Logo EHESS

baobab
Base de données des enseignements et séminaires de l'EHESS

Regards sociologiques sur les sciences

Ouvert à la circulation PSLExtend

S'il s'agit de l'enseignement principal d'un enseignant, le nom de celui-ci est indiqué en gras.

1er et 3e jeudis du mois de 13 h à 17 h (salle A07_51, 54 bd Raspail 75006 Paris), du 7 décembre 2017 au 15 mars 2018 : 7 et 21 décembre 2017, 18 janvier, 1er et 15 février, 1er et 15 mars 2018

Que peut nous apprendre la sociologie des sciences sur le monde contemporain ? Depuis ses grands fondateurs, Émile Durkheim (Les Règles de la méthode sociologique), Max Weber (Le Savant et le politique), puis Robert Merton (The normative Structure of Science), la sociologie n’a cessé de chercher sa position épistémologique et méthodologique vis-à-vis des sciences de la nature ou des sciences formelles. L’activité scientifique a longtemps échappé à l’investigation sociologique, au profit de considérations épistémologiques ; au cours des années 1970, elle s’est imposée comme nouvel objet d’enquête, en particulier sous l’effet de travaux anglo-américains d’inspiration ethno-méthodologique. Les perspectives critiques alors adoptées ont constitué les fondements d’une discipline désormais institutionnalisée dans le monde académique.

La sociologie des sciences, aujourd’hui fondue dans les Science (and Technology) Studies, a rapidement adopté une approche pluridisciplinaire, combinant anthropologie, sociologie, histoire, science politique et philosophie. Elle a progressivement élargi ses champs d’investigation, de la paillasse à l’environnement, de l’Université à l’État et à la géopolitique. Elle constitue par conséquent un domaine qui offre un support de formation particulièrement riche pour les publics de l’EHESS.

L’objet principal du séminaire de lecture (8 séances de 3h) est de familiariser les étudiants, en particulier ceux de la formation de master Sociologie générale, avec une littérature encore trop méconnue en France. En faisant renaître une tradition de lecture critique que l’École pratiquait à travers les séminaires de Benjamin Matalon dans les années 1980-1990, il s’agit ainsi de rendre accessibles des outils de compréhension des enjeux portés par l’histoire de cette sous-discipline et de les mettre en rapport avec les controverses contemporaines autour de la science. Le séminaire est aussi ouvert à un public déjà imprégné de ces objets et souhaitant contribuer à un travail réflexif à partir de la lecture des textes eux-mêmes. Complémentaire d'autres séminaires plus centrés sur l'histoire ou l'épistémologie, il invite à établir des liens entre les textes fondateurs et les pratiques de recherche actuelles. Une attention particulière est accordée à la diversité des cadres d’analyse, avec un accent mis sur les controverses autour de la recherche et de l’expertise scientifique dans les domaines de la santé, de l’environnement et des technologies et plus généralement des nouvelles configurations entre savoirs et normativités. Ce faisant, séminaire nourrira le dialogue entre elles les différentes sciences sociales mobilisées par la question des sciences aujourd’hui. Pour la deuxième année, nous porterons une attention particulière aux études portant sur les sciences humaines et sociales.

Suivi et validation pour le master : Bi/mensuel annuel (24 h = 6 ECTS)

Mentions & spécialités :

Domaine de l'affiche : Sociologie

Intitulés généraux :

  • Francis Chateauraynaud- Modèles sociologiques pour l’analyse des processus de mobilisation
  • Christelle Rabier- Histoire de la médicalisation européenne, XIVe-XIXe siècle
  • Renseignements :

    L'enseignement se déroule en visio-conférence sur les sites de Paris et de Marseille.

    Réception :

    sur rendez-vous demandé par courriel à Stéphanie Taveneau (Paris) ou à Christelle Rabier (Marseille).

    Niveau requis :

    licence. Anglais universitaire recommandé.

