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Mercredi de 10 h à 13 h (salle AS1_23, 54 bd Raspail 75006 Paris), du 10 janvier 2018 au 28 février 2018
Il s’agira dans ce séminaire de revisiter les grands débats historiographiques de la Chine au XXe siècle sous l’angle des sciences sociales : comment les controverses autour de l’interprétation de certains événements rejoignent-elles des débats théoriques sur la construction et le rôle de l’État, l’exceptionnalisme chinois, le totalitarisme, la société civile et la sphère publique, ou la mémoire ? Chaque séance combinera des lectures de sources primaires disponibles en traduction anglaise ou française avec des sources secondaires traçant les lignes des grands débats historiographiques et théoriques. Tout au long du séminaire, les sources littéraires et cinématographiques seront mises en valeur pour souligner l’apport de l’histoire culturelle et intellectuelle à l’historiographie.
Ce séminaire s’adresse aux étudiants en master et en doctorat ; il est conçu à la fois pour donner des repères au non-spécialistes de la Chine et pour permettre aux spécialistes d’approfondir leur connaissance de l’historiographie.
Télécharger le planning-bibliographie : https://vegsebastian.files.wordpress.com/2018/01/syllabus_historio_theorie_2017-8.pdf
Télécharger les textes à lire pour chaque séance : https://www.dropbox.com/sh/6dlc2vnuhaffs2y/AAACwEWu1capOGgEuKKpfohda?dl=0
10 janvier : Introduction : La Révolution de 1911 et la question de l’État-nation
17 janvier : Le mouvement pour la nouvelle culture et la question du cosmopolitisme
11h-13h: Conférence de David Damrosch (Université Harvard, Ernest Bernbaum Professor of Literature, Director, Institute for World Literature, Department of Comparative Literature, Harvard University, directeur d'études invité à l'EHESS), « Those Reprobates at New Youth Magazine: World Literature and the May Fourth Movement »
24 janvier : La République de Chine et la question de la sphère publique bourgeoise
31 janvier : Seconde guerre mondiale et guerre civile : la question de la construction de l'État
7 février : La période maoïste et la question du totalitarisme
14 février : Des années 1980 au mouvement de Tiananmen : la question de la société civile
21 février : La relance des réformes après 1992 et la question du capitalisme d'État
28 février : Hong Kong 1997 et la question du colonialisme
Mots-clés : Histoire culturelle, Histoire des idées, Politique,
Aires culturelles : Asie orientale,
Suivi et validation pour le master : Hebdomadaire semestriel (24 h = 6 ECTS)
Domaine de l'affiche : Histoire - Histoire et civilisations de l'Asie
Intitulés généraux :
Renseignements :
par courriel.
Direction de travaux d'étudiants :
sur rendez-vous.
Réception :
sur rendez-vous par courriel.
Niveau requis :
Master.
Adresse(s) électronique(s) de contact : veg(at)ehess.fr
Au premier semestre, le séminaire visait à revisiter les grands débats historiographiques de la Chine au XXe siècle sous l’angle des sciences sociales : comment les controverses autour de l’interprétation de certains évènements rejoignent-elles des débats théoriques sur la construction et le rôle de l’État, le nationalisme, le totalitarisme, la société civile et la sphère publique, ou la colonisation ?
Alors que la révolution de 1911 est largement comprise comme le moment fondateur de l’État-nation chinois moderne, la dimension spécifiquement ethnique voire raciale de cette révolution a été précédemment sous-estimée. Elle pose la question de savoir s’il est possible de définir la société civile du nouveau régime républicain sans référence à une nation ethnique. Une conférence de David Damrosch (Université Harvard) est revenue sur la question de l’occidentalisation de la culture et des modernités multiples en rapport avec le mouvement du 4 Mai 1919. Sous le gouvernement nationaliste, un État autoritaire a coexisté avec des sphères publiques limitées, marquées moins par la communication rationnelle que par l’esprit partisan et l’expression de sentiments politiques. Pendant la guerre sino-japonaise et la Seconde Guerre mondiale, les différents régimes de coexistence avec l’envahisseur japonais (État distinct au Manchukuo, régime collaborationniste, administration militaire japonaise) s’inscrivent dans la continuité des efforts de construction administrative entamés par le KMT et poursuivis après guerre par le PCC. La période maoïste soulève la question du totalitarisme : les nouvelles contributions historiographiques soulignent à la fois la dimension intentionnaliste du projet maoïste (recensements, étiquettes politiques, politique de quotas) et l’existence d’espaces de désaccord dans la société. Au cours des années 1980, certaines études observent l’essor d’une société civile qui aurait préparé le mouvement démocratique de 1989 ; cette approche doit être fortement nuancée au vu de l’existence de réseaux clientélistes qui relient les associations sociétales à différents lieux de l’État et expliquent la difficulté pour la société de défier frontalement ce dernier. Les réformes économiques des années 1990 soulèvent la question de la nature de l’idéologie du nouveau régime : si une forme de capitalisme (au sens strict d’accumulation de capital) s’est développée depuis 1993, celui-ci reste largement sous le contrôle politique de l’État-parti. Enfin, la rétrocession de Hong Kong en 1997 et la nostalgie coloniale sont l’occasion de repenser la colonisation de Hong Kong comme un projet de collaboration entre les élites britanniques et locales pour la modernisation de la Chine.
Ce séminaire a permis d’établir des liens concrets entre les nouveaux développements historiographiques sur la Chine du XXe siècle et les grandes questions théoriques qui structurent les enquêtes de sciences sociales sur la Chine contemporaine.
Publications
Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 22 janvier 2018.