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Base de données des enseignements et séminaires de l'EHESS

Islam et radicalité en Afrique et en Asie

S'il s'agit de l'enseignement principal d'un enseignant, le nom de celui-ci est indiqué en gras.

2e et 4e jeudis du mois de 17 h à 20 h (salle de réunion, IMAF, 2e étage, 96 bd Raspail 75006 Paris), du 9 novembre 2017 au 8 mars 2018, séance supplémentaire le 7 décembre (même heure, même salle). Pas de séance le 14 décembre

En dépit de leurs ambiguïtés et des controverses politiques qu’elles suscitent, les notions de radicalité et d’extrémisme traversent aujourd’hui des questionnements fort nombreux sur l’islam, en particulier en France. Ce séminaire vise à élargir le débat en l’ouvrant à des pays africains et asiatiques. L’objectif n’est pas seulement d’interroger des paradigmes qui privilégient trop souvent une approche globale au détriment de l’étude des contextes locaux. Il est aussi de questionner la circulation des idées islamiques, leur rôle dans les mobilisations sociales et leur rapport à la violence et au pouvoir politique, y compris dans une perspective historique et anthropologique. Pour cela, les réflexions développées au cours du séminaire s’attacheront à décrypter la complexité et la fluidité des différents courants de pensée qui animent à présent les croyants musulmans en Afrique et en Asie. Un tel travail mettra en évidence les limites d’une vision qui s’inspire souvent du vocabulaire colonial, opposant, par exemple, un islam « noir », traditionnel et tolérant à un islam arabe, exogène et « radical ». Le renouvellement de nos questionnements permettra également de déconstruire les catégories habituellement utilisées par les spécialistes de la contre-insurrection et de la lutte antiterroriste qui veulent « dé-radicaliser » les esprits : soufisme, wahhabisme, salafisme, sunnisme, chiisme, mahdisme, millénarisme, etc.

Pour cela, le séminaire adoptera trois principaux points de vue :

  • l’analyse de la circulation des modèles de réforme islamique entre l’Afrique et l’Asie, en particulier (mais pas seulement) au Moyen Orient ;
  • les approches comparatives entre Asie et Afrique ;
  • les cas d’étude qui permettent d’éclaircir le débat.

9 novembre 2017 : Rémy Madinier (CNRS, CASE), « Les tentations radicales de l’islam indonésien : ressorts, enjeux et modes d’expression »

23 novembre 2017 : Clément Therme (chercheur pour le programme Moyen-Orient de l'International Institute for Strategic Studies (IISS) et membre associé au CETOBaC - EHESS), «  Les minorités religieuses en Afghanistan et Pakistan, le cas chiite »

7 décembre 2017 : Cheikh Babou (Associate Professor of History, University of Pennsylvania), « The Rise, Retreat and Transformation of Radical Islam in Senegal »

11 janvier 2018 : Silvia Sirano (professeur à l'Université Sorbonne Nouvelle), « Les tentations radicales de l’islam dans le Caucase : ressorts, enjeux et modes d’expression »

25 janvier 2018 : Paul Lubeck (University of California at Santa Cruz), « Maitatsine and Boko Haram movements under the changing conditions of globalization »/« De 'Yan Tatsine à Boko Haram : comprendre les insurrections islamiques du Nigeria à travers la globalisation et la démographie politique de l'État »

This communication will reframe Muslim globalization processes in Northern Nigeria over time, the impact of economic and Muslim globalization on the two insurrections – 'Yan Tatsine and Boko Haram – and then suggest how the analytic tools of political demography might be useful in understanding the extraordinary violence in the region since the 1980s as well as the reasons why states are challenged by the youth buldge that is stressing all institutions in the Sahelian zone. 
 
Cette communication analysera les processus de globalisation des musulmans du nord du Nigeria dans le temps et dans l’espace en étudiant leur impact sur les deux insurrections de la secte Maitatsine dans les années 1980 et de Boko Haram aujourd’hui. Outre les contextes économiques et politiques, l’outil de la démographie permettra de mieux comprendre les raisons profondes de la violence dans la région. La question de la jeunesse est primordiale et constitue un défi pour toutes les institutions étatiques des pays du Sahel.

8 février 2018 : Chanfi Ahmed (enseignant-chercheur, Institut für Asien und Afrikawissenschaften/Institut des études asiatiques et africaines-Humboldt-Universität zu Berlin), « La contribution des ulama de l’Afrique de l’Ouest, de l’Égypte et de l’Asie du sud dans la diffusion du wahhabisme au début du régime actuel des Al Saud »

22 février 2018 : Abdourahmane Seck (Université Gaston Berger, Saint-Louis du Sénégal), « L’islam au Sénégal, actualité et devenir »

8 mars 2018 : Stéphane Dudoignon (CETOBaC, CNRS – EHESS), « Être sunnite en Iran »

Aires culturelles : Afrique, Arabe (monde), Asie, Musulmans (mondes),

Suivi et validation pour le master : Bi/mensuel annuel (24 h = 6 ECTS)

Mentions & spécialités :

Intitulés généraux :

  • Marie Miran-Guyon- L’islam au sud de la savane. Anthropologie des sociétés musulmanes en Afrique de l’Ouest atlantique
  • Centre : IIAC-LAIOS - Laboratoire d'anthropologie des institutions et des organisations sociales

    Renseignements :

    contacter les enseignants par courriel.

