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Base de données des enseignements et séminaires de l'EHESS

Anthropologie comparative des sociétés et cultures musulmanes

  • Yazid Ben Hounet, chargé de recherche au CNRS ( LAS )

    Cet enseignant est référent pour cette UE

  • Anne-Marie Brisebarre, directrice de recherche émérite au CNRS (*) ( LAS )
  • Barbara Casciarri, maître de conférences à l'Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis (TH) ( Hors EHESS )
  • Tarik Dahou, chargé de recherche à l'IRD (TH) ( Hors EHESS )
  • Marie-Luce Gélard, maître de conférences à l'Université Paris-Descartes (TH) ( Hors EHESS )

S'il s'agit de l'enseignement principal d'un enseignant, le nom de celui-ci est indiqué en gras.

Mardi de 17 h à 19 h (salle des étudiants de l'IISMM, 1er étage, 96 bd Raspail 75006 Paris), les 21 novembre, 19 décembre 2017, 16 janvier, 20 février, 6 mars, 10 avril, 15 mai et 19 juin 2018. La séance du 19 juin se déroulera en salle 13 (105 bd Raspail 75006 Paris). La séance du 10 avril se déroulera en salle de réunion de l'IISMM (même adresse)

Ce séminaire a pour vocation de promouvoir les travaux individuels et collectifs de doctorants, jeunes chercheurs ou enseignants et chercheurs confirmés, concernant des sociétés ayant en commun la pratique de l’islam, en particulier dans les aires méditerranéenne méridionale (Maghreb, Machrek, de langue et de culture arabes, mais aussi berbères, turques), saharienne et subsaharienne. Il s’intéresse aussi, à titre comparatif, aux pays asiatiques (Asie centrale, Asie du Sud-Est, sous-continent indien, Iran, Afghanistan) dans lesquels l’islam est majoritaire, aux situations où l’islam se trouve en situation minoritaire du fait des courants migratoires anciens ou actuels, ainsi qu’aux relations transnationales liées à l’islam.

Dans le cadre de ce séminaire, on se propose d’analyser, d’un point de vue anthropologique et comparatiste, certains traits récurrents structurels et culturels de ces sociétés, en soulignant les convergences, dont participe mais non exclusivement l’islam, ainsi que la différenciation des cultures et des identités. Sans s’interdire des variae en fonction des circonstances, les communications présentées traiteront de la parenté, du politique, de l’organisation sociale, du droit, des rapports de genre, des rituels…

Comparatif, ouvert à l’ensemble des travaux anthropologiques (anthropologie sociale et culturelle) portant sur les sociétés et cultures musulmanes, ce séminaire a vocation à prolonger les travaux entrepris par l’équipe ACSM (en particulier sur le religieux, le politique, le juridique et la parenté) et à densifier et/ou ouvrir de nouveaux champs et objets d’études (anthropologie économique, anthropologie sensorielle, anthropologie du corps, etc.).

20 février 2018 : Altaïr Despres, « Sea, sex and sun. Transactions intimes entre touristes et beach boys sur les plages de Zanzibar »

Comparativement à d’autres régions du continent africain, Zanzibar est une destination touristique relativement récente, qui séduit tout particulièrement les jeunes femmes européennes. J’analyserai dans cette présentation la place et le rôle de ces jeunes femmes (Wazungu en swahili) dans les transformations locales de l’économie sexuelle et conjugale. À rebours des thèses qui dénoncent l’ébranlement des valeurs morales locales par l’impérialisme occidental, l’article montre comment la visibilité publique de la sexualité des Wazungu – et de l’intimité sexuelle entretenue avec elles – s’inscrit au contraire dans des stratégies de réaffirmation par les jeunes hommes zanzibaris des normes traditionnelles de masculinité. Dans un contexte où l’acquisition de la position dominante d’homme – d’ordinaire articulée au statut de mari, de père de famille, c’est-à-dire aussi d’individu sexuellement actif – est retardée par la précarité économique, l’arrivée des touristes occidentales a constitué une aubaine. Parce qu’elle signale publiquement l’activité sexuelle d’un jeune homme d’une part, et qu’elle ouvre potentiellement des opportunités de mobilité géographique et sociale d’autre part, l’intimité avec les Wazungu joue en particulier un rôle déterminant dans la capacité des cadets sociaux à performer les normes locales de masculinité.

