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De 14 h à 17 h (105 bd Raspail 75006 Paris), calendrier des séances et salles ci-dessous
Voilà près de quarante ans que sous l’effet des revendications féministes, les violences envers les femmes et un peu plus récemment les « violences fondées sur le genre », ont fait l’objet d’une politisation engageant de nombreuses instances de la vie sociale. Des institutions sanitaires, policières, juridiques et judiciaires en passant par des espaces associatifs impliquant nombre de travailleurs sociaux et de militants professionnalisés : toutes ces instances configurent aujourd’hui une problématisation publique qui non seulement eût été impensable avant les années 1980, mais qui paraît en outre cristalliser l’un des objectifs apparemment les plus consensuels et les plus itératifs des pratiques gouvernementales visant l’égalisation des conditions entre les sexes. Ce phénomène de publicisation est d’autant plus patent qu’il a été et reste un phénomène transnational, présent dans les sociétés « des Suds » comme « des Nords », et dans lequel une institution telle que l’ONU – et notamment son bras sanitaire, l’OMS – ont tenu un rôle important.
Cela étant, ce mouvement s’est partout accompagné d’une multiplication des qualifications des violences et parfois d’un éclatement définitionnel. Sous l’effet de l’appréhension des « violences de genre », le gain en visibilité a permis d’englober les violences masculines envers les femmes, les violences institutionnelles non nécessairement masculines à l’encontre des femmes et des filles, mais aussi celles parfois qualifiées de transphobes, homophobes ou lesbophobes. Aux spécifications des violences selon les destinataires, se sont ajoutées celles s’appuyant sur des espaces physiques ou sociaux de perpétration (violences domestiques, familiales, conjugales, harcèlement de rue), celles qui qualifient des atteintes au corps et à la psychè (violences sexuelles), celles qui ont été problématisées selon leur caractère systématique, massif et extrême (féminicide/fémicide) ou selon leurs liens avec les réseaux de criminalité organisée (traite, exploitation sexuelle et commerciale).
L’objectif principal de ce séminaire sera d’interroger et d’explorer le continuum de ces violences, mais aussi ce phénomène contradictoire où l’apparent consensus en faveur de leur politisation n’est pas synonyme de leur illégitimité. Nous mettrons l’accent sur les subjectivités des violences, sur les controverses autour de leur qualification et de leur quantification, sur les jeux d’échelles par lesquels elles deviennent un enjeu social dans les sociétés post-industrielles comme dans les pays en développement, dans les pays en (sortie de) guerre ou dans la mémoire des conflits armés. Nous inscrirons l’analyse de ces violences dans les contextes politiques de leur perpétration.
Vendredi 12 janvier 2018 : introduction – analyser les violences fondées sur le genre
Avec Catherine Cavalin (LIEPP et CEE de Sciences Po), Pauline Delage (Univ. Lyon II) et Delphine Lacombe (CNRS-URMIS).
Vendredi 9 février 2018 : « Des données en construction et en circulation »
Avec Christelle Hamel (INED)
Vendredi 9 mars 2018 : « Données minoritaires »
Avec Mathieu Trachman (INED), Tania Lejbowicz (INED), Stéphanie Condon (INED)
Vendredi 13 avril 2018 : « Des données juridiques » (Attention horaire : 10h-13h)
Avec Véronique le Goaziou (LAMES), Océane Pérona (CESDIP) et Solenne Jouanneau (IEP Strasbourg, SAGE)
Vendredi 11 mai 2018 : « Des données contestées »
Avec Catherine Cavalin (Sciences PO LIEPP), Pauline Delage (Univ. Lyon II) et Delphine Lacombe (CNRS-URMIS)
Vendredi 25 mai 2018 : « Littérature et témoignages »
Avec Nathalie Narváez Bruneau (Université Bretagne Occidentale), Clothilde Lebas (Chercheuse indépendante) et Stéphanie Kunert (ICOM, Lyon II)
Vendredi 8 juin 2018 : « Les données des politiques publiques »
Avec Gill Allwood (Nottingham Trent University), Khursheed Wadia (University of Warwick) (Présentation en anglais) et Gwenaëlle Perrier (Univ. Paris XIII, CERAL)
Vendredi 15 juin 2018 (séance reportée au 27 juin (de 14 h à 16 h, salle 4, 105 bd Raspail) : Avec Pauline Delage (Univ Lyon II) et Delphine Lacombe (CNRS)
Mots-clés : Action publique, Analyse de discours, Anthropologie, Comparatisme, Droit, normes et société, Féminisme, Genre, Guerre, Inégalités, Sociologie, Violence,
Aires culturelles : Afrique, Amérique du Nord, Amérique du Sud, Amériques, Asie, Contemporain (anthropologie du, monde), Europe, Océanie, Transnational/transfrontières,
Suivi et validation pour le master : Mensuel annuel/bimensuel semestriel (8x3 h = 24 h = 6 ECTS)
Intitulés généraux :
Renseignements :
par courriel.
