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Base de données des enseignements et séminaires de l'EHESS

Arts, patrimoine et culture dans le monde turco-ottoman

  • Frédéric Hitzel, chargé de recherche au CNRS ( CETOBaC )
  • Timour Muhidine, maître de conférences à l'INaLCO ( Hors EHESS )

    Cet enseignant est référent pour cette UE

S'il s'agit de l'enseignement principal d'un enseignant, le nom de celui-ci est indiqué en gras.

3e mercredi du mois de 16 h à 18 h (IISMM, salle de réunion, 1er étage, 96 bd Raspail 75006 Paris), du 15 novembre 2017 au 16 mai 2018. Les séances des 17 janvier et 16 mai se dérouleront en salle des étudiants (IISMM, 96 bd Raspail 75006 Paris)

Les études ottomanes et turques s'ouvrent depuis quelques années aux domaines artistiques : autant dans la reconnaissance d'un riche patrimoine en matière de beaux-arts et d'arts appliqués que dans le regard critique et l'instauration d'un marché de l'art où la peinture occupe actuellement le premier plan. En réalité, c'est la condition et la valeur de l'image qui est ici questionnée : ce séminaire aimerait confronter les regards et les discours critiques attestant de cette nouvelle prise en compte de la création artistique dans l'espace ottoman et turc. Nous envisageons donc d'aborder des thèmes liés à l'histoire de l'art, à la place de la photographie, la muséologie, etc. Ceux-ci, synonymes d'échanges souvent anciens entre l'Orient et l'Occident, soulignent la variété des créations, autant intellectuelles, qu'artistiques et culturelles.

Une autre thématique est abordée depuis l'automne 2015. Sous le titre provisoire de « Istanbul, 1918-1923, la danse sur le volcan », nous nous intéressons à l'occupation de la capitale ottomane par les forces alliées à l'issue de la Première Guerre mondiale. Nous envisageons une remise en perspective des textes et images produits par les témoins et artistes, photographes ou peintres issus d’au moins cinq communautés (Français, Anglais, Italiens, Russes, Turcs), laquelle devrait permettre de faire apparaître une capitale culturelle en pleine effervescence : Les Années Folles alla turca.

 
15 novembre 2017 : Ferenc Toth (professeur d’histoire et conseiller scientifique du Centre de recherches en sciences humaines de l’Académie hongroise des sciences, Budapest), « Recherches récentes sur le patrimoine ottoman en Hongrie, les découvertes à Szigetvár »
 
20 décembre 2017 : Silvia Pedone (historienne d’art, Sapienza University of Rome – Rome, National Art Gallery Barberini Corsini), « The incessant traveller: Charles Felix-Marie Texier (1802-1871) and the discovery of Asia Minor »
 
17 janvier 2018 (en salle des étudiants de l’IISMM) : Lucie Bonato (historienne d’art et d’archéologie, chercheure associée, UMR 7041 ArScAn, MAE René Ginouvès, Université Paris Nanterre) & Monique Dondin-Payre (directrice de recherches, UMR 8210-AnHiMA, CNRS), « Sur les traces de l’archéologue et architecte Edmond Duthoit en Orient (1862 et 1865) et en Afrique du Nord (1872-1889) »
 
21 février 2018 : Ahmet Ersoy (professeur associé à l’Université du Bosphore, Turquie, professeur invité de l'EHESS, chaire de l'IISMM), « The Rise (and Return) of Ottoman Nostalgia : On the Use and Abuse of Architecture as History »

Ahmet Ersoy is Associate Professor at the History Department at Boğaziçi University, Istanbul. His research involves the cultural history of the Late Ottoman Empire with a special focus on visuality and its links with rising discourses of locality and authenticity during a period of westernizing change. His recent work involves a study of photography and other means of mechanical image-reproduction in the late Ottoman world. He aims to understand the broader impact of this new media regime in the context of Ottoman culture. Ersoy is the author of Architecture and the Late Ottoman Historical Imaginary: Reconfiguring the Architectural Past in a Modernizing Empire (2015), and the co-editor, with Vangelis Kechriotis and Maciej Gorny, of Discourses of Collective Identity in Central and Southeastern Europe (1775-1945), vol. III (2010).
 
