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Base de données des enseignements et séminaires de l'EHESS

Ethnographie globale de la mondialisation (cycle 6)

  • Laurent Berger, maître de conférences de l'EHESS ( LAS )

    Cet enseignant est référent pour cette UE

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Lundi de 11 h à 13 h (salle 8, 105 bd Raspail 75006 Paris), du 30 octobre 2017 au 12 février 2018. La séance du 4 décembre aura exceptionnellement lieu dans l'amphithéâtre Furet (même adresse, même heure). La séance du 5 février est reportée au 12 février de 9 h à 11 h (salle 8, 105 bd Raspail 75006 Paris)

Ce sixième cycle clôture l’identification des dispositifs d’enquête propres à l’anthropologie globale pour décrire et analyser les phénomènes de globalisation. Il s’agit d’étudier les pratiques afférentes au transfert des populations (humaines, animales et végétales), des informations, des richesses, des pouvoirs ou des formes de prestige d’une formation politique à l’autre, entre localités, provinces, régions et/ou continents. L’enjeu problématique est de déterminer par qui, pourquoi, où, et comment s’opèrent ainsi la mise en mouvement de flux, la mise en réseau de lieux, et l’interconnexion de sphères d’activités distinctes entre formations politiques souveraines. Il s’agit aussi en complément d’étudier le changement social et culturel à l’œuvre dans l’ensemble des sphères d’activité mises ainsi en relation, et dont les conditions d’exercice se trouvent modifiées par cette mise en circulation et ces procédés d’acculturation. L’enjeu est de rendre intelligible cette corrélation typique des phénomènes de globalisation, en caractérisant la nature des transferts opérés, la nature des formations politiques ainsi reliées, et celle des changements et transformations alors en jeu. Le traitement de telles problématiques implique l’aménagement des méthodes ethnographiques, de par l’extension nécessaire des données empiriques produites dans la durée et dans l’espace, afin de déployer l’observation participante au croisement des temporalités et au cœur des jeux d’échelles : il s’agit donc de développer l’ethnographie globale à partir des enquêtes multi-cas et multi-site, dont certaines peuvent être collectives et longitudinales. Cette année seront étudiées, à partir notamment de travaux conduits en Afrique, en Océanie, en Amérique et en Asie, les différentes manières de greffer en ethnographie globale des techniques d’investigation propres à l’histoire (l’utilisation d’archives et de documentation), à l’archéologie (la réalisation de fouilles), à la sociologie (la passation d’entretiens semi-directifs et de questionnaires) et à la géographie (l’emploi des images satellites, du SIG et de la cartographie).

Ce séminaire est accessible sur la plateforme d'enseignement de l'Environnement numérique de travail de l'EHESS :

Suivi et validation pour le master : Hebdomadaire semestriel (24 h = 6 ECTS)

Mentions & spécialités :

Domaine de l'affiche : Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie

Intitulés généraux :

  • Laurent Berger- Anthropologie de la mondialisation capitaliste
  • Renseignements :

    sur rendez-vous : LAS, 3 rue d'Ulm 75005 Paris.

    Direction de travaux d'étudiants :

    sur rendez-vous.

    Réception :

    sur rendez-vous.

    Niveau requis :

    Licence.

