Logo EHESS

baobab
Base de données des enseignements et séminaires de l'EHESS

Villes et sciences sociales

S'il s'agit de l'enseignement principal d'un enseignant, le nom de celui-ci est indiqué en gras.

1er, 3e et 5e mardis du mois de 17 h à 19 h (salle 4, 105 bd Raspail 75006 Paris), du 7 novembre 2017 au 29 mai 2018

À diverses périodes et dans divers sites, la ville est devenue un objet d’étude pour les sciences sociales. Mais cette récurrence peut être trompeuse : c’était souvent d’une autre ville qu’il s’agissait. Le séminaire se propose d’explorer la conjoncture scientifique actuelle des travaux sur les villes, tout en la resituant dans une histoire plus longue. On peut de cette façon mieux comprendre la façon dont ont été construites les questions auxquelles la recherche s’efforce aujourd’hui de répondre et examiner de façon critique les définitions de l’objet dont nous sommes les héritiers et les acteurs.

On présentera et discutera des recherches empiriques – principalement en histoire et en sociologie – portant sur des objets précis : vie quotidienne et interactions spatiales, habitation et quartier, production du cadre bâti et des divisions de la ville, action réformatrice et politiques publiques. Les terrains d’investigation varieront dans le temps et dans l’espace, avec une attention particulière cette année à la place du « peuple » dans la ville, envisagé comme acteur ou comme objet de réforme. On considérera également les contextes de production et de réception des travaux ainsi qu’aux circulations entre disciplines qui ont présidé aux évolutions méthodologiques des recherches sur la ville.

Mardi 7 novembre 2017 : Isabelle Backouche, « Le peuple de Paris sur les bords de Seine : une approche de la ville »

  • La trace du fleuve. La Seine et Paris (1750-1850), Paris, Ed. de l’EHESS, 2e éd. 2016

Mardi  21 novembre 2017 : Nicolas Larchet (Université du Havre), « Changer la ville, changer ses habitants, changer leurs habitudes ? Une enquête à la Nouvelle Orléans après Katrina »

  • La catastrophe comme prétexte à l’action. Réformer l’alimentation au lendemain de Katrina », Terrain, n° 54, 2010 (dossier « Catastrophes »), p. 80-99.

Mardi 5 décembre 2017 : Christian Topalov, « Le peuple de Paris au temps de la rénovation bulldozer : Henri Coing, Rénovation urbaine et changement social (1965) »

  • « ‘Traditional Working-Class Neighborhoods’ : An Inquiry into the Emergence of a Sociological Model in the 1950s and 1960s », Osiris, vol 18, 2003, p. 212-233.

Mardi 19 décembre 2017 : Christian Topalov, « Le peuple de Paris au temps de l’histoire économique et sociale : Gérard Jacquemet, Belleville au XIXe siècle (1984) »

  • Gérard Jacquemet, « Belleville ouvrier à la Belle Epoque », le Mouvement social, n° 118, janvier-mars 1982, p. 61-77.

Mardi 16 janvier 2018 : Margareth Pereira (Université fédérale de Rio de Janeiro), « Histoires en images, histoire des images »

  • « Lorsque tout devient paysage: les tableaux panoramiques de Rio de Janeiro », in Julio Bandera (org.), Brazil, Brasil, Bruxelles, Bozart, 2011, p. 63-69.

Mardi 30 janvier 2018 : Margareth Pereira (Université fédérale de Rio de Janeiro), « Penser par nébuleuses pour écrire l'histoire des villes au Brésil aujourd’hui »

  • « Rio et São Paulo: Histoires capitales. Deux villes brésiliennes dans la mondialisation du XIXe siècle », Cahiers de la recherche architecturale, n° 54, 2006, p. 17-27.

Mardi 6 février 2018 : Maurizio Gribaudi (EHESS-CRH), « La fabrique de la ville par le peuple de Paris »

  • Paris, ville ouvrière. Une histoire occultée. 1789-1848, Paris, la Découverte, 2014.

