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Base de données des enseignements et séminaires de l'EHESS

Cosmopolitismes et écologie

  • Olivier Remaud, directeur d'études de l'EHESS ( CESPRA )

    Cet enseignant est référent pour cette UE

S'il s'agit de l'enseignement principal d'un enseignant, le nom de celui-ci est indiqué en gras.

Mardi de 15 h à 19 h (salle AS1_24, 54 bd Raspail 75006 Paris), du 9 janvier 2018 au 10 avril 2018. Pas de séance le 20 février. La séance du 10 avril se déroulera en salle BS1_05 (54 bd Raspail 75006 Paris). Séance supplémentaire le 15 mai (salle BS1_28, 54 bd Raspail 75006 Paris)

Dans la continuité des analyses menées l'an dernier autour de la thématique du « Climate of History » (selon l'expression de D. Chakrabarty), nous approfondirons cette année notre réflexion sur les cosmopolitismes en la rattachant plus explicitement encore aux domaines de l'écologie. Nous le ferons en privilégiant un phénomène naturel : la neige (et ses dérivés glaciaires). Il s'agira d'abord de comprendre en quoi ce phénomène est devenu autant un fait social qu'un fait politique, au croisement de pratiques collectives et d'imaginaires communs qui ont leurs généalogies propres. Puis nous montrerons, en confrontant les approches indiciaire, pragmatique et structuraliste, combien la neige est utilisée comme un argument dans les débats contemporains sur l'écologie, le changement climatique et la perception de l'avenir, combien elle est aussi un objet de négociation entre acteurs d'accords internationaux, notamment dans la perspective des « réfugiés climatiques ». Que deviendront les îles du Pacifique, et leurs habitants, si la couverture neigeuse et l'architecture glaciaire des pôles fondent ? Dans cette interrogation se jouent non seulement une redéfinition de l'universel et de ce qui nous est commun, au moyen des catégories de « Monde », de « Terre » ou de « Planète », mais aussi une relecture possible des relations entre les sujets humains et leurs milieux de vie.

Le texte de Barry Lopez, Arctic Dreams (1986), nous servira de point de départ.

Suivi et validation pour le master : Hebdomadaire semestriel (48 h = 12 ECTS)

Mentions & spécialités :

Domaine de l'affiche : Philosophie et épistémologie

Intitulés généraux :

  • Olivier Remaud- Histoire et théorie des cosmopolitismes
  • Adresse(s) électronique(s) de contact : olivier.remaud(at)ehess.fr

    Compte rendu

    Dans la continuité des analyses menées l’année dernière autour de la thématique du « Climate of History » (D. Chakrabarty), nous avons approfondi cette année notre réflexion sur les cosmopolitismes en la rattachant aux domaines de l’écologie. Nous avons privilégié l’étude d’un phénomène naturel : la neige et ses dérivés glaciaires. Il s’agissait de comprendre en quoi ce phénomène est devenu autant un fait social qu’un fait politique, au croisement de pratiques collectives et d’imaginaires communs qui ont leurs généalogies propres.
    Nous avons conduit une lecture minutieuse de l’ouvrage de B. Lopez : Rêves arctiques (trad. D. Letellier, Gallmeister, 2014). Fil rouge de notre réflexion, cet essai évoque l’ambivalence de l’Arctique, sa « radicale étrangeté » pour des personnes plus habituées aux zones tempérées. Au moyen d’exemples empruntés autant à l’anthropologie qu’à l’éthologie ou aux récits de voyage, Lopez montre comment les habitants des régions circumpolaires vivent tout autrement, non selon un « rythme circadien » mais en s’adaptant à la pénombre. Dans l’« obscure clarté » qui marque les contextes extrêmes du Grand Nord, tous les êtres vivants redéfinissent constamment leurs tactiques de survie. Afin de les expliciter, nous avons étudié l’emprise du « milieu » (Umwelt), les deux catégories de « perspectivisme » et de « multi-naturalisme », et le rôle du chamanisme comme outil d’orientation culturelle, sociale ou spirituelle dans les régions circumpolaires. Nous avons illustré cette analyse en projetant le film Atanarjuat. La légende de l’homme rapide (Z. Kunuk, 2001, Caméra d’Or du Festival de Cannes). Ce film a alimenté une discussion autour des écrits de J. v. Uexküll, J. Malaurie, V. de Castro et P. Descola, qui ont été relus de près.
    Puis nous avons montré combien la neige et la glace étaient utilisées comme des arguments dans les débats contemporains sur l’écologie, le changement climatique et la perception de l’avenir (G. Marshall ; C. & R. Larrère ; J. Jouzel, C. Lorius et D. Raynaud) ; combien elles étaient des objets de négociation entre acteurs d’accords internationaux, notamment dans la perspective des « réfugiés climatiques ». À cette dernière notion, nous avons dédié une séance entière afin d’examiner sa pertinence au regard des instruments du droit contemporain (A. Dahan et S. Aykut ; M. Risse). Nous nous sommes également intéressés au sort des îles du Pacifique et de leurs habitants si la couverture neigeuse et l’architecture glaciaire des pôles continuent de fondre au rythme actuel, sachant que le Protocole de Madrid signé en 1991, qui sanctuarise l’Antarctique, devra être renégocié dans quelques années. Plusieurs autres séances ont été consacrées au destin des glaciers considérés comme des « espèces en voie de disparition » (M. Carey), en tenant compte par ailleurs des traditions orales de l’Alaska, de la Colombie britannique comme du Yukon (J. Cruikshank).
    Sur un plan plus général enfin, le but du séminaire de cette année était de commencer à préciser le terme de worlding (« mondiation ») que l’on retrouve dans de nombreuses discussions internationales en sciences sociales, pour mieux caractériser les différences entre des notions telles que « monde », « terre », « planète » ou « globe ».

    Publications

    • Solitude volontaire, Paris, Albin Michel, 225 p. [traduction turque en cours (Kiraathane, Yasemin Congar, Istanbul, 2018) et traduction coréenne en cours (Dolbegae Publishing, Séoul, 2019).
    • «La colère est-elle politique ? », dans Les Émotions en politique/Emotions in Politics, sous la dir. de D. Erhardt et S. Nour-Sckell, Berlin-New York, Duncker & Humblot, 2018 (à paraître).
    • « Une trêve éphémère : “Désir de solitude et désir de société ne s’opposent pas” », entretien paru dans Le Monde des religions, dossier « S’effacer du monde », 2018, p. 32-35.
    • « At Home or Away : On Exile, Nostalgia and Cosmopolitanism », dans Conceptualizing the World, sous la dir. de H. Jordheim & E. Sandmo, Londres-New York, Berghahn Books, 2018, p. 32-47.
    • « Le monde n’est pas solitaire », dans Cahier de l’Herne Orhan Pamuk, sous la dir. de S. Basch et N. Göle, Paris, 2017, p. 23-28.

    Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 10 avril 2018.

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