S'il s'agit de l'enseignement principal d'un enseignant, le nom de celui-ci est indiqué en gras.
Mercredi de 9 h à 11 h (salle 2, 105 bd Raspail 75006 Paris), du 15 novembre 2017 au 6 juin 2018. Voir détail du calendrier dans le descriptif. La séance du 2 mai est annulée
L’histoire des intellectuels est marquée par l’engagement de hautes figures dans de grandes causes. De Voltaire aux derniers grands noms des années 1980 et 1990, l’odyssée des clercs est relatée à partir de pratiques où la prise de parole publique s’impose comme le principal levier de l’action. La science y est plus légitimante qu’opérante. La nouvelle situation faite aux intellectuels, souvent comprise comme une déprise politique au profit d’un repli sur l’activité scientifique, conduit à réinterroger cette histoire héroïque. Les intellectuels, notamment ceux qui sont issus des sciences sociales, disposent aussi d’une autre histoire. Cette dernière les insère dans un rapport à l’action publique qui les extrait du seul ordre de l’indignation : pas seulement la harangue de Sartre sur son tonneau mais aussi Maurice Halbwachs ou François Simiand dans leur bureau du ministère de l’Armement. Appuyé sur l’histoire longue des relations entre les sciences sociales et l’action publique, le séminaire aura aussi le souci de rendre compte d’expériences personnelles.
15 novembre 2017 : Situation de l’historien (Christophe Prochasson)
29 novembre 2017 : Où en est l’histoire des intellectuels ? (Christophe Prochasson)
20 décembre 2017 : Être recteur (François Weil et Christophe Prochason)
17 janvier 2018 : Les sciences sociales et l'action au Bureau international du travail dans l'entre-deux-guerres (Marie Dhermy-Mairal)
31 janvier 2018 : Célestin Bouglé : méritocratie républicaine, dreyfusisme, solidarisme et action publique (Thomas Vonderscher)
7 février 2018 : Une science pour la société ? Travail savant et engagements publics des sociologues durkheimiens (1897-1939) (Thomas Hirsch)
21 février 2018 : Une sociologue au Conseil constitutionnel (I) (Dominique Schnapper)
7 mars 2018 : Une sociologue au Conseil constitutionnel (II) (Dominique Schnapper)
21 mars 2018 : Commémorer le 6 juin 1944 : sur les usages politiques de l’histoire (Laurent Beauvais)
11 avril 2018 (salle A09_51, 54 bd Raspail 75006 Paris) : Sciences de l’éducation et action publique (Bernard Lejeune et Olivier Noblecourt)
2 mai 2018 : Au sommet de l’État (Boris Vallaud)
16 mai 2018 : L'action publique française face au défi de la production des idées (Agathe Cagé)
6 juin 2018 : Conclusions (Christophe Prochasson)
Mots-clés : Action, Action publique, Affects, Culture, Démocratie, Éducation, Émotions, État et politiques publiques, Gouvernance, Histoire, Histoire culturelle, Histoire des idées, Histoire intellectuelle, Historiographie, Institutions, Intellectuels, Journalisme, Morale, Mouvements sociaux, Philosophie politique, Politique, Politiques publiques, Politiques sociales, République, Savoirs, Sciences, Sociologie politique,
Suivi et validation pour le master : Bi/mensuel annuel (24 h = 6 ECTS)
Domaine de l'affiche : Histoire - Histoire et civilisations de l'Europe
Intitulés généraux :
Renseignements :
Christophe Prochasson par courriel.
Direction de travaux d'étudiants :
sur rendez-vous.
Réception :
sur rendez-vous.
Niveau requis :
Licence. Bonnes bases en SHS. Lettre de motivation. Bon niveau en langue anglaise.
Adresse(s) électronique(s) de contact : procha(at)ehess.fr
Partant d’une expérience individuelle – une expérience de quatre années au service de la haute fonction publique comme recteur d’académie d’abord puis comme conseiller Éducation, enseignement supérieur et recherche du Président de la République ensuite –, j’ai souhaité confronter cette expérience à d’autres cas, historiques ou contemporains, et à d’autres acteurs munis de la boîte à outils des sciences sociales.
Les premières séances du séminaire ont pris l’aspect d’un « ego-séminaire », interrogeant les conditions auxquelles un historien peut s’engager dans l’analyse de sa propre histoire. On a pu à cet égard mettre en garde contre certaines dérives narcissiques à l’œuvre chez plusieurs historiens contemporains, qui jouent sur une ambition littéraire et autobiographique sans renoncer à la légitimité scientifique.
Une séance a été particulièrement consacrée à l’analyse conjointe de l’action exercée dans deux rectorats par deux historiens, François Weil pour l’académie de Paris, moi-même pour l’académie de Caen. Plusieurs exposés, appuyés sur des travaux plus ou moins récents ayant mis au jour et analysé les engagements des membres de l’École durkheimienne dans de grandes administrations publiques (ministères nationaux ou organisations internationales comme le Bureau international du Travail) ont ensuite étudié les difficultés avec lesquelles le ministre socialiste Albert Thomas, devenu ensuite directeur général du BIT, a mobilisé sociologues et économistes. Marie Dhermy-Mairal a présenté les résultats de sa thèse sur la place et le rôle des sciences sociales au sein du Bureau international du Travail dans l’entre-deux-guerres. Dans son sillage, deux exposés sont revenus sur plusieurs cas de savants confrontés à l’action publique entre la fin du XIXe siècle et les années 1930 : Thomas Vonderscher s’est penché sur le cas de Célestin Bouglé et Thomas Hirsch, de façon plus générale, sur celui des sociologues durkheimiens.
La seconde partie du séminaire s’est davantage appuyée sur l’analyse de témoignages. Dominique Schnapper est revenue sur son expérience de « sociologue au Conseil constitutionnel ». A suivi un exposé de Laurent Beauvais, ancien président de la région de Basse-Normandie, ayant eu la charge, avec les services de l’État, de l’organisation de la commémoration du 70e anniversaire du Débarquement de Normandie le 6 juin 2014. Laurent Beauvais a été particulièrement interrogé sur la façon dont il avait mobilisé l’histoire savante à cette occasion.
Force est de constater à quel point les sciences sociales et les savants sont difficilement mobilisables dans l’action publique dès lors que les unes et les autres se refusent au seul statut de l’expertise. Nombre d’exemples historiques ou contemporains font état des malentendus, des résistances et de la méfiance réciproque séparant durement le savant et le politique. Cette problématique traditionnelle, réexaminée à la lumière des expériences retenues par le séminaire, a permis d’être enrichie. La notion d’« histoire-participante » a aussi pu donner lieu à quelques réflexions qui devront être élargies dans le cadre d’un programme de recherche qui sera poursuivi.
Publications
Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 2 mai 2018.