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1er et 3e jeudis du mois de 9 h à 11 h (salle 4, 105 bd Raspail 75006 Paris), du 2 novembre 2017 au 17 mai 2018
Calendrier des séances : 2 et 16 novembre, 7 et 21 décembre 2017, 18 janvier, 1er et 15 février, 1er et 15 mars, 5 avril, 3 et 17 mai 2018
Ce séminaire est consacré à l’étude des pratiques de comptes au Proche-Orient ancien (IVe, IIIe et IIe millénaires av. J-C.) dans leur contexte social, politique et culturel. Cette étude de nature historique, anthropologique et archéologique s’appuiera en particulier sur l’abondante documentation cunéiforme enregistrant des données de nature économique dans le cadre de la gestion des biens par des institutions (temples, palais) ou des particuliers (marchands, entrepreneurs « privés », notables…). Elle s’intéressera également à la culture matérielle qui permet d’éclairer les activités administratives sous un jour nouveau, en les réintégrant dans des espaces précis en lien avec d’autres artefacts que les textes.
Cette attention portée à la fois au contexte même des activités administratives dans leur expression quotidienne, aux modes d’intellection des Anciens et aux catégories actuelles de la recherche doit fournir des informations d’un genre nouveau sur l’aspect organisationnel des sociétés proche-orientales à propos du « gérer », de « l’administrer » et du « contrôler » dans la vie courante, au cœur de l’interaction entre le pouvoir, les mots et les choses.
15 février 2018 : Dominique Charpin (professeur au Collège de France), « Sceaux et pratiques de scellement dans la comptabilité au Proche-Orient ancien »
1er mars 2018 : Bertrand Lafont (directeur d'études au CNRS, équipe ArScan), « Pratiques comptables du IIIe millénaire av. J.-C. au Proche-Orient ancien »
Mots-clés : Anthropologie historique, Antiquité (sciences de l’), Archéologie, Culture matérielle, Économie, Écriture, Histoire des sciences et des techniques, Orientalisme, Pratiques,
Aires culturelles : Asie, Méditerranéens (mondes),
Suivi et validation pour le master : Bi/mensuel annuel (24 h = 6 ECTS)
Domaine de l'affiche : Histoire - Histoire et civilisations de l'Asie
Intitulés généraux :
Renseignements :
par courriel.
Direction de travaux d'étudiants :
direction de travaux d'étudiants (doctorat, master) sur rendez-vous.
Réception :
sur rendez-vous.
Niveau requis :
pas de niveau requis.
Adresse(s) électronique(s) de contact : gregory.chambon(at)ehess.fr
Ce séminaire était consacré à l’étude des pratiques de comptes au Proche-Orient ancien (IVe, IIIe et IIe millénaires av. J-C.) dans leur contexte social, politique et culturel. Cette étude s’est appuyée en particulier sur l’abondante documentation cunéiforme enregistrant des données de nature économique dans le cadre de la gestion des biens par des institutions (temples, palais) ou des particuliers (marchands, entrepreneurs « privés », notables…). Malgré ce nombre très important de sources écrites à caractère « administratif », les pratiques comptables du Proche-Orient ancien n’ont jamais vraiment constitué un objet de recherche approfondie en soi.
En menant dans un premier temps une enquête historiographique approfondie, nous avons cherché les raisons à ce paradoxe. Il s’explique en particulier par la façon dont est comprise et conceptualisée la notion même de « comptabilité » chez les historiens. Bien que la nature et la fonction exacte des pratiques comptables restent l’objet de discussions – servent-elles simplement à enregistrer et manipuler des données effectives ou bien ont-elles aussi un caractère programmatique pour la planification d’opérations administratives ? s’appuient-elles sur des informations chiffrées précises issues de la vie quotidienne ou, de manière plus théorique, sur des taux et standards conventionnels ? – leur essence même ne fait bien souvent aucun doute. Elles répondraient avant tout à un besoin objectif et rationnel de faciliter la gestion administrative des institutions, que ce soit comme outil de contrôle ou d’enregistrement, dans le cadre d’une économie qui, elle, reste à interpréter. Selon ce point de vue, la pratique et la tenue des comptes sont complètement subordonnées aux comportements économiques, même si l’on concède, sous l’influence des idées de Karl Polanyi, que l’histoire économique entretient des liens étroits avec l’histoire sociale. Les approches sur ce sujet sont alors essentiellement descriptives en privilégiant l’étude du contenu des textes et du vocabulaire comptable, plutôt que son contexte d’élaboration, d’utilisation et d’archivage. Elles partent également du présupposé que, grâce à l’étude et la mise en série des données chiffrées et quantitatives relevées dans les comptes, on est en mesure d’obtenir un tableau fiable des réalités économiques, alors que l’objectivité et la fiabilité de ces données ne vont en fait pas de soi.
Ces différents constats, qui ont donné lieu à de riches discussions avec les étudiants issus de différentes disciplines, nous ont conduits à réfléchir à une nouvelle démarche méthodologique. Il s’agit de réintégrer les procédés comptables au cœur de pratiques intellectuelles et sociales, propres aux cultures proche-orientales, en questionnant les modalités mêmes des raisonnements anciens et les dispositifs matériels dans lesquels ils s’inscrivaient, ainsi que la façon dont les Anciens concevaient leurs propres pratiques. Cette démarche a nécessité une réinterprétation des matériaux disponibles et la convocation de plusieurs sciences sociales. Avec l’intervention de collègues du CNRS et du Collège de France, nous avons en particulier questionné la part de « matérialité » (pratiques de scellement, diplomatique des documents, production de l’écrit…) de la comptabilité ainsi que celle des processus et des « rationalités pratiques » mises à l’œuvre.
Grâce à une investigation poussée des artefacts, des supports matériels, des techniques d’écriture et des modes d’expression propres aux activités comptables qui, plus que de refléter uniquement ces dernières, en représente un élément constitutif, nous avons pu (re)créer le lien entre textes et contextes, entre terminologie comptable et réseaux d’acteurs, entre realia des documents et gestion quotidienne des denrées ; de nouvelles perspectives de recherche ont ainsi pu être dessinées.
Publications
Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 28 février 2018.