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Base de données des enseignements et séminaires de l'EHESS

La liberté du masque : représentations de soi et authenticité négative

Ouvert à la circulation PSLExtend

  • Barbara Carnevali, maîtresse de conférences de l'EHESS ( CESPRA )

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2e, 4e et 5e mercredis du mois de 15 h à 17 h (amphithéâtre François-Furet, 105 bd Raspail 75006 Paris), le 11 octobre 2017 ; puis (salle M. & D. Lombard, 96 bd Raspail 75006 Paris) du 25 octobre 2017 au 11 avril 2018. La séance du 10 janvier est annulée. Les séances des 28 février et 14 mars se dérouleront de 14 h à 17 h. La séance du 14 mars est annulée. La séance du 11 avril aura exceptionnellement lieu de 14h à 17h, toujours en salle M. & D. Lombard, 96 bd Raspail 75006 Paris

Un belle expression allemande, Maskenfreiheit, désigne la liberté qui résulte du fait d’être masqué : le masque permet au sujet d’expérimenter librement de nouvelles façons d’être et de protéger sa propre autonomie des pressions et des intrusions du social. En développant cette intuition, ce séminaire, qui s’inscrit dans le prolongement des cours précédents sur Rousseau et sur l’esthétique sociale, vise à développer une théorie du moi fondée sur les concepts de représentation de soi et d’authenticité négative. La représentation de soi est la capacité du sujet, en tant qu’acteur sur la scène du monde, de représenter sa « personne », au sens étymologique de personnage ou, justement, de masque, et de la négocier avec les autres sujets dans des dynamiques de reconnaissance et de conflit ; l’authenticité négative est la faculté de se retirer de la représentation sociale pour jeter le masque et puiser dans ses possibilités identitaires encore inexprimées pour en tirer de nouvelles représentations de soi. Cette perspective théorique ouvre une voie originale dans le débat contemporain, où les auteurs tendent soit à substantialiser l’authenticité, en faisant des représentations des masques hypocrites et des mensonges, soit à dissoudre l’authenticité dans la pluralité de ses représentations. Dans cette proposition, le moi est un concept ouvert dont la création obéit à des dynamiques esthétiques, mais dont le fondement demeure un geste intégralement négatif : l’identité, en effet, n’est pas substantielle, car elle ne coïncide ni avec un contenu, ni avec une identité ou un projet particulier, qu’il soit passé ou futur, naturel ou artificiel ; elle n’est pas non plus formelle, car elle ne désigne pas une manière d’être (la spontanéité, l’originalité) qui garantirait l’adhésion à la nature pratique du moi. Là où le moi n’est que l’ensemble de ses représentations, l’authenticité est l’irreprésentable par excellence : elle consiste dans l’epochè, l’acte de recul – « je ne suis pas cela » – qui préserve l’irréductibilité du moi au social et ouvre l’espace de la liberté critique et créatrice du sujet, sa capacité de s’émanciper des contraintes sociales données et, surtout, de produire du nouveau.

Cette réflexion sur le moi dialoguera notamment avec les théories de Rousseau, Stendhal, Helmuth Plessner, Sartre, Foucault, Charles Taylor, Alessandro Ferrara, Charles Larmore et Vincent Descombes.

Suivi et validation pour le master : Bi/mensuel annuel (24 h = 6 ECTS)

Mentions & spécialités :

Domaine de l'affiche : Philosophie et épistémologie

Intitulés généraux :

  • Barbara Carnevali- Esthétique sociale. Théorie et histoire du prestige
  • Renseignements :

    par courrier.

    Direction de travaux d'étudiants :

    sur rendez-vous.

    Réception :

    sur rendez-vous.

