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Base de données des enseignements et séminaires de l'EHESS

Les sociétés sud-est européennes des XIXe-XXIe siècles au prisme des trajectoires individuelles

  • Xavier Bougarel, chargé de recherche au CNRS (TH) ( CETOBaC )
  • Nathalie Clayer, directrice d'études de l'EHESS, directrice de recherche au CNRS (TH) ( CETOBaC )

    Cet enseignant est référent pour cette UE

  • Bernard Lory, professeur à l'INaLCO ( Hors EHESS )
  • Ece Zerman, doctorante contractuelle à l'EHESS ( CETOBaC )

S'il s'agit de l'enseignement principal d'un enseignant, le nom de celui-ci est indiqué en gras.

1er et 3e lundis du mois de 17 h à 19 h (salle AS1_23, 54 bd Raspail 75006 Paris), du 6 novembre 2017 au 4 juin 2018. Séance supplémentaire le 27 novembre (même heure, même salle). Pas de séance le 4 décembre. La séance du 4 juin se déroulera de 16 h à 19 h en salle 4 (105 bd Raspail 75006 Paris)

Dans quelle mesure l’approche biographique et l’analyse des trajectoires individuelles nous permettent-elle de reconsidérer le passage de l’Empire aux États-nations dans le Sud-Est européen et plus largement l’évolution des sociétés sud-est européennes (Turquie comprise) aux XIXe et XXe siècles ? Ces questionnements qui guideront, comme l'année précédente, le séminaire mèneront à s’interroger également sur les questions de généalogie, de générations, de trajectoires multiples et complexes, mais aussi de rapport entre expérience, socialisation et engagement. Ils nous conduiront aussi à considérer de façon critique le traitement biographique et le rapport entre études de trajectoires individuelles et analyses historiques et sociales. Enfin, il sera question des sources (ego-documents et autres).

6 novembre 2017 : Bernard Lory (Inalco) : « Le Pomenik de Milan Milišević (1888). Un recueil de biographies serbes à vocation patriotique »

20 novembre 2017 : Zeynep Bursa (CETOBaC) : « Politiser la psychiatrie : La trajectoire d'un intellectuel conservateur turc, Ayhan Songar »

27 novembre 2017 : Nathalie Clayer (CETOBaC), « Comment aborder la trajectoire d’un intellectuel ottoman. Le cas de Şemseddin Sami Fraşeri »

18 décembre 2017 : Ece Zerman (CETOBaC) et Elif Becan (CETOBaC), « Ego-documents et trajectoires migratoires entre les Balkans et la Turquie »

15 janvier 2018 :  Duygu Tasalp (Inalco), « Devenir descendant d’Unioniste en Turquie : la publication des mémoires des anciens chefs du Comité Union et Progrès par leurs petits-enfants »

29 janvier 2018 : Xavier Bougarel « Milovan Djilas, témoin de la société yougoslave de l'entre-deux-guerres »

5 février 2018 : Gabriel Doyle (CETOBaC), « Entre missionnaire et gestionnaire de l’espace urbain. La trajectoire du père Lobry à Istanbul (1886-1914) »

5 mars 2018 : Bernard Lory (INaLCO), « Une carrière de révolutionnaire : Pavel Šatev »

19 mars 2018 : Clémence de Rouvray (EPHE), « Un homme à la frontière : Vladimir Ghika »

30 avril 2018 : Milena Pavlović (LESC, Nanterre),  « L’impasse et la traversée : ethnographier deux trajectoires à Mitrovica (Kosovo) »

7 mai 2018 : Leonora Dugonjic (université Humboldt-Berlin), « Du Sud Global vers la Yougoslavie : les trajectoires non-alignées des étudiants, 1940-1990 »

4 juin 2018 (de 16 h à 19 h, salle 4, 105 bd Raspail 75006 Paris) :  à l'occasion de la dernière séance de notre séminaire, nous aurons le plaisir de vous proposer la projection/discussion d'un film documentaire de Lirija Begeja, en présence de l'auteur.e.

Née d'une mère française et d'un père albanais réfugié politique, Liria Bejega a d'abord évoqué ses racines dans ses premiers longs métrages Avril brise , Grand Prix de Locarno en 1987 et Loin des barbares en 1993. Elle a ensuite réalisé plusieurs documentaires dont Rendez-vous a Tirana en 1992.
Dans ce film, Liria Begeja accompagne son père Jusuf, qui retourne en Albanie après 50 ans d'exil. À la fin de la guerre, le régime communiste albanais s'était coupé du reste du monde et Jusuf était resté presque sans nouvelles de sa famille. Autorisé à "rentrer", à 80 ans, il retourne à Tirana et enquête sur les circonstances troubles de la mort de son père, ex-maire de la ville, opposant d'Enver Hodja.
  • La discussion sera animée par Falma Fshazi, docteure de l'EHESS,

Suivi et validation pour le master : Bi/mensuel annuel (24 h = 6 ECTS)

Mentions & spécialités :

Domaine de l'affiche : Histoire - Histoire et civilisations de l'Europe

Intitulés généraux :

  • Nathalie Clayer- Histoire sociale et politique du rapport nation/confession dans l’Europe du Sud-Est à la sortie des Empires
  • Adresse(s) électronique(s) de contact : clayer(at)ehess.fr

