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Base de données des enseignements et séminaires de l'EHESS

Anthropologie comparative du Sahel occidental musulman

S'il s'agit de l'enseignement principal d'un enseignant, le nom de celui-ci est indiqué en gras.

1er, 3e et 5e mercredis du mois de 15 h à 17 h (salle de réunion, IMAF, 2e étage, 96 bd Raspail 75006 Paris), du 15 novembre 2017 au 6 juin 2018. Séances supplémentaires le 23 mai et le 20 juin (même horaire, même salle)

Ce séminaire est consacré à l’anthropologie comparative des sociétés du Sahel occidental musulman (Sénégal, Mauritanie, Mali, Niger...) et de leurs diasporas, régionales et internationales. Nous poursuivons cette année l'étude de quatre thématiques : l’islam, les hiérarchies sociales de castes et d’esclavage, la migration ainsi que les relations de genre pour s’interroger sur l’unité de cette région. Loin de considérer les différentes configurations saheliennes comme des espaces disjoints, on s’attachera à comprendre leur continuité dans une perspective comparative en s’intéressant à l’historicité et la cohérence des économies morales, des institutions et des valeurs qui les organisent. Il s’agit enfin de dépasser les problématiques centrées sur des groupes définis en soi ou par leur origine, au profit de l’étude des dynamiques politico-religieuses de la région (jihad du XIXe, réformisme musulman…) et de l’analyse des relations qui constituent et articulent les catégories sociales locales et rendent compte de leur mutabilité.

Les thématiques abordées cette année seront variées: de l'anthropologie historique des savoirs coraniques à l'économie domestique du plaisir en passant par les frontières sahariennes de l'europe ou Boko-Haram. 

Mercredi 2 mai 2018 : Anna Dessertine (Laboratoire d’ethnologie et de sociologie comparative, Université Paris-Nanterre), « Le développement de la territorialisation en contexte minier guinéen : mutations spatiales et dynamiques de pouvoir »

Cette intervention s’intéresse à l’introduction des pratiques de délimitation spatiale dans la région de la Haute-Guinée (Nord-est de la Guinée Conakry). Dans ce contexte, les représentations vernaculaires des espaces reposent sur un modèle organisé autour d’un centre mais sans délimitation précise. L’intensification de l’exploitation minière industrielle tend toutefois à imposer un découpage territorial des espaces. Ce processus de délimitation spatial que les géographes qualifient de « territorialisation », se manifeste notamment par des interventions militaires visant à expulser les orpailleurs des terrains cédés par l’État pour la recherche industrielle, et entraîne la multiplication des interactions – parfois violentes – entre populations et autorités étatiques. Mon objectif sera d’analyser ces manières de faire espace comme des « technologies politiques » qui vont de paire avec des formes d’autorité différentes : alors que les conceptions spatiales locales supposent une forme d’autorité qui se construirait dans la réactualisation des relations de séniorité au sein des espaces domestiques, la conception territoriale inscrirait physiquement la présence de l’État à travers la militarisation des espaces.

Mercredi 16 mai : Etienne Smith (chercheur associé au CERI-Sciences Po), La négritude de terrain : sociologie autodidacte et invention morale des terroirs dans les écrits ethnographiques des instituteurs africains d'AOF (1913-1959)

Quoi de commun entre le mémoire de fin d’études de l’école normale de Modibo Keita sur l’enfance en milieu soninké (1936), l’article d’Abdoulaye Sadji sur l’intérêt historiques des traditions orales (1936),  l’étude de Fily Dabo Sissoko sur la politesse en pays bambara (1936), le pamphlet de Yacine Diallo sur la condition des femmes en Guinée (1938), ou encore les notes sur l’histoire de l’empire du Mali de Mamby Sidibé (v1937) ou sur Samory de Dominique Traoré (1934), les pièces de théâtre de Bocar Cissé ou Bernard Dadié (1937-1941),  les causeries sur la pratique ethnographique de Paul Hazoumé (1942), les débats entre jeunes diplômés sur le métissage et la mondialisation culturelle (1937-1942)? Ce ne sont quelques-uns des centaines de textes d’instituteurs africains écrits dans l’entre-deux-guerres, publiés en AOF ou pour certains restés inédits, qui fondent une « négritude de terrain ». 
Au sein de ce corpus qui a fait l’objet d’un ouvrage (Céline Labrune-Badiane et Etienne Smith, Les hussards noirs de la colonie. Instituteurs africains et petites patries en AOF, Paris, Karthala, 2018, coll. « Recherches Internationales »), cette communication s’intéresse ici tout particulièrement aux travaux menés dans le cadre scolaire (cahiers de l’Ecole normale William-Ponty et de Katibougou, publications dans le Bulletin de l’Enseignement en AOF) et aux débats sur les méthodes et les terrains des instituteurs et élèves-maîtres des années 1930. 
 
Mercredi 20 juin : Romain Simenel (chargé de recherche à l'IRD) Le Sahara comme espace de circulation des islams et des rapports entre oralité et écriture

Fin septembre 1999, à Al Moustarat, sur l’axe routier entre Gao et Kidal, des affrontements entre Arabes et Kunta firent trente-trois morts. Ces événements, peu commentés à l’époque, s’avèrent pourtant fondamentaux pour comprendre le bouleversement de l’échiquier des relations sociales, politiques et religieuses de cette partie du Sahara. Cependant, l’analyse de tels événements nécessite d’élargir la focale à tout l’Ouest Saharien, tellement l’imbroglio à l’origine du conflit fait intervenir des acteurs, des réseaux et des mouvements couvrant la totalité de l’Ouest Saharien. Cette diversité d’influence s’inscrit avant tout dans une dynamique de confrontation et de négociation entre des voies ou des dogmes de l’Islam différents et les rapports entre oralité et écriture qu’ils véhiculent.

Suivi et validation pour le master : Bi/mensuel annuel (24 h = 6 ECTS)

Mentions & spécialités :

Intitulés généraux :

Centre : IMAF - Institut des mondes africains

Renseignements :

par courriel.

Étienne Smith

Direction de travaux d'étudiants :

par courriel.

Réception :

sur rendez-vous par courriel.

Niveau requis :

master, doctorant, chercheur.

Adresse(s) électronique(s) de contact : ismael.moya(at)cnrs.fr, schmitz(at)ehess.fr, abdoucheikh222(at)gmail.com, pietro.fornasetti(at)ehess.fr, liadragani(at)yahoo.it, etienne.smith(at)sciencespo.fr

Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 18 juin 2018.

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