    Direction de travaux d'étudiants :

    sur rendez-vous pris par courriel auprès des enseignants.

    Réception :

    sur rendez-vous pris par courriel auprès des enseignants.

    Niveau requis :

    Licence.

    Site web : http://imaf.cnrs.fr/spip.php?article71

    Adresse(s) électronique(s) de contact : dawod.hosham(at)gmail.com, Marie.Miran(at)ehess.fr, marc-antoine.perouse-de-montclos(at)ird.fr

    Compte rendu

    Lancé en 2017-2018, ce séminaire s’est proposé de revisiter les notions de « radicalité » et d’« extrémisme » en islam, lesquelles participent de nombreux débats et controverses, savants et publics, notamment en Europe et en Amérique du Nord, en élargissant et en décentrant le débat à des pays africains et asiatiques. L’objectif premier de ce séminaire a été d’interroger des paradigmes qui privilégient trop souvent une approche globale au détriment de l’étude des contextes locaux. Ainsi les catégorisations ou variations d’auto- ou d’exo-présentation de soi et des autres, construites de manière endogène, souvent fluide et évolutive, ont-elles été privilégiées au détriment de catégories plus normatives relevant du vocabulaire colonial ou de la taxonomie des spécialistes de la contre-insurrection et de la lutte antiterroriste. Les conférences ont montré la grande hétérogénéité des vocabulaires dans leurs entendements contextualisés : soufisme, wahhabisme, salafisme, sunnisme, chiisme, mahdisme, millénarisme sont des termes qui n’ont pas la même acception en tout temps et en tout lieu et dont la plasticité pourrait même engendrer des contresens. Les approches empiriques, articulées aux terrains d’enquêtes, notamment ethnographiques et sociohistoriques, ont été privilégiées pour rendre compte des évolutions polysémiques des sociétés et des cultures musulmanes d’Afrique et d’Asie contemporaines.
    Le séminaire ambitionnait aussi de questionner la circulation des idées islamiques – notamment des différents modèles de réforme islamique –, leur rôle dans les mobilisations sociales et leur rapport à la violence et au pouvoir politique, dans une dimension trans-locale voire trans-continentale Afrique-Asie. Pour ce faire, le séminaire s’est penché sur la mobilité des musulmans (mobilité économique, éducative, pour le(s) pèlerinage(s), etc.) et les moyens de communication (relevant des anciennes et des nouvelles technologies), en interrogeant les appropriations et les acculturations qui ont pu y avoir partie liée.
    Quatre séances ont porté spécifiquement sur divers contextes asiatiques : Moyen-Orient, Asie centrale et Asie du Sud-Est. Hosham Dawod a dressé un portrait historique et anthropologique du chiisme et des mobilisations chiites en Irak, sans faire l’économie des relations complexes entretenues avec le voisin iranien. Clément Therme a poursuivi l’interrogation sur l’actualité du chiisme, en déplaçant la focale sur ses contextes minoritaires en Afghanistan et au Pakistan. Silvia Sirano a décliné les tentations radicales de l’islam dans le Caucase et notamment en Tchétchénie depuis la fin de l’ère soviétique. Rémy Madinier a brossé un vaste portrait, historique et contemporain, de ces mêmes tentations radicales au sein de l’islam indonésien.
    Trois autres séances ont privilégié le contexte africain. Cheikh Anta Babou s’est interrogé sur la montée, le repli et les transformations de l’islam radical ou salafiste au Sénégal, pays très majoritairement ancré dans le soufisme. Abdourahmane Seck, professeur invité par l’EHESS en 2018, a poursuivi la réflexion à partir d’enquêtes quantitatives conduites par une équipe de chercheurs de l’Université Saint Louis du Sénégal, enquêtes qui ont interrogé à nouveaux frais le rapport des jeunes à l’islam, les conceptions qu’ils s’en font et la réalité de leurs pratiques quotidiennes, mettant à nu certains poncifs et soulignant avec nuance la complexité des accommodements contemporains. Paul Lubeck a tenté une comparaison entre deux mouvements islamiques radicaux du Nord Nigeria, Maitatsine et Boko Haram.
    Une dernière séance autour d’Ahmed Chanfi s’est penchée, de manière globale et comparative, sur les circulations islamiques entre Afrique, Asie et Hijaz, au travers des contributions plurielles des ulama de l’Afrique de l’Ouest, de l’Égypte et de l’Asie du Sud dans la diffusion du wahhabisme au début du régime actuel des Al Saud.

    Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 22 janvier 2018.

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