    Site web : http://www.gspr-ehess.com/page/regards-sociologiques

    Adresse(s) électronique(s) de contact : francis.chateauraynaud(at)ehess.fr, josquin.debaz(at)ehess.fr, christelle.rabier(at)ehess.fr

    Compte rendu

    Pour sa deuxième année d’existence, le séminaire a non seulement poursuivi la lecture critique de textes fondateurs de la sociologie des sciences, mais aussi a proposé à ses participants de mettre en discussion des textes fraîchement publiés ou en cours de constitution, avec leurs auteurs et/ou traducteurs.
    La séance introductive a été consacrée à la théorie de l’acteur-réseaux avec la lecture du célèbre « Éléments pour une sociologie de la traduction : la domestication des coquilles Saint-Jacques et des marins-pêcheurs dans la baie de Saint-Brieuc » de Michel Callon (1986), accompagné de celui de Bruno Latour, « Le “pédofil” de Boa Vista, montage photo-philosophique » (1993), qui a été confronté à la critique proposée dès le début des années 1990 par Francis Chateauraynaud dans « Forces et faiblesses de la nouvelle anthropologie des sciences » (1991).
    La deuxième séance a permis de débattre autour deux visions de l’institution scientifique, celle de Norbert Elias (« Les établissements scientifiques ») et celle de Ian Hacking dans son retour sur son papier souvent cité, « “Language, Truth and Reason” 30 years later » (2012), en proposant en parallèle l’analyse de Jean Frances et Johan Giry, « (Re)fonder la sociologie des sciences et des connaissances. Chronique d’une tentative oubliée » (2017).
    Les questions épistémologiques ont été abordées au cours de la séance suivante, qui a accueilli Frédéric Vandenberghe, coauteur de Pour une nouvelle sociologie classique (2016), pour mettre en discussion leur travail et le faire résonner avec les propositions de Jean-Michel Berthelot, « Pour un programme sociologique non réductionniste en étude des sciences » (2002).
    Avec la quatrième séance, le groupe de lecteurs est revenu vers des considérations sociologiques proprement dites, en revenant les textes fondateurs sur les réseaux scientifiques, avec d’une part Diana Crane, « Social Structure in a Group of Scientists : A Test of the « Invisible College » Hypothesis » (1969) et de l’autre Derek J. de Solla Price, « Networks of Scientific Papers » (1965).
    Nous nous sommes ensuite intéressés à des œuvres historiennes sur le gouvernement par la science, en croisant « L’administrateur et le savant. Les métamorphoses du métier de statisticien » d’Alain Desrosières (2008) avec le chapitre « Nature and space » publié par James C. Scott dans Seeing like a State : How Certain Schemes to Improve the Human Condition Have Failed (2008).
    Lors de la sixième séance, Tiziana Beltrame et Ashveen Peerbaye sont venus nous présenter leur travail de traduction de Susan Leigh Star, « The Ethnography of Infrastructure » (1999) dont l’approche ethnométhodologie a été contrastée par celle proposée en 1983 par Michael Lynch, Harold Garfinkel et Eric Livingston dans « Temporal order in laboratory life ».
    Enfin, la dernière lecture de l’année a ouvert la perspective en se penchant sur les mouvements des études postcoloniales et le mouvement pour une science postnormale, avec les articles de Warwick Anderson. « Introduction : Postcolonial Technoscience » (2002) et de Silvio O. Funtowicz, et Jerome R. Ravetz. « Science for the post normal age » (1995).
    D’une manière générale les échanges en visioconférence entre les implantations de l’EHESS à Paris et à Marseille ont rendu particulièrement riches le croisement des lectures et des interprétations.

    Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 10 novembre 2017.

    Contact : service des enseignements ✉ sg12@ehess.fr ☎ 01 49 54 23 17 ou 01 49 54 23 28
    Réalisation : Direction des Systèmes d'Information
    [Accès réservé]