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1er, 3e et 5e lundis du mois de 11 h à 13 h (salle A04_47, 54 bd Raspail 75006 Paris), du 6 novembre 2017 au 4 juin 2018. Il n'y aura pas de séances les 20 novembre, 30 avril et 7 mai. Séances supplémentaires les 26 mars, 9 avril et 14 mai (même horaire, même salle). La séance du 5 mars est annulée
La notion de « postmoderne » est complexe et instable. Elle peut évoquer une période historique, une réalité économique, mais aussi une approche, une idéologie, ou encore un style. Le séminaire abordera les manières de conceptualiser le temps et l’histoire – sa fonction sociale ainsi que ses possibilités heuristiques – dans le débat sur la « condition postmoderne ».
Programme :
6 novembre 2017 : Les origines du postmoderne
4 décembre 2017 : La condition postmoderne
18 décembre 2017 : Jacques Revel (Ehess), Le Linguistic Turn, I
15 janvier 2018 : Jacques Revel (Ehess), Le Linguistic Turn, II
29 janvier 2018 : La déconstruction
5 février 2018 : Hayden White et les formes de l’histoires
19 février 2018 : La crise de l’histoire sociale
5 mars 2018 : Jean-Claude Monod (CNRS-Archives Husserl), « Deux versions de la post-vérité »
19 mars 2018 : La « fin » de l’histoire
26 mars 2018 : Récits historiques post-modernes
9 avril 2018 : Que reste-t-il de l’historiographie postmoderne ?
14 mai 2018 : Conclusions
Mots-clés : Histoire, Littérature, Psychiatrie, Temps/temporalité,
Suivi et validation pour le master : Bi/mensuel annuel (24 h = 6 ECTS)
Domaine de l'affiche : Histoire - Histoire - Problèmes généraux
Intitulés généraux :
Renseignements :
sur rendez-vous
Direction de travaux d'étudiants :
sur rendez-vous.
Réception :
sur rendez-vous.
Niveau requis :
séminaire ouvert aux étudiants de master, aux doctorants et aux auditeurs libres.
Adresse(s) électronique(s) de contact : loriga(at)ehess.fr
Au cours de l’année 2017-2018, nous avons abordé la question du postmoderne et de ses effets sur la conscience historique et l’écriture de l’histoire. Tout d’abord, nous avons analysé les origines du phénomène. Grâce à la lecture des textes de Ihab Hassan (The Postmodern Turn : Essays in Postmodern Theory and Culture, 1987), Andreas Huyssen (« Mapping the Postmodern », New German Critique, « Modernity and Postmodernity », 1984), et Perry Anderson, The Origins of Post Modernity (1998), nous avons pu voir les usages de ce terme avant les années 1970, quand la notion de postmoderne se cristallise et quand elle devient un référent partagé et aussi un « lieu » de combat politique. Cette analyse de la « préhistoire » du postmodernisme, nous a ainsi permis de percevoir la pluralité de significations du terme et l’évolution historique du phénomène.
Nous sommes ensuite revenus sur l’œuvre de Hayden White, en distinguant trois thèmes majeurs : l’œuvre historique en tant que dispositif verbal ayant la forme d’un discours narratif (« qu’est-ce qui est artistique au sein de l’historiographie réaliste ? »), dans Metahistory. The Historical Imagination (1973) ; « les politiques d’interprétation » et la fonction politique du récit, dans The Content of the Form : Narrative Discourse and Historical Representation (1987) ; l’événement et le récit « moderniste » dans Figural Realism, Studies in the Mimesis Effect (1999). Cette analyse a été réalisée en lien avec une réflexion sur l’évolution de la pensée de Paul Ricœur. Dans Temps et Récit, celui-ci se confronte sans cesse avec la théorie tropologique présentée dans Metahistory. Dans la deuxième partie, il insiste sur le caractère narratif de l’historiographie et envisage de découvrir les structures que le récit historique partage avec la fiction. D’autre part, dans la troisième partie, il a adhéré au « primat de la visée référentielle », et il déploie la notion de « refiguration » en contraste avec l’idée whitienne d’un encodage du champ historique par des tropes fondamentaux. Quinze ans plus tard, ce débat avec l’approche tropologique n’est guère repris. Mémoire, Histoire, Oubli indique une prise de distance forte par rapport à White, et en ce sens un déplacement depuis Temps et Récit, suite notamment à l’Historikerstreit, à savoir la querelle des historiens sur l’identité allemande, lancée par le philosophe Jürgen Habermas dans la presse allemande en 1986. Dans les pages consacrées à la notion de « représentance », donc à la capacité du discours historique à représenter le passé, Ricœur vise à montrer que la spécificité de la référentialité historiographique ne peut pas être discernée au seul plan du fonctionnement des figures rhétoriques qu’assume le discours historiographique.
Quelques séances ont été consacrées par ailleurs à deux textes fondamentaux du débat sur le postmoderne : Frederic Jameson, Postmodernism or The Cultural Logic of Late Capitalism, qui voit dans le postmoderne l’émergence d’une nouvelle superficialité (depthlessness) et une perte de capacité herméneutique ; et Hal Foster, The Return of the Real. The Avant-garde at the End of the Century (1996), pour qui l’art postmoderne, loin de manifester simplement une adhésion au signe-marchandise, fonctionne sous la modalité de ce qu’il appelle le « réalisme traumatique ». La lecture parallèle de ces deux textes nous a permis d’interroger, en particulier, le rôle du trauma dans la sensibilité post-moderne. Cette question a été abordée notamment à travers la réflexion de Cathy Caruth, Unclaimed Experience : Trauma, Narrative and History, Baltimore-London (1996), qui, après avoir fait du trauma la clé interprétative pour relire la société actuelle, écrit que l’histoire devrait renoncer à sa dimension référentielle pour se situer dans l’indicible du trauma.
Le séminaire a, en outre, bénéficié de deux interventions extérieures : Jacques Revel (EHESS) sur le Linguistic Turn et Jean-Claude Monod (CNRS-ENS) sur la notion de post-vérité.
Publications
Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 5 mars 2018.