Mardi 20 février 2018 : Atelier : travaux étudiants

Mardi 6 mars 2018 : Isabelle Backouche, Lectures croisées : Christian Topalov, Histoire d’enquêtes. Londres, Paris, Chicago, 1880-1930 (2015)

Mardi 20 mars 2018 : Christian Topalov, Lectures croisées : Isabelle Backouche, Paris transformé. Le Marais : de l’îlot insalubre au secteur sauvegardé (2016)

Mardi 3 avril 2018 : Yannis Tsiomis, « Athènes à soi-même étrangère. Naissance d’une capitale néo-classique (Parenthèses, 2017) »

  • À propos d’un livre récent

Mardi 15 mai 2018 : Stéphane Baciocchi (EHESS-CRH), Isabelle Backouche et Christian Topalov, « Enquête “Philanthropes dans la ville (Paris, 1900) » : les espaces charitables vus d’en haut »

Mardi 29 mai 2018 : Isabelle Backouche et Christian Topalov, « Enquête “Philanthropes dans la ville (Paris, 1900) » : les espaces charitables vus d’en bas »

Aires culturelles : Amérique du Nord, Amérique du Sud, Europe, France,

Suivi et validation pour le master : Bi/mensuel annuel (24 h = 6 ECTS)

Mentions & spécialités :

Domaine de l'affiche : Histoire - Histoire et civilisations de l'Europe

Intitulés généraux :

  • Isabelle Backouche- Histoire urbaine. Les territoires d'une capitale, XIXe-XXe siècles
  • Christian Topalov- La ville : sciences, pouvoirs, sociétés
  • Renseignements :

    le séminaire est ouvert aux étudiants inscrits dans toutes les disciplines des sciences sociales. Il abordera leur mise en œuvre sur le terrain urbain à partir de dossiers empiriques et soulignera les échanges de méthode.

    Direction de travaux d'étudiants :

    les étudiants souhaitant s'inscrire en master ou en thèse doivent solliciter les enseignants par courriel en envoyant un projet plus ou moins développé selon le niveau d'inscription envisagé.

    Réception :

    réception sur rendez vous contracté par courriel.

    Niveau requis :

    les étudiants de master et en doctorat, de l'EHESS et d'autres institutions.

    Site web : http://crh.ehess.fr/index.php?99

    Adresse(s) électronique(s) de contact : isabelle.backouche(at)ehess.fr, christian.topalov(at)ehess.fr

