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Base de données des enseignements et séminaires de l'EHESS

Sociétés urbaines méditerranéennes. Histoire et anthropologie

S'il s'agit de l'enseignement principal d'un enseignant, le nom de celui-ci est indiqué en gras.

1er lundi du mois de 17 h à 19 h (INaLCO, 2 rue de Lille 75007 Paris), du 6 novembre 2017 au 4 juin 2018

Ce séminaire de recherche mensuel est un lieu de formation et d’échange pour les chercheurs et les étudiants en master et doctorat en Anthropologie-Ethnologie et en Histoire. Il vise à contribuer à la réflexion sur les notions et les pratiques d’urbanité et de citadinité dans le contexte des villes méditerranéennes en plaçant au cœur de l’analyse les différentes formes de cosmopolitisme, de patrimonialisation, d’identification et de territorialisation qui définissent ces sociétés urbaines. Le qualificatif de méditerranéen ne postule pas l’existence d’une quelconque « aire culturelle » aux contours bien délimités, mais invite à s’interroger sur les relations entre formes d’urbanité et de sociabilité et aire culturelle. La perspective historique permet d’appréhender les héritages de l’Empire Ottoman et de l’expansion coloniale européenne au sein des sociétés urbaines des rives méridionales et orientales de la Méditerranée dans une démarche comparative.

Lundi 5 février 2018 : Les villes dans les littératures. Vocabulaires comparatifs

  • « Beyrouth-Sanaa à mots découpés » (Franck Mermier, IRIS/CNRS/EHESS)
    Beyrouth et Sanaa paraissent aux antipodes l’une de l’autre si l’on met en exergue, entre autres, les rapports de genre, les modes de sociabilité, les rythmes urbains et le degré de cosmopolitisme. Depuis la période des guerres libanaises (1975-1990), Beyrouth est devenue la scène, voire la protagoniste de nombreux romans libanais, tandis que les oeuvres de fiction se déroulant à Sanaa sont encore rares. La mise en résonnance de deux ouvrages (non traduits en français), l’un libanais, l’autre yéménite, permettra d’établir des correspondances entre les deux villes à travers la manière dont les espaces sont qualifiés et parcourus. On s’interrogera, ce faisant, sur l’apport des oeuvres de fiction pour la recherche en sciences sociales. Cette intervention portera sur le livre de l’écrivain yéménite Ahmad Zayn, Qahwa amrîkiyya [Café américain] (Beyrouth/Casablanca, Al-Markaz al-thaqafi al-‘arabi, 2007), et sur celui du romancier libanais Fawzi Dhabyan, Orwell fî al-dâhiyya [Orwell dans la Banlieue Sud] (Beyrouth, Dar al-Adab, 2017).
    Franck Mermier, anthropologue, directeur de recherche au CNRS (IRIS) a centré ses recherches sur les sociétés urbaines de l’espace arabe. Dernières publications : Récits de villes : d’Aden à Beyrouth (Actes Sud/Sindbad, 2015) ; (en codirection) Les villes divisées. Représentations littéraires et cinématographiques (à paraître en 2018 aux Presses Universitaires du Septentrion).
  • « Autour des Cinq Villes de A.H. Tanpınar (1946) » (Timour Muhidine, CERMOM/INaLCO)
    Le portrait de ville, émanation du récit de voyage classique, devient un genre littéraire en Europe à la fin du XIXe siècle. Très en demande dans les années 1920 (chez Paul Morand entre autres), il s’inscrit dans une forme de découverte touristique et permet de décrire, commenter et critiquer des aspects divers de la vie urbaine, notamment la stratification sociale avec un intérêt tout particulier pour le monde du travail et les bas-fonds. Tardivement introduit en littérature turque (par le biais du reportage littéraire tels que le pratiquent Osman Cemal Kaygili ou Sait Faik), le portrait de ville – et même de plusieurs villes – s’incarne dans le projet de A. H. Tanpınar de brosser un panorama de la Turquie classique et moderne en cinq « stations » : Bursa, Konya, Ankara, Istanbul et Erzurum. Historiquement et culturellement, il affirme une hiérarchie et pratique une approche digne de l’histoire culturelle afin d’examiner la spécificité de chacune des cités. L’essayiste Tanpınar a compris que la ville était une perception, une manière de voir le monde mais aussi une rhétorique. Cette contribution s’attachera tout particulièrement à Istanbul.
    Timour Muhidine est maître de conférences en langue et littérature turques à l’INaLCO et membre du CERMOM. Parmi ses dernières publications : L’autre Turquie : reportages littéraires, Paris, Galaade, 2014.
  • « Paysages linguistiques et intérieurs de Tel-Aviv » (Il-Il Yatziv-Malibert, CERMOM/INaLCO)
    La ville de Tel-Aviv est perçue et représentée comme tout ce que Jérusalem ne l’est pas : balnéaire, profane, moderne, cosmopolite, « qui ne se couche jamais ». À travers des graffiti et aussi des panneaux routiers pris en photos dans des promenades à la recherche des témoignages langagiers et culturels de ce cosmopolitisme et la mise en résonance avec la présentation des plusieurs volumes du roman graphique traduit en français d’Asaf Hanuka (K.O. à Tel-Aviv, chez Steinkis BD, 1er tome paru en 2012, 3e vol. en 2016), seront décrits les différents espaces et les microsociétés qui cohabitent et se confrontent à Tel-Aviv.
    Linguiste, professeur à l'INaLCO et membre du CERMOM, Il-Il YATZIV-MALIBERT a centré ses recherches sur l’hébreu parlé, peu décrit par la communauté linguistique israélienne et peu connu par la communauté scientifique européenne en appliquant les méthodes de la linguistique du terrain. Ses publications, en français, en anglais et en hébreu, portent sur la syntaxe, la prosodie et la pragmatique de l’hébreu contemporain.

