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Base de données des enseignements et séminaires de l'EHESS

Théorie sociale de l’attachement

  • Serge Paugam, directeur d'études de l'EHESS, directeur de recherche au CNRS ( CMH )

    Cet enseignant est référent pour cette UE

S'il s'agit de l'enseignement principal d'un enseignant, le nom de celui-ci est indiqué en gras.

Vendredi de 9 h à 13 h (Campus Jourdan, salle R2-02 (2e étage), 48 bd Jourdan 75014 Paris), les 10 et 24 novembre, 1er et 8 décembre (salle R1-09) 2017, 12, 19 et 26 janvier, 2, 9 et 16 février, 9, 16, 23 et 30 mars, 6 et 13 avril 2018

L'attachement renvoie aux différents types de liens qui attachent les individus entre eux et à la société. Dans le prolongement du séminaire de l’année dernière, il s'agit d'analyser comment ces liens s'entrecroisent en chaque individu pour permettre son attachement à la société, mais aussi comment les sociétés construisent et transforment les normes de cet entrecroisement. Comment et jusqu'où peut-on et doit-on être à la fois solidaire de sa famille, solidaire de ses divers groupes d'appartenance affinitaire, solidaire de son entreprise ou de son groupe professionnel et solidaire de sa nation ? Si cette question se pose à chaque être humain et correspond en cela à une interrogation de nature universelle, la réponse diffère selon les milieux sociaux, mais aussi et surtout selon les sociétés. Dès lors, la question centrale du séminaire est de comprendre les fondements anthropologiques de la solidarité humaine tout en analysant sociologiquement ses formes variables dans le monde contemporain, aussi bien dans les sociétés économiquement développées que dans les pays émergents. À travers le concept d'attachement, il s'agit de mieux comprendre ce qui fait tenir ensemble les individus des sociétés modernes, mais aussi, a contrario, ce qui les fragilise. Autrement dit, étudier l'attachement dans les sociétés modernes, c'est aussi bien prendre en compte la force et la permanence que la vulnérabilité et la rupture des liens sociaux. Le séminaire propose d’ancrer la recherche dans la pluralité des sciences sociales, de mener des enquêtes comparatives et de s'appuyer sur des sources de données variées, notamment juridiques.

Suivi et validation pour le master : Hebdomadaire annuel (48 h = 2 x 6 ECTS)

Mentions & spécialités :

Domaine de l'affiche : Sociologie

Intitulés généraux :

  • Serge Paugam- Sociologie des inégalités et des ruptures sociales
  • Renseignements :

    l'incription au séminaire est soumise à la présentation préalable d'un projet de recherche.

    Direction de travaux d'étudiants :

    séances méthodologiques collectives prévues après le séminaire et sur rendez-vous. 

    Réception :

    sur rendez-vous. Contact par courriel.

