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Philosophie des sciences sociales : problèmes de l’analyse conceptuelle et empirique des croyances collectives

  • Alban Bouvier, professeur à Aix-Marseille Université ( IJN )

    Cet enseignant est référent pour cette UE

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Jeudi de 15 h à 17 h (salle 5, 105 bd Raspail 75006 Paris), du 8 mars 2018 au 12 avril 2018. La séance du 12 avril est annulée

Problèmes conceptuels et empiriques rencontrés dans l’analyse des croyances collectives (notamment religieuses et politiques) et dans l’analyse de l’action collective. Spécialement : examen du rôle de l’argumentation et de la rhétorique.

Programme des séances :

Séance 1 : La question épistémologique des niveaux d’analyse en sciences sociales : macro/méso/micro. Analyse des multiples confusions conceptuelles (et identification des divers problèmes en jeu).

Séance 2 : La question épistémologique de la pertinence respective du holisme, de l’individualisme méthodologique et de l’infra-individualisme méthodologique. Nouvelles confusions conceptuelles. Leur relation ou leur absence de relation avec les problèmes politiques.

Séance 3 : Convergences disciplinaires dans l’analyse des croyances collectives et de l’action collective : 1) Sociologie analytique et philosophie analytique ; 2) Sociologie cognitive et épistémologie sociale.

Séance 4 : Les mécanismes a) de production, de transformation et de disparition des croyances collectives et b) d’engendrement de l’action collective. Spécialement : le rôle de l’argumentation et de la rhétorique.

Séance 5 : L’exemple de la production, transformation et disparition des hérésies chrétiennes entre le I° siècle et le XVII° siècle. Le rôle de l'argumentation et de la rhétorique religieuses.

Séance 6 : L’exemple des effets des débats de 1858 entre Abraham Lincoln et Stephen Douglas (concernant l’extension ou non de l’esclavage aux nouveaux Territoires) sur le déclenchement de la Guerre de Sécession (1861-5). Le rôle de l'argumentation et de la rhétorique politiques.

Références bibliographiques de base du séminaire :

  • Jarvie, I.C. & Zamora-Bonilla, J. (eds), (2011), The Sage Handbook of the Philosophy of Social Sciences, London, Sage Publications, spécialement chap. 6, 8, 9, 19
  • Hedström, P. and Bearman, P. (eds), (2009), The Oxford Handbook of Analytical Sociology, Oxford, Oxford University Press, spécialement chap. 1, 2, 4, 5, 6, 13
  • Frans H. van Eemeren, Bart Garssen, Erik C. W. Krabbe, A. Francisca Snoeck Henkemans, Bart Verheij and Jean H. M. Wagemans (eds), (2014), Handbook of Argumentation Theory, Dordrecht, Springer.
  • Cohen, L.J., (1992), Belief and Acceptance
  • Elster, J., (1990), Psychologie politique, Paris, Ed. Minuit.
  • Elster, J., (2007), Explaining Social Behavior. More Nuts and Bolts for the Social Sciences, Cambridge, Cambridge University Press
  • Sperber, D., (1974), Le symbolisme en général, Paris, Paris, Hermann, chap. 4 « Symbolisme et savoir »
  • Sperber, D. (1997). « Individualisme méthodologique et cognitivisme ». Dans: R. Boudon, A. Bouvier et F. Chazel (eds.) Cognition et sciences sociales. Paris: Presse Universitaires de France. (1997) 123-136.
  • Sperber, D. (2011). “A naturalistic ontology for mechanistic explanations in the social sciences”. In Pierre Demeulenaere (ed.) Analytical sociology and social mechanisms (Cambridge: Cambridge University Press). 64-77.
  • Théron, M. (2005), Petit lexique des hérésies chrétiennes, Paris, Albin Michel.
  • Zarefsky, D. (1990), Lincoln, Douglas, and Slavery: in the Crucible of Public Debate, Chicago: University of Chicago Press.
  • Zarefsky, D. (2014), Political Argumentation in the United States: Historical and Contemporary Studies. Amsterdam: John Benjamins

Aires culturelles : Amérique du Nord, Europe,

Suivi et validation pour le master : Mensuel annuel/bimensuel semestriel (12 h = 3 ECTS)

Mentions & spécialités :

Domaine de l'affiche : Philosophie et épistémologie

Intitulés généraux :

Renseignements :

pré-requis : a) connaissance de bases solides en philosophie et b) curiosité pour les sciences de l'homme et de la société dans leur diversité.

