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Jeudi de 17 h à 20 h (IISMM, salle de réunion, 1er étage, 96 bd Raspail 75006 Paris), du 16 novembre 2017 au 31 mai 2018. Pas de séance les 22 février et 1er mars
Partant des conditions de l’enquête de terrain pour aller jusqu’aux dérivations lointaines, notamment artistiques et littéraires, de cette expérience fondatrice, on reprendra, sur la base de dossiers précis, les modes de construction d’un savoir d’où l’observateur ne sort pas finalement intact, non plus que les objets de ses préoccupations. Il s’agira donc de passer d’un registre à l’autre, depuis la démarche anthropologique proprement dite, jusqu’aux élaborations littéraires, en passant par l’histoire de l’art et les fouilles archéologiques.
On s’attachera à ces processus sur la longue durée, parfois sur la très longue durée avec l’usage qui est fait des témoignages archéologiques de civilisations disparues. Nous nous intéresserons tout particulièrement à l’élaboration et à la circulation des modèles et des représentations, brandis ou imposés de l’extérieur, pendant l’ère coloniale autant que postcoloniale, qui ont fait l’objet de remplois pour des constructions identitaires complexes, riches d’enjeux politiques.
L’espace considéré sera le monde arabe, entendu dans ses dimensions larges, celles de l’Islam méditerranéen, qui recouvre les provinces jadis dominées par l’empire ottoman, et déborde sur les déserts d’Afrique du Nord et de la Péninsule arabique. Nous y inclurons aussi les minorités enclavées qui, si elles se définissent par la pratique d’une langue ou d’une religion autres, n’en partagent pas moins avec la composante majoritaire nombre de pratiques sociales dans le cadre de ce qui constitue, en dépit de tout, une aire culturelle.
16 novembre 2017 : Présentation, orientations
23 novembre : Retour sur le colloque « Collectionner le monde musulman » (Leiden, 2-3 nov.) avec Léon Buskens (Université de Leyde) et Mercedes Volait
30 novembre : François Lissarrague : « L’Antique et l’Orient (suite) : le Dictionnaire des Antiquités grecques et romaines de Daremberg & Saglio (1877-1919) ». Modérateur : François Pouillon
7 décembre : Augustin Jomier (Langues O’) : « Sur les femmes du Mzab : regards croisés d'oulémas et d'ethnographes »
14 décembre : Jessica Marglin (University of Southern California) : « Voyages et litiges à travers la Méditerranée : la succession de Nissim Shamama entre la Tunisie et l’Italie »
21 décembre : Léon Buskens (Université de Leyde) : « Après Ernest Gellner, la lutte pour le passé marocain »
[28 décembre et 4 janvier - Vacances d'hiver]
11 janvier : Jacques Frémeaux (Université Paris-Sorbonne) : “Histoire en exil : Aller vers les Orients ?”
18 janvier : Michèle Sellès Lefranc : « D’Amrouche à Mammeri, en passant par Feraoun : L’invention d’une poétique kabyle en Algérie »
25 janvier : Dominique Casajus : « Approches mathématiques de la divination (suite) : Logiques baroques, de Raymond Lulle à Jonathan Swift »
1er février : Luc Chantre (Université de Poitiers) : « Regards croisés sur le pèlerinage des Algériens à La Mecque au début du XXe siècle : Paul Gillotte et Mohamed ben Cherif »
8 février : Louis Blin (ministère des Affaires étrangères), à propos de son livre Le monde arabe dans les albums de Tintin (L’Harmattan, 2016)
15 février : Clémentine Gutron : « Façons de se souvenir, façons d'oublier : Enquête sur les ruines de Sijilmâsa (Maroc) »
[22 février et 1er mars - Interruption 1er-2e semestre]
8 mars : Sophie Basch (Université Paris-Sorbonne) : Sur une édition des Désenchantées [1906] de Pierre Loti (Folio-Gallimard)
15 mars : Sylvette Larzul : « Lucie Delarue-Mardrus (1874-1945), L'Orient que j’ai connu »
22 mars : Jean-Gabriel Leturcq (Agence France-Museums) : « Musées du Moyen-Orient : une expérience mondialisée »
29 mars : François Pouillon : Sur le 149e anniversaire de l’inauguration du canal de Suez
5 avril : Jean-Philippe Bras (Université de Rouen) : « Gabriel Alapetite, Résident général en Tunisie (1906-1918) : une colonisation tempérée ? »
12 avril : Ferenc Toth (Université de Budapest) – Les provinces arabo-musulmanes de l'Empire ottoman dans les Mémoires du baron de Tott sur les Turcs et les Tartares (1784 – réed. Champion, 2004)
[19 et 26 avril Vacances de printemps]
3 mai : Gianluca Parolin (Université Aga Khan, Londres) : « Figures de la justice et du droit dans les séries télévisées égyptiennes »
[10 mai - jeudi de l’Ascension]
17 mai : Guy Barthèlemy : « Les Carnets de voyage en Égypte de Fromentin et l’inauguration du canal de Suez”
24 mai : Léon Buskens (Université de Leyde) : “La lutte pour le passé marocain continue”
31 mai : Marie Gautheron (ENS), avec Jacques Frémeaux, Michel Mégnin & François Pouillon : “Sur l’exposition L’Algérie de Gustave Guillaumet (1862-1887) au musée des Beaux-Arts de La Rochelle”
Mots-clés : Anthropologie, Anthropologie historique, Anthropologie sociale, Anthropologie visuelle, Archéologie, Arts, Coloniales (études), Ethnographie, Ethnologie, Historiographie, Image, Islam, Littérature, Musées, Orientalisme, Post-coloniales (études), Sociologie, Visuel,
Aires culturelles : Afrique, Arabe (monde), Maghreb, Méditerranéens (mondes), Musulmans (mondes), Sahara, Transméditerranée, Transnational/transfrontières,
Suivi et validation pour le master : Hebdomadaire annuel (48 h = 2 x 6 ECTS)
Domaine de l'affiche : Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie
Intitulés généraux :
Renseignements :
par courriel à l'un des enseignants.