    Adresse(s) électronique(s) de contact : berger(at)ehess.fr

    Compte rendu

    Le sixième cycle de ce séminaire poursuivait l’objectif d’identifier les aménagements requis pour situer l’observation participante dans la durée et l’étendue du changement social et culturel corrélé à certains types de transferts opérés entre formations politiques. Après avoir identifié précédemment les heuristiques propres aux études de cas élargies, aux terrains multi-cas et multi-sites ainsi qu’aux enquêtes collectives et longitudinales, il s’est agi cette année d’interroger les greffes possibles de techniques d’investigation historiographiques, en s’intéressant au processus d’étatisation de l’espace régional ouest africain entre le xvie et xxe siècle. Pour cela, deux démarches symétriques ont été dans un premier temps présentées et jugées insuffisantes : d’une part, la mobilisation d’une littérature historique savante pour mettre en perspective le présent ethnographique, à travers les travaux de Charles Piot sur les Kabre du Togo et de Jack Goody sur les LoDagaa du Ghana ; et d’autre part, l’utilisation d’une littérature ethnologique savante pour décrypter le passé historiographique, à travers les recherches en ethnohistoire de James Axtell et de Bruce Trigger. Puis, dans un second temps, c’est la menée conjointe d’un travail d’archives et d’un terrain ethnographique intégrant le recueil de traditions orales qui a retenu l’attention pour décrire et analyser l’étatisation des sociétés lignagères, sur la base de transferts tels que les migrations et déplacements contraints, le commerce de longue distance et les technologies d’armement (cavalerie, armes à feu, etc.). Un premier jalon a été posé au travers des approches top-down où le cadre théorique détermine a priori la périodisation reconstituée et la nature des événements locaux sélectionnés en priorité : l’ouvrage de Donald Wright construit selon les principes de l’analyse système-monde de Wallerstein pour rendre intelligible sur un demi-siècle l’histoire du royaume de Niumi devenu l’État de Gambie a servi de fil conducteur à la critique de telles approches. Un second jalon plus conséquent a alors été proposé au travers des recherches d’Emmanuel Terray, de Jean Bazin et de Michel Izard sur les royaumes respectifs d’Abron, de Segu et du Yatenga. Le reste du semestre a ainsi été consacré à la comparaison systématique de leurs dispositifs d’enquête et de leurs analyses de la genèse et du fonctionnement de ces États secondaires jusqu’à l’époque coloniale, en Côte d’Ivoire, au Mali et au Burkina Faso. Sur le plan méthodologique, ont été mis en exergue les procédés et les résultats issus du croisement des données de terrain avec les traditions orales, les archives des comptoirs européens et les chroniques des commerçants et marabouts africains, l’histoire lignagère populaire des assemblées villageoises et l’histoire érudite et savante des élites du royaume. Cela a permis d’envisager l’utilisation des traditions orales à deux niveaux : d’abord comme sources d’information objective sur le cours de l’histoire à partir de la confrontation des multiples sources orales et écrites, savantes et populaires, en fonction même de leurs convergences et divergences ; ensuite, comme sources d’information subjective sur le cours des positionnements politiques opérés dans l’espace public historicisé de ces royaumes. Mais cela a surtout démontré la nécessité d’analyser ces traditions orales au regard de procédés de recension, permettant de répertorier le peuplement des agglomérations et des quartiers ; les catégories idéologiques du pouvoir politique rapportées dans ces traditions (ex. gens du pouvoir/gens de la terre) ne correspondant pas aux conditions réelles de son exercice ni aux processus historiques de mobilité sociale et de hiérarchisation des populations empiriques visés par celui-ci. Sur le plan théorique, cet exercice comparatiste a éclairé le rôle différencié de la traite esclavagiste, du commerce caravanier et de la guerre dans ces constructions étatiques : les aristocraties d’Abron tirant leur puissance des razzias extérieures nécessaires à l’extension de l’esclavage productif mobilisé pour l’exportation de biens prisés par les diasporas commerçantes ; celles de Segu, des tributs prélevés sur la paysannerie par ses armées d’esclaves recrutées au travers des guerres de conquête et d’opérations internes de police entre communautés villageoises lignagères ; et celles de Yatenga, du contrôle des aires matrimoniales, commerciales, rituelles et de commandement délimitant en écho à l’hydrographie l’espace interétatique pacifié des sociétés mossi, où l’intégration idéologique par la division sociale du travail demeure le pendant de la protection garantie à tous contre l’asservissement.

    Publications

    • « Maurice Godelier », dans Encyclopædia Universalis [en ligne], 2018.
    • Avec C. Lemieux, M. Macé, G. Salmon et C. Vidal, édition de Pour les sciences sociales. 101 livres, Paris, Éditions de l’EHESS, collection En temps & lieux, 2017, 352 p.
    • « Rouvrir la bibliothèque des sciences sociales », dans Pour les sciences sociales. 101 livres, op. cit., p. 7-16.
    • « Kirch dote la Polynésie de son propre État archaïque », dans Pour les sciences sociales. 101 livres, op. cit., p. 299-301.
    • « Mead dénaturalise la différence des sexes », dans Pour les sciences sociales. 101 livres, op. cit., p. 29-31.

    Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 24 janvier 2018.

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