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Base de données des enseignements et séminaires de l'EHESS

Socio-philosophie du temps présent. Enjeux épistémologiques, méthodologiques et critiques

S'il s'agit de l'enseignement principal d'un enseignant, le nom de celui-ci est indiqué en gras.

Jeudi de 17 h à 20 h (bd Raspail 75006 Paris), cf. calendrier des séances et salles ci-dessous

  • Jeudi 16 novembre 2017 : salle 9 (105 bd Raspail 75006 Paris)
  • Jeudi 21 décembre 2017 : salle 9 (105 bd Raspail 75006 Paris)
  • Jeudi 18 janvier 2018 : salle 8 (105 bd Raspail 75006 Paris)
  • Jeudi 15 février 2018 : salle 9 (105 bd Raspail 75006 Paris)
  • Jeudi 15 mars 2018 : salle 8 (105 bd Raspail 75006 Paris)
  • Jeudi 17 mai 2018 : salle AS1_23 (54 bd Raspail 75006 Paris)
  • Jeudi 21 juin 2018 : salle 8 (105 bd Raspail 75006 Paris)

Ce séminaire a pour vocation de réfléchir aux conditions de possibilité de l’émergence d’une socio-philosophie du temps présent. Il prendra la démocratie et la technologie comme premiers champs de questionnement pour justifier cette articulation entre philosophie et sociologie. La conviction qui anime cette ambition de délimiter un tel geste, à la fois pratique et théorique, renvoie d’une part au fait que les complexités du monde actuel nous incitent à interroger la manière dont nous pouvons philosophiquement nous en saisir tout en échappant aux tentations de leur mise en système. D’autre part, la plupart des crises auxquelles nous nous heurtons (sur le plan économique, politique ou écologique) nous imposent de réfléchir aux enjeux épistémologiques, éthiques et méthodologiques de nos pratiques théoriques en vue de questionner leurs fondements, leurs présupposés, mais également leur ethnocentrisme sous-jacent.
Nous assumerons dans cette perspective le fait que la philosophie doit, plus que jamais, se pratiquer en se tenant au plus près des affaires humaines, en tissant de la sorte un dialogue aussi riche que possible avec les sciences sociales (la socio-anthropologie, la socio-histoire et la socio-économie plus particulièrement). Il s’agira enfin, dans le cours de nos séances, de nous pencher sur certaines grandes catégories de pensée dont nous avons principalement héritées d’une philosophie dite « gréco-occidentale », en essayant de les analyser à nouveaux frais en vue d’assumer une pratique théorique immanente et plurielle qui puisse s’attacher à forger des cartographies alternatives dans notre compréhension du monde au travers de ses dimensions sociales, technologiques, matérielles et symboliques. Car il y a toujours plusieurs forces à l’oeuvre dans ce que l’on désigne par les termes de « société du spectacle », « économie néolibérale », « société de l’information », ou de démocratie dite « représentative ». Compte-tenu de la pluralité des facteurs qui interviennent dans la construction de nos univers intimes, économiques, sociaux, culturels et symboliques, force est de reconnaître que « le monde contemporain » est constitutivement multidimensionnel, porté par des régimes d’énonciation hétérogènes : il appelle l’élaboration d’une pensée critique du temps présent, qui se confronte au plan épistémologique, méthodologique et éthique à ces différences.

Valérie Charolles est philosophe et économiste et chercheure associée au IIAC-CEM.

16 novembre 2017 : Gabriel Rockhill présentera une communication intitulée « Socio-philosophie et contre-histoire du temps présent »

21 décembre 2017 : « Écritures numériques et capacités démocratiques »

À cette occasion, Éric Guichard (maître de conférences HDR à l’ENSIIB et responsable de l’équipe « Réseaux, Savoirs, territoires » à l’ENS-Ulm,) présentera une communication intitulée « Appareil critique et digital : appropriation des capacités scribales et modalités d’agir démocratiques »

18 janvier 2018 : « Socio-philosophie et développement durable »

À cette occasion, nous aurons le plaisir d'accueillir Pierre Caye, philosophie, directeur du centre Jean Pépin (CNRS, ENS). Il présentera une communication intitulée « les enjeux juridiques, productifs et techniques du développement durable ».

Pierre Caye, directeur de recherche au CNRS, auteur de nombreux ouvrages, noue un dialogue inédit entre pensée antique et situation contemporaine qui permet d'éclairer la notion de développement durable (Critique de la destruction créatrice. Production et humanisme. Paris,Les Belles Lettres, 2015). Son dernier ouvrage est paru en novembre 2017 : Comme un nouvel atlas. D'un état meilleur que la puissance (Paris, Les Belles Lettres).

