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Jeudi de 10 h à 13 h (IMAF, Centre Malher, 9 rue Malher 75004 Paris), les 12 octobre, 9 novembre, 14 décembre 2017, 11 janvier, 8 février, 8 mars, 12 avril, 17 mai et 14 juin 2018
Ce séminaire est organisé par une équipe multidisciplinaire qui enquête sur la dimension genrée des sociétés, le genre étant davantage compris comme une grille de lecture que comme une thématique en soi. Il s’agira de saisir les modalités selon lesquelles les sociétés africaines, les Africain-e-s en migration ou les Européen-ne-s en contexte africain définissent les identités et les assignations de genre, et organisent les rapports sociaux de sexes. Si l’un des postulats est que toute relation sociale est genrée, on s’attachera cependant à souligner la fluidité des identités de genre – y compris masculines – sans oublier que d’autres variables (statut, classe, âge…) sont toujours à l’œuvre dans l’élaboration des relations sociales d’altérité, des rapports interpersonnels, comme des identités personnelles.
Mots-clés : Anthropologie, Féminisme, Genre, Histoire, Sexualité,
Aires culturelles : Afrique, Arabe (monde),
Suivi et validation pour le master : Mensuel annuel/bimensuel semestriel (8x3 h = 24 h = 6 ECTS)
Intitulés généraux :
Centre : IMAF - Institut des mondes africains
Renseignements :
secrétariat de l'Institut des mondes africains par courriel : Elisabeth.Dubois(at)ehess.fr.
Direction de travaux d'étudiants :
sur rendez-vous.
Réception :
sur rendez-vous. Contact : Anne Doquet par courriel.
Niveau requis :
licence 3.
Site web : http://imaf.cnrs.fr/
Adresse(s) électronique(s) de contact : annedoquet(at)yahoo.fr, anne.hugon(at)wanadoo.fr
Au fil des neuf séances au cours de l’année, le séminaire Dynamiques du genre en Afrique a été le lieu d’une exploration élargie des identités, des assignations de genre et de l’organisation des rapports sociaux de sexe, à travers la présentation de travaux d’historien.nes et d’anthropologues.
Le séminaire s’est ouvert par deux interventions portant sur les intimités transnationales. Altaïr Despres a ainsi exposé ses travaux portant sur les couples d’Européens et d’Africains formés dans le contexte touristique de Zanzibar, tandis qu’Hélène Quashie a exploré le contexte sénégalais dans le milieu des expatriés. Les migrations, ici d’Européens vers l’Afrique, viennent ainsi questionner les relations de genre et s’entrecroisent avec celles de « race ». C’est la catégorie d’âge, toujours à travers le processus migratoire, que Mélanie Jacquemin a quant à elle interrogé en même temps que celle de genre, en retraçant les trajectoires et les aspirations de jeunes travailleurs et travailleuses migrants au Sénégal et en Côte d’Ivoire. Deux séries de questions ont guidé sa présentation : filles et garçons migrent-ils de la même manière dans des contextes, certes de grande pauvreté économique, mais où les normes sociales genrées pèsent encore fortement sur la jeunesse et les représentations de la réussite sociale ? Quels types de trajectoires et d’activités exercent filles et garçons, selon quelles stratégies et quelles contraintes ?
Au moins trois exposés ont analysé la manière dont les nationalismes ou les luttes politiques se sont articulés avec la question du genre. Elena Vezzadini s’est ainsi penchée sur les articles de la presse soudanaise dans les années 1950 et sur la manière dont la « question féminine » y était traitée. Ces articles dressent un portrait très sombre des femmes : elles seraient les principales responsables de la perpétuation de certaines « coutumes obsolètes » et de rituels « barbares ». Mais ces articles mobilisent aussi le langage des émotions et des affects afin de pousser le public à s’engager pour l’amélioration de la condition féminine. Ils désignent encore les « bonnes » et les « mauvaises » émotions dans l’objectif de changer la société soudanaise et la préparer à l’indépendance imminente. Didier Nativel s’est quant à lui intéressé à la façon dont les concours de beauté, lieux d’affirmation de normes de genre, ont tenté de donner une image moderne de l’Empire portugais au moment (au début des années 1970) où il se trouvait le plus menacé. Enfin, Pauline Bernard a présenté ses recherches portant sur les femmes combattantes au sein de la National Resistance Army en Ouganda (1981-1986), en montrant comment les trajectoires de ces femmes se sont dessinées entre émancipation et engagement politique.
Une autre séance a été consacrée à la question des masculinités à partir de deux exposés examinant des contextes très différents. Dominique Connan, à partir d’une enquête ethnographique menée au Kenya dans les clubs, a montré comment le legs institutionnel du colonialisme, la sociabilité des élites et la formation de l’État s’y rencontraient. Ce sont des trajectoires bien différentes qu’Alice Aterianus-Owanga a, quant à elle, analysées puisqu’elle s’est intéressée aux danseurs de rap et de sabar, à la fois à Libreville où les scènes rap sont le lieu d’affirmations de masculinités viriles et de discours hétérosexistes et dans différentes villes d’Europe où des musiciens et danseurs sénégalais recréent via l’enseignement et la performance du sabar en Europe des masculinités africaines « traditionnelles ». En comparant ces deux mondes de la musique, elle a démontré l’importance d’une approche relationnelle des identités de genre, et décrit les types d’interactions et de transactions au travers desquelles se forment ces masculinités, entre des musiciens et des femmes qui les entourent.
Comme chaque année, une séance a été réservée, au mois de février, à la présentation des sujets de recherche des étudiant-es (master et doctorat). Deux séances, enfin, se sont appuyées sur un support particulier : l’une s’est articulée autour de la présentation du film À mots couverts, de Violaine Baraduc, sur les modalités d’engagement des femmes dans le génocide rwandais ; la seconde a consisté en une présentation de l’ouvrage de Silvia Bruzzi, dans lequel elle explore les mouvements islamiques et les dynamiques de genre dans le contexte de l’occupation coloniale italienne en Érythrée (1890-1941).
Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 12 septembre 2017.