Aires culturelles : Méditerranéens (mondes),

Renseignements :

par courriel auprès des enseignants.

Direction de travaux d'étudiants :

sur rendez-vous uniquement aurpès des responsables d'enseignement.

Réception :

sur rendez-vous pris par courriel.

Niveau requis :

le séminaire est ouvert aux étudiants inscrits en master ou doctorat. Les étudiants de l'EHESS et de l'INaLCO sont priés de se présenter aux enseignants lors des deux premières séances.

Adresse(s) électronique(s) de contact : maria.couroucli(at)cnrs.fr, franck.mermier(at)ehess.fr, meropi.anastassiadou(at)inalco.fr, timour.muhidine(at)gmail.com

Compte rendu

Ce séminaire mensuel est conçu comme un lieu de formation et d’échange pour les chercheurs et les étudiants en Master et Doctorat en Histoire et Anthropologie-Ethnologie. Les thématiques abordées incluent les notions et pratiques de cosmopolitisme, de patrimonialisation, de territorialisation et de la formation des identités à travers des recherches dans les sociétés urbaines des rives du sud de la Méditerranée. Cet ancrage géographique et culturel permet de souligner la perspective historique des travaux engagés, notamment les héritages de l’Empire Ottoman et l’expansion coloniale européenne.
Le programme de l’année 2017-2018 était articulé autour du thème du Vocabulaire des urbanités méditerranéennes. Les participants étaient invités à présenter des études des cas autour des usages et représentations des différents concepts et mots de la ville dans une démarche comparative. Pour mieux appréhender les possibilités des approches multiples, deux à quatre intervenants étaient prévus par séance.
On peut distinguer trois types de perspectives. Un premier ensemble de séances était consacré à la littérature et aux questions de vocabulaire littéraire et de voyage, et aussi aux questions d’appréhension et de représentation de l’espace urbain par les auteurs (voyageurs et auteurs locaux). À travers des études de cas, concernant notamment les villes de Beyrouth, Sanaa, Istanbul mais aussi Bursa, Konya, Ankara et Erzurum, les intervenants ont exploré les relations entre espaces urbains et usages linguistiques in situ, tant dans les analyses des chercheurs que dans les textes originaux, ouvrant ainsi un débat sur les concepts et les catégories de l’urbanité (séances de novembre avec Randa Sabry et février avec Franck Mermier, Timour Muhidine et Il-Il Yatziv-Malibert).
Un deuxième ensemble de séances concernait les villes en crises et/ou conflits, notamment la séance interdisciplinaire du mois de mars sur Athènes et Beyrouth, avec quatre intervenants (anthropologues, sociologues, urbanistes et historiens). Il s’agissait d’étudier différentes manières de rendre compte des transformations du paysage et aussi des populations urbaines, en (re)visitant des terrains, des textes et/ou des écritures (graffiti, panneaux et autres). Un retour sur les changements récents, plus ou moins violents, sur les ruines et/ou les absences/vides observés et commentés par les habitants dans chacune des situations urbaines a permis une mise en perspective comparative entre Athènes pendant la crise économique et Beyrouth de l’après-guerre civile. Les travaux historiographiques et en sciences sociales questionnent justement les catégories et le vocabulaire analytique de chacune des disciplines (Sophie Brones, Candice Raymond, Roxane Caftanzoglou, Ifigeneia Dimitrakou).
Un troisième ensemble de séances était articulé autour des questions d’histoire et d’histoire sociale, dans trois domaines : l’histoire de la santé et son vocabulaire en milieux urbains, l’étude des nouvelles pratiques religieuses et l’étude des politiques et pratiques de patrimonialisation. Centrés sur des études des cas des politiques ottomanes ou, pour la période contemporaine, présentées à l’échelle du quartier, les débats ont porté sur la sociographie historique et la restitution des dynamiques sociales sur un temps long. Cinq séances, en décembre, avril, mai et juin, ont permis de mettre en perspective des travaux menés à Istanbul, Jérusalem, Téhéran et les villes marocaines (Elias Kolovos, Özgür Türesay, Meropi Anastassiadou, Jean-François Pérouse, Alexandre Toumarkine, Mina Saidi-Sharouz, Zeynep Ugur, Habil Saglam, Asli Zeren, Musa Sroor et Leon Buskens).

Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 30 janvier 2018.

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