Logo EHESS

baobab
Base de données des enseignements et séminaires de l'EHESS

Art et société en Amérique latine

  • Jacques Poloni-Simard, maître de conférences de l'EHESS ( MONDA-CERMA )

    Cet enseignant est référent pour cette UE

S'il s'agit de l'enseignement principal d'un enseignant, le nom de celui-ci est indiqué en gras.

Mardi de 15 h à 17 h (salle 10, 105 bd Raspail 75006 Paris), du 7 novembre 2017 au 29 mai 2018. La séance du 10 avril est annulée

L’enquête consacrée, depuis 2011, à l’art de l’Argentine et de l’Uruguay des années 1910 aux années 1960 a permis d’établir un modèle des « régimes artistiques de l’histoire » : mémoriel, identitaire, critique, utopique. Nous nous proposons désormais de tester nos hypothèses sur les productions artistiques d’autres pays sud-américains.

Nous envisagerons cette année la question de lo propio (ce qui est propre à), lo nuestro (ce qui est nôtre), soit les formes d’expression qui s’attachèrent à promouvoir un art authentique, national, (latino)-américain. Nous rencontrerons donc le « nouveau-mondisme », l’indigénisme, les lectures modernes de l’art préhispanique, populaire et vernaculaire, les propositions interrogeant l’héritage culturel sud-américain ou celles plus directement porteuses d’une critique sociale et politique. L’étude des courants et mouvements esthétiques sera mise en relation avec l’histoire intellectuelle du XXe siècle, et ce sont les productions artistiques des pays andins (Pérou, Bolivie, Équateur) qui seront mobilisées.

María Isabel Baldasarre (UNSAM/CONICET), donnera quatre conférences sur le thème « Buenos Aires : mercado, coleccionismo, artistas e instituciones entre 1880 y 1930 »

María Isabel Baldasarre est professeure et directeur du Programme du Master in Histoire de l’Art à l’Instituto de Altos Estudios Sociales, Université de San Martín, et chercheuse du Consejo Nacional de Investigaciones Científicas y Técnicas (CONICET). Ses domaines de recherches sont l’histoire de l’art et de la culture visuelle en Amérique Latine, en particulier l’histoire du collectionnisme et du marché de l’art de la fin du XIXe siècle au commencement du XXe siècle. Elle a travaillé comme coordinatrice académique du catalogue raisonnée du Musée Nationale des Beaux-Arts du Buenos Aires. Son projet actuel explore l’histoire culturelle de la mode à Buenos Aires dès 1870 à 1914.

Mardi 6 février : « La formación de un espacio para las bellas artes »

Mardi 13 février : « Tiempos de Academia »

Mardi 20 février : « Un mercado para el arte europeo en Buenos Aires »

Mardi 27 février : « La construcción del artista profesional »

Aires culturelles : Amérique du Sud,

Suivi et validation pour le master : Hebdomadaire annuel (48 h = 2 x 6 ECTS)

Mentions & spécialités :

Domaine de l'affiche : Histoire - Histoire et civilisations des Amériques

Intitulés généraux :

  • Jacques Poloni-Simard- Histoire des sociétés urbaines de l’Amérique latine, XVIe-XIXe siècle
  • Renseignements :

    Natalia Alves, CERMA, tél. : 01 49 54 20 85.

    Direction de travaux d'étudiants :

    mardis, de 10 h à 12 h, sur rendez-vous.

    Réception :

    mardis, de 10 h à 12 h, sur rendez-vous.

    Niveau requis :

    connaissance de l'espagnol.

