimensuel semestriel (8x3 h = 24 h = 6 ECTS)

Mentions & spécialités :

Domaine de l'affiche : Sociologie

Intitulés généraux :

Renseignements :

ce séminaire de recherche mensuel s'adresse aux étudiants en master (M1-M2) et en thèse, ainsi qu'aux collègues-spécialistes. Il est également ouvert aux auditeurs/auditrices libres (sur inscription par courriel).

Direction de travaux d'étudiants :

sur rendez-vous.

Réception :

sur rendez-vous.

Adresse(s) électronique(s) de contact : sezin.topcu(at)ehess.fr, chiaraquagliariello(at)yahoo.it, lowy(at)vjf.cnrs.fr

Compte rendu

Dans cette deuxième édition du séminaire « Technorep » nous avons continué à explorer les diverses façons dont les progrès techniques et médicaux façonnent les processus reproductifs et d’enfantement. Ceux-ci ont été étudiés à travers une perspective interdisciplinaire. La dimension internationale des controverses publiques que les innovations techniques et médicales suscitent en termes éthiques, sociétales et politiques a été également explorée. Le séminaire s’est déroulé autour de huit séances avec entre autres l’intervention de spécialistes et collègues internationaux (États-Unis, RU, Belgique, Brésil…).
Dans la première séance, nous avons exploré les controverses autour de violences obstétricales, notamment en France et au Mexique, à partir des interventions de Marie-Hélène Lahaye, juriste et auteure féministe, et Mounia El Kotni, anthropologue (University at Albany, Suny). Dans la deuxième séance, nous avons examiné la trajectoire des techniques de diagnostic prénatal (DPN). Nous avons exploré le processus de normalisation progressive de ces techniques au fur et à mesure de la construction des risques de la grossesse. Les interventions d’Ilana Löwy et Isabelle Ville (CEMS-EHESS) sur les usages des techniques de DPN en France et au Brésil ont permis de questionner les relations entre DNP, handicap et travail de care fourni par la famille. La troisième séance a été focalisée sur l’hyper-médicalisation de l’assistance à l’accouchement. Les deux intervenantes, Clémence Shantz Inguenault (IRD) et Chiara Quagliariello, ont exploré les enjeux sanitaires, culturels et sociaux liés au processus de « banalisation » de deux interventions chirurgicales : l’épisiotomie au Cambodge et la césarienne en Italie. Les frontières entre « dimension scientifique » et « dimension marchande » des techniques d’aide à la procréation ont été interrogées dans la quatrième séance du séminaire. L’intervention d’Anne-Sophie Giraud (CNRS) a montré les limites de nouveaux instruments électroniques, tels que le Time-Lapse, censés favoriser le « bon choix » des embryons à utiliser en FIV, et donc d’augmenter les chances de réussite de la technique. Dans son intervention, Virginie Rozée (INED) a analysé les principaux résultats de son ethnographie (de l’expérience) des mères porteuses en Inde, où la pratique de la GPA est désormais sujette à d’importantes régulations. La cinquième séance du séminaire a permis d’approfondir certains des thèmes abordés dans les séances précédentes, tel que le gouvernement de la grossesse et de l’accouchement par le risque – l’intervention de Solène Gouilhers (Université de Genève) sur l’utilisation généralisée de la surveillance électronique pendant l’accouchement en Suisse nous fournissant un exemple emblématique. Pour sa part, la particularité du débat autour de violences obstétricales au Brésil (pays où le mouvement pour l’humanisation des accouchements a une longue histoire) a été analysée par Marianna Marques Pulhez (Universidade Estadual de Campinas). La sixième séance a questionné les rapports de domination liés à l’encadrement institutionnel de l’accouchement et de l’avortement en France et au Québec. À partir des théories du féminisme matérialiste, les intervenantes Laëtitia Negrié, Béatrice Cascales et Marie Mathieu (Cresspa) ont analysé le travail mené par les femmes et celui réalisé sur le corps féminin pendant l’accouchement et lors de l’avortement. En continuité avec la quatrième séance, la septième séance du séminaire a exploré les controverses autour de techniques visant à lutter contre l’infertilité. L’intervention de Kylie Baldwin (De Montfort University) a porté sur les techniques consacrées à la congélation des ovocytes en Grande Bretagne. Elle a permis d’interroger l’efficacité limitée de ces techniques tout comme la kyrielle des raisons qui poussent les femmes à vouloir préserver leur fertilité grâce à ces techniques malgré leur coût. L’intervention de Daniela Bandelli (LUMSA et University of Texas) a permis d’explorer les enjeux éthiques et politiques au cœur du débat sur la gestion pour autrui dans des pays de tradition catholique, telle que l’Italie. Dans la dernière séance du séminaire, nous avons accueilli Rayna Rapp (Université de New York), Noémie Merleau-Ponty (Université de Cambridge) et Delphine Gardey (Université de Genève). Rayna Rapp a présenté son travail récent (mené à l’occasion d’une mission d’expertise) sur les tests DPN non-invasif et sur les problèmes posés par leur rapide expansion. Noémie Merleau-Ponty a analysé les déterminants culturels du travail de sélection des embryons dans les laboratoires de biologie en France et en Inde. La discussion a été introduite par D. Gardey.
Cette deuxième édition du séminaire « Technorep » a vu la participation d’un public large et hétérogène. Étudiant-e-s en master et en thèse, postdoctorant-es, collègues-spécialistes, membres de la Société d’Histoire de la Naissance, sages-femmes, gynécologues, et professionnels de santé ont assisté aux séances et contribué aux discussions.

Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 23 janvier 2018.

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