  • Beckmann, Nadine (2010) « Pleasure and danger : Muslim views on sex and gender in Zanzibar », Culture, Health & Sexuality : An International Journal for Research, Intervention and Care, 12 :6, 619-632.
  • Cole, Jennifer (2008) « "Et Plus Si Affinités": Malagasy Marriage, Shifting Post-Colonial Hierarchies, and Policing New Boundaries », Historical Reflections, vol. 34, n° 1, 26-49.
  • Despres, Altaïr (2017b) « Des histoires avec lendemains. Intimité transnationale et ascension sociale des beach boys de Zanzibar », Actes de la recherche en sciences sociales, n° 218, 82-99.
  • Keshodkar, Akbar (2013), Tourism and Social Change in Post-Socialist Zanzibar. Struggle for Identity, Movement and Civilization, Lanham : Lexington Books.
  • Sheriff, Abdull (2010) Dhow Cultures and the Indian Ocean : Cosmopolitanism, Commerce and Islam, New York : Columbia University Press.
  • Stiles, Erin & Katrina Daly Thompson (eds) (2015), Gendered Lives in the Western Indian Ocean. Islam, Marriage, and Sexality on the Swahili Coast, Athens : Ohio University Press.

6 mars 2018 : Judith Beyer (University of Konstanz), « Being Muslim in contemporary Myanmar. On community and the problem with 'communal violence' »

In my talk, I take the example of Muslim communities in Yangon, the former capital of Southeast Asian Myanmar, in order to investigate the various groups' strategic useage of their religious property (mosques and graveyards) as a form of material, symbolic and political capital. I argue that it is through their religious property that Muslims in Yangon make claims to their right of existence as communities in the public sphere.  They thereby manage to fend off both the Buddhist majority, the state and private investors. In a time of increasing ethnonationalism, which results in the destruction of mosques and the writing of discriminatory laws against religious Others, property becomes part and parcel of these communities’ survival strategies. While the creation of 'communities' along ethno-religious lines had been part and parcel of colonial and post-colonial state-making, some communities who understand themselves in this way or have come to present themselves in this way, are now being pushed to the very margins of their own society and their own country. Some of them have been denied not only citizenship, but with it the right to exist and their name to even be mentioned.  However, religious minorities were among the first inhabitants of Yangon in the 19th century. Burma, as the country was called formerly, had been part of the British Empire during the colonial period of 1824-1948 and was under colonial legislation of British India. Muslims were brought to the country from India in 1840. They worked in the colonial administration, as soldiers or as unskilled workers on the shipping docks. Around 1880,  Burma became the third largest destination for Indian workers worldwide. This lecture questions the contemporary portrayal of communities in the country in terms of 'communal violence' only. It traces the historical development of the 'community' concept from British colonial times to the contemporary era. Using ethnographic fieldwork data gathered between 2013 and 2018 as well as textual data, legal documents and other sources, I explore why the current invocation of 'the Muslim community' has made living together in Myanmar more difficult.

Bibliography :

  • Amrith, Sunil. 2013. Crossing the bay of Bengal : The furies of nature and the fortunes of migrants. Boston: Harvard University Press.  Bauman, Zygmunt. 2009.
  • Community. Seeking safety in an insecure world. Polity.  Cheesman, Nick (ed.) 2017.
  •  Interpreting communal violence in Myanmar. Special Issue of Journal of Contemporary Asia.  Freitag, Sandria. 1989.
  • Collective action and community. Public arenas and the emergence of communalism in North India. Berkeley: University of California Press.  Tönnies, Ferdinand. 2005 [1887].
  •  Gemeinschaft und Gesellschaft. Grundbegriffe der reinen Soziologie. Darmstadt: Wissenschaftliche Buchgesellschaft. Yegar, Moshe. 1972.
  • The Muslims of Burma : A Study of a Minority Group, Otto Harrassowitz, Wiesbaden.

10 avril 2018 : Yazid Ben Hounet présente l’ouvrage Law and property in Algeria. Anthropological Perspectives, Leiden, Brill.

