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2e vendredi du mois de 14 h à 17 h (salle A07_51, 54 bd Raspail 75006 Paris), du 10 novembre 2017 au 8 juin 2018
Ce séminaire consacré à l’étude du culte des saints en Chine s’intéressera, pour sa première année, à la question de la sainteté. À partir de matériaux hagiographiques, d’enquêtes orales, de documents issus des institutions religieuses et étatiques, nous essaierons de comprendre les critères qui concourent à reconnaître une personne comme figure sainte. En adoptant une approche comparatiste, nous porterons une attention particulière à la façon dont ces figures de sainteté sont décrites dans les contextes locaux de l’islam (au Gansu) et du taoïsme, et plus largement des autres religions chinoises (au Huabei). Nos enquêtes sur les matériaux écrits et auprès de communautés contemporaines nous permettront d’interroger la nature des pouvoirs (thaumaturgiques, charismatiques, etc.) qu’on leur attribue mais aussi la portée de leurs pratiques dans et hors du monde. Nous questionnerons ainsi les dimensions normative et structurante que la sainteté peut avoir dans le panthéon des religions chinoises comme dans celui d’un monothéisme venu d’ailleurs.
9 février 2018 :
Mots-clés : Anthropologie, Anthropologie historique, Anthropologie sociale, Comparatisme, Enquêtes, Ethnicité, Ethnographie, Fait religieux, Histoire, Historiographie, Islam, Littérature orale, Mémoire, Minorités, Religieux (sciences sociales du), Rituel, Textes,
Aires culturelles : Chine,
Suivi et validation pour le master : Mensuel annuel/bimensuel semestriel (8x3 h = 24 h = 6 ECTS)
Domaine de l'affiche : Anthropologie historique
Intitulés généraux :
Renseignements :
CECMC, bur. A7_33, 54 bd Raspail 75006 Paris, tél. : +33 (0)1 49 54 20 90
Direction de travaux d'étudiants :
contacter l'enseignante par courriel
Réception :
sur rendez-vous auprès de l'enseignante par courriel
Niveau requis :
séminaire ouvert à tous. La connaissance du chinois est souhaitée mais non requise pour suivre le séminaire
Site web : http://cecmc.ehess.fr/
Adresse(s) électronique(s) de contact : marie-paule.hille(at)ehess.fr, huwang9715(at)gmail.com
Ce séminaire consacré à l’étude du culte des saints en Chine s’est intéressé, pour sa première année, à la question de la sainteté. À partir de matériaux hagiographiques, d’enquêtes orales, de documents issus des institutions religieuses et étatiques, nous avons essayé de comprendre les critères qui concourent à reconnaître une personne comme figure sainte. En adoptant une approche comparatiste, nous avons porté une attention particulière à la façon dont ces figures de sainteté sont décrites dans les contextes locaux de l’islam (au Gansu) et du taoïsme, et plus largement des autres religions chinoises (au Huabei). Nos enquêtes sur les matériaux écrits et auprès de communautés contemporaines nous ont permis d’interroger la nature des pouvoirs (thaumaturgiques, charismatiques, etc.) qu’on leur attribue mais aussi la portée de leurs pratiques dans et hors du monde. Nous avons aussi interrogé les dimensions normative et structurante que la sainteté peut avoir dans le panthéon des religions chinoises comme dans celui d’un monothéisme venu d’ailleurs.
Enquête sur les documents : Les premières séances du séminaire ont permis d’exposer la diversité des sources dans lesquelles le saint apparaît, soit comme acteur ordinaire de son époque, soit comme porteur de sainteté. À côté des matériaux hagiographiques vers lesquels le chercheur se tourne naturellement, l’enjeu était de percevoir les traces laissées par le saint dans sa vie sociale et politique au-delà du cercle dans lequel il opère une forme de sainteté. Nous avons ainsi exploré des matériaux – contemporains ou postérieurs à la vie du saint, allant du Xe au XXIe siècle – aussi divers que des chroniques historiques, des articles de presse, des histoires locales, des poèmes, des calligraphies, des prêches, des essais personnels, des bianwen (littérature bouddhiste populaire), des inscriptions sur stèles, des recueils littéraires, des notes au fil du pinceau, des monographies de temples. Dans cette même logique, en portant une attention particulière au contexte politique, religieux et social, nous avons également restitué le processus de sélection, de compilation et d’écriture qui mène à l’élaboration de plusieurs formes d’écrits dans lesquels le saint apparaît avec des attributs différents. À partir d’une étude de la matérialité des sources et de leurs divers supports, notamment l’iconographie murale, les inscriptions sur pierre, les manuscrits et les imprimés, nous avons mieux saisi les processus d’écriture d’une histoire sainte qui se fait souvent de façon collective et par strates.