Direction de travaux d'étudiants :
prendre contact avec les enseignants.
Réception :
sur rendez-vous.
Adresse(s) électronique(s) de contact : delphine.lacombe(at)cnrs.fr, ppauline.delage(at)gmail.com, catherine.cavalin(at)sciencespo.fr
Séminaire EHESS 2017-2018
Violences fondées sur le genre : données, santé, jeux d'échelles
Catherine CAVALIN, chargée de recherche CNRS, IRISSO, CNRS-INRA UMR 7170-1427, Université Paris-Dauphine, Paris
Pauline DELAGE, chargée de recherche CNRS, CRESPPA-CSU, CNRS UMR 7217, Paris
Delphine LACOMBE, URMIS, CNRS UMR 8245 - IRD UMR 205 - Universités Paris 7 Diderot – Nice Sophia Antipolis
Voilà près de quarante ans que, sous l’effet des revendications féministes, les violences envers les femmes et un peu plus récemment les « violences fondées sur le genre », ont fait l’objet d’une politisation engageant de nombreuses instances de la vie sociale. Des institutions sanitaires, policières, juridiques et judiciaire, des espaces associatifs impliquant nombre de travailleurs sociaux et de militants professionnalisés : toutes ces instances configurent aujourd’hui une problématisation publique qui non seulement eût été impensable avant les années 1980, mais qui paraît en outre cristalliser l’un des objectifs apparemment les plus consensuels et les plus itératifs des pratiques gouvernementales visant l’égalisation des conditions entre les sexes. Ce phénomène de publicisation est d’autant plus patent qu’il a été et reste un phénomène transnational, présent dans les sociétés « des Suds » comme « des Nords », et dans lequel une institution telle que l’ONU – et notamment son bras sanitaire, l’OMS – ont tenu un rôle important.
Cela étant, ce mouvement s’est partout accompagné d’une multiplication des qualifications des violences et parfois d’un éclatement définitionnel. Sous l’effet de l’appréhension des « violences de genre », le gain en visibilité a permis d’englober les violences masculines envers les femmes, les violences institutionnelles non nécessairement masculines à l’encontre des femmes et des filles, mais aussi celles parfois qualifiées de transphobes, homophobes ou lesbophobes. Spécifiées selon leurs destinataires, ces violences ont aussi pu être appréhendées selon des espaces physiques ou sociaux de perpétration (violences domestiques, familiales, conjugales, harcèlement de rue), les atteintes au corps et à la psychè (violences sexuelles) qu’elles occasionnent, problématisées selon leur caractère systématique, massif et extrême (féminicide/fémicide), ou selon leurs liens avec les réseaux de criminalité organisée (traite, exploitation sexuelle et commerciale).
En 2017-2018, ce séminaire a exploré le continuum de ces violences, mais aussi ce phénomène contradictoire où l’apparent consensus en faveur de leur politisation n’est pas synonyme de leur illégitimité. Nous avons insisté sur les subjectivités des violences, sur les controverses autour de leur qualification et de leur quantification, sur les jeux d’échelles par lesquels elles deviennent un enjeu social dans les sociétés post-industrielles comme dans les pays en développement, dans les pays en (sortie de) guerre ou dans la mémoire des conflits armés. Ainsi, nous avons notamment veillé à inscrire l’analyse de ces violences dans les contextes politiques de leur perpétration.
Les trois dimensions (« données, santé, jeux d’échelles ») auxquelles renvoie le sous-titre de notre séminaire ne sont pas indépendantes. Néanmoins, pour cette première année d’enseignement (sur trois années programmées au total), nous avons surtout insisté sur la production des données, et ce de deux manières :
Cette année d’enseignement, enfin, s’est articulée avec les travaux du labo VisaGe, issu d’un financement 2017 de la Cité du Genre (Université Sorbonne Paris-Cité, USPC). La première séance du séminaire a eu lieu concomitamment à la constitution du labo, le 4 décembre 2017. Parmi les invitées : E. Brown (INED) "De l'ENVEFF à l'enquête Violences et rapports de genre » (VIRAGE), J. Pannetier (IRD-CEPED) "Santé, parcours migratoires, violences de genre", A. Guillaume (IRD-CEPED) "Santé, reproductrice et sexuelle et violences de genre", M. Lapalus (Centre max Weber, Lion II) et M. Rojas (Universidad de Costa Rica, USPC) "Histoire et enjeux politiques d'une catégorie conceptuelle et juridique : le féminicide".
Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 13 juin 2018.