    Site web : http://cerma.ehess.fr

    Site web : http://mondes-americains.ehess.fr

    Adresse(s) électronique(s) de contact : jacques.poloni-simard(at)ehess.fr

    Compte rendu

    Après les séminaires que nous avons consacrés, depuis 2011, à l’art argentin et uruguayen des années 1920 aux années 1960, nous avons proposé une synthèse de ce que l’on a appelé les « régimes historiques des arts plastiques », qui s’articulent autour de trois thèmes : la mémoire, l’identité, l’utopie. Nous avons repris cette année la question de « la quête de lo propio », dans une perspective identitaire ou critique, soit l’affirmation d’un art national ou le souci de rendre compte de la réalité sociale, nationale également. C’est en se tournant vers les traditions et héritages locaux ou en s’ouvrant aux courants de rénovation artistique, que les artistes argentins ont développé leur langage plastique. Ce n’est que dans un deuxième temps que la préoccupation pour un « nouvel art américain » se fait sentir, avec l’affirmation d’un sentiment latino-américain. Dans le cadre du séminaire, nous sommes revenus sur l’exposition « La hora americana », organisée au musée national des Beaux-Arts de Buenos Aires en 2014, qui, à côté de la tradition gauchesque, a montré l’attraction qu’ont représentée les Andes et la culture andine pour nombre d’artistes argentins. Nous y avons ajouté la présentation de la photographe Grete Stern (1904-1999), pour ses travaux anthropologiques dans le Chaco (après ses photo-montages formalistes, mais aussi féministes), et l’analyse des œuvres du sculpteur Libero Badíi (1916-2001) et de son Arte siniestro – « l’inquiétante étrangeté » de Sigmund Freud –, dans lesquelles sourd la référence à l’art préhispanique. Sur la base de ces prémisses, nous avons présenté un panorama de la production artistique dans un certain nombre de pays latino-américains : les Pays andins, avec la force d’un indigénisme moins connu que celui du Mexique ; Cuba, où c’est la culture noire qui fait office de référent lorsqu’il s’est agi d’inventer un art national.
    Le second semestre s’est attaché au Brésil. L’histoire de l’art de ce pays au XXe siècle s’articule autour de deux événements : la Semaine d’art moderne (São Paulo, 1922), qui fait entrer l’art brésilien dans le modernisme ; la Biennale internationale d’art, créée en 1951 dans cette même ville, qui ouvre le moment avant-gardiste de l’art concret et néo-concret brésiliens. Deux mouvements, littéraires et artistiques, jouent un rôle important dans le processus initial de rénovation : Pau Brasil (1924) et Antropofagia (1928), autour de la figure d’Oswald de Andrade, qui vise à s’appropier les innovations esthétiques européennes pour les reconfigurer à partir des réalités culturelles brésiliennes. Mais il est d’autres apports, tel celui de l’expressionisme allemand, dont était porteur le judéo-Russe Lasar Segall (1891-1957), au Brésil entre 1923 et 1925, avant de s’y établir en 1932. On a aussi montré la place centrale de la peinture sociale pendant les années 1930 et 1940, dont le principal représentant est Cândido Portinari (1903-1962), l’alter ego de l’Argentin Antonio Berni. Mais après le succès de Max Bill, l’héritier du Bauhaus, à la biennale de 1951, on assiste à une véritable déferlante concrète, tant à São Paulo, avec le groupe Ruptura (Waldemar Cordeiro, Gerarldo de Barros, Lothar Charoux, etc.), qu’à Rio de Janeiro, avec le groupe Frente (Ivan Serpa, Lygia Clark, Lygia Pape, Hélio Oiticica, etc.). On a ainsi envisagé le « moment concret » brésilien comme celui d’une utopie artistique modernisatrice, contemporain du projet de construction de Brasilia par Oscar Niemeyer et Lucia Costa, sous la présidence Kubitschek. Les années 1950 enregistrent aussi l’éclosion d’une autre abstraction, lyrique celle-ci, qui, au Brésil, va être plus particulièrement développée par des artistes d’origine japonaise (Manabu Mabe, Tomie Othake, etc.). Au-delà, l’art conceptuel fleurit au Brésil, avec une démarche critique à l’égard de la « brésilianité » (Cildo Meireles, Anna Bella Geiger), avant que n’émerge tout un courant artistique qui se tourne vers la culture afro-brésilienne et ses formes esthétiques (Carybé, Rubem Valentim, Mestre Didi). Ainsi, une tension extrêmement productive apparaît entre les recherches les plus formalistes et celles ancrées dans la culture populaire (voir aussi Nelson Leirner et Antonio Dias), qui se combine à une affirmation nationale en même temps qu’à une ouverture internationale.
    María Isabel Baldasarre, Universidad Nacional de San Martín (Buenos Aires), professeure invitée à l’EHESS, a donné quatre conférences sur le thème suivant : « Buenos Aires : mercado, coleccionismo, artistas e instituciones, 1880-1930 » (06, 13, 20, 27 février 2018).

    Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 10 avril 2018.

    Contact : service des enseignements ✉ sg12@ehess.fr ☎ 01 49 54 23 17 ou 01 49 54 23 28
    Réalisation : Direction des Systèmes d'Information
    [Accès réservé]