Malgré sa place privilégiée dans le continent africain, dans le monde musulman et dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, l’Algérie reste mal connue, et les ouvrages portant sur la société algérienne contemporaine, publiés en dehors de l’Algérie, sont rares. Ce livre se veut une contribution à la compréhension de la société algérienne d’aujourd'hui, à travers ses rapports à la propriété et au droit. Au-delà, l’objectif est de proposer, dans une perspective comparative propre à l'anthropologie, de nouvelles perspectives théoriques et méthodologiques pour appréhender l’anthropologie du droit en contexte musulman. L’Algérie, en tant qu’État post-colonial et post-socialiste, dont la population est majoritairement musulmane, s’avère être un cas particulièrement intéressant à étudier.

Yazid Ben Hounet est chargé de recherche au CNRS, membre du Laboratoire d’anthropologie sociale (Paris), actuellement affecté au Centre Jacques-Berque (Rabat). Il a récemment coordonné, avec Deborah Puccio-Den, un ouvrage collectif intitulé Truth, Intentionality and Evidence : Anthropological Approaches to Crime (Routledge, 2017).

15 mai 2018 : Vincent Battesti (CNRS, UMR eco-anthropologie et ethnobiologie CNRS/MNHN), « Des passions végétales sur le Nil : écrire l’histoire moderne des jardins d’agrément en Égypte »

Une histoire des jardins d’agrément en Égypte est à écrire. Cette séance de séminaire présentera le projet livresque d’une introduction à cette histoire. Ce n’est pas œuvre d’historien, mais d’anthropologue qui va fureter dans les archives pour dresser l’ébauche de cette courte histoire des passions végétales sur les rives du Nil depuis le tournant des XVIIIe et XIXe siècles, en mettant d’abord en valeur trois fonctions du jardin d’agrément : produire et jouir (ou comment varie cette balance entre la fonction de production consommable et les formes de jouissance d’un espace), se distinguer (ou comment un espace cultivé permet l’inscription dans des ensembles sociaux) et collectionner (ou comment le choix et la variété des plantes cultivées varient et peuvent viser des objectifs différents).

Les travaux scientifiques nous laissent peut-être davantage connaître, paradoxalement, les jardins de l’Antiquité égyptienne que les jardins médiévaux ou même modernes et contemporains. C’est acculé à cette aporie que je me suis plongé dans cette histoire : je travaillais à une ethnographie des usages des jardins publics au Caire et plus largement des espaces publics, j’analysais notamment les formes et l’organisation de ces jardins (dont le « dressage » de la végétation), les publics qu’ils drainent et les usages qui en sont faits (dispositifs et dispositions), puis j’ai été invité à travailler sur un jardin de la grande bourgeoisie égyptienne et de l’élite politique. Là aussi été limité par la mémoire humaine : difficile de saisir les dispositions actuelles dans les jardins publics ou privés d’Égypte si l’idée que nous avons du programme initial de ces jardins est obscure. Il restait donc à éclairer la généalogie des dispositifs jardiniers de l’Égypte.

19 juin : La dernière séance du séminaire annuel « Anthropologie comparative des sociétés et cultures musulmanes » sera consacrée à la présentation de l’ouvrage Anthropology of Law in Muslim Sudan. Land, Courts and the Plurality of Practices (Brill 2018). Résultat d’enquêtes menées dans le cadre du projet ANR Andromaque – Anthropologie du Droit dans les Mondes Musulmans Africains et Asiatiques (2011-2014), le volume analyse le caractère hybride des systèmes juridiques et la pluralité des pratiques légales dans des contextes urbains et ruraux du Soudan contemporain, en interrogeant la relation complexe entre islam et société.

La séance sera animée par les coéditeurs, Barbara Casciarri et Mohamed Babiker (Department of Law, University of Khartoum) avec la participation de Munzoul Assal et Mohamed Bakhit (Department of Social Anthropology, University of Khartoum).

Suivi et validation pour le master : Mensuel annuel/bimensuel semestriel (12 h = 3 ECTS)

Mentions & spécialités :

Intitulés généraux :

Centre : LAS - Laboratoire d'anthropologie sociale

Renseignements :

programme du séminaire en cours.

Direction de travaux d'étudiants :

sur rendez-vous.

Réception :

sur rendez-vous.

Adresse(s) électronique(s) de contact : yben(at)ehess.fr, barbara.casciarri(at)univ-paris8.fr, tarik.dahou(at)ird.fr, mlgelard(at)yahoo.fr

Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 14 juin 2018.

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