Logo EHESS

baobab
Base de données des enseignements et séminaires de l'EHESS

Islam savant et islam populaire : contradictions et interactions. Une approche transdisciplinaire

S'il s'agit de l'enseignement principal d'un enseignant, le nom de celui-ci est indiqué en gras.

Mercredi de 9 h à 12 h (IISMM, salle des étudiants, 1er étage, 96 bd Raspail 75006 Paris), le 13 décembre 2017 ; puis 1er jeudi du mois, de 9 h à 12 h (IISMM, salle de réunion, 1er étage, 96 bd Raspail 75006 Paris), du 1er février 2018 au 7 juin 2017. La séance du 7 juiin se déroulera sous forme de journée d'étude (de 9 h à 19 h, salle de réunion de l'IISMM, 96 bd Raspail)

La distinction entre religion savante et religion populaire est au moins depuis Hume un paradigme des discours sur le religieux. Elle a structuré l’architecture du savoir : à la philosophie et à la science des religions, la connaissance des doctrines et des livres ; à l’histoire sociale et à l’ethnologie, la description des pratiques et des coutumes.

En islam, la distinction entre la foi de l’élite (al-khâṣṣa) et la religiosité du commun (al-‘âmma, al-jumhûr) a tôt été théorisée par des juristes-théologiens revendiquant l’autorité religieuse, qu’ils fussent sunnites comme Ibn Rushd (m. 595/1198) ou shî‘ites comme al-‘Allâma al-Ḥillî (m. 726/1325). Les savants (‘ulamâ’) se sont arrogé l’interprétation de la Loi (ijtihâd) et du Livre (ta’wîl), la définition de l’orthodoxie et de l’orthopraxie, vouant la masse au « suivisme » (taqlîd) et au littéralisme.

L’islamologie est encore tributaire de ce paradigme. Les études sur les doctrines de l’islam et celles sur les pratiques des musulmans sont séparées par des cloisons disciplinaires. L’on se représente tantôt une étrangeté mutuelle totale des deux sphères, tantôt une influence unilatérale des ‘ulamâ’ sur la masse. La réception par les croyants des doctrines théologiques et philosophiques comme des prescriptions juridiques, l’indépendance de la religion populaire et son action en retour sur les productions des savants, sont rarement envisagées.

Notre séminaire aura pour vocation à interroger les contradictions possibles et les interactions réelles entre les deux sphères de l’islam savant et de l’islam populaire. Nous proposons de mener une réflexion transdisciplinaire croisant l’étude doctrinale des textes et des idées, l’approche anthropologique des rites et de la culture matérielle, et l’histoire des sociétés, afin d’éclairer les unes par les autres les productions théoriques et les pratiques religieuses en islam. Si le shî‘isme est un domaine privilégié pour ce questionnement, tant la distinction de l’élite et du commun y est institutionnalisée, il nous paraît utile et pertinent de questionner le sens et les limites de celle-ci dans tous les courants de l’islam, en étendant autant que possible le champ chronologique et géographique de nos interventions.

Après une ou deux séances d’introduction au problème et aux travaux classiques, nous inviterons des spécialistes de différentes disciplines et de différentes spécialités pour présenter aux étudiants et échanger entre eux les fruits de leurs recherches. Chaque séance de 2 heures pourrait confronter, sur un thème ou un courant précis, les deux approches doctrinale et anthropologique. Parmi les premiers thèmes qui pourraient être proposés : le rapport aux défunts et aux tombes, la prière, les pratiques ascétiques, les représentations des prophètes, des imâms et des saints (awliyâ’), la perception de la matière et la valeur du sentiment religieux.

Mercredi 13 décembre 2017 : Introduction à la problématique

  • Sepideh Parsapajouh (CNRS/CéSor), « Les discussions autour de la notion de religion populaire »
  • Mathieu Terrier (CNRS/LEM), « Religion du savant et religion du commun : une distinction philosophique (d’Avicenne à Averroès) »

Jeudi 1er février 2018 : Le soufisme entre culture savante et culture populaire. Le cas de la Qalandariyya

  • Delphine Ortis (anthropologue, enseignante à l’INALCO), « L'expérience concrète de la vie du malang qalandari à Sehwan (Sindh-Pakistan) »
  • Alexandre Papas (historien, CNRS-Cétobac), « Aspects doctrinaux de la voie soufie Qalandariyya »

Jeudi 1er mars 2018 : Le chiisme duodécimain à l'époque contemporaine, entre autorité religieuse et dynamique populaire

  • Sabrina Mervin (historienne, CNRS/CéSor), « Chiisme savant et populaire dans le chiisme contemporain : interactions, ajustements, négociations »
  • Chiara Calabrese (post-doctorante à l’EHESS-CéSor), « Croyance et engagement militant ​dans le​ Hezbollah libanais »

Aires culturelles : Musulmans (mondes),

Suivi et validation pour le master : Bi/mensuel annuel (24 h = 6 ECTS)

Mentions & spécialités :

Adresse(s) électronique(s) de contact : sepideh.parsapajouh(at)ehess.fr, met_terrier(at)yahoo.fr

Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 11 mai 2018.

Contact : service des enseignements ✉ sg12@ehess.fr ☎ 01 49 54 23 17 ou 01 49 54 23 28
Réalisation : Direction des Systèmes d'Information
[Accès réservé]