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Base de données des enseignements et séminaires de l'EHESS

Pour une histoire des mouvements sociaux dans le Sud-Est européen aux XIXe et XXe siècles

  • Nathalie Clayer, directrice d'études de l'EHESS, directrice de recherche au CNRS (TH) ( CETOBaC )

    Cet enseignant est référent pour cette UE

  • Fabio Giomi, chargé de recherche au CNRS ( CETOBaC )

S'il s'agit de l'enseignement principal d'un enseignant, le nom de celui-ci est indiqué en gras.

2e et 4e lundis du mois de 16 h à 19 h (salle AS1_23, 54 bd Raspail 75006 Paris), du 8 janvier 2018 au 28 mai 2018

Dans la continuité des années précedentes, le cycle de séminaires portera sur les mouvements sociaux dans le Sud-Est européen de l’ère des empires aux États-nations. À partir des acquis sociologiques les plus récents sur les mouvements sociaux, on se propose de développer une analyse de ces phénomènes dans le Sud-Est européen, en se concentrant notamment sur les associations – philanthropiques, religieuses, nationalistes, féministes mais aussi diasporiques, sportives ou de loisirs – qui se sont développées au moins à partir du début du XXe siècle, et qui ont amplement contribué à bâtir l’espace public. On prendra également en compte d’autres organisations, tels que les syndicats, les partis – mais aussi les mouvements apparemment moins structurés. Dans la mesure où ils réunissent et confrontent des individus très dissemblables autour d’une large gamme d’activités et de différents modes de mobilisation, les mouvements sociaux seront notamment étudiés comme des lieux fondamentaux d’apprentissage du politique et comme une arène où détecter le renouvellement des formes de sociabilité. On s’intéressera également à leur rapport à l’État, à la famille, au temps et à l’espace, au genre, à la violence, ou encore aux médias. Les séances seront bâties autour de lectures de textes et de présentation d'études de cas. Une partie des séances seront plus particulièrement consacrées à la question des rapports entre associations et religion.

8 janvier 2018 : Introduction. Fait associatif et fait impérial

  • Yusuf KARABIÇAK (Université de Montréal-EHESS), « The Ottoman administration and Greek Associational Activity 1861-1912 »

Greek associational activities served the creation of a middle-class Ottoman Greek-Orthodox sphere and a national (but not nationalist) identity among the Empire's Greek-Orthodox populations. But what did the Ottoman policy-makers think about such activities? How did they deal with them and what did they hope to accomplish through them? This presentation will attempt to examine the evolution of the Ottoman aspect of such activities, trying to place the current bibliography into its Ottoman context.

22 janvier 2018 : Au delà de la notion de société civile

  • Efi AVDELA (Université de Crète), « Action associative et production de socialité publique dans la Grèce urbaine du XXe siècle : un programme de recherche et ses résultats »

Le projet de recherche présenté a exploré des formes d’action associative dans des centres urbains grecs au cours du XXe siècle et des formes de socialité publique produites au cours de ces actions collectives ; au centre sont les significations culturelles que les acteurs attribuent à leur participation, les rapports sociaux et les actions communes dans lesquels ils se sont engagés, et leur évolution au fil du temps. Pour plus d’information sur le projet, voir http://www.public-sociality.uoc.gr/index_en.html )

Textes à discuter (au choix) :

  • Kritsotaki, Despo “Turning Private Concerns into Public Issues: Mental Retardation and the Parents’ Movement in Post-war Greece, c. 1950–80”, Journal of Social History (2015), pp. 1-17.
  • Avdela, Efi et Vassiliadou, Dimitra «'Sauver l'enfant dévoyé': La Société pour la protection des mineurs d'Athènes après la guerre», Revue d'histoire de l'enfance 'irrégulière' 18 (2016), 300-317.

12 février 2018 : Associations et espace urbain

  • Catherine HOREL (UMR IRICE, Université de Paris I Panthéon-Sorbonne), “Le tissu associatif dans les villes de l'empire des Habsbourg 1880-1914 : un enjeu de visibilité ?”

L'ère constitutionnelle en Autriche-Hongrie permet un développement rapide du monde associatif dans les villes. L'offre de participation va de la charité au sport en passant par des organisations plus politiques qui élaborent des discours de mobilisation nationale. Mais il faut s'interroger sur leur inscription dans l'espace urbain, de la construction du théâtre aux "maisons de la nation", la vie associative devient un élément du quotidien qui dépasse les anciennes sociabilités religieuses (processions). Les nouveaux modes de participation utilisent des espaces créés à cet effet. Les associations fabriquent de la sociabilité qui engagent des groupes de plus en plus accaparés par les activistes nationaux. Comment cette "lutte" pour l'occupation de l'espace se traduit-elle ? Assiste-t-on à une concurrence ou bien à un partage de l'espace ?

