Cet enseignant est référent pour cette UE
S'il s'agit de l'enseignement principal d'un enseignant, le nom de celui-ci est indiqué en gras.
Enseignement suspendu durant l'année universitaire 2017-2018
Ce séminaire propose une introduction à l’étude de sources historiques dans les études environnementales. L’hypothèse de l’anthropocène, selon laquelle la terre est entrée dans une nouvelle ère de son histoire géologique, suscite de nombreux débats en sciences sociales. L’Anthropocène entend à la fois désigner un épuisement ou un effondrement des paradigmes modernes, qui auraient présidé à la prise en charge des relations des sociétés au monde matériel, et appeler à une recomposition, voire à une refondation, du projet des sciences sociales. Ces invitations vont de pair avec une redistribution des places et des rôles entre sciences de la terre et sciences sociales, alors que le projet sociologique – héritier du XIXe siècle – entendait justement fonder une trajectoire d’autonomie des sciences sociales confortant la séparation entre une société « domaine des hommes » et une nature « domaine des choses ». La désignation d’un seuil de rupture dans l’histoire géologique de la terre confie implicitement à l’histoire un rôle essentiel dans les formes de déchiffrement de la réalité écologique et humaine ouverte à la réinterprétation par la « géohistoire ». Cette place centrale accordée à l’histoire n’est pas sans ambiguïtés. On confie en quelque sorte à l’histoire un rôle d’unificateur, avec la construction d’un « grand récit » caractérisé par sa cohérence. Malgré les mises en garde contre ce type de « grand récit », qui serait le nouvel avatar d’un discours de bon usage de la terre, les auteurs confient à l’histoire un rôle ambigu. L’ouverture à la très longue durée conduit ainsi paradoxalement à une vision très simplificatrice des temporalités et des dynamiques et trajectoires temporelles. Par le biais de ce grand récit, on observe notamment un écrasement des temporalités passées, conduisant à penser les expériences historiques dans les seules catégories de sociétés préindustrielles et post-industrielles, et on essentialise les grandes ruptures pourtant maintes fois critiquées, comme la « révolution scientifique » et la « révolution industrielle ». C’est souvent un retour à l’histoire des idées. Il s’agira donc dans ce séminaire de nous interroger sur la façon de penser l’historicité des expériences humaines de l’environnement : comment analyser la longue durée des phénomènes socio-écologiques sans réduire les phénomènes sociaux à de grandes catégories idéelles ? Comment restituer les processus historiques qui président à une crise écologique décrite sur le mode de la rupture et de l’irréversibilité avec l’ère de l’anthropocène ? Comment faire une place aux dynamiques temporelles, jouant à différentes échelles dans lesquelles les acteurs engagent leurs actions ?
Le séminaire envisage ces différentes questions à partir d’un examen des sources et de leurs usages. Sociologues, anthropologues, géographes, politistes… tous les chercheurs – outre les historiens – ont affaire à un moment ou un autre de leurs enquêtes à des objets et des documents « historiques ». Comment se saisir de ces documents ou de ces objets, produits par les acteurs pour des finalités pratiques différentes de celles de l’enquête du chercheur ? S’agit-il de simples stocks d’informations ou encore d’indices de relations de savoirs et de pouvoirs ?
Le séminaire aborde aussi la question des récits. Que ce soit pour faire l’histoire des réflexivités environnementales des sociétés du passé, dans l’étude des communs, ou encore dans celle des savoirs écologiques des sociétés, la compréhension de la longue durée des phénomènes socio-écologiques joue un rôle important. Comment répondre à ce besoin actuel d’histoire dans les humanités environnementales ? Ce séminaire propose d’examiner de façon critique en quoi diffèrent les usages du passé — avec la constitution de récits historiques —, et les usages des sources et des archives historiques — parfois dans des cadres judiciaires ou de conflits.
Nous explorerons donc une grande variété de sources disponibles pour aborder les études environnementales et territoriales. Les séances alterneront des études de textes de l’historiographie, appuyée avec leurs sources, et des séances où un.historien proposera un document ou une série documentaire (cartes, documents administratifs, statistiques, procès, règlements ou lois, photographies, données archéologiques, films, objets…), les publications scientifiques qu’il.elle en ont fait et les étudiants discuteront avec lui.elle des usages qu’il.elle en a faits.
Pour avoir accès aux documents et connaître les conditions de validation contacter Alice Ingold.
Mots-clés : Administration, Archives, Cartographie, Culture matérielle, Droit, normes et société, Enquêtes, Environnement, Espace, État et politiques publiques, Géographie, Histoire environnementale, Institutions, Milieu, Objets, Paysage, Rurales (études), Savoirs, Spatialisation, territoires, Temps/temporalité, Urbaines (études),
Suivi et validation pour le master : Bi/mensuel annuel (24 h = 6 ECTS)
Domaine de l'affiche : Histoire - Histoire et civilisations de l'Europe
Intitulés généraux :
Site web : http://crh.ehess.fr/index.php?627
Site web : http://www.cercec.fr/marc-elie.html
Adresse(s) électronique(s) de contact : ingold(at)ehess.fr
Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 12 septembre 2017.