    Site web : http://serge-paugam.fr

    Adresse(s) électronique(s) de contact : paugam(at)ehess.fr

    Compte rendu

    Dans les sociétés modernes, la notion de solidarité est souvent associée à l’État-providence et aux politiques sociales. Elle est devenue un sujet de recherches à part entière, investi par des spécialistes de ces questions au croisement de l’économie, des sciences politiques, de l’histoire et de la sociologie et qui se reconnaissent souvent sous le vocable d’« économie sociale ». Pourtant, la solidarité ne se limite pas à l’organisation et à la régulation institutionnelle de la protection sociale. Elle correspond avant tout à ce qui attache les individus entre eux depuis les sociétés primitives jusqu’aux sociétés contemporaines à tel point que l’on peut y voir l’un des fondements anthropologiques de la vie sociale. C’est dans cette perspective analytique que le séminaire a été envisagé.
    Il a été l’occasion d’une réflexion sur le concept de solidarité en confrontant l’usage sociologique à l’usage social et politique qui en est fait de façon souvent concomitante. Par exemple, le développement de la doctrine du solidarisme à la fin du XIXe siècle a sans doute contribué à brouiller ou à reléguer au second plan la définition sociologique des concepts de solidarité mécanique et de solidarité organique que Durkheim avait élaborés dans sa thèse, ce qui explique, au moins partiellement, pourquoi il n’y fit plus référence par la suite, lui préférant le concept d’attachement aux groupes dont l’avantage est de prendre en compte la pluralité des liens sociaux, c’est-à-dire l’ensemble des liens qui attachent les individus entre eux et à la société.
    Le séminaire a permis de distinguer analytiquement les liens d’interdépendance et les liens de dépendance et de revenir ainsi sur les formes de contrainte et de domination qui caractérisent les relations sociales. Nous avons également comparé le concept d’empreinte que les psychiatres et les psychologues utilisent dans le prolongement des travaux de John Bowlby et le concept d’habitus couramment utilisé par les sociologues, ce qui nous a conduits à réfléchir à la possibilité d’un rapprochement une fois dépassés les problèmes de traduction qu’implique le passage d’une discipline à l’autre. Dans cet esprit, il nous a semblé possible de parler d’un habitus de l’attachement. Enfin, le séminaire a permis de poursuivre l’examen approfondi des indicateurs statistiques des régimes d’attachement et d’analyser à partir de données internationales la corrélation de ces derniers avec les indicateurs classiques de développement (PIB/IDH), d’inégalités (Gini/Pauvreté-exclusion/Gender Gap) et de démarchandisation (indicateur d’Esping-Andersen).
    Plusieurs chercheurs étrangers ont présenté leurs travaux dans ce séminaire en s’efforçant de les mettre en lien avec la thématique générale de l’attachement : Mathieu Lizotte (Université Laval/Statistique Canada), Neiva Vieira (Université de l’État de Rio de Janeiro/UERJ), Christian Suter (Université de Neuchâtel), Guillermo Pérez Sosto et Mariel Romero (Cátedra UNESCO sobre las manifestaciones actuales de la cuestión social y Instituto Torcuato Di Tella, Buenos Aires), Aya Abe (Research Center for Child and Adolescent Poverty/Tokyo Metropollitan University). Par ailleurs, plusieurs étudiants en thèse ou en master à l’EHESS ont présenté leurs travaux en lien avec le séminaire : Linda Haapajärvi, Rébecca Ndour, Elsa Carvalho, Manuel Roland, Lauriane dos Santos et Iva Čápová.

    Publications

    • Le lien social, Paris, PUF « Que sais-je ? », 4e édition mise à jour, 2018.
    • « Les formes élémentaires de la pauvreté. Existe-t-il une spécificité japonaise ? », Nichifutsu Bunka, Revue de collaboration culturelle franco-japonaise, Tokyo, n° 87, 2018, p. 155-165.
    • « Clasificatión y descalificación de la pobreza », entrevista com Serge Paugam por Emmanuelle Barozet, Mauro Basaure y Clemencia González, dans Investigación y teoría crítica para la sociedad actual, sous la dir. de M. Basaure et D. Montero, Barcelone, Anthropos Editorial, 2018, p. 163-177.
    • « Durkheim et l’attachement aux groupes. Une théorie sociale inachevée », dans Durkheim aujourd’hui, sous la dir. de C.-H. Cuin et R. Hervouet, Paris, PUF, Le lien social, 2018, p. 189-213.
    • Dictionnaire des inégalités et de la justice sociale, Paris, PUF, « Quadrige », 2018, sous la dir. de P. Savidan (entrées « Disqualification sociale » p. 337-344, « Intégration », p. 797-803, « Lien social », p. 990-997, « Pauvreté », p. 1254-1261, « Solidarité », p. 1534-1541).
    • Préface à Pauvrophobie. Petite encyclopédie des idées reçues sur la pauvreté, Le Forum – Bruxelles contre les inégalités, Éditions Luc Pire, 2018.

    Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 2 août 2017.

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