Pour les étudiants de master : contrôle sur un mini-mémoire.

Direction de travaux d'étudiants :

en fonction du sujet choisi.

Réception :

sur rendez-vous.

Niveau requis :

voir plus haut.

Adresse(s) électronique(s) de contact : bouvier.alban(at)hotmail.fr

Compte rendu

Le but de ce séminaire était d’initier à la philosophie des sciences sociales à partir des problèmes qui se posent au sein même des sciences sociales sur une question clé, celle de l’explication des croyances collectives. On a abordé les thèmes suivants :
Thème 1 : La question épistémologique des niveaux d’analyse en sciences sociales : macro/méso/micro. Analyse des multiples confusions conceptuelles (et identification des divers problèmes en jeu). On a commencé par distinguer cette question de celle des rapports entre holisme et individualisme méthodologique, puis distingué trois sens de l’opposition micro/macro : une simple différence d’échelle, mais qui peut être très pertinente (ex. T. Schelling) ; une différence de niveau ontologique ; une différence de niveau épistémologique.
Thème 2 : La question épistémologique de la pertinence respective de l’holisme, de l’individualisme méthodologique et de l’infra-individualisme méthodologique. Nouvelles confusions conceptuelles. Leur relation ou leur absence de relation avec les problèmes politiques. On a commencé par écarter les confusions élémentaires mais fréquentes, de nature idéologique, entre questions épistémologiques et questions politiques ; puis on a cherché à monter que l’IM originaire, chez Menger, Schumpeter et Weber est une position critique : elle vise à éliminer les pseudo-entités collectives (le « mauvais » holisme), mais contrairement à une certaine doxa, elle est compatible avec l’acceptation d’entités collectives, conçues comme ontologiquement dérivées à partir des entités primitives, les individus (le « bon » holisme). Puis on a présenté l’infra-individualisme.
Thème 3 : Convergences disciplinaires dans l’analyse des croyances collectives et de l’action collective : 1) Sociologie analytique et philosophie analytique ; 2) Sociologie cognitive et épistémologie sociale. Ce thème, initialement prévu, n’a été finalement qu’évoqué
Thème 4 : Les mécanismes a) de production, de transformation et de disparition des croyances collectives et b) d’engendrement de l’action collective. Spécialement : le rôle de l’argumentation et de la rhétorique. Ce thème n’a été, comme tel, c’est-à-dire comme question théorique, qu’évoqué. On a préféré se limiter à des caractérisations élémentaires des mécanismes en question et les illustrer sur l’analyse d’exemples à propos des deux thèmes suivants.
Thème 5 : L’exemple de la production, transformation et disparition des hérésies chrétiennes entre le Ier siècle et le XVIIe siècle. Le rôle de l’argumentation et de la rhétorique religieuses. On a cherché à montrer notamment quoique de façon succincte, le rôle de processus que l’on peut dire infra-individuels, en l’occurrence le rôle de l’attention – et, en l’occurrence ici surtout du manque d’attention – dans la diffusion de croyances incohérentes concernant la naissance (divine ou/et humaine) du Christ et les efforts, qualifiés d’« hérétiques », pour rendre la croyance logiquement cohérente. On a suggéré que ces efforts de rationalisation n’ont été possibles que parce que des individus se sont trouvés (ou ont été capables de se mettre) en position d’outsiders par rapport à des groupes ; on a donc aussi introduit une dimension holiste dans cette analyse de cas.
Thème 6 : L’exemple des effets des débats de 1858 entre Abraham Lincoln et Stephen Douglas (concernant l’extension ou non de l’esclavage aux nouveaux Territoires) sur le déclenchement de la Guerre de Sécession (1861-5). Le rôle de l’argumentation et de la rhétorique politiques. On a cherché surtout ici à montrer comment pouvaient s’articuler une analyse micro et une analyse macro (au sens de différence d’échelle), et comment de simples procédés rhétoriques, apparemment anodins, pouvaient avoir des effets spectaculaires à l’échelle d’une nation (en l’occurrence faire apparaître comme extrémistes et donc irréconciliables, des positions qui ne l’étaient pas).

Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 12 avril 2018.

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