Jeudi 15 février 2018 :

  • « Quantification, démocratie et liberté » par Valérie Charolles (philosophe et économiste, conseillère référendaire à la Cour des Comptes, chercheure associée au Centre Edgar Morin/IIAC - CNRS/ EHESS)
  • « Une approche socio-philosophique de la métamorphose numérique » par Pierre-Antoine Chardel (professeur de sciences sociales et d'éthique, directeur du LASCO IdeaLab à l'IMT, membre du Centre Edgar Morin/IIAC - CNRS - EHESS)

Jeudi 15 mars 2018 :

  • Olivier Mongin (philosophe, ancien rédacteur en chef de la revue Esprit), « L’envers et l’endroit de la mondialisation : conditions urbaines et conditions démocratiques »
  • Charleyne Biondi (maître de conférences à Sciences Po Paris/ Columbia University), « Démêler le vrai du faux : fake news et épistémologie du numérique »

Jeudi 17 mai 2018 : Franck Cormerais (Université de Bordeaux) et Armen Khatchatourov (IMT - Télécom Ecole de Management)

Jeudi 21 juin 2018 : Gabriel Rockhill (Université Villanova, Etats-Unis)

Suivi et validation pour le master : Mensuel annuel/bimensuel semestriel (8x3 h = 24 h = 6 ECTS)

Mentions & spécialités :

Intitulés généraux :

Centre : IIAC-CEM - Centre Edgar Morin

Renseignements :

le séminaire est ouvert à toutes et tous.

Direction de travaux d'étudiants :

sur rendez-vous.

Réception :

sur rendez-vous.

Site web : https://pierreantoinechardel.wp.imt.fr/socio-philosophie-du-temps-present/

Adresse(s) électronique(s) de contact : pierre-antoine.chardel(at)ehess.fr

Compte rendu

Au cours de l’année 2017-2018, nous avons commencé à nous pencher sur les conditions de possibilité de l’émergence d’une socio-philosophie du temps présent. Nous avons pris la démocratie et les innovations technologiques comme champs de questionnement pour justifier cette articulation entre philosophie et sociologie. La conviction qui anime cette ambition de délimiter un tel geste renvoie, d’une part, au fait que les complexités du monde actuel nous incitent à interroger la manière dont nous pouvons philosophiquement nous en saisir. D’autre part, la plupart des crises auxquelles nous nous heurtons (sur le plan économique, politique ou écologique) nous imposent de réfléchir aux enjeux épistémologiques, éthiques et méthodologiques de nos pratiques théoriques en vue de questionner leurs fondements, leurs présupposés, mais également leur ethnocentrisme sous-jacent.
Nous avons assumé dans cette perspective le fait que la philosophie doit se pratiquer en se tenant au plus près des affaires humaines, en tissant de la sorte un dialogue aussi riche que possible avec les sciences sociales (la socio-anthropologie, la socio-histoire et la socio-économie plus particulièrement), ainsi qu’avec les sciences de l’ingénieur et les études digitales. Nous nous sommes interrogés sur la manière dont le concept de démocratie s’est forgé dans l’histoire, sur les moyens de surmonter la contradiction entre quantification et liberté dans un cadre démocratique et sur la métamorphose numérique vue sous un angle socio-philosophique.
Deux séances en particulier nous ont permis dégager les éléments d’une critique de la raison algorithmique à l’heure où de nouveaux régimes de servitude s’épanouissent avec le Big Data : l’une avec Éric Guichard (responsable de l’équipe « Réseaux, Savoirs, Territoires » de l’ENS-Ulm) qui est intervenu sur le thème : « Appareil critique et digital : appropriation des capacités scribales et modalités d’agir démocratiques » ; l’autre avec Armen Khatchatourov (ingénieur et membre de la chaire Valeurs et Politiques des Informations Personnelles de l’Institut Mines-Télécom) et Franck Cormerais (professeur des Universités en sciences de l’information et de la communication à Bordeaux-Montaigne et co-directeur de la revue Études Digitales).
Nous nous sommes également penchés sur certaines grandes catégories de pensée que nous avons principalement héritées d’une philosophie dite « gréco-occidentale », en essayant de les interroger dans la perspective d’assumer une pratique plus responsable et immanente de nos pratiques théoriques. L’intervention de Pierre Caye, philosophe, directeur de recherche au CNRS, directeur du Centre Jean Pépin (UMR 8230, CNRS/ENS) sur « Les enjeux juridiques, productifs et techniques du développement durable » s’est inscrite dans un tel horizon. Il nous a ainsi été permis de mettre en évidence que compte tenu de la pluralité des facteurs qui interviennent dans la construction de nos univers intimes, économiques, sociaux, culturels et symboliques, force est de reconnaître que « le monde contemporain » est constitutivement multidimensionnel, porté par des régimes d’énonciation hétérogènes : il appelle l’élaboration d’une pensée critique du temps présent, qui se confronte au plan épistémologique, méthodologique et éthique à ces différences qui sont d’autant plus importantes à respecter dans un monde de flux. Notre séance avec d’Olivier Mongin, philosophe, ancien directeur en chef de la revue Esprit : « L’envers et l’endroit de la mondialisation : conditions urbaines et conditions démocratiques » a contribué à renforcer ces aspects.

Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 9 mars 2018.

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