    Compte rendu

    Au cours de l’année, diverses expériences de recherche portant sur le Sud-Est européen au sens large (incluant la Turquie) et utilisant les approches biographiques ont été présentées au cours du séminaire. Une partie d’entre elles ont permis de montrer la spécificité des études partant de matériaux (auto-)biographiques de divers types (recueils biographiques) comme dans le cas présenté par Bernard Lory qui a analysé le « Pomenik » de Milan Milišević (1888), qu’on pourrait qualifier de recueil de biographies serbes à vocation patriotique, ou ceux étudiés par Xavier Bougarel qui a traité des mémoires de Milovan Djilas, comme témoin de la société yougoslave de l’entre-deux-guerres, ou de Duygu Tasalp (INaLCO) qui a présenté la partie de son travail de thèse sur la publication des mémoires des anciens chefs du Comité Union et Progrès par leurs descendants. Dans les trois cas, la position du rédacteur et/ou des éditeurs est différente, ce qui a permis de réfléchir à la question du rapport entre le matériau (auto)biographique et celui ou ceux qui le médiatise. Plus largement, une séance animée par deux doctorantes du CETOBaC, Ece Zerman et Elif Becan, s’est penchée sur la question des egos-documents, en partant notamment d’une étude des trajectoires migratoires entre les Balkans et la Turquie. La position affirmée, à la lecture également de la littérature sur la question, est que la question des ego-documents réside davantage dans l’approche du document que dans le type de document lui-même. Nathalie Clayer, s’appuyant sur son étude sur Şemseddin Sami Fraşeri, a proposé de réfléchir également à partir d’autres directions développées dans la littérature récente : d’une part les études sur les biographies d’empire, qui réfléchissent notamment sur la mobilité ; et d’autre part, les approches biographiques concernant l’histoire intellectuelle. À ce sujet, voir notamment Solchany qui suggère que la biographie intellectuelle soit aussi peu biographique que possible et analyse les configurations politiques et sociales et les représentations dans lesquelles s’inscrivent la production et l’évolution d’un intellectuel. Une séance a par ailleurs été consacrée à la question de la prosopographie à travers le projet de Leonora Dugonjic (Université Humboldt-Berlin) sur les trajectoires non-alignées des étudiants entre 1940 et 1990.
    À partir de différentes études de cas, le séminaire a permis par ailleurs de mieux cerner en quoi l’approche biographique, éventuellement combinée à d’autres approches, pouvait permettre de faire apparaître des dimensions autrement ignorées ou peu visibles. Ainsi Zeynep Bursa (CETOBaC) a montré comment l’analyse de la trajectoire d’un intellectuel conservateur turc, Ayhan Songar, lui permettait de mettre en évidence la dimension politique de la psychiatrie turque du XXe siècle. Gabriel Doyle (CETOBaC) a lui pu souligner l’activité d’un missionnaire, en l’occurrence le père Lobry, comme gestionnaire de l’espace urbain à Istanbul entre 1886 et 1914. Également en lien avec les dimensions spatiales, Milena Pavlović (LESC, Nanterre) a montré comment l’ethnographie de deux trajectoires à Mitrovica (Kosovo) lui avait permis de mieux comprendre les stratégies spatiales des acteurs dans une ville divisée. Bernard Lory (INaLCO) et Clémence de Rouvray (EPHE) ont, eux, rendus visibles les « dissonances » diachroniques et synchroniques de certaines trajectoires biographiques : celle du révolutionnaire Pavel Šatev, paysan accédant aux plus hautes fonctions de l’État, celle de Vladimir Ghika franchissant régulièrement plusieurs types de frontières (confessionnelles, ethno-nationales, étatiques et sociales).
    Enfin, à l’occasion de la dernière séance, le film documentaire de Lirija Begeja, dans lequel l’auteure accompagne son père Jusuf qui retourne en Albanie après 50 ans d’exil, a été discuté en présence de l’auteure et de Falma Fshazi, docteure de l’EHESS. La discussion a permis de revenir notamment sur les questions des conditions d’écriture (ici cinématographique), du rapport entre mémoire et histoire et de génération (lien entre les trajectoires biographiques du père et de la fille), mais aussi d’aborder la question du genre.

    Publications

    • Aux origines du nationalisme albanais. La naissance d’une nation majoritairement musulmane en Europe, Paris, Karthala, 2007, 794 p. (2e édition, 2018).
    • Avec X. Bougarel, Οι μουσουλμάνοι της νοτιο-ανατολικής Ευρώπης, Ioannina, Isnafi, 2018, 284 p. (traduction en grec de Les musulmans de l’Europe du Sud-Est (XIXe-XXe siècles), Paris, Karthala, 2013).
    • « Des marges au centre : Organisations secrètes et mobilisations dans l’espace balkanique (post-)ottoman (fin du XIXe-début du XXe siècle) », dans Marges et pouvoir dans l’espace (post-)ottoman. XIXe-XXe siècles, sous la dir. d’Hamit Bozarslan, Paris, Karthala, 2018, p. 75-96.
    • « The pilgrimage to Mount Tomor in Albania : a changing sacred place in a changing society », dans Sakralität und Mobilität im Kaukasus und in Südosteuropa, sous la dir. de T. Darieva, T. Kahl et S. Toncheva, Vienne, Verlag der Österreichischen Akademie der Wissenschaften, 2017, p. 125-142.
    • « The Time of Freedom, the Time of Struggle for Power : The Young Turk Revolution in the Albanian Provinces », dans The Young Turk Revolution and the Ottoman Empire. The aftermath of 1908, sous la dir. de N. Lévy-Aksu et F. Georgeon, Londres, I.B. Tauris, 2017, p. 113-152.

    Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 25 mai 2018.

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