Direction de travaux d'étudiants :
sur rendez-vous.
Réception :
sur rendez-vous pris avec l'un des enseignants.
Site web : http://imaf.cn.fr/spip.php?article204
Site web : http://imaf.cnrs.fr/spip.php?article15
Adresse(s) électronique(s) de contact : pouillon(at)ehess.fr, dominique.casajus(at)cnrs.fr, Jacques.Fremeaux(at)paris-sorbonne.fr, sylvette.larzul(at)wanadoo.fr, francois.lissarrague(at)ehess.fr, mercedes.volait(at)inha.fr
Le colloque « Collectionner le monde musulman » (Leiden, 2-3 novembre 2017) organisé par Léon Buskens (Université de Leyde) et Mercedes Volait, avec la participation de François Pouillon, a été le catalyseur d’une perspective de recherche qui a dominé cette année : s’occuper de relations plus que d’identités ou, plutôt, regarder comment celles-ci se construisent dans des relations dialogiques. Une illustration en a été donnée d’emblée avec un exposé de Jean-Gabriel Leturcq (Musée du Louvre) sur l’expérience accumulée lors de sa participation à la mise en place d’un « Louvre » à Abu-Dhabi.
Dans cette ligne, plusieurs exposés ont porté sur un décryptage des regards croisés et des relations en miroir entre intellectuels « indigènes » et analystes occidentaux : ainsi sur la position particulière de la femme au M’zab (Sahara algérien) selon un important ethnologue, Émile Masqueray, et des ulémas locaux, par Augustin Jomier (INaLCO) ; à propos des débats juridiques complexes soulevés par la succession d’un banquier juif tunisien, mort en Italie à la veille du Protectorat, par Jessica Marglin (Université de Californie) ; à propos des regards sur les pèlerinages à La Mecque au tournant du XXe siècle selon les témoignages de Paul Gillotte et de Mohamed ben Cherif, par Luc Chantre (Université de Poitiers) ; sur la construction d’une poésie Kabyle dans le cadre de l’Algérie française par Michèle Sellés-Lefranc ; sur le statut local d’une ruine dans une campagne de fouilles à Sijilmâsa (Maroc) par Clémentine Gutron (FNRS) ; sur l’élaboration d’une identité nationale au Maroc au regard des ethnographies (Gellner et sa suite marocaine) qui lui furent appliquées dans l’histoire coloniale et post-coloniale par Léon Buskens.
Dans le registre des représentations sur les supports les plus divers, François Lissarrague (EHESS) a repris le dossier orientalisme et antiquité avec l’analyse appliquée aux thermes antiques dans le grand Dictionnaire des Antiquités grecques et romaines de Daremberg et Saglio en relation avec la découverte coloniale des bains « turcs » ; Marie Gautheron (ENS Lyon) a présenté l’Algérie de Gustave Guillaumet à travers l’exposition qu’elle a coorganisée au musée de La Rochelle ; Sophie Basch (Université Paris-Sorbonne) est revenue sur son édition des Désenchantées (1906) de Pierre Loti ; Gianluca Parolin (Université Agha-Khan, Londres) a analysé la représentation du monde de la justice dans les feuilletons contemporains de la télévision égyptienne ; Louis Blin a repris les analyses de son livre sur les représentations du monde arabe dans les albums de Tintin (L’Harmattan, 2016). À l’occasion d’une exposition sur le canal de Suez à l’Institut du Monde Arabe, François Pouillon et Guy Barthélemy ont repris le dossier documentaire (peinture, photographies, littérature de voyage) sur cet événement dont on allait fêter le 150e anniversaire.
Un certain nombre d’itinéraires aventureux entre Orient et Occident ont encore fait l’objet d’exposés circonstanciés : Ferenc Toth (Université de Budapest) est revenu sur le témoignage d’un voyageur hongrois, le baron de Tott (1784), à propos des marges arabes de l’Empire ottoman ; Sylvette Larzul a fait le portrait d’une figure originale : Lucie Delarue-Mardrus, l’épouse du traducteur des Mille et une nuits ; Jean-Philippe Bras a fait l’histoire de l’« arrêté Alapetite », du nom d’un Résident général en Tunisie au début du XXe siècle, concernant les droits fonciers reconnus sur les terres « collectives » des indigènes. Jacques Frémeaux a reconstruit son itinéraire intellectuel et son « temps retrouvé » en quelque sorte, à partir d’un collage de citations d’auteurs. Dominique Casajus a poursuivi son analyse transculturelle de la géomancie touarègue, entreprise engagée depuis plusieurs années qui devrait trouver bientôt son aboutissement.
Publications
François Pouillon
Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 28 février 2018.