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Vendredi de 10 h à 13 h (salle 4, 105 bd Raspail 75006 Paris), du 17 novembre 2017 au 26 janvier 2018. Pas de séance le 22 décembre
Ce cours aborde l’histoire de l’immigration en France au cours du XXe siècle autour d’un angle particulier. La construction de la frontière entre l’étranger et le national a une histoire, relativement récente, qui a façonné depuis les années 1880 « l’identité nationale », hier – avec en 1893 l'obligation pour eux de se déclarer en mairie ou en 1917 l'instauration d'une carte d'identité obligatoire seulement pour eux –, comme aujourd'hui (passeports et tests biométriques, fichages). Certes, les étrangers servent de cobayes aux techniques d'identification éprouvées dans différents segments du monde social. Et ces catégories identificatoires (nom, adresse, sexe, profession, origines, nationalités…) sont l’objet de constructions, produites par des luttes de pouvoir et de classement dans lesquels jouent le droit, le politique, le social et l’économique. Pourtant, il existe des décalages entre l’invention et la mise en œuvre des techniques identificatoires et les positionnements des migrants eux-mêmes. Nous aimerions ici travailler aux modifications des modalités identificatoires dans les expériences migratoires et rendre compte de la pluralité des appartenances que les immigrants manifestent et revendiquent selon les lieux et les moments.
En accordant une large place à l’analyse de sources et de documents relatifs aux étrangers dans la France du XXe siècle, on donnera ainsi à voir comment les immigrants eux-mêmes s’approprient, refusent ou jouent avec ces catégories. Aborder l’histoire des migrations autour de cette dialectique entre identification et appartenances conduit à réfléchir à l’expression de définitions de soi décalées en regard des catégories étatiques et donc à s’interroger sur les marges de manœuvre dans les interactions entre étrangers et administrations. L’ensemble tente d’interroger, ainsi, la spécificité du cas français en invoquant, autant que nécessaire, des comparaisons internationales.
Mots-clés : Administration, Circulations, Citoyenneté, Classes sociales, Démographie, Diaspora, Discrimination, Espace, Espace social, État et politiques publiques, Ethnicité, Ethnographie, Famille, Genre, Guerre, Histoire, Histoire économique et sociale, Interactions, Migration(s), Minorités, Parenté, Sociohistoire, Transnational, Travail,
Aires culturelles : Afrique, Allemandes (études), Amérique du Nord, Amériques, Asie, Atlantiques (mondes), Britanniques (études), Contemporain (anthropologie du, monde), Europe, Europe centrale et orientale, Europe sud-orientale, France, Juives (études), Maghreb, Méditerranéens (mondes), Musulmans (mondes), Russie, Transnational/transfrontières,
Suivi et validation pour le master : Bi/mensuel annuel (24 h = 6 ECTS)
Domaine de l'affiche : Histoire - Histoire - Problèmes généraux
Intitulés généraux :
Renseignements :
il est demandé aux étudiants une participation active aux discussions de chaque séance, ce qui suppose à la fois assiduité et lecture critique et active des principaux textes abordés.
Direction de travaux d'étudiants :
possibilité d'encadrer les travaux portant sur l'histoire des migrations à la période contemporaine à partir de l'envoi d'un projet de mémoire puis d'un rendez-vous avec l'enseignante.
Réception :
sur rendez-vous.
Niveau requis :
le séminaire est ouvert à tous, sans niveau de connaissances particulières.
Site web : http://www.ihmc.ens.fr/Enseignements-412.html
Adresse(s) électronique(s) de contact : claire.zalc(at)ehess.fr, claire.zalc(at)ens.fr
Ce séminaire a choisi d’aborder l’histoire de l’immigration en France au cours du vingtième siècle autour d’un angle particulier : celle des interactions administratives qui scandent les trajectoires des migrants. La construction de la frontière entre l’étranger et le national a une histoire, relativement récente, qui a façonné depuis les années 1880 « l’identité nationale », hier – avec en 1893 l’obligation pour eux de se déclarer en mairie ou en 1917 l’instauration d’une carte d’identité obligatoire seulement pour eux –, comme aujourd’hui (passeports et tests biométriques, fichages). Certes, les étrangers servent de cobayes aux techniques d’identification éprouvées dans différents segments du monde social. Et ces catégories identificatoires (nom, adresse, sexe, profession, origines, nationalités…) sont l’objet de constructions, produites par des luttes de pouvoir et de classement dans lesquelles jouent le droit, le politique, le social et l’économique. Pourtant, il existe des décalages entre l’invention et la mise en œuvre des techniques identificatoires et les positionnements des migrants eux-mêmes. Nous avons donc travaillé aux modifications des modalités identificatoires dans les expériences migratoires afin de rendre compte de la pluralité des appartenances que les immigrants manifestent et revendiquent selon les lieux et les moments. Il s’est agi de donner à voir comment les immigrants s’approprient, refusent ou jouent avec les catégories identificatoires. Aborder l’histoire des migrations autour de cette dialectique entre identification et appartenances conduit à réfléchir à l’expression de définitions de soi décalées en regard des catégories étatiques et donc à s’interroger sur les marges de manœuvre dans les interactions entre étrangers et administrations.
Après la présentation des grands enjeux historiographiques liés aux relations entre immigration et identification, le séminaire s’est organisé thématiquement, afin de questionner les grandes catégorisations du fait migratoire à partir du cas français. Nous avons ainsi interrogé la catégorie de « réfugié », celle des « migrants économiques », celle des « migrations coloniales », ou encore discuté la « religion des migrants » à partir du cas des Juifs. Il s’est également agi de réfléchir à la pertinence de questions historiographiques enserrant le fait migratoire sur le terrain français comme la périodisation, le tournant transnational, la nationalité, le contrôle des populations.
Avec la quinzaine d’étudiants très motivés et volontaires présents tout au long du séminaire, nous avons choisi d’accorder une large place à la fois à la lecture de textes et d’articles et à l’analyse de sources et de documents : chaque séance a donc été organisée en deux parties. La première était une discussion collective, introduite par un exposé d’étudiants, sur un ensemble de textes à lires (articles/ouvrages/controverse historiographique), la seconde était la discussion d’une source originale mise à disposition des étudiants sur un site internet propre (archive/photographie/témoignage). Des sources originales de nature différente ont été discutées, comme les demandes de passeports Nansen, les rapports de voyage des navires transatlantiques, les photographies des bidonvilles, les dossiers individuels de naturalisation, les auto-déclarations des Juifs dans la France de Vichy etc.
Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 27 novembre 2017.