Texte à discuter :

  • Graeme Morton, Boudien de Vries, Robert J. Morris (eds.) Civil Society, Associations and Urban Places: Class, Nation and Culture in Nineteenth-century Europe, Aldershot, Ashgate, 2006, p. 1-16.

12 mars 2018 : Empire, philanthropie et protection sociale

  • Nadir ÖZBEK (Université du Bosphore), « Philanthropic Activity in the Late Ottoman Empire, (1876-1914): Public versus Private, Rethinking our Conceptual Divides  »

In this presentation I will explore state-society relations during  the late Ottoman Empire through the filter of a unique conjunction of state and society—that is, various social groups’ voluntary activities, especially fund-raising campaigns with philanthropic and patriotic purposes. I will provide a critical evaluation of our conceptual divides such as public/private and state/society.

Textes à discuter :

  • Nadir Özbek "Philanthropic Activity, Ottoman Patriotism and the Hamidian Regime, 18761909." International Journal of Middle East Studies 37, no. 1 (2005): 59-81.
  • Nadir  Özbek "Defining the Public Sphere during the Late Ottoman Empire: War, Mass Mobilization and the Young Turk Regime (190818)." Middle Eastern Studies 43, no. 5 (2007): 795-809.

26 mars 2018 : le corps, le public, le privé

  • Heike KARGE (Université de Regensburg), « Public Health and the Mental Hygiene Movement in Interwar Yugoslavia»

When the First World War was over, public health measures aimed at the modernization of the first Yugoslav state. But the situation was difficult, primarily due to the fact that different territories and also different traditions regarding healthcare needed to be harmonized. In my lecture, I am going to address these difficulties at the example of the mental hygiene movement in Yugoslavia, a movement of primarily the psychiatric profession, which aimed at raising consciousness among the population and of the state officials for improving conditions for life, education and housing, and also for changing consumption behaviours (f.i. with regard to the problem of alcoholism).

Texte à discuter :

  • Marius Turda, “Private and public traditions of health care in Central and South-Eastern Europe, from the nineteenth to the (mid-) twentieth centuries”, dans Paul Weindling, ed., Healthcare in Private and Public from the Early Modern Period to 2000, Milton Park, Abingdon, Oxon et New York : Routledge, 2015, p. Xxxx

9 avril 2018 : État, mouvements sociaux et violence

Le « grand soulèvement ouvrier » d’Istanbul en 1970 est resté dans les mémoires syndicales et militantes comme le symbole et l’apogée de la contestation sociale qui a marqué cette période. Inédit par le caractère massif des manifestations et cortèges dans plusieurs quartiers d’Istanbul, le mouvement de juin a suscité la proclamation de la loi martiale, concrétisée par le déploiement de forces militaires et la formation de cours martiales pour juger les responsables syndicaux, les ouvriers et les étudiants arrêtés pendant les manifestations. Ce séminaire se penchera sur les enjeux politiques et légaux liés à l’imposition de la loi martiale contre ce mouvement social. Il tentera aussi de resituer le cas de 1970 dans la longue tradition de proclamations d’états d’urgence dans des situations de contestation politique ou sociale, de la fin de l’Empire ottoman à nos jours.

Texte à discuter :

  • Nasser Hussain, The Jurisprudence of Emergency: Colonialism and the Rule of Law, University of Michigan Press, Ann Arbor, 2003 (chapitre 4, Martial Law and Massacre), p. 99-131.

14 mai 2018 : Les mouvements sociaux au prisme du genre

  • İlker AYTÜRK (Université Bilkent), « Turkish Radical Right and Women : The Prehistory of AKP, 1945-1980 »

The 1990s and 2000s were full of optimism that veiled Muslim women—some 70 per cent of all Turkish women according to most estimates—would participate fully in all public affairs on an equal basis, if the ban on veiling in public spaces were to be lifted. Turkish political Islamists fought and won a major political battle over the veil with the ostensible aim of giving veiled women equality in Turkey. It has been almost a decade since the ban is lifted, however Turkey is moving increasingly away from gender equality and towards, what GONGOs in Turkey began calling, gender justice. It seems that the optimism of the early years was rooted in an ignorance of the pre-history of the AKP/JDP and radical right attitudes toward women. This talk addresses the crystallization  of such attitudes in both the nationalist and the political Islamist circles during the crucial period of 1945-1980.