21 mars 2018 : Yann Perreau (écrivain, journaliste, critique d’art, commissaire d’exposition) & Mehmet Ali Uysal (artiste), « Culture ou contre culture ? La vie culturelle de la Turquie post-Gezi »
Découvrez l’exposition Home is where the he(art) is à la galerie Paris-Beijing jusqu’au 24 mars : http://www.galerieparisbeijing.com/fr/expositions/home-is-where-the-heart-is/

Renseignements :

par courriel.

Direction de travaux d'étudiants :

à partir de septembre 2017, vous pouvez contacter, via le secrétariat du Centre des études turques, ottomanes, balkaniques et centrasiatiques (CETOBaC), Alexandra Carvalho, par courriel : etudes-turques(at)ehess.fr, tél. : 01 49 54 23 01 ou bien directement le responsable du séminaire, Frédéric Hitzel par courriel.

Réception :

Centre d'études turques, ottomanes, balkaniques et centrasiatiques (CETOBaC), EHESS, 54 bd Raspail 75006 Paris. Courriel : hitzel(at)ehess.fr, tél. : 01 47 41 13 25, uniquement sur rendez-vous à partir du mois de septembre 2017.

Niveau requis :

nveau master ; une connaissance de la langue turque n'est pas indispensable mais peut-être un plus.

Adresse(s) électronique(s) de contact : hitzel(at)ehess.fr, timour.muhidine(at)gmail.com

