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Base de données des enseignements et séminaires de l'EHESS

Anthropologie expérimentée : critiques, créations, engagements

S'il s'agit de l'enseignement principal d'un enseignant, le nom de celui-ci est indiqué en gras.

Mardi de 15 h à 19 h (54 bd Raspail 75006 Paris), cf. calendrier des séances et salles ci-dessous

Le séminaire que nous souhaitons mettre en place cette année vise à questionner ou re-questionner l’anthropologie contemporaine à la lumière des sujets et des expériences de recherche présents et en cours. Il entend répondre à une demande de plus en plus insistante des doctorants qui aspirent à réfléchir sur leur posture, à l’heure où les travaux en anthropologie s’inscrivent dans un mouvement de globalisation, d’interdisciplinarité, où, d’une certaine manière, l’anthropologie se globalise et est conduite à des réajustements. Il s’agit ainsi d’appréhender la discipline comme un objet d’étude expérimentée et à expérimenter, en créant une distance critique qui nous permette d’effectuer un retour épistémologique et méthodologique sur l’anthropologie en train de se faire, ici et ailleurs.

Au cours des séances, nous reviendrons sur les définitions classiques de cette discipline afin de mieux en percevoir les dynamiques mais aussi les limites actuelles. Nous interrogerons les capacités de ses outils et méthodes à s’adapter aux enjeux contemporains de la recherche, à sortir des cadres classiques de ses champs autant que les freins qu’ils induisent dans l’incorporation de nouvelles approches. Autrement dit, il s’agit de se pencher sur la fabrique anthropologique en renouvellement, et sur ses espaces de travail et d’application, à la lumière des travaux de recherche des doctorants mis en écho avec ceux de chercheurs confirmés.  Ainsi, il nous semble que nous pourrons répondre à la question suivante : Quels sont les recadrages épistémologiques et méthodologiques envisageables, expérimentés et à expérimenter dans le contexte actuel d’une anthropologie, critique, créative et engagée ?

L’ambition de ce séminaire est de créer un espace de débat qui prend en compte des expériences singulières de l’anthropologie. Il est prévu que chacune des séances s’articule autour de l’intervention de deux doctorants et d’un invité extérieur.

21 novembre 2017 (salle AS1_24) : Pour une anthropologie expérimentée : enjeux épistémologiques et pratiques

  • Kristell Blache-Comte, Anthropologue, Doctorante, IIAC-LAHIC, CNRS, EHESS, Photographe « Glissement de terrains »
  • Florencia Muñoz-Ebensperger, Anthropologue, Doctorante - EHESS, IIAC-LAHIC/CNRS-EHESS « Les paysages du domestiques dans les quartiers populaires du Chili »
  • Irene Picichè, Anthropologue, Doctorante en Cotutelle - EHESS, IIAC-LAHIC/CNRS-EHESS, Université de Bologne « Exposer l'ordinaire »

19 décembre 2017 (salle AS1_24) : Terrains et objets oubliés de l'anthropologie : du stigmate à la banalité

Durant cette séance, il sera présenté deux (potentiellement trois) travaux de recherche (respectivement sur les usages numériques des adolescentes rurales et les surveillants de musée), et en quoi ils s'attaquent à des terrains et objets peu traités ; il s'agira notamment de discuter des raisons de ces oublis ou de ces omissions dans le champ de la recherche contemporaine.

  • Romain Loubié, Sociologue, Doctorant, IIAC-LAHIC/CNRS-EHESS « Gardien de musée : un métier oublié comme les autres »
  • Béatrice Guillier, Chercheuse en cultural studies, Doctorante, IIAC-LAHIC/CNRS-EHESS « Les pratiques culturelles des adolescentes en milieu rural - Terrain oublié, objet méprisé »

16 janvier 2018 (salle AS1_23) : Expérimentations et créativités en anthropologie : une question de genre(s) ?

Dans cette séance, il sera question d’envisager le genre comme un objet qui conduit les anthropologues à des réajustements tant méthodologique qu’épistémologique.

  • Paul Forigua, Anthropologue, Doctorant, IIAC-LAHIC, CNRS, EHESS et Lizandra Ferreira étudiante en Master en Anthropologie, EHESS « Expérimentation et créativité en anthropologie : un regard sur les travaux portant sur le genre »
  • Corinne Fortier, Anthropologue, Chargée de recherche, LAS, CNRS, EHESS, Collège de France « Pour une anthropologie sensible, créative et engagée : retour sur mes recherches liées au genre et sur mes pratiques filmiques.", suivie de la projection de son film "24h dans la vie de Diane »
  • Paul Forigua, Anthropologue, Doctorant, IIAC-LAHIC, CNRS, EHESS « L'entre-deux: travestissement et intersectionnalité dans 3 manifestations traditionnelles au Venezuela » (Communication dansée)
  • Raphaëlle Doyon, Maitresse de conférence en Esthétique, sciences et technologie des art, Université Paris 8 « Les artistes femmes en art dramatique : singularités des trajectoires et mécanismes du ‘plafond de verre ».

