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Base de données des enseignements et séminaires de l'EHESS

Anthropologie de l’écriture : écrits d'action, écrits en action

  • Béatrice Fraenkel, directrice d'études de l'EHESS ( CMH )

    Cet enseignant est référent pour cette UE

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Mercredi de 15 h à 17 h (salle 5, 105 bd Raspail 75006 Paris), du 24 janvier au 13 juin 2018. Les quatre premières séances (24/01, 31/01, 07/02, 14/02) auront lieu en salle 4 (même adresse). Interruption des séances du 21 février au 28 mars. Reprise des séances le 4 avril. Pas de séance le 23 mai. La séance du 2 mai est annulée. La séance du 13 juin se déroulera de 10 h à 17 h (salle 5, 105 bd Raspail)

Le séminaire a un double objectif : étudier les textes fondateurs de l’anthropologie de l’écriture, présenter les  courants de recherche principaux du domaine lors d’interventions de chercheurs invités. L’importance accordée aux méthodes d’enquêtes et d’analyse est une des caractéristiques du séminaire.

Cette année nous partirons de la notion d’« écrits d’action » (Fraenkel 1992, 2001) initialement forgée pour qualifier les écrits du travail au sens large (travail productif, créatif, militant etc.), écrits qui l’accompagne, l’organise, en assure la traçabilité. Considérés du point de vue d’une théorie de l’action, ces écrits peuvent-ils être considérés comme des formes d’action ? Nous travaillerons sur des cas précis, en reprenant les propositions méthodologiques de différents auteurs (notamment Latour et les « mobiles immuables », le statut des documents chez Goffman et Garfinkel), en invitant différents chercheurs à présenter leurs travaux en cours et surtout en s’appuyant sur les projets des participants au séminaire en accordant une importance particulière aux écrits de création et d’innovation. Nous insisterons sur l’analyse des écrits en situation et en contexte, sur la prise en compte des dispositifs, des réseaux et des chaînes d’écriture. Enfin nous mettrons à l’épreuve une proposition méthodologique, celle de « biographies d’écrits » reprenant et adaptant la proposition féconde de Kopytoff (86) de produire des « biographies d’objets ».

11 avril 2018 (salle A07_37, 54 bd Raspail 75006 Paris) : Paul Sorrentino, EHESS, interviendra sur : "L'affaire Nguyễn Văn Liên. Une sécularisation de papier ? Question religieuse, science et bureaucratie dans le Vietnam des années 1990 "

2 mai 2018 : Yann Potin (maitre de conférence associé à L'université Paris XIII et chargé de recherches aux Archives Nationales), « Le double corps du Serment du Jeu de Paume : biographie d’un acte juré, transcrit et transmis (depuis le 20 juin 1789) »

Suivi et validation pour le master : Hebdomadaire semestriel (24 h = 6 ECTS)

Mentions & spécialités :

Domaine de l'affiche : Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie

Intitulés généraux :

  • Béatrice Fraenkel- Anthropologie de l’écriture
  • Renseignements :

    par courriel.

    Direction de travaux d'étudiants :

    direction de travaux sur rendez-vous, validation : réalisation d'un travail écrit.

    Réception :

    par courriel.

    Niveau requis :

    M1 minimum.

    Adresse(s) électronique(s) de contact : fraenkel(at)ehess.fr

    Compte rendu

    Bien que le séminaire ait débuté tardivement et qu’il ait été perturbé par plusieurs mouvements sociaux, nous avons tenu notre programme grâce à la participation très active des étudiants et à l’intervention stimulante de plusieurs collègues.
    L’objectif du séminaire était double : continuer le repérage conceptuel nécessaire à une approche des « écrits d’action et en action » et expérimenter les « biographies d’écrits » comme perspective et méthode d’analyse des écrits.
    D’un point de vue théorique, nous avons présenté la théorie d’Austin en mettant en évidence les malentendus qui pèsent sur la notion de performativité en raison de l’emploi du terme associé à la notion de « performance ». Dans cette tentative d’élucidation des significations et des usages des concepts, l’intervention de Luca Greco, professeur à l’Université de Lorraine, a été très éclairante : ce linguiste, spécialiste reconnu de l’analyse des performances artistiques, a présenté une histoire et un bilan des travaux de son domaine.
    Cette année, nous avons accordé une place privilégiée à la présentation de la notion de « sphères d’activité » de Bakhtine qui permet d’articuler une approche des écrits en situation et reliés à des genres discursifs préexistants. Nous avons comparé cette notion à celle de « cadres de l’expérience » de Goffman (1991).
    La deuxième partie du séminaire a été centrée sur les biographies d’écrit. Dans ce cadre, plusieurs invités sont intervenus. Judith Lyon-Caen, directrice d’études EHESS, a présenté sa thèse « les écrits des camps et des ghettos ne sont pas des sources mais des faits ». Le cas de la publication des écrits de Janina Hescheles, depuis la première publication en 1946 par M. Borwicz et Maria Hochberg jusqu’à celle de 2018 dont J. Lyon-Caen et L. Parnès ont été les éditeurs scientifiques a servi de fil directeur à l’analyse des actes éditoriaux comme actes d’écriture.
    Nous avons reçu également Élisabeth Lebovici au sujet de son livre « Ce que le sida m’a fait. Art et activisme à la fin du XXe siècle » (2017). L’abondante documentation graphique de l’ouvrage atteste de la centralité d’une production graphique autonome, pratiquée par de nombreux groupes, notamment d’artistes et de nombreux individus. Il s’agit surtout d’« éphemera » qui ont été collectés dès le début des luttes.
    Dans un autre registre, Paul Sorrentino est intervenu sur « L’affaire Nguyễn Văn Liên. Une sécularisation de papier ? Question religieuse, science et bureaucratie dans le Vietnam des années 1990 ». Il s’agit d’une enquête de terrain mais aussi d’un travail dans les archives du cabinet du premier ministre qui met en évidence la manière dont la bureaucratie fait face à un épineux problème religieux. Un medium prétend dialoguer avec des soldats morts afin de retrouver leurs corps égarés. En suivant les pérégrinations de différents écrits et dossiers, à la manière d’un Matthew Hull (Government of Paper : The Materiality of Bureaucracy, 2012), l’enquête montre comment cette affaire est progressivement sécularisée.
    Le 13 juin, le séminaire s’est achevé par une journée d’études. Vingt biographies d’écrit ont été présentées par les participants du séminaire.

    Publications

    • « Actos de escritura : cuando escribir es hacer », Thémata, nº56/2017, p. 319-333 (tr. en espagnol par Marina Aguilar Salinas de « Actes d’écriture : quand écrire c’est faire »), Langage et Société, 2007/3, n° 121-122, p. 101-112.
    • « Goody explore les technologies intellectuelles liées à l’écriture », dans Pour les Sciences Sociales. 101 livres, sous la dir. de C. Lemieux, Paris, Éditions EHESS, 2017, p. 161-164.
    • « Graffiter, verbe d’action » texte 7 et « Signatures et Graffiti » texte 17, dans Sur les murs. Histoire(s) de graffitis, sous la dir. L. Pressac, Paris, Éditions du Patrimoine, 2018.

    Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 4 juin 2018.

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