Textes à discuter :

  • Nilüfer Göle, The Forbidden Modern: Civilization and Veiling (Ann Arbor: The University of Michigan Press, 1996), 83130. (Chapter 4)
  • İlker Aytürk and Laurent Mignon, "Paradoxes of a Cold War Sufi Woman: Samiha Ayverdi between Islam, Nationalism, and Modernity", New Perspectives on Turkey no.49 (2013), 5789.

28 mai 2018 : Exposés d’étudiant.e.s

  • Mehdi Belasri (EHESS, CETOBaC et CERCEC), « Mouvements sociaux et fabrique de la ville : le cas de Ne davimo Beograd en Serbie »
  • Dunja Resanovic (Université de Bogaziçi), « Reconstruction urbanistique et performative de Belgrade à la fin du XIXe et au début du XXe siècl »

Suivi et validation pour le master : Bi/mensuel annuel (24 h = 6 ECTS)

Mentions & spécialités :

Domaine de l'affiche : Histoire - Histoire et civilisations de l'Europe - Europe centrale et orientale

Intitulés généraux :

  • Nathalie Clayer- Histoire sociale et politique du rapport nation/confession dans l’Europe du Sud-Est à la sortie des Empires
  • Adresse(s) électronique(s) de contact : clayer(at)ehess.fr

    Compte rendu

    Dans la continuité des années précédentes, le cycle de séminaires a porté sur les mouvements sociaux dans le Sud-Est européen. Les huit séances de cette année ont été bâties autour de lectures de textes et de présentations d’études de cas. Dans la mesure où ils réunissent et confrontent des individus très dissemblables autour d’une large gamme d’activités et de différents modes de mobilisation, les mouvements sociaux analysés se sont révélés des lieux fondamentaux d’apprentissage du politique et des arènes où détecter le renouvellement des formes de sociabilité. Une partie des séances a été plus particulièrement consacrée à la question des rapports entre associations et religion.
    Deux séances, respectivement avec Yusuf Karabiçak (Université de Montréal-EHESS) et Nadir Özbek (Université du Bosphore), ont été consacrées aux réseaux associatifs ottomans, à la spécificité de leur rapport à l’État au tournant du XXe siècle. À travers ces deux cas d’étude, nous nous sommes aussi penchés sur la notion d’espace public et sur sa pertinence par rapport à l’Empire ottoman tardif. L’intervention d’Efi Avdela (Université de Crète), nous a permis d’aborder une autre notion structurant le domaine d’étude sur le fait associatif et les mouvements sociaux, à savoir celle de société civile. Dans son intervention, Avdela a présenté les résultats d’un projet de recherche collectif sur les formes d’action associative dans des centres urbains grecs au cours du xxe siècle. Avec l’intervention de Catherine Horel (UMR IRICE, Université de Paris-I Panthéon-Sorbonne), nous avons abordé aussi le tissu associatif dans les villes de l’empire des Habsbourg entre 1880 et 1914. Dans son intervention, C. Horel s’est notamment concentrée sur l’inscription de ces associations dans l’espace urbain, à travers laquelle la vie associative devient un élément du quotidien qui dépasse les anciennes sociabilités religieuses. L’intervention de Heike Karge (Université de Regensburg) sur le mouvement pour l’hygiène mentale dans la Yougoslavie de l’entre-deux-guerres nous a permis d’aborder la relation entre mouvements sociaux et corps dans une période d’intense construction nationale et étatique.
    Deux interventions ont été consacrées à la Turquie pendant la deuxième moitié du XXe siècle. Noemi Levy (Birkbeck College, University of London, chercheuse invitée à l’EHESS) a présenté ses nouvelles recherches sur le mouvement ouvrier de 1970 en Turquie et la proclamation de la loi martiale, concrétisée par le déploiement de forces militaires et la formation de cours martiales. Le séminaire s’est penché sur les enjeux politiques et légaux liés à l’imposition de la loi martiale contre ce mouvement social. L’intervention de İlker Aytürk (Université Bilkent), chercheur invité à l’EHESS, a abordé la genèse de la droite radicale turque entre 1945 et 1980, avec une attention particulière à l’agenda de genre de ce mouvement.
    Dans la séance conclusive, consacrée aux travaux des étudiant-e-s et des doctorant·e·s, Mehdi Belasri et Juliette Ronsin (EHESS) ont présenté leurs recherches de master respectives, sur les mouvements sociaux et la fabrique de la ville à Belgrade, et sur l’émigration yougoslave en France. Dunja Resanovic, étudiante Erasmus de l’Université de Bogaziçi, a enfin présenté son projet sur les dimensions spatiales de la formation de la ville capitale Belgrade à la fin du XIXe et au début du XXe siècle.

    Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 7 mai 2018.

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