20 mars 2018 (salle AS1_23) : Pour une anthropologie de la création: usages des matériaux visuels dans une enquête ethnographique

Entre pratiques et analyses de l'image, entre création iconographique et création méthodologique, cette séance propose d'observer les différentes ramifications scellées dans son titre « Anthropologie de la création » et d'interroger  le potentiel créateur de l'anthropologue.

Dans cette séance nous voulons explorer le rôle de l’image dans la création de nouveaux récits en anthropologie. Il ne s’agirait pas uniquement d’étudier les usages des images, mais de comprendre, par le biais de la pratique filmique et/ou photographique, les enjeux narratifs, créatifs  et méthodologique des différents mediums (audio)visuels. Par ailleurs, nous souhaitons questionner le statut des images dans une enquête ethnographique.

À cette occasion interviendront :

  • Eliane de Latour (Cinéaste et Anthropologue DR au CNRS). Elle présentera le film Si bleu si calme, dans l'objectif de discuter sur la construction de la narration et des temporalités de l'image dans le cadre d'une enquête filmique. Après la visualisation du film, nous souhaitons engager une discussion sur le rôle de l'image (et du son) dans la création de nouveaux récits en anthropologie. 
  • Elsa Chanforan, doctorante à l'EHESS (IIAC-LAHIC) "L'image constituée en terrain d'enquête : l'exemple des images de mode. Méthode « iconoclaste » ou limites de l'enquête anthropologique ?"
  • Camilo Leon-Quijano, doctorant contractuel à l'EHESS (LAHIC/IIAC - CEMS/IMM) "Photographie, création et engagement : narratives visuelles de l'expérience en banlieue"

15 mai 2018 (salle AS1_24) : L’anthropologie impliquée : places et rôles de l’anthropologue dans les sociétés contemporaines

  •  Aurélia Gualdo (doctorante CIFRE, EHESS (LAHIC-IIAC), Mairie de Paris), « Entre action et observation : introduction à l'anthropologie impliquée »
  • Marine Loisy (doctorante CIFRE, EHESS (LAHIC-IIAC), Université Paris V-Descartes (CANTHEL), Mairie de Paris), « Une ethnologue à la Mairie : de la stratégie politique institutionnelle à l’implication nécessaire du chercheur »
  • Saskia Cousin (ethnologue, Université Paris V-Descartes, CANTHEL) et Alexandra Galitzine-Loumpet (ethnologue, Université Paris VII-Diderot (CESSMA), INaLCO), « Ethnographie impliquée auprès des migrant·e·s, des réfugié·e·s, des exilé·e·s : comment peut-on “observer” ? »
  • Fabrice Raffin (sociologue et ethnologue, Université de Picardie Jules Verne, Laboratoire Habiter le Monde), « Les SHS se coltinent le monde : faire avec les réalités sociales »

19 juin 2018 (salle AS1_23) : L’anthropologie appliquée : sortir des murs de l’académie

Nous pensons que l'anthropologie ne doit pas se limiter au cercle d’élites intellectuelles, mais doit faire corps avec la société pour être science sociale, principalement à une époque où les réclamations de dialogue entre les citoyens et les institutions se font de plus en plus ressentir. Cette séance aura pour but de démontrer les atouts de l’application de discipline au-delà de sa structure strictement académique et universitaire. Nous tenterons, avec nos invités, d'aborder l'anthropologie sous un angle professionnel, civique et politique, à la manière des sciences appliquées. Nous nous interrogeons donc sur les moyens concrets de vulgarisation/valorisation de la discipline.

  • Jérôme Lopes Carolo, master d’anthropologie - EHESS, et Morgane Tocco, doctorante en anthropologie - EHESS, IIAC-LAHIC/CNRS-EHESS « Introduction » 
  • Olivier Wathelet, U. Libre de Bruxelles, U. Montréal « Anthropologie en situation d'innovation » 
  • Salomé Delmotte, membre de l'association Ethnologues en herbe « Transmettre les savoirs anthropologiques dans les écoles »

Suivi et validation pour le master : Bi/mensuel annuel (24 h = 6 ECTS)

Mentions & spécialités :

Renseignements :

le détail du programme sera précisé ultérieurement. Personnes à contacter : Anne Monjaret, Marine Loisy, Camilo Leon Quijano.

Direction de travaux d'étudiants :

sur rendez-vous uniquement.

Réception :

sur rendez-vous uniquement, réception de préférence après les séances du séminaire, sur le site du séminaire.

Niveau requis :

ouvert aux étudiants en master et doctorat, aux élèves et auditeurs libres.