    Compte rendu

    J’ai donné à nouveau mon séminaire en commun avec Isabelle Backouche, sous l’intitulé « Villes et sciences sociales ». Le séminaire se propose d’illustrer la conjoncture scientifique actuelle des travaux sur les villes, tout en la resituant dans une histoire plus longue. L’objectif est de mieux comprendre la façon dont ont été construites les questions auxquelles la recherche s’efforce aujourd’hui de répondre et examiner de façon critique les définitions de l’objet dont nous sommes les héritiers et les acteurs.
    Une attention particulière a été accordée cette année à l’usage de la catégorie de « peuple » dans les études sur la ville, que le peuple soit envisagé comme acteur de la vie urbaine, ou comme objet de réforme. Isabelle Backouche est revenue sur ses travaux, récemment réédités, qui approchent les transformations de Paris en observant les diverses formes de la présence du peuple sur les bords de la Seine et le processus par lequel cette présence a été régulée, puis éliminée par les autorités urbaines (La trace du fleuve. La Seine et Paris (1750-1850), Éd. de l’EHESS, 2e éd. 2016). Christian Topalov a présenté trois aspects de la conjoncture de recherche dans la période 1960-1975. L’ouvrage, devenu « classique », d’Henri Coing sur un îlot du XIIIe arrondissement de Paris (Rénovation urbaine et changement social, Éd. ouvrières, 1965) a permis d’analyser comment la catégorie de « quartier populaire » était construite et utilisée dans une enquête sociologique. Le livre posthume de Gérard Jacquemet sur Belleville (Belleville au XIXe siècle, Éd. de l’EHESS, 1984) a permis d’approcher la circulation de la catégorie entre les disciplines, ici en histoire économique et sociale. Enfin, l’historiographie des quartiers ouvriers de Londres de la fin du XIXe siècle, telle que promue par History Workshop à la même époque a été présentée et discutée. Ces séances qui revenaient sur un passé plus ou moins récent ont nourri une réflexion qui s’est exercée ensuite sur l’ouvrage de Maurizio Gribaudi (Paris, ville ouvrière. Une histoire occultée, 1789-1848, la Découverte, 2014), que l’auteur est venu présenter. On a pu constater les apports d’une description du tissu morphologique et social parisien construite d’abord à l’échelle de parcelle – qui permet de comprendre les formes spatiales de l’industrialisation de Paris à partir des années 1790 – et poursuivie ensuite à celle de la capitale tout entière – qui permet notamment de comprendre la géographie sociale des mobilisations collectives ouvrières, celle de juin 1848 en particulier.
    Nicolas Larchet (Université du Havre) a présenté son enquête à la Nouvelle Orléans après le cyclone Katrina en examinant comment la catastrophe a été l’occasion de faire du peuple de la ville un objet de réforme. Il a ainsi noué trois façons de décrire le processus de reconstruction : changer la ville, changer ses habitants, changer leurs habitudes.
    Le séminaire a bénéficié de l’invitation de Margareth Pereira (Université fédérale de Rio de Janeiro) comme directrice d’études. Spécialiste d’études urbaines, elle a traité deux thèmes de caractère méthodologique, qu’elle a illustrés par ses propres enquêtes : d’abord, « Histoires en images, histoire des images », ensuite « Penser par nébuleuses pour écrire l’histoire des villes au Brésil aujourd’hui ».
    Parmi les publications récentes d’histoire des villes, l’ouvrage de Yannis Tsiomis sur la genèse d’Athènes capitale après la création de l’état grec en 1830 (Athènes à soi-même étrangère. Naissance d’une capitale néo-classique, Parenthèses, 2017) est important. Il constitue un modèle de recherche sur la production d’un plan de ville, mais aussi une façon originale de décrire le « néo-classicisme » de l’Athènes nouvelle comme le résultat de l’élaboration européenne d’une modernité – à rebours des lectures habituelles centrées sur un imaginaire antique prêté aux architectes. L’auteur est venu présenter sa recherche.
    La fin de l’année a été marquée par deux faits d’actualité en matière de réformes universitaires : localement, le débat sur les modalités de la participation de l’EHESS à Paris Sciences et Lettres Research University et, nationalement, l’introduction de la sélection des bacheliers à l’entrée de l’université par la nouvelle procédure d’inscription Parcoursup. Ces enjeux nous ont paru suffisamment importants pour que nous changions le programme des dernières séances du séminaire, qui furent consacrées à des exposés substantiels suivis de débats avec les étudiants et les collègues qui nous ont rejoints à cette occasion : « Du rapport Aghion (2010) au jury IDEX (session 2018) : regroupements d’établissements et mise en concurrence généralisée », puis « Parcoursup : procédure, algorithmes, résultats attendus ».

    Publications
    Christian Topalov

    • Avev S. Ginalski, « Le monde charitable représenté : réseaux d’acteurs et “concordat charitable” à Paris en 1900 », Revue d’histoire moderne et contemporaine, Paris, vol. 64, n° 3, 2017, p. 90-124.
    • « Paris, “capitale de la charité”, fin XIXe siècle », Histoire urbaine, Paris, n° 52, 2018, introduction, p. 5-14.
    • « Les mondes sociaux de la charité parisienne en 1900 », Histoire urbaine, Paris, n° 52, 2018, p. 91-119.
    • « Mobilisations sociales et espaces urbains : une expérimentation historienne », dans La ville est à nous ! Aménagements urbains et mobilisations sociales depuis le Moyen Âge, sous la dir. d’I. Backouche et al., Paris, Éditions de la Sorbonne (Histoire contemporaine 18), 2018, p. 327-349.
    • « La leçon d’Athènes. Yannis Tsiomis, Athènes à soi-même étrangère. Naissance d’une capitale néo-classique, Marseille, Parenthèses, 2017 » (Note critique), Genèses, Paris, n° 112, 2018, p. 154-160.
    • « Los mundos sociales de las torres de Buenos Aires : “las cosas no son tan así”… », dans Fronteras urbanas : los mundos sociales de las torres de Buenos Aires, sous la dir. d’E. Elguezabal, Buenos Aires, Café de las ciudades, 2018 (http://www.cafedelasciudades.com.ar).
    • « Petite histoire de la frontière, en France », dans Faces da frontiera III, sous la dir. de J. Luis Rebelo Porto, I. Cavlak et A. Estevam Noronha, Macapá, Editora da Universidade Federal do Amapá, 2018, p. 34-60.

    Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 2 février 2018.

    Contact : service des enseignements ✉ sg12@ehess.fr ☎ 01 49 54 23 17 ou 01 49 54 23 28
    Réalisation : Direction des Systèmes d'Information
    [Accès réservé]