Le rapport à la tradition : Durant cette première année, nous avons porté notre attention sur les traditions discursives liées aux conceptions du passé. Dans le cas de l’islam, nous sommes partis d’une lecture critique du texte « The Idea of an Anthropology of Islam » de Talal Asad, paru en 1986. Nous avons travaillé la relation entre islam et culture chinoise en examinant les usages pratiques au XIXe et XXe siècles d’une littérature musulmane écrite en chinois apparue à la fin du XVIe siècle. À partir d’un travail sur la langue et les contraintes qu’elle pose, nous avons vu comment ces lettrés musulmans néo-confucéens réinterprètent le lexique chinois disponible pour élucider le monothéisme islamique dans un langage auquel il manque nombre de ses concepts fondamentaux. Dans une perspective comparative, nous avons posé l’orthodoxie comme une relation possible de pouvoir. Dans les deux cas étudiés, nous avons analysé comment la référence à l’orthodoxie permet de réguler, faire respecter, exiger ou corriger des pratiques ; mais aussi de condamner, exclure, détruire ou remplacer celles qui sont jugées incorrectes par les acteurs.
Le saint, de preuve en épreuves : Dans notre réflexion collective, les notions de preuves et d’épreuves ont été centrales car elles se sont imposées avec force dans les cas d’étude concernant l’islam et le taoïsme. Les pratiques ascétiques ont constitué un terrain de discussion commun, avec l’exemple de la khalwa (retraite) qui mène à la connaissance divine dans le cas de l’islam, et celui du shoujing dans le cas du taoïsme. Cet ascétisme consiste en des pratiques corporelles (de respiration, de méditation) qui tendent à contenir les désirs et parvenir à des conduites tempérées. Nous avons étudié deux types d’ascèse, celle qui se déroule hors du monde et dans le monde pour perpétuer les relations sociales. Si ces pratiques sont similaires dans leurs formes, leurs intentions et leurs effets sur la société sont divergents. La comparaison entre ces différentes formes d’épreuves a montré que dans le taoïsme, la quête est soit individuelle soit tournée vers la société, alors que dans l’islam elle marque avant tout un jalon sur le chemin de la connaissance de Dieu. Ainsi, les fondements d’une négation de soi ont fait l’objet de discussion, avec en toile de fond la question de l’individualité et de la subjectivité.
Les questions de l’exemplarité et du salut : La question de l’exemplarité a émergé de façon récurrente dans nos discussions : comment par des actes méritoires le saint se transforme-t-il lui-même mais transforme aussi la société ? Ici l’exemple – entendu comme modèle à imiter – implique un rapport fort entre connaissance et action, avec en toile de fond la question de l’extension du modèle par imitation. Les pratiques de vénération, la rédaction des monographies de temple ont pour but l’édification de modèles concernant des traits de caractère moral – comme la droiture et l’honnêteté – auxquels les populations peuvent se référer. Un dernier point, celui de la question du salut, apparu en filigrane tout au long de l’année, a fait l’objet de discussions plus précises grâce aux interventions d’Alexandre Papas et de Vincent Goossaert lors de la dernière séance. Nous avons vu comment cette question du salut se pose de façon différente dans les deux traditions étudiées, l’une étant adossée à des pratiques rituelles de spécialistes pour accéder à la bureaucratie céleste, l’autre à travers les actes méritoires sanctionnés par Dieu.
Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 6 février 2018.