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Philosophie politique et démocratie (2) : Rawls, Kant et les théories contemporaines de la justification

  • Luc Foisneau, directeur de recherche au CNRS ( CESPRA )

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Mercredi de 9 h à 13 h (salle 13, 105 bd Raspail 75006 Paris), les 15 novembre, 13 décembre 2017, 10 janvier, 14 février, 14 mars et 11 avril 2018. La séance du 11 avril se déroulera en salle BS1_05 (54 bd Raspail 75006 Paris)

Nous prendrons comme fil conducteur de ce séminaire les questions de la nature, de la fonction et des limites de la philosophie politique dans un régime démocratique, et nous chercherons des éléments de réponse à ces questions dans la notion de justification. Si une démocratie se définit par l’exigence de proposer des politiques publiques susceptibles de recevoir le consentement de ceux auxquels ces politiques s’appliquent, il s’agira de se demander dans quelle mesure l’idée de justification peut, ou non, contribuer à satisfaire pareille exigence. De fait, si elles trouvent souvent en elle leur origine, les interrogations sur la justice ne sont pas l’apanage de la seule Théorie de la justice de Rawls : nous nous efforcerons de rendre compte de l’exigence de justification démocratique dans ses différentes dimensions, philosophiques bien sûr, mais aussi sociologiques, sans oublier d’interroger les sources philosophiques modernes. À ce titre, nous nous demanderons plus particulièrement en quoi la philosophie de Kant a pu offrir des ressources théoriques spécifiques à des théories soucieuses de produire de la justification en régime démocratique.

Suivi et validation pour le master : Bi/mensuel annuel (24 h = 6 ECTS)

Mentions & spécialités :

Domaine de l'affiche : Philosophie et épistémologie

Intitulés généraux :

Direction de travaux d'étudiants :

sur rendez-vous.

Réception :

sur rendez-vous.

Site web : http://cespra.ehess.fr/index.php?1530

Adresse(s) électronique(s) de contact : luc.foisneau(at)ehess.fr

Compte rendu

L’objet du séminaire a été une tentative de répondre aux questions : dans quelle mesure le contractualisme possède-t-il une dimension morale ? Est-il susceptible de fonder la moralité ? C’est la raison pour laquelle nous n’avons pas tant examiné la relation de Rawls à Kant que la relation de Tim Scanlon au philosophe allemand. Nous nous sommes efforcés de comprendre en quoi consiste ce que Scanlon, que nous avons reçu à l’EHESS en novembre 2017, nomme la « moralité du juste et de l’injuste » dans un ouvrage qui n’est pas encore traduit en français (What we owe to each other). Il ne s’agit pas prioritairement de déterminer les critères du bien et du mal, mais de savoir si les relations entre les personnes, dans un état politique et économique déterminé, sont, ou non, susceptibles d’être qualifiées de justes ou d’injustes. Pour savoir si nos relations à autrui possèdent cette qualité morale particulière, il nous faut déterminer si nos actions sont susceptibles d’être justifiables à autrui. L’une des découvertes philosophiques de Scanlon est la suivante : être moral, c’est se soucier, non pas seulement des conséquences de nos actions, mais de la question de savoir si les principes de notre action sont susceptibles d’être rejetés par autrui à l’aide d’arguments recevables. Nous avons cherché à montrer que Scanlon, à travers cette nouvelle fondation de la moralité, réagit à une conception de la moralité qui voudrait en faire une relation à autrui fondée sur le devoir et l’obligation. L’un des enjeux du séminaire a ainsi été de tenter de préciser les raisons pour lesquelles, en dépit d’une affinité intellectuelle réelle, Scanlon refuse qu’on le qualifie de « kantien ». L’une des raisons en est que la morale n’est pas pour lui de nature formelle, mais qu’elle est d’abord et avant tout une expérience d’un sentiment d’unité avec nos semblables. Nous nous sommes, à ce titre, intéressés au sens nouveau que le contractualisme prend dans la pensée de Scanlon : ce terme, souvent ambigu, fait ici référence au dispositif qui entend fonder la moralité sur la justifiabilité de nos actions à autrui. Pour autant, l’avancée la plus remarquable de la pensée de Scanlon réside, de son propre aveu (https://www.canal-u.tv/video/ehess/interview_with_tim_scanlon.38821), non pas dans cette dernière thèse, mais dans sa théorie méta-éthique des raisons. Nous avons consacré une séance à tenter de montrer en quoi cette dernière théorie remet en question le primat, généralement accepté en philosophie morale, du désir sur les autres principes possibles de l’action humaine. Si le désir l’emporte souvent, incontestablement, par son intensité et la fascination qu’il exerce, les êtres humains se distinguent toutefois en tant qu’êtres sensibles aux raisons qu’on leur présente et qu’ils se donnent à eux-mêmes. La vie morale trouve dans ce réalisme des raisons une théorie capable de nous faire comprendre la logique de notre relation à autrui, y compris lorsque cette relation manque de logique.

Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 10 avril 2018.

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