    Site web : http://cral.ehess.fr/index.php?1146

    Site web : https://ehess.academia.edu/BarbaraCarnevali

    Adresse(s) électronique(s) de contact : barbara.carnevali(at)gmail.com, barbara.carnevali(at)ehess.fr

    Compte rendu

    Une belle expression allemande, Maskenfreiheit, désigne la liberté qui résulte du fait d’être masqué : le masque permet au sujet d’expérimenter librement de nouvelles façons d’être et de protéger sa propre autonomie des pressions et des intrusions du social. En développant cette intuition, ce séminaire, qui s’inscrivait dans le prolongement des cours précédents sur Rousseau et sur l’esthétique sociale et qui continuera les années suivantes, vise à développer une théorie du moi fondée sur les concepts de représentation de soi et d’authenticité négative. La représentation de soi est la capacité du sujet, en tant qu’acteur sur la scène du monde, de représenter sa « personne », au sens étymologique de personnage ou, justement, de masque, et de la négocier avec les autres sujets dans des dynamiques de reconnaissance et de conflit ; l’authenticité négative est la faculté de se retirer de la représentation sociale pour jeter le masque et puiser dans ses possibilités identitaires encore inexprimées pour en tirer de nouvelles représentations de soi. Cette perspective théorique ouvre une voie originale dans le débat contemporain, où les auteurs tendent soit à substantialiser l’authenticité, en faisant des représentations des masques hypocrites et des mensonges, soit à dissoudre l’authenticité dans la pluralité de ses représentations. Dans cette proposition, le moi est un concept ouvert dont la création obéit à des dynamiques esthétiques, mais dont le fondement demeure un geste intégralement négatif : l’identité, en effet, n’est pas substantielle, car elle ne coïncide ni avec un contenu, ni avec une identité ou un projet particulier, qu’il soit passé ou futur, naturel ou artificiel ; elle n’est pas non plus formelle, car elle ne désigne pas une manière d’être (la spontanéité, l’originalité) qui garantirait l’adhésion à la nature pratique du moi. Là où le moi n’est que l’ensemble de ses représentations, l’authenticité est l’irreprésentable par excellence : elle consiste dans l’epochè, l’acte de recul et de distanciation – « je ne suis pas cela » – qui préserve l’irréductibilité du moi au social et ouvre l’espace de la liberté critique et créatrice du sujet, sa capacité de s’émanciper des contraintes sociales données et, surtout, de produire du nouveau.
    Les séances du séminaire se sont construites autour des thématiques suivantes : théories théâtrales du sujet et du social ; la réflexivité : théories endogènes et exogènes ; la question du miroir et le mirror test ; Plessner : le masque, le prestige, la positionnalité excentrique ; Goffman : le rituel de l’interaction et la distance au rôle ; le Théâtre des marionnettes de Kleist : réflexion et grâce. Les séminaires des étudiantes et des étudiants ont porté sur Pirandello, Kleist, Lacan, la question du miroir.

    Publications

    • « Social sensibility. Simmel, the senses, and the aesthetics of recognition », Simmel Studies, 21, 2, 2017, p. 9-39.
    • « Grandeur et misère du social. L’itinéraire philosophique d’Axel Honneth », Revue de Métaphysique et de Morale, 202/1, n° 105, 2018, p. 85-108.
    • Numéro special de Studi Culturali, 1/2018, consacré au débat à partir de mon article « Contre La Théorie », avec 8 réactions à mon article, https://www.rivisteweb.it/issn/1824-369X
    • « Bourdieu et l’esthétique », dans Bourdieu et les disciplines, sous la dir. de S. Dufoix et C. Laval, Paris, Presses de l’Université de Nanterre, 2018.
    • « Gloria : sauver les apparences » (sur Giorgio Agamben), dans Politique de l’exil. Giorgio Agamben et l’usage de la métaphysique, sous la dir. d’A. Ganjipour, Paris, Lignes, 2018, p. 69-98.
    • « Nostalgie pour l’authentique. Guy Debord et l’approche “pathologique” du spectacle », dans La forme spectacle, sous la direction d’E. Pedler, Paris, Éditions de l’EHESS, 2018, p. 86-101.

    Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 3 avril 2018.

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