Compte rendu

Au cours de cette septième année, huit intervenants ont présenté leurs travaux de recherches ou bien partagé leur expérience professionnelle.
Ferenc Toth (professeur d’histoire et conseiller scientifique du Centre de recherches en sciences humaines de l’Académie hongroise des sciences, Budapest), invité dans le cadre d’une chaire sécable de l’EHESS, nous a présenté un état des Recherches récentes sur le patrimoine ottoman en Hongrie, les découvertes à Szigetvár. En octobre 2015, des fouilles menées par des archéologues hongrois ont en effet mis au jour à Szigetvár les vestiges d’un bâtiment dédié à Soliman le Magnifique (1520-1566), lieu probable où le souverain trouva la mort le 7 septembre 1566. Les chercheurs sont convaincus d’avoir exhumé le tombeau du plus célèbre sultan de l’histoire ottomane. Combinant outils technologiques dernier cri et études des textes historiques, l’intervenant a fait le point sur cette affaire qui a suscité un fort écho parmi les Ottomanistes.
Silvia Pedone (historienne d’art, Sapienza University of Rome - Rome, National Art Gallery Barberini Corsini), nous a présenté The incessant traveller : Charles Felix-Marie Texier (1802-1871) and the discovery of Asia Minor. Charles Texier est un architecte et archéologue français, qui dirigea les fouilles dans les ports de Fréjus et Ostie, avant d’accomplir une longue mission en Asie Mineure en 1833, puis en Arménie, Perse et Mésopotamie en 1839. Ses nombreux ouvrages témoignent de son esprit encyclopédique, couvrant des domaines aussi variés que les beaux-arts, les monuments historiques, les mœurs et coutumes des peuples d’Orient, l’architecture byzantine.
Lucie Bonato (chercheure associée, UMR 7041, ArScAn, MAE René Ginouvès, Université Paris Nanterre) et Monique Dondin-Payre (directrice de recherches, UMR 8210 AnHiMA, CNRS), présentaient au début de l’année 2018 la publication de leur ouvrage La Méditerranée d’Edmond Duthoit, archéologue et architecte (Paris, Librairie orientaliste Paul Geuthner, 2017). Entre décembre 1861 et janvier 1863, Edmond Duthoit, jeune architecte amiénois de 24 ans, recommandé par Viollet-le-Duc, participa à une mission d’exploration en Orient sous l’autorité de Melchior de Vogüé. Il fit escale à La Valette, Alexandrie, parcourut le Liban, Chypre, la Palestine, la Syrie du Nord, visita Athènes, Messine et Palerme. En 1865, il repartit pour l’Empire ottoman chargé de mission par Napoléon III. Quelques années plus tard, en 1872, il fut envoyé, en Algérie, à Tlemcen notamment, pour dessiner les monuments arabes. Jusqu’à sa mort en 1889, chaque année, il retourna en Afrique du Nord pour assurer l’enregistrement, la restauration, la préservation des monuments. La correspondance qu’Edmond Duthoit adressa à sa famille, presque intégralement conservée, nous fait revivre ses aventures, ses déplacements en bateau, en train, à pied, en diligence, à cheval et la vie quotidienne des peuples orientaux qu’il croise. C’est la vie de ce personnage, à travers ses lettres, que les intervenantes nous ont présentée dans une intervention intitulée L’archéologue et architecte Edmond Duthoit en Orient (1862 et 1865) et en Afrique du Nord (1872-1889).
Au XXe siècle, le discours officiel en Turquie était de considérer l’architecture ottomane du XIXe siècle comme une pâle copie de l’architecture européenne. En quelques années se succédaient des édifices néoclassiques, européens éclectiques, puis néo-mauresques, selon les architectes choisis, les programmes élaborés, les quartiers concernés. Or, à partir des années 1860, on assiste à l’émergence d’une nouvelle élite ottomane, ayant bénéficié d’un enseignement ou d’une formation dans les meilleurs établissements européens qui, tout en introduisant de nouvelles technologies, commence à élaborer de nouveaux concepts. L’Empire ottoman cherche dans le même temps à se forger une identité impériale moderne pour mieux s’intégrer au « concert des nations », tout en revendiquant un passé culturel authentique. Ce mouvement conduit à reconsidérer l’art et l’architecture, à porter un nouveau regard sur le passé, tout en affirmant une fierté patriotique qui va mettre en avant le riche héritage artistique et architectural islamique de l’Empire. C’est à cette réflexion que nous a invité Ahmet Ersoy (Associate Professor, Université du Bosphore, Istanbul), invité dans le cadre d’une chaire sécable de l’IISMM-EHESS, dans sa présentation : The Return of Ottoman Nostalgia : On the Use and Abuse of Architecture as History.
À l’occasion d’une exposition à la Galerie Paris-Beijing, Yann Perreau (écrivain, journaliste, critique d’art, commissaire d’exposition) et l’artiste Mehmet Ali Uysal, nous ont invité à une réflexion sur Culture ou contre culture ? La vie culturelle de la Turquie post-Gezi. Rappelons que du 31 mai au 16 juillet 2013, des centaines de milliers de personnes ont occupé sans relâche et pacifiquement la place Taksim et le parc Gezi, en plein cœur d’Istanbul. La répression disproportionnée d’une poignée d’écologistes qui voulaient empêcher la destruction d’un des derniers espaces verts du centre-ville, déclencha un mouvement de contestation anti-gouvernementale d’une ampleur sans précédent en Turquie. Depuis, le pouvoir tente de tourner la page de ce « mai 68 turc ». C’est dans ce contexte difficile que des artistes, en Turquie ou à l’étranger, essaient de résister aux mesures répressives voir liberticides.
Pour clore cette année, nous avons eu l’opportunité d’accueillir Haik Der Haroutiounian, qui nous a présenté son travail sur Les Dildilian, photographie ottomane sous le regard de la province. L’histoire commence en 1872 dans la province de Yozgat, au centre de l’Anatolie. C’est ici que naît Tsolag Dildilian, le fondateur de l’entreprise de photographie familiale. Après avoir confectionné des chaussures, il se passionne pour la photographie et se lance dans cette profession, bientôt rejoint par son frère Aram. Le trio est complété par leur nièce, Maritsa Der Médaksian. Ces photographes arméniens vont immortaliser la vie quotidienne des provinces ottomanes du début du XXe siècle. Mais, contrairement à d’autres familles arméniennes qui ont fui l’Anatolie à la suite des massacres et déportations de 1915, cette famille est restée en Turquie, en choisissant le seul échappatoire permis à l’époque : se convertir à l’islam.
Au terme de cette septième année, le bilan est plus mitigé que les années antérieures. Certes, notre séminaire continue de répondre aux attentes du public à un moment où les arts turcs sont de plus en plus visibles sur la scène internationale, et d’attirer de nombreux auditeurs. Mais, dans le même temps, cette visibilité est, dans le pays sur lequel nous travaillons, de plus en plus contestée par le pouvoir en place. Au cinéma, dans les beaux-arts, au théâtre comme dans la musique, la censure semble partout s’appliquer en Turquie.

Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 23 février 2018.

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