Adresse(s) électronique(s) de contact : anne.monjaret(at)ehess.fr, marine.loisy(at)ehess.fr, cleonquijano(at)gmail.com

Compte rendu

Anthropologie expérimentée : critiques, créations, engagements
Ce séminaire, sous la responsabilité pédagogique de A. Monjaret, a la particularité d’avoir été organisé et animé par des doctorants et des étudiants en master. Il a vocation au développement d’un esprit critique collectif et d’un apprentissage aux activités de chercheur. Il a permis de répondre à trois grands axes constituant la trame des séances et contribuant à interroger l’anthropologie du contemporain : critiques, créations et engagements. Les étudiants regroupés en paires et chargés d’une séance avaient toute la latitude pour choisir leurs invités et le questionnement qu’ils souhaitaient voir traiter.
La première séance « Pour une anthropologie expérimentée : enjeux épistémologiques et pratiques : une phénoménologie du lieu » (coord. K. Blache-Comte, F. Muñoz-Ebensperger et I. Picichè) a été consacrée à questionner le thème du lieu. À travers leurs recherches, le lieu a été saisi comme indice de contextes et de situations variées : les blogs de mode, mettant en avant la rencontre de deux lieux qui peuvent être rapprochés par leur coexistence au sein d’un monde global ; les paysages du domestique dans les quartiers populaires du Chili et des musées des objets ordinaires, le lieu vécu au travers des mémoires individuelles.
La deuxième séance « Terrains et objets oubliés de l’anthropologie : du stigmate à la banalité » (coord. B. Guillier et R. Loubié), se voulait une réflexion au sujet des terrains de recherche considérés comme « oubliés » ou semblant « oubliés » par les chercheurs en sciences sociales. En plus des deux organisateurs qui présentaient leur réflexion à ce sujet, A. Doublier a été invitée à revenir sur son terrain consacré à l’apprentissage de la céramique dans une université privée de Kyôto. Deux hypothèses structuraient la séance : un terrain peut n’avoir jamais fait l’objet de recherches car c’est la norme pour un terrain de ne pas attirer l’attention (c’est l’inverse qui est l’exception), mais un terrain peut aussi être ignoré car celui-ci est très peu légitime au sein de la discipline pour diverses raisons. La séance a permis d’approfondir, de clarifier et de nuancer chacun de ces registres explicatifs.
La troisième séance « Expérimentations et créativités en anthropologie : une question de genre(s) ? » (coord. P. Forigua et L. Ferreira), a été un espace de réflexion sur la perméabilité des oppositions comme féminin et masculin, théorie et pratique, ou encore sciences et arts. La séance a commencé par un échange entre les organisateurs à propos de leur parcours en tant qu’artistes reconverti·e·s à la recherche, suivi par la performance L’entre-deux, interprétée par P. Forigua et inspirée par les travestissements dans la danse traditionnelle au Venezuela. La discussion s’est poursuivie avec les interventions de R. Doyon et C. Fortier, abordant la question du genre depuis deux approches spécifiques : une enquête sur les parcours professionnels féminins dans le milieu théâtral français, ainsi que l’expérience quotidienne d’une personne transgenre, restituée par l’intermédiaire du documentaire 24 heures dans la vie de Diane (C. Fortier, 2014).
La quatrième séance « Pour une anthropologie de la création : usages des matériaux visuels dans une enquête ethnographique » (coord. E. Chanforan et C. León-Quijano), a été l’occasion d’aborder la question des outils audiovisuels dans la recherche en anthropologie. É. de Latour a présenté son film « Si Bleu si Calme » qui a donné lieu à des échanges. Puis ont suivi les présentations d’E. Chanforan sur la place de l’image dans ses recherches sur la mode et de C. León-Quijano, sur la prise en compte de l’audiovisuel pour approcher la photographie.
La cinquième séance « L’anthropologie impliquée : places et rôles de l’anthropologie dans les sociétés contemporaines » (coord. A. Gualdo et M. Loisy), a contribué à s’interroger sur la démarche réflexive d’une anthropologie impliquée au sein d’une organisation privée ou publique. L’introduction de la séance par A. Gualdo a notamment ouvert sur une réflexion autour de l’anthropologie des émotions. S’en est suivie une intervention de M. Loisy, questionnant la réciprocité des apports entre le chercheur et l’entreprise qui l’accueille, en particulier dans le contexte des thèses en CIFRE. Enfin, le sociologue F. Raffin a fait part de son expérience de chercheur-entrepreneur pour aborder la question de l’implication de l’ethnologue dans l’entreprise.
La sixième et dernière séance « L’anthropologie appliquée : sortir des murs de l’académie » (coord., J. Lopes Carolo et M. Tocco), s’est donnée pour but de présenter l’anthropologie comme une discipline capable de dépasser l’habituel carcan académique auquel elle est restreinte. Pour ce faire, O. Wathelet, anthropologue et entrepreneur, travaillant dans le secteur de l’industrie et du design a été convié aux discussions. En préambule, a été présentée la bande-annonce du film La sociologue et l’ourson, réalisé par E. Chaillou et M. Théry, mettant en scène les conversations entre ce dernier et sa mère, I. Théry, concernant la loi sur l’autorisation du mariage homosexuel en France. Puis, O. Wathelet, a expliqué son parcours et l’intérêt de ses recherches dans l’hybridation qu’il opère entre anthropologie et design pour proposer de nouveaux usages, services et produits.
Autrement dit, il s’agit de faire de notre discipline une clef de lecture fiable, sûre et accessible à la société, afin qu’elle puisse participer activement à son évolution. Le séminaire permet aussi de rappeler aux anthropologues leur rôle d’experts de la société et de favoriser leur reconnaissance.
L’an prochain, le séminaire se transformera en atelier de doctorants.

Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 5 juin 2018.

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