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2e et 4e mardis du mois de 17 h à 19 h (salle 4, 105 bd Raspail 75006 Paris), du 14 novembre 2017 au 22 mai 2018. Pas de séance le 27 mars. La séance du 10 avril est annulée
Paris est une capitale relativement modeste du point de vue spatial, et la tension entre la crainte de l’extension et l’ambition d’organiser l’expansion est constitutive de son histoire. L’observation de ces moments de tension, et des conditions de l’accord ou du désaccord, permet d’articuler plusieurs dimensions de la capitale : une ville peuplée d’habitants qui défendent leurs intérêts, des pouvoirs non strictement urbains (préfecture de la Seine, Armée) qui veillent sur les destinées de la capitale, des décisions qui actent des conditions de la croissance spatiale de Paris.
Partant de l’analyse spécifique de la Zone, territoire limitrophe de la capitale, appartenant aux communes riveraines jusqu’en 1919, le séminaire ouvrira plusieurs dossiers qui permettent de penser les catégories pertinentes pour comprendre les spécificités d’un tel espace urbain. Récusant une approche globalisante (la Zone est hétérogène) et culturaliste (l’assignation de sa population à un statut dépréciatif), l’approche se nourrit d’une histoire sociale qui restitue la diversité sociologique de cet espace urbain. Les registres juridiques et réglementaires permettent d’instruire à nouveaux frais ce dossier dans la mesure où les archives liées à l’expropriation et l’expulsion des Zoniers à partir des années 1920 dévoilent la riche palette des statuts fonciers et l’architecture d’une société organisée à côté du droit.
Cette question des limites de la ville, et de leur épaisseur sociale et temporelle, sera posée sur d’autres terrains, français ou étrangers. Elle permet d’ouvrir sur des questions plus vastes comme le rapport au local des populations, la gestion des populations à partir du contrôle de l’espace, l’inventivité de la société face au flou juridique.
Mardi 13 mars 2018 : Shigeyuki Makihara 牧原成征 (professeur à l’Université de Tokyo, spécialiste de l’histoire sociale du Japon prémoderne), « Les quartiers pauvres d'Edo »
Il y a tout juste 150 ans, quand s’acheva l’époque d’Edo et que débuta l’ère Meiji, la société d’ordres ne disparut sur le champ. A la huitième lune de la seconde année de Meiji (1869), le gouvernorat de Tokyo ordonna au chef des parias Dan Naiki, de comptabiliser les mendiants de la ville. On en recensa en tout 4373, répartis en cinq groupes : ① les mendiants professionnels (hinin), ② les saltimbanques gômune, ③ les religieux-mendiants ayant un « abri » dans une communauté de quartier particulière, ④ les locataires d’arrière-ruelles dans les faubourgs, ⑤ les mendiants sans aucune appartenance, autant dire des sans-logis qui vivaient dans la rue. Par ailleurs au même moment, les services des Anciens de la cité furent priés de produire en urgence un rapport sur les écarts de richesses entre bourgeois : sur une population concernée de 500 000 habitants les propriétaires fonciers et les locataires de terrain étaient considérés comme « riches », soit un peu plus de 190 000 personnes, les locataires au nombre de plus de 200 000, étaient comptabilisés comme pauvres, ceux qui, lors des hausses du prix du riz ou d’épidémies, recevaient une assistance, soit plus de 100 000 personnes, étaient les « très pauvres », et les « miséreux », environ 1800 individus, étaient ceux qui demandaient à entrer à l’hospice. Pour mieux interpréter ces données, il faut d’abord une compréhension correcte de la structure sociale de cette cité et de son système de statuts, avec ses propriétaires, ses locataires, ses parias soumis à l’autorité d’un chef officiel, ses sans-logis, ses religieux mendiants, etc. Parler des « pauvres » en général, ne doit pas masquer la diversité de situations que recouvre cette expression.
Mots-clés : Anthropologie urbaine, Architecture, Dynamiques sociales, Espace, Espace social, État et politiques publiques, Mobilisation(s), Spatialisation, territoires, Urbaines (études), Ville,
Suivi et validation pour le master : Bi/mensuel annuel (24 h = 6 ECTS)
Domaine de l'affiche : Histoire - Histoire et civilisations de l'Europe
Intitulés généraux :
Renseignements :
Le séminaire est ouvert à tout étudiant, de l'EHESS ou d'une autre université, intéressé par l'histoire urbaine. Le séminaire adopte une perspective résolument historienne mais le dialogue avec les sujets d'étudiants travaillant dans d'autres disciplines est encouragé.
Direction de travaux d'étudiants :
La demande d'encadrement en master ou en thèse se fait par courriel, avec à l'appui un projet plus ou moins développé selon le niveau demandé.
Réception :
réception sur rendez-vous après contact par courriel.
Site web : http://crh.ehess.fr/index.php?99
Adresse(s) électronique(s) de contact : isabelle.backouche(at